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Philo (cours rédigé) - Toutes les notions du programme de Terminale

Publié le 20/05/2022

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« CHAPITRE I LA PHILOSOPHIE : Définition et historique page 3 CHAPITRE II INDIVIDU ET SOCIETE page 14 CHAPITRE III CONSIDERATION GENERALE SUR LA MORALE page 19 CHAPITRE IV L’INCONSCIENT : INTRODUCTION A LA PSYCHANALYSE page 23 CHAPITRE V PROBLEMES DE LA LIBERTE page 29 CHAPITREVI TRAVAIL : PRODUCTION ET ECHANGES page 32 CHAPITRE VII LE LANGAGE : STATUT ET PROBLEMES page 37 CHAPITRE VIII LA CULTURE page 42 CHAPITRE IX PROBLEME DE L’ESTHETIQUE page 47 CHAPITRE X L’EPISTEMOLOGIE : CONSIDERATIONS GENERALES page 50 CHAPITRE XI LE DISCOURS DE LA METHODE : Eléments d’explication page 52 CHAPITRE XII A PROPOS DU MENON DE PLATON page 56 CHAPITRE XIII L’EXISTENTIALISME DE JEAN PAUL SARTRE page 58 CHAPITRE XIV ELEMENTS DE METHODES POUR LA DISSERTATION page 63 CHAPITRE XV LE COMMENTAIRE DE TEXTE EN PHILOSOPHIE page 66 CHAPITRE XVI SUJETS CORRIGES page 68 2 La PHILOSOPHIE : Définition et Historique PROBLEME DE DEFINITION Traditionnellement, l’exercice d’une entreprise commence par la définition de celle-ci afin d’acquérir une connaissance claire de ce que l’on entreprend.

L’activité philosophique pourrait obéir à ce principe s’il n’y avait pas un ensemble de préjugés dont elle est l’objet et dont il faut d’abord rendre compte. a) Signification et portée de l’entreprise philosophique Pour un être qui réfléchit, il arrive fatalement qu’un jour, on voit surgir devant soi une triple interrogation : « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? ».

Ce questionnement sur notre nature traduit une de nos caractéristiques fondamentales que l’on peut ainsi énoncer.

L’être humain ne peut vivre sans s’étonner de ce qu’il est et de son propre destin.

Cet étonnement est justement selon certains auteurs la source de la philosophie.

On admet donc qu’il convient de s’étonner pour commencer à philosopher.

En conséquence, si l’on veut avoir une vision correcte de la réalité et des phénomènes, il devient nécessaire de pousser l’étonnement au maximum de manière à ce que rien n’échappe à notre investigation.

Cependant à force de s’étonner de tout, le philosophe a fini par créer certains préjugés dans la manière dont le sens commun le perçoit.

C’est ainsi que pour ce dernier la philosophie est inutile en raison du fait que les questions que se pose le philosophe paraissent sans rapport avec le vécu quotidien des hommes.

Les préoccupations essentielles de la société ne semblent nullement interpeller l’attention philosophique.

D’ailleurs, il est souvent reproché aux philosophes d’être dans les nuages, d’essayer de savoir ce qui se passe dans le ciel sans prendre garde à ce qui se passe devant lui, à ses pieds. En réalité, ces positions du sens commun sont plus des pré jugements que des jugements rigoureusement argumentés.

De fait, l’étonnement à propos de notre être et de notre destin doit être vécu comme un point de départ et non comme une fin.

Il doit conduire à une réflexion approfondie sur notre passé, sur nos désirs et nos comportements actuels, sur l’orientation qu’il convient de donner à notre vie.

En empruntant un tel chemin, la philosophie assure dès lors une fonction critique qui la place aux antipodes d’une vaine spéculation.

Par ailleurs, l’étonnement philosophique n’ayant pas de limites et portant surtout, on se rend compte de l’existence d’une autre dimension de la philosophie c’est à dire sa capacité à abolir le sacré.

En effet, l’une des interrogations constantes des philosophes est de savoir « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ».

Répondre à cette question que c’est parce que Dieu l’a voulu n’est pas totalement satisfaisant pour la philosophie. C’est à cause de cette insatisfaction perpétuelle que la philosophie est qualifiée de subversive et surtout que le philosophe est souvent perçu comme un partisan de l’athéisme.

Ce sont là d’autres préjugés du sens commun qu’il faut remettre en question.

