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L'art peut-il changer la réalité ?

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« L'art semble s'opposer en tout point à la réalité.

En effet, l'art représente le domaine des choses artificielles, fabriquées, produites par l'homme.

Dans ce domaine, l'homme est maître, sa production dépend uniquement de son envie et de sa volonté.

La réalité se trouve aux antipodes : elle est ce qui est sûr, naturel : elle échappe à l'action de l'homme, elle répond à des règles que l'homme ne peut ni transgresser, ni détourner.

L'homme ne peut façonner la réalité ; par exemple, il ne peut changer le cycle du soleil, où le fait qu'il s'achemine vers une fin inéluctable. L'homme semble n'avoir pas le choix de se soumettre à cette réalité maîtresse de lui.

Mais alors que ces deux domaines semblent être les justes opposés, l'art donne un nouveau point de vue sur cette réalité qui dès lors nous apparaît différemment.

Mais alors, l'art réinventerait-il la réalité ? L'homme peut-il par le truchement de l'art transformer la réalité ? Peut-il être à l'origine d'une réalité artificielle ? Autrement dit, l'homme peut-il modifier la nature, en a-t-il le pouvoir ? I. L'art n'a pas le pouvoir de changer le réel, il ne peut que l'imiter. Platon, dans la République, au livre X, 598 b-d, montre bien que le peintre ne fait qu'imiter ce que crée l'artisan lorsqu'il peint un lit, par exemple.

L'artisan crée bel et bien un nouvel objet qui va enrichir ou au moins modifié le réel.

Le peintre lui n'invente rien, il n'est que second : il intervient après la création, et ne fait que la re–présentée. Comme le dit Socrate à Glaucon : « Tu affirmeras que quand il crée, il ne crée pas de chose véritable.

» Ici, Platon marque la différence qu'il y a entre le réel, qui est premier et se donne d'emblée, et l'art qui s'appuie sur la représentation pour être effectif.

Si l'artisan n'avait pas fabriqué le lit, alors le peintre n'aurait pas pu le peindre.

Un exemple de cet art par imitation est le plafond de la chapelle Sixtine qui a été peint par Michel-Ange : l'on voit bien avec quelle précision l'artiste a voulu rendre le réel tel qu'il est : tous les muscles et même les ongles sont détaillés. C'est à la limite du trompe-oeil.

Mais alors, si l'art est pure imitation, comment se fait-il qu'il représente parfois des choses qui ne sont pas dans la réalité ? Dans ces moments-là, l'art ne prend-il pas de vitesse la réalité, la devançant, la devinant, l'inventant ? Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.

Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation du monde sensible an nom de cette même vérité.

Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence. La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace à trois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'il est.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation. L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire de nos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représente les Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce qui apparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre. Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'une. »

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