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La Vérité (cours complet rédigé) - Tronc commun

Publié le 05/11/2022

Extrait du document

« LA VERITE Discourir sur la vérité paraît superflu : chacun sait bien ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas dans le domaine d'activité et de pensée qui lui est propre.

Vérité : catégorie commune, immédiatement présente en toute parole humaine.

En quoi peut-elle constituer un problème philosophique ? Pourtant l'histoire des sciences et de la philosophie semblent indiquer que la vérité n'est pas aisément accessible.

On voit bien qu'il y a des vérités (un plus un = deux...) mais on ne voit pas bien ce que peut être la vérité. D'abord, la vérité est quelque chose qui se recherche : nous sommes alors renvoyés au problème de ses conditions d'accès.

Elle est ensuite quelque chose qui s'énonce : le problème est ici celui des critères du jugement vrai.

Elle est enfin quelque chose qui s'exige, c'est-à-dire une valeur. I.

Les conditions d'accès C'est par le projet de la recherche de la vérité que la philosophie s'est, dès le départ, définie. La philosophie de Platon par la triple idée autour de laquelle se formule le projet de vérité : 1°) Ce projet a un sens : l'effort de l'esprit humain peut être couronné de succès. 2°) Une vérité n'est telle que si celui qui l'énonce se l'approprie et la pense et ne répète pas comme un perroquet un savoir étranger. 3°) La vérité se définit par sa permanence et son universalité, et en cela ne doit nullement se confondre avec la relativité des opinions humaines. Certes les vérités se découvrent dans l'histoire et leur découverte dépend des conditions historiques où elles se produisent.

Mais si cela montre le caractère historique et variable de la connaissance, cela ne signifie pas que la vérité est relative : il n'y a pas autant de vérités qu'il y a d'époques, de lieux, d'individus, car une vérité d'époque ne serait pas une vérité mais une opinion, de même nature qu'une opinion individuelle, même si elle est partagée par tout le monde à un moment donné.

Par exemple, dans le passage du géocentrisme à l'héliocentrisme, l'humanité n'est pas passée d'une vérité propre à un temps à une autre, mais bien d'une croyance fausse à une vérité. Il faut donc distinguer vérité et connaissance.

Il y a des vérités inconnues, et on peut concevoir la connaissance comme une approximation progressive et historique de la vérité.

Si la thèse de la relativité des connaissances est juste, on voit qu'on ne peut l'appliquer à la notion de vérité. Ce qui est vrai aujourd'hui le sera demain, et toujours ; ce qui est vrai est vrai pour tous, universellement.

Ce n'est pas parce que la variabilité des opinions est un fait qu'une vérité universelle est impossible.

Ce qui est impossible au contraire, c'est d'affirmer « à chacun sa vérité », puisqu'on l'affirmerait comme une vérité.

Il faut ainsi opérer une distinction critique entre opinion et vérité. Cela implique une discipline de l'esprit humain, une ascèse intellectuelle, une méthode, c'està-dire la prescription de règles nécessaires à sa réalisation.

Qu'il soit pourtant si difficile de distinguer le vrai du faux, n'est-ce pas l'indice de l'échec de l'entreprise et l'objection la plus forte formulée à l'encontre du projet de vérité lui-même ? Objection aussi vielle que la philosophie : celle du scepticisme.

Fondé au IVème siècle avant J-C par Pyrrhon d'Elis, il veut substituer à l'affirmation dogmatique de la possession du vrai une attitude de doute et d'examen. Le premier effet du scepticisme est de nous inciter à la modestie.

En nous enseignant que nos croyances ne sont pas des vérités assurées sur lesquelles nous nous fondons, l'analyse ouvre le champ du possible et ouvre l'esprit.

Le monde est peut-être autrement que nous croyons qu'il est.

Ne pas se laisser bercer par le charme sécurisant des vérités toutes faites, de l'opinion. Pour Platon, l'opinion est paresse d'esprit, elle désamorce toute curiosité, décourage tout élan, et offre toujours plus de réponses qu'il n'y a de questions posées.

L'analyse moderne (Bachelard) a 1 confirmé ce jugement : « L'opinion pense mal.

Elle ne pense pas ».

En droit, c'est-à-dire en principe, elle a toujours tort : même quand elle tombe juste (orthê doxa) elle ne sait pas pourquoi : elle est incapable de rendre raison d'elle-même. Mais d'un autre côté, c'est encore le souci ou le désir de vérité qui explique l'opinion.

A trop vouloir la vérité, l'esprit humain accepte les contrefaçons et prend tout ce qui brille pour de l'or. Socrate le juste condamné : scandale.

Le philosophe qui, après avoir contemplé la vérité revient dans le monde aveuglé des hommes, parle un langage qu'ils ne comprennent pas.