En effet bien des philosophes sont solidement ancrés dans leurs convictions religieuses et d’ailleurs la réflexion philosophique peut rencontrer la foi en un lieu que l'on appelle la théologie.

Lorsqu’on réussit à s’éloigner des présupposés du sens commun, on observe alors que la pratique philosophique ne revendique que de nous éclairer dans nos choix et de nous équilibrer dans nos comportements. 3 Diversité des auteurs et des définitions De manière curieuse, le mot philosophie serait la création d’un mathématicien grec Pythagore de Samos (580-500 avant J-C) qui refusait le qualificatif de sage pour se définir plutôt comme un ami, un amoureux de la sagesse.

Homme très cultivé mais profondément modeste, cet auteur réussissait en quelque sorte l’équilibre parfaite entre le savoir et la vertu qui sont justement dans la Grèce antique les deux composantes de la sophia.

Ainsi cette dernière loin d’être une possession est en fait une recherche perpétuelle.

Un savoir qui est toujours remis en question est une vertu qui doit présider à tous nos comportements.

La modestie dont fait preuve Pythagore traduit un fait ; c’est que la philosophie est une activité de réflexion fondée à la fois sur une grande rigueur et aussi une grande tolérance.

Pour l’essentiel, les définitions proposées par des philosophes sur leur propre pratique recoupent les exigences de l’approche pythagoricienne.

Dans « Les leçons de l’histoire de la philosophie », l’auteur allemand HEGEL (1770-1831) écrit « La philosophie est une activité libre….elle fortifie, élève, affermit l’esprit en soi.».

Il y a là une évocation de l’activité réflexive et de l’influence positive qu’elle exerce sur l’esprit.

De plus, le même auteur voit dans la philosophie l’oiseau du soir.

C’est en ce sens qu’il est amené à dire : « La philosophie est la chouette de Minerve qui ne prend son vol qu’à la tombée de la nuit.

».

Cet aspect crépusculaire de la philosophie est pour montrer que sa fonction consiste à formuler avec cohérence les significations des faits qui se déroulent.

C’est donc une tâche d’interprétation qui oblige la philosophie à être très attentive à tous les faits de l’existence.

Parmi ces faits de l’existence, il y a la dimension du passé à propos de laquelle le philosophe camerounais Martien TOWA écrit ; « La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance.

».

Une telle position au-delà de son aspect audacieux a le mérite de montrer que si la philosophie est critique, elle est aussi autocritique.

Il s’agit ici d’inviter les penseurs africains à cesser d’idéaliser leur propre passé, à mettre en évidence ses aspects négatifs de manière à pouvoir mieux assumer les nombreux aspects positifs.

Au fond la philosophie cherche à construire une explication cohérente des choses et des phénomènes en utilisant cet instrument qui fait l’originalité, la particularité et la pertinence de l’humain à savoir la raison.

Mais cette dernière doit prouver sa légitimité et son efficacité en opérant à un retour sur elle-même.

Il s’agit donc pour l’humain de s’auto interroger et selon une certaine tradition, c’est cela le début de toute philosophie.

C’est la raison pour laquelle on voit en Socrate (470-399) le véritable père de la philosophie pour avoir énoncé la double affirmation suivante « Connais-toi toi même et tu connaîtras l’univers et les dieux » ; « Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien ».

Derrière ces propos se cachent l’humilité, la tolérance et la rigueur qui doivent caractériser le philosophe.

Le premier souci de ce dernier est de reconnaître qu’il n’a pas le monopole de la vérité.

C’est l’idée exprimée par Karl JASPERS « L’essence de la philosophie c’est la recherche de la vérité non sa possession….faire de la philosophie c’est être en route » 4 II- PARCOURS HISTORIQUE DE LA PHILOSOPHIE L’énoncé philosophique doit rendre compte de ses origines.

Il formule des interrogations qui mettent en évidence des significations diverses lesquelles doivent être placées dans des contextes mouvants.

C’est ce qui explique que la philosophie ne soit pas une activité figée.

En réalité, elle a toujours été la conscience des différentes époques traversées. a)L’antiquité grecque et le moyen âge (7e siècle avant J-C –14e siècle avant J-C) La Grèce de l’antiquité est généralement perçue comme le lieu de naissance de la philosophie.

