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Hegel: L'art n'est pas une imitation de la nature, il est supérieur à elle

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« Thème 92 Hegel: L'art n'est pas une imitation de la nature, il est supérieur à elle Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

La contemplation d e la belle nature accorde mystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'un être naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher de soleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche à s'exprimer, à s e manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veut s e rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en est l'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il est naturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, d e m ê m e q u ' à la volonté qui cherche à soumettre l'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de son concept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucun organisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas d e véritable liberté.

Seule la beauté artistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait d e la vie quotidienne imparfaite et inauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualité apollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéale est hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'il culminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes, soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut plus s'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

On peut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces d e u x formations ne semblent plus animées par les aspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme que Nietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. La supériorité du beau artistique sur le beau naturel Le beau créé par l'art est au-dessus du beau produit par la nature, dans la mesure où il est l'oeuvre de l'esprit et que « tout ce qui vient de l'esprit est supérieur à la nature ».

Le beau naturel n'existe que par et pour l'esprit humain qui le contemple : si un objet naturel suscite notre admiration, c'est parce que notre esprit y saisit son propre reflet.

Le beau artistique est le résultat du travail de médiation par lequel l'esprit prend conscience de lui-même en s'extériorisant dans ses oeuvres : il a donc plus de réalité que le beau naturel, qui est une simple donnée immédiate n'ayant pas conscience d'elle-même. L'art n'a pas pour but d'imiter la Nature Contre la tradition issue de la Poétique d'Aristote et le sens commun, Hegel rejette la thèse selon laquelle l'art aurait pour but l'imitation (mimésis) de la Nature.

L'art ne consiste pas à reproduire habilement la réalité, à recopier fidèlement un modèle naturel préexistant : il représente non pas des objets extérieurs produits par la Nature, mais ,des objets intérieurs, les idées, produites par la pensée.

L'art n'est donc pas le miroir du monde naturel mais le reflet de l'esprit. L'art n'est pas une illusion La métaphysique platonicienne, qui oppose l'apparence sensible et la réalité intelligible, dévalorise l'art : imitation d'un objet sensible qui n'est lui-même qu'une copie dégradée de l'Idée, celui-ci n'est que l'apparence d'une apparence et empêche l'accès à la vraie réalité.

Hegel va renverser cette critique en montrant que l'apparence créée par l'art ne saurait se réduire à une illusion trompeuse : elle est nécessaire à l'essence, qui, pour être, doit apparaître.

Loin d'occulter la vérité, l'oeuvre d'art la déploie et la révèle sous une forme sensible. « L'art avec sa plus haute destination est quelque chose du passé » Mais l'esprit ne peut se réaliser et se reconnaître pleinement dans ces manifestations sensibles et finies de lui-même que sont les oeuvres d'art : l'Absolu doit se manifester dans les formes culturelles plus hautes, car émancipées du sensible, que sont la religion et la philosophie. Au moment où la philosophie ressaisit la vérité de l'art, l'esprit parvenu à la pleine conscience de soi n'a plus besoin d'images sensibles pour se représenter à lui-même : l'art est déjà dépassé, il a perdu le sens qu'il avait pour l'esprit.. »

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