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L'art et la nature

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« VOCABULAIRE: ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. NATURE : 1° L'inné par opposition à l'acquis (nature opposée à culture, ou chez les anthropologues anglo-saxons nature opposée à nurture); 2° Essence, ensemble des propriétés qui caractérisent un objet ou un être (la nature de l'homme par exemple); 3° L'ensemble des phénomènes matériels, liés entre eux par des lois scientifiques.

En ce sens, le naturel peut s'opposer au surnaturel qui désigne une intervention transcendante de la divinité; 4° Spinoza distingue la nature naturante, c'est-à-dire la substance infinie et la nature naturée, les divers modes par lesquels s'exprime cette substance.

Le mot nature est ambigu.

Le naturalisme du xviiie siècle par exemple est contradictoire. D'une part son épistémologie réduit la nature à un mécanisme (des faits soumis à des lois nécessaires) indifférent aux valeurs humaines.

D'autre part, sa morale prétend se fonder sur la nature, c'est-à-dire sur des tendances spontanées, supposées bonnes; la nature devient alors la Mère-Nature, une sorte de providence bienveillante. A.

Le beau artistique n'est pas le beau nature: Le mot art est ambigu.

Il peut renvoyer à la technique ou aux beaux-arts, au travail de l'artisan ou à celui de l'artiste.

C'est dans ce dernier sens que nous prendrons le mot.

Sont considérés comme des arts toutes les activités humaines consacrées à la production du beau : la poésie, la musique, le théâtre, le dessin, la peinture, la sculpture, l'architecture, le cinéma, etc.

Et ce qu'on appelle l'esthétique n'est pas autre chose que la réflexion philosophique sur l'art.

Réfléchir sur l'art, c'est donc avant tout élucider le sens de cette valeur particulière qu'est le beau. Mais la beauté dont il est question ici est celle de l'art (beauté esthétique), non celle de la nature.

La beauté naturelle est en général l'adaptation d'une forme à une fonction : un beau cheval est un cheval dont les membres puissants et les formes souples suggèrent la rapidité de la course.

L'art prend parfois pour objet la beauté naturelle (sculpture classique), mais pas toujours.

Les pouilleux de Murillo, les tabagies des peintres hollandais sont artistiquement beaux.

Et pourtant, des infirmes qui mendient, une salle enfumée peuvent n'avoir aucune beauté naturelle – ou du moins nous ne leur prêtons une sorte de beauté qu'à partir de notre culture artistique (nous dirons de ce mendiant rencontré sur le parvis d'une église qu'il est « beau comme un Murillo »).

Il faut donc distinguer, comme nous y invite Kant, « la représentation d'une belle chose » et « la belle représentation d'une chose ». B.

L'art n'est pas imitation de la nature Soulignons simplement ici que l'art est une création et jamais une copie.

Même l'illusion de réalité ne peut être donnée par l'art que grâce à des procédés qui tournent le dos au réel.

Une oeuvre comme L'homme qui marche de Giacometti est à cet égard typique.

Aucun homme n'a jamais marché à la façon de L'homme qui marche : les deux pieds à terre, bien à plat.

Combien d'erreurs volontaires pour donner l'illusion esthétique du vrai ! Voyez l'Odalisque d'Ingres : le peintre le plus classique de l'histoire du XIXe siècle s'est rendu coupable d'une contre-vérité anatomique puisque cette Odalisque a treize côtes au lieu de douze (cette transformation de la nature objective étant nécessaire pour donner une impression « réaliste » de nonchalance et de langueur).

Même les philosophes qui croient, comme Bergson, que l'art n'a pas d'autre fin que de nous révéler la réalité, pensent précisément que cette réalité est d'abord cachée – l'objet immédiat étant défiguré par les conventions et les préjugés utilitaires de la perception ordinaire. • L'art est donc un autre monde que la nature : on ne devient pas musicien en écoutant le chant des oiseaux, mais en allant au concert ; on ne devient pas peintre en regardant des couchers de soleil mais « la peinture s'apprend au musée » (Renoir).

L'artiste, nous dit Malraux dans Les Voix du silence (1951), commence par imiter les toiles de ses maîtres (et non la nature), pour ensuite découvrir sa manière propre.

L'art se conquiert toujours sur l'art lui-même. LA CRÉATION ESTHÉTIQUE N'est-il pas paradoxal de prétendre expliquer la création artistique ? Expliquer, c'est ramener le nouveau à l'ancien, l'inconnu au familier.

Expliquer une création, c'est d'une certaine façon nier son originalité.

Cependant, on remarquera que la création d'une oeuvre d'art n'est pas une création divine, produite à partir de rien (ex nihilo).

La création artistique est toujours mise en forme de matériaux préexistants : le cubisme doit beaucoup à Cézanne, par exemple. D'autre part, l'oeuvre d'art est l'oeuvre d'un homme qui a une histoire, qui appartient à une classe sociale et à un milieu déterminés.

Les psychanalystes ont montré par exemple que les pulsions qui s'esthétisent en images sont celles qui, refoulées, n'ont pu se traduire en actes.

Freud, « psychanalysant » l'oeuvre de Léonard de Vinci, découvre dans la Sainte-Anne du Louvre un vautour obsessionnel qui serait dessiné involontairement, inconsciemment, par les plis de la robe de la Vierge.

Dans le même esprit, on peut voir dans La Cruche cassée de Greuze le symbole inconscient d'une défloration.

On peut aussi chercher le sens politique caché d'une oeuvre d'art.. »

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