C’est là où est apparue pour la première fois une forme de pensée qui se pose en rupture par rapport à l’interprétation métaphysique des phénomènes.

Mais s’il a été possible à la philosophie d’apparaître en ce lieu déterminé, c’est principalement parce qu’aux alentours du 5e siècle avant J-C s’est signalé un phénomène d’une grande importance connu sous le nom de miracle grec.

Il s’agit de la réunion pour la première fois en un lieu et à la même période de conditions économique, politique et culturelle qui par leur influence ont favorisé l’émergence de la pratique philosophique.

Certains auteurs sont particulièrement représentatifs de cette révolution dans la pensée. Il y a d’abord Héraclite d’Ephèse dont l’œuvre principale intitulée de l’univers traitait à la fois de physique, de théologie et de politique.

Célèbre pour avoir élaboré la théorie de la mobilité universelle, il voyait dans le conflit des contraires l’origine et la substance même de toute chose.

Selon Héraclite la vie est un perpétuel mouvement, un changement sans fin qui disqualifie toute forme de stabilité définitive.

Héraclite expose cette idée de façon imagée en écrivant : « Tout s’écoule, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ….Les contraires se mettent d’accord, des sons variés résulte la plus belle harmonie et tout est engendré par la lutte ». Au centre du miracle grec se retrouve aussi l’éminent mathématicien Pythagore (580- 500).

Au delà des progrès qu’il a impulsés dans la science mathématique, Pythagore s’est signalé dans le domaine strictement philosophique en défendant le principe de la métempsychose.

Ce principe consacre la dualité de l’homme et traduit l’idée d’une transmigration de l’âme.

Plus précisément, la métempsychose est le fait surnaturel par lequel une même âme étant immortelle peut animer successivement plusieurs corps humains, animaux, ou végétaux. Adversaire d’Héraclite, Parménide d’Elée (540-450) soutenait une théorie de la négation du mouvement.

De son point de vue l’être est impérissable, inébranlable et sans fin. Par cette position il est amené à refuser l’existence du changement en soutenant que « L’être est un et immuable, le non-être n’est pas ».

En d’autres termes toute réalité est unique et demeure perpétuellement inchangée et d’ailleurs le changement n’existe pas.

Ces positions de Parménide ont été argumentées par Zénon à travers quelques allégories notamment l’argument intitulé Achille et la tortue.

Il faut dire que les partisans et les adversaires du mouvement vont trouver dans le système élaboré par Démocrite, un terrain de rencontre.

Il s’agit de la théorie de l’atomisme.

Ces différents intellectuels qui ont apporté une contribution décisive à l’édifice de la philosophie sont regroupés sous le nom de Pré-socratiques.

Cela donne d’emblée toute la mesure de l’importance du philosophe Socrate (470-399).

Il serait né d’un sculpteur et d’une sage-femme et cette double hérédité lui permettant de donner à l’homme une représentation fidèle.

N’ayant rien écrit, Socrate est connu à travers les œuvres de certains auteurs parmi 5 lesquels son disciple le plus célèbre, Platon.

Cette absence d’œuvres écrites va permettre à plusieurs auteurs de lui faire endosser la responsabilité de leurs propres constructions.

Dans la philosophie occidentale, Socrate est en quelque sorte le héros éponyme, un étrange homme qui a accepté la mort avec une dignité qui a confondu ses propres bourreaux.

Homme de dialogue, Socrate prétendait ne rien enseigner.

Pour lui chaque homme a un savoir enfoui dans son esprit et dont il ne se rend pas toujours compte.

Il s’agit donc pour lui de faire en sorte par un jeu serré de questions, que le sujet soit amené à extérioriser ses connaissances.

Le procédé connu sous le nom de maïeutique ou art d’accoucher les esprits sera plus tard une méthode exigée en pédagogie. La pratique de la maïeutique allait souvent de paire avec une autre méthode connue sous le nom d’ironie ou art d’interroger.

Se définissant comme celui qui ne sait rien, Socrate interpelle tout le monde soucieux apparemment de s’instruire.

Par exemple aux généraux de l’armée athénienne, il demande la définition du courage, aux ecclésiastiques il demande ce que signifie la piété, ou alors il interroge les magistrats pour leur demander ce qu’est la justice.

Nul n’échappe à ses questions à la faveur de la discussion on s’aperçoit que personne ne sait. Mettant en évidence les contradictions dans leurs réponses, Socrate signalait ainsi l’ignorance de ces hommes qui prétendent savoir.