D'où leur hostilité mais qui témoigne paradoxalement d'un attachement à la vérité (faut-il aimer la vérité ?).

Cet attachement conduit les hommes à proclamer la moindre opinion comme si c'était une vérité, à se contenter de l'apparence de la vérité.

C'est le désir de vérité lui-même qui anime le fanatique, c'est-à-dire celui qui refuse l'effort de l'examen critique et a substitué la conviction à la réflexion.

Le fanatisme n'est au fond qu'un amour dévoyé et paresseux de la vérité. Toute grande philosophie commence par une critique des préjugés.

Mais aussi à une critique de la notion même de vérité au sens d'une analyse des conditions de possibilité de cette notion. S'il n'est pas simple d'atteindre la vérité, c'est qu'il faut d'abord posséder du courage pour vouloir la chercher.

Pourquoi ? 1°) L'homme trouve un intérêt naturel et immédiat à agir sur le monde, la recherche du vrai suppose le désintéressement (effort désintéressé).

Savoir est pour la raison une fin et pas seulement un moyen.

La vérité mérite d'être recherchée pour elle-même, et non seulement pour ses applications. Or c'est précisément cette attitude contemplative qui est difficile car peu spontanée.

Car il faut suspendre notre engagement au monde, différer notre souci d'efficacité. Toutefois, si la recherche de la vérité est désintéressée, elle n'est pas pour cela inutile : c'est en commençant par se détourner des considérations d'utilité pratique qu'on pourra à la fin être à même de les mieux résoudre. 2°) La deuxième difficulté : le vrai n'est pas souvent ce qu'il paraît être.

Distinguer « vrai » et « vraisemblable ».

Ce dernier n'est qu'une apparence à laquelle il ne faut pas s'arrêter.

Quête de la vérité exige d'aller au-delà des apparences.

Les choses qui nous apparaissent ne sont peut-être que des images, éloignées et trompeuses de la vérité véritable.

(Allégorie de la Caverne). La recherche de la vérité est difficile car elle prescrit à l'intelligence une méthode, une discipline.

Elle impose à l'esprit une modifications de ses habitudes intellectuelles en mobilisant l'esprit critique. La recherche de la vérité commence alors par une activité véritablement destructrice : la remise en cause des opinions. C'est la démarche de Platon (ironie socratique : qui fait éclater le bon sens, l'évidence commune qui empêchaient le questionnement véritable de se produire) et de Descartes (Doute systématique pour établir « quelque chose de ferme et constant dans les sciences ».

Le vraisemblable est traité comme le faux.

Doute méthodique ≠ Doute sceptique). 3°) Troisième difficulté : La quête de la vérité est souvent déçue.

L'esprit peut énoncer plus facilement les raisons de douter que produire les preuves qui transforment ses croyances en certitudes. On rencontre donc toujours l'objection du scepticisme.

Le sceptique ne dit pas que la vérité ne peut être atteinte (cela en est déjà une) mais qu'on ne peut jamais être sûr qu'elle est atteinte? Le doute suspensif.

Origine : Protagoras : l'homme est la mesure de toute chose.

Pas de vérité universelle.

A chacun sa vérité.

Platon avait critiqué ce relativisme en montrant son impossibilité logique : affirmer que toute vérité est relative aux individus est contradictoire, parce que Protagoras l'affirme comme une vérité. On peut néanmoins concevoir un scepticisme modéré (Hume).

Ce que nous prenons pour nos certitudes les plus éprouvées se révèle bien fragile lorsque nous nous efforçons de le fonder. Intérêt d'un tel scepticisme : prévenir l'excès d'orgueil de la raison.

Mais il faut aussi peut-être la prévenir contre un excès d'humilité.

Le scepticisme ne peut en aucun cas conduire vers une approche irrationaliste de la vérité qui pourrait pousser chacun, sous prétexte que la vérité est difficilement accessible à croire n'importe quoi ou n'importe qui. 2 II.

Le problème de la définition de la vérité Vérité-correspondance : Tout le monde semble s'accorder depuis Thomas d'Aquin, au XIII siècle, pour définir la vérité comme correspondance ou adéquation : adéquation entre l'intelligence qui conçoit et la « chose » qu'elle conçoit, entre l'esprit et la réalité.

Le logicien contemporain Tarski exprimera encore plus simplement la même conception de la véritécorrespondance : la proposition « il neige » est vraie si et seulement si, en fait, il neige. Cette définition comporte une conséquence importante : la vérité est une propriété du langage, non du réel.

« Vrai » et « faux » sont des qualificatifs qui s'appliquent non à des choses, mais à des propositions.

On parle pourtant d'or « faux » de « vrai » ami...

Mais l'or faux est tout aussi réel.... »

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