L'art doit-il nous faire oublier la réalité ?

« dissertation L’art doit-il nous faire oublier la « Ceci n’est pas une pipe » affirme la légende accompagnant le fameux tableau de René Magritte, représentant une pipe.

Son intention ici est claire : une œuvre ne sera jamais ce qu’elle représente.

L’art se distingue donc de la réalité, l’art n’est pas la réalité en elle-même.

La pipe de Magritte n’est que la représentation de la façon dont il perçoit une pipe. Dans ce cas, une œuvre ne serait que création et pur produit de la subjectivité de l’artiste, qui se détache complètement de la réalité ? L’art résiderait alors dans la création d’autres réalités, celles des artistes, en rien semblables à la nôtre.

L’art ne serait alors qu’illusion, nous éloignant de l’essentiel ? Elle permettrait de nous échapper de notre réalité, peutêtre trop insupportable.

Pourtant, le photoréalisme par exemple, ou le naturalisme, prennent pour source la réalité elle-même, et se veulent être sa pure imitation.

Ces œuvres semblent donc au contraire nous rapprocher du réel.

De plus, la figure de l’artiste avec sa sensibilité exacerbée définit l’artiste comme accédant à la réalité même, brute, sans le « voile » de la perception utilitaire des choses.

Cependant, il est impossible que l’art soit complètement objectif, car une œuvre ne peut pas être impersonnelle.

Il est alors impossible de détacher une œuvre de la subjectivité de l’artiste et de représenter la réalité telle qu’elle est et dans son entièreté.

Quel est alors le rôle de l’artiste et de son œuvre ? Doivent-ils nous faire oublier la réalité au profit d’une autre, et nous permettre d’échapper à une réalité trop pénible ? Ou doivent-ils au contraire nous la révéler au travers du prisme de la vision de l’artiste ? Nous détourner de la réalité ou au contraire de nous en rapprocher ? Nous verrons que si une des caractéristiques de l’art est de nous détourner de la réalité, une autre est de nous la révéler à travers le point de vue des artistes Une des caractéristiques de l’art est qu’il nous détourne de la réalité.

Tout d’abord, on retrouve dans l’art l’importance de l’esthétisme. En effet, nous considérons quelque chose comme une « œuvre d’art » quand nous y voyons une certaine beauté.

Nous pouvons donc modifier la réalité représentée à notre guise, pour qu’elle nous plaise.

Le mouvement de l’esthétisme du XVIIIème siècle, « l’art pour l’art », prône la beauté de l’œuvre comme une finalité.

La beauté représentée est fantasmée, impossible dans notre réalité.

L’art, prônant un esthétisme de la beauté, nous fait donc oublier la réalité.

Même l’esthétisme du laid, développé par Karl Rosenkranz au XIXème siècle, présente le laid comme une autre. »