Ces derniers se sentent humiliés, ridiculisés et puisqu’ils étaient puissants, ils devenaient des ennemis mortels.

Socrate s’adressait souvent aux jeunes dont il remettait en question le modèle d’éducation qu’il jugeait trop superficiel.

C’est ainsi qu’en 399, il est impliqué dans un procès au cours duquel une triple accusation est retenue contre lui : -impiété -importation de nouvelles divinités -corruption de la jeunesse Celui que Platon appelait le meilleur, le plus sage et le plus juste fut condamné à mort et finalement exécuté.

Assurément, Socrate a dérangé trop de monde pour rester en vie à Athènes.

Ayant refusé de s’évader, il a voulu jusqu’au terme de sa vie rester fidèle aux lois de la cité même si « ces lois sont absurdes et absurdement appliquées.

L’enseignement de Socrate est dans une large mesure tourné contre une catégorie d’intellectuels appelés les Sophistes ». Au départ le terme de Sophiste signifiait les détenteurs d’une sophia au sens de compétence, savoir faire, culture.

C’est par la suite que le mot en vint à désigner l’homme, la ruse, l’astuce de l’homme qui fait de la parole son gagne pain.

Les sophistes étaient des intellectuels de métier dont les prestations (conférences, plaidoiries, leçons) sont tarifiées.

Ce que cherche leur clientèle, ce n’est pas une vision du monde mais une technique de la parole. En effet, dans la Grèce antique les responsabilités, le prestige et la richesse dépendaient essentiellement de l’habileté à parler.

Aussi les sophistes ont commencé à réfléchir sur les conditions de leur art afin d’élaborer les règles qui gouvernent la bonne expression, la discussion, l’argumentation.

C’est ainsi que naquit la rhétorique qui devenait officiellement une profession.

Les sophistes ont poussé à l’extrême l’enseignement d’Héraclite en prétendant que puisque tout change en permanence, la connaissance certaine n’est pas possible.

Puisque toutes les qualités sont contraires, sont présentes à la fois dans toute chose, la vérité n’est jamais absolue.

Donc dans un débat par exemple on peut défendre tous les points de vue même les plus contradictoires.

Cela signifie qu’en soi rien n’est jamais vrai, qu’il y a autant de mondes que de visions du monde, que tout dépend de la situation particulière d’un homme particulier.

C’est alors dans ce contexte que Protagoras a pu affirmer : « l’homme est la mesure de toute chose ».

Les sophistes vont ainsi développer un scepticisme moral et 6 intellectuel qui ouvre la porte à la remise en question de toutes les valeurs.

Il n’y a ni bien, ni mal tout est relatif.

Les sophistes vont surtout pratiquer l’éristique qui, toute thèse, peut être réfutée qu’elle soit exacte ou fausse.

C’est ce genre de pratique qui va contribuer à discréditer les sophistes qui seront alors présentés par leurs adversaires comme de vulgaires marchands de paroles.

En réalité, le rôle des sophistes a été plus complexe et plus positif en rapport avec les nouveautés de l’époque.

En effet, l’expression de la démocratie favorisant l’esprit critique, l’initiative personnelle et les revendications individuelles, l’apprentissage de la manipulation rhétorique des assemblées devenait nécessaire.

C’est ainsi qu’une méthode du « bien dire » est mise au point à partir de laquelle on produit la persuasion, d’où donc l’intérêt de l’enseignement des sophistes.

De plus, ces derniers ont perfectionné l’art de la discussion, ils ont développé la technique du discours judiciaire, ils ont approfondi l’étude de la parole et enfin ils ont initié une conception contractualiste de la justice.

C’est sur ces derniers points que réside la positivité de leur enseignement. On ne peut pas réfléchir sur l’Antiquité grecque sans s’intéresser à Platon (428-347) c’est l’auteur qui sans doute a laissé à la postérité l’œuvre la plus volumineuse.

Ce « monument de la pensée » a investi des domaines fort différents comme le montre cette affirmation du philosophe contemporain Lucien JERPHAGNON : « Qui entre dans Platon n’en sort plus, ce mélange de rationnel et de mythique, de logique et de poésie, de mathématique et de fabuleux, où d’un texte à l’autre s’affrontent des positions inconciliables, tout cela est déconcertant et envoûtant à la fois ».

Composée d’une trentaine de dialogues l’œuvre de Platon traite des sujets aussi divers que la rhétorique, la science, les idées, la vertu, et même les noms propres. En fait le système de cet auteur est une synthèse de tout ce qu’on savait de son temps et surtout des doctrines de Socrate, d’Héraclite, de Parménide et de Pythagore.

L’originalité de ce système complexe se situe au niveau de ce qu’on a appelé la théorie des idées.

Partant de la doctrine d’Héraclite sur l’écoulement universel des choses, Platon en conclut que des êtres en perpétuel devenir ne peuvent être objets de science.

On ne peut pas en avoir une connaissance certaine car il n’y a de science que de ce qui est fixe et immuable.

Cependant note Platon, quand on observe ces êtres changeants, on s’aperçoit qu’ils reproduisent dans la même espèce des caractères constants qui se transmettent de générations en générations. Platon en conclut que ces êtres qui changent ne sont pas réels, ils ne sont que les copies de modèles immuables et éternels qu’il appelle les Idées.

Chez cet auteur, il faut préciser que l’Idée n’exprime pas l’acte de l’esprit qui connaît mais exprime plutôt l’objet qui est connu. Par exemple quand on parle de l’Idée d’homme c’est le type idéal que reproduisent tous les hommes en commun.

Ce type est donc permanent intelligible, il n’est pas matériel mais il est le seul à avoir de la valeur.

L’homme concret et singulier ne serait qu’une copie.

Ces Idées éternelles fonctionnent dans un autre monde que Platon appelle « monde intelligible » alors que l’homme concret vit dans le « monde sensible » ou monde des apparences et des illusions. La théorie des Idées est illustrée par le Mythe de la caverne dont la fonction est de faire la différence entre les deux mondes mais aussi de préciser le statut du Philosophe.

Ce serait cet homme qui a réussi à s’échapper de la prison de la caverne qui a pu contempler la vérité et qui revient pour servir de guide aux hommes prisonniers du monde sensible.

Il faut dire que la théorie des Idées va exercer une influence décisive sur l’ensemble de l’œuvre de Platon notamment ses conceptions psychologiques, politiques et esthétiques. Au plan de la psychologie, Platon va annoncer une « théorie de la réminiscence » qui nous aide à comprendre d’où viennent ces connaissances enfouies dans notre esprit et que la maïeutique extériorise.

Pour Platon notre âme a d’abord séjourné dans le monde intelligible où 7 elle a acquis le savoir avant de s’incarner dans notre corps au niveau du monde sensible.

Cela revient donc à dire selon le mot des anciens grecs que « Apprendre c’est se souvenir ».

En intégrant notre corps l’âme perd sa pureté originelle et présente alors trois parties : la raison, le courage, l’instinct.

C’est là une hiérarchie à l’intérieur de laquelle la raison base de la sagesse a le rôle le plus important.

Au plan politique Platon part de l’idée selon laquelle l’état n’est que la représentation en gros caractères de ce qu’on peut lire en miniature chez l’individu.

C’est pourquoi lorsqu’on observe les trois composantes au niveau de la psychologie de la personne, l’état idéal devrait alors être composé de trois groupes constitutifs qui sont : -les magistrats philosophes qui assurent les tâches de direction -les soldats ou guerriers chargés de défendre la cité -et enfin les producteurs Cet état qui nous paraît foncièrement inégalitaire et injuste est selon Platon fondé sur la justice.

En effet pour l’auteur de « la République », la justice signifie l’harmonie et elle consiste dans l’accomplissement par chacun de la tâche qui lui est dévolue afin de lutter contre la division, source de danger pour l’Etat, Platon va imaginer des solutions originales parmi lesquelles il faut retenir : -la suppression de l’intérêt individuel et surtout - la suppression de l’esprit de famille. Cette dernière mesure qui se traduit par la communauté des femmes va valoir à Platon de nombreuses critiques.

De plus c’est une mesure qui s’accompagne de l’éducation des enfants par la collectivité, un principe qui était déjà à l’œuvre dans la cité guerrière de SPARTE. D’ailleurs à ce niveau l’éducation collective des enfants allait de paire avec la pratique de l’Eugénisme (élimination des enfants handicapés). Au plan esthétique, Platon va développer des conceptions qui ne vont pas toujours dans le sens d’un épanouissement de l’art.

C’est ainsi qu’il va prôner une sorte de « plafonnement de la créativité artistique » en refusant toute idée d’innovation, car dit-il comme les Idées, les arts doivent être immuables et éternels.

Sur cette lancée Platon va juger négativement les peintres et les sculpteurs qui reproduisant le monde sensible ne font que représenter ce qui n’est qu’une copie.

Ils se trouvent ainsi fort éloignés de la vérité et n’ont donc pas leur place dans la cité idéale.

De plus, pour Platon, l’art doit se mettre au service de la morale et de la politique.

C’est ainsi qu’il écrira dans la République : « Nous contraindrons les poètes à n’offrir dans leurs poèmes que des modèles de bonnes mœurs ».

Mais surtout Platon va bâtir de sa République deux genres artistiques : la tragédie de la comédie car pour lui ils développent chez le guerrier un sentimentalisme contraire à son statut.

Ainsi et paradoxalement un artiste confirmé comme Platon développe une conception négative de l’art.

Voilà le principal danger d’un esprit de système poussé jusqu’au bout.

S’agissant maintenant de l’explication de l’univers, Platon soutient que le monde a été créé à partir de deux substances aux qualités contraires : l’une incorporelle et indivisible, l’autre matérielle et divisible.

Le monde sensible serait apparu le premier, peuplé de divinités mythologiques qui seraient directement responsables de la création des hommes, ces êtres imparfaits.

Les êtres se transforment en fonction des qualités et des défauts qu’ils cultivent.

C’est ainsi que les animaux sont des hommes dégradés alors que les femmes étaient à l’origine des hommes qui se sont montrés peureux et malfaisants.

Au total, on peut dire que le système de Platon repose sur des emprunts qu’il faut aux philosophes, aux mathématiciens, aux astronomes et même aux croyants et mythes populaires.

C’est une œuvre qui fait la synthèse de toute la pensée grecque antique. 8 ARISTOTE (384-322) : Fondateur d’une école appelée le Lycée.

Aristote fut l’élève de Platon pendant une vingtaine d’années.

Il est le concepteur de la logique formelle, disciple qui se propose de formuler les lois de la pensée, l’art de bien conduire sa raison dans la connaissance des choses.

Au point de départ de sa théorie se trouve l’idée selon laquelle toute pensée qui se veut correcte doit éviter de tomber dans la contradiction.

Pour cela, elle doit obéir à certaines lois notamment « le principe de la non-contradiction » qui énonce que : « personne ne peut jamais penser qu’une même chose puisse être et ne pas être ».

En d’autres termes, un jugement ne peut pas être vrai et faux à la fois, dans le même temps et sous le même rapport. Mais la pertinence s’est surtout manifestée au niveau de la morale dans un ouvrage intitulé Ethique à Nicomaque.

Il y montre que les qualités morales ne sont pas innées, elles ne sont pas des dons.

En fait, l’élève de Platon estime que la vertu est une habitude ; nous finissons par devenir vertueux en nous efforçant de l’être par une pratique permanente : « Ce n’est ni par un effet de la nature, ni contrairement à la nature que les vertus naissent en nous.

Nous les acquérons par l’exercice comme cela arrive dans les métiers et les arts…C’est en bâtissant qu’on devient architecte ».

Aristote apparaît comme le dernier maillon de ce qu’on a appelé « la trilogie majeure » de la philosophie et qu’il constitue avec Socrate et Platon dans l’antiquité grecque.

Cette dernière a également vu la genèse des doctrines comme l’épicurisme et le stoïcisme qui vont apparaître comme les liens entre les cités grecques et l’empire romain de l’antiquité. EPICURE (341-270) n’a laissé que quelques rares fragments notamment des Lettres, des Maximes et des Sentences.

Mais l’essentiel de sa doctrine a été exposé par le poète latin LUCRECE (98-54) dans son ouvrage De natura rerum (De la nature des choses).

Au plan de la religion, Epicure reconnaît l’existence et la pluralité des dieux.

Mais dit-il, ils vivent en société, conversent entre-eux et trouvent dans ces échanges la joie la plus pure.

C’est pourquoi ajoute Epicure, ils ne se soucient ni des hommes ni du monde et donc il n’y a pas de providence.

En vertu de ces principes, Epicure va défendre une conception matérialiste de l’univers.

C’est ainsi que dans une lettre à Hérodote (484-424) il écrit : « l’univers est constitué de corps et de vide, s’il n’y avait pas ce qu’on appelle vide, espace ou nature impalpable, les corps n’auraient pas où se placer, ils ne pourraient pas non plus se mouvoir.

» Au plan de la morale, l’Epicurisme soutient que le bonheur, but de la vie, se situe dans le plaisir et ce dernier naît de la satisfaction des désirs.

Cependant le sujet vraiment moral ne poursuit pas la satisfaction de tous les désirs, il se limite à ceux qui sont naturels et nécessaires. L’Epicurisme prône un retour à la vie simple et soutient qu’il faut savoir se contenter de peu : « Au regard de ce qui suffit à la nature, toute possession est richesse.

Mais au regard des désirs illimités, même la plus grande richesse est pauvreté ».

Retenons enfin que selon la morale d’Epicure le sage ne doit pas avoir peur de la mort principalement parce que c’est un fait inéluctable.

A ce sujet LUCRECE écrit : « le ciel et la terre ayant eu un commencement, auront une fin ».

En fait ce mépris de la mort est la conséquence de trois arguments conjugués ; d’abord la disqualification des dieux dans le fonctionnement de l’univers, ensuite la certitude que tout ce qui existe est amené à disparaître et enfin la conviction que la mort échappe totalement à notre expérience sensible.

C’est par rapport à ce dernier argument que Epicure écrivait dans sa lettre à Ménècée : « La mort n’est rien relativement à nous car tout bien et tout mal résident dans la sensation, or la mort est la privation complète de cette dernière tant que nous existons la mort n’est pas et quand la mort est là nous ne sommes 9 plus ».

Opposé dans une large mesure à l’Epicurisme, le stoïcisme a une longue histoire qui couvre plus de cinq siècles et qui commence avec Zénon de cittium (336-264).

Au sens courant être stoïque signifie avoir du courage pour supporter la douleur, le malheur, les privations en restant apparemment indifférent.

Au plan philosophique, la morale stoïcienne est une morale d’acceptation, c’est une sorte de courageuse résignation qui est dictée par le fait que le monde est strictement gouverné par les dieux.

Tout ce qui arrive, devait fatalement se produire.

Ce fatalisme qui sera défendu par des penseurs romains se résume dans cette affirmation de Sénèque (04-65) : « Je sais que toute chose découle d’une loi imprescriptible et établie pour l’éternité.

Les destins nous conduisent et la quantité de temps qui reste à chacun est arrêtée dès la première heure de la naissance ».

Ainsi pour le stoïcisme il existe une providence et elle est basée sur la bonté des dieux.

Tout ce qui arrive est l’œuvre des dieux et il ne faut donc pas se rebeller.

C’est ce qui traduit le célèbre propos d’Epictète (50- 130) « abstiens-toi et supportes ! ».

C’est une résignation qui explique la conception que les stoïciens se font de la mort et que l’empereur Marc AURELE exprime en ces termes : « disparaître de ce monde n’est pas bien redoutable s’il y a des dieux, car ils ne te feront aucun mal.

La mort, c’est la fin de l’esclavage de notre intelligence qui échappe à la servitude que la chair nous impose.

Il convient au sage de le témoigner en ce qui concerne la mort ni crainte ni dédain ni indignation mais de l’attendre comme étant l’une des opérations de la nature ».

Si la réflexion philosophique a trouvé ses fondements dans la société grecque antique, elle aura également beaucoup progressé au contacte de la pensée chrétienne.

En fait, le christianisme n’est pas à proprement parler une philosophie.

Cette dernière est constituée par la raison, alors que le christianisme est une révélation.

Cependant les thèmes qui s’y développent ont toujours interpellé la réflexion philosophique.

L’enseignement de Jésus peut s’apprécier à travers certaines catégories notamment une « transfiguration des valeurs, une tolérance totale, et une certaine forme d’orthodoxie.

» S’agissant du premier point on veut mettre l’accent sur la transformation que subissent les valeurs quand elles passent de ce monde ci à l’aude-là.

C ‘est ainsi que dans l’évangile selon Saint Mathieu, on peut lire : « Vous serez heureux lorsqu’à cause de moi, on vous dira des injures, on vous persécutera.

Réjouissez vous alors parce que votre récompense sera plus grande dans les cieux ».

Ainsi le mal que nous subissons sur terre se transformant en bien au royaume des cieux, il y a là une véritable transformation des valeurs.

Ceci traduit le discours d’espérance que Jésus adresse à l’homme. Par ailleurs le Christ recommande à l’homme d’aimer son prochain comme soi-même quelles que soient les conditions.

C’est dire que pour lui la grande vertu réside dans la charité surtout dans les circonstances les plus difficiles : « Il a été dit œil pour œil et dent pour dent.

Mais moi je vous dis de ne pas résister à celui qui vous fait du mal.

Si quelqu’un te frappe à la joue droite, présente lui aussi l’autre.

Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent ».

Il faut dire que c’est par le biais d’une telle conception que la contestation s’est introduite dans l’église chrétienne.

En effet, il s’est trouvé des pères qui confrontés à l’injustice quotidienne, ont pris la défense des opprimés en allant jusqu’à prendre des armes ou assumer des responsabilités politiques.

C’est ainsi qu’a pris naissance en Amérique latine ce qu’on a appelé la théologie de la liberté et qui a été fortement rejetée par les différents Papes et par la hiérarchie religieuse de Rome (du Vatican).

Retenons enfin comme autre élément caractéristique de l’enseignement de Jésus l’idée selon laquelle l’intention de faire est aussi importante que l’action elle-même : « Il a été dit, tu ne commettras point l’adultère mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur ».

Ainsi donc, l’intention vaut l’action tel semble être un des axes à l’enseignement de Jésus.

Cet enseignement a été popularisé par les pères de l’église notamment le moine Saint Augustin (354-430) qui réfléchissant sur les relations entre la foi et la raison, écrit : « Dans les choses qui appartiennent à la doctrine du salut et que nous ne pouvons pas comprendre encore il faut que la foi précède la raison.

Elle purifie ainsi le cœur et le rend 10 capable de recevoir et de supporter la lumière de la Grande Raison.

Si vous ne croyez pas vous ne comprendrez pas ».

Au-delà de ces quelques illustrations, il apparaît que la pensée chrétienne a développé des approches qui ne peuvent laisser indifférent le philosophe, cela est d’autant plus exact que le christianisme, depuis le Moyen âge jusqu’à présent s’est érigé en doctrine sociale qui règle l’existence des masses humaines considérables.

Il a ainsi acquis une dimension politique qui oblige à se confronter à d’autres doctrines. a) Le monde moderne et la période contemporaine (15e –20e siècle)Si la philosophie s’est constituée en tant que discipline intellectuelle dans l’antiquité grecque, elle aura connu entre le 15e et le 20e siècle un élargissement de ses perspectives.

Cette période se caractérise par l’émergence de certaines doctrines et de certains auteurs qui se sont surtout signalés au plan politique et au plan scientifique. - Au plan politique Ici le débat est inauguré par Nicolas Machiavel (1469-1527) qui était un homme d’Etat italien et aussi un théoricien politique.

Ayant eu l’occasion d’observer pendant longtemps les gouvernants, Machiavel s’est forgé une pensée politique qu’il résume dans son livre « Le Prince ».

L’idée dominante de cette pensée, c’est que le dirigeant doit être lucide et volontaire mais surtout il ne doit pas avoir de scrupule dans la mesure où les valeurs morales ne jouent aucun rôle dans la politique.

En somme, le dirigeant doit réaliser ses objectifs inexorablement quels que soient les moyens utilisés : « Le prince doit se faire lion et renard à la fois ».

En d’autres termes, le souverain ne doit pas hésiter à user de la force ou de la ruse.

Machiavel est l’un des grands défenseurs de la Raison d’Etat, selon laquelle l’Etat doit toujours prendre le pas sur le citoyen. Cette période verra également l’apparition des théories du contrat dont les plus éminents interprètes sont Thomas HOBBES (1588-1679) et Jean Jacques ROUSSEAU (1712-1778).

Les théories du contrat expliquent la formation de l’Etat social grâce à un pacte établi entre les hommes.

Selon le philosophe anglais Thomas HOBBES, les hommes ont voulu sortir de la situation de guerre perpétuelle qui caractérise l’Etat de nature et que Hobbes analyse ainsi : « L’homme est un loup pour l’homme » (Homo Ho mini Lupus).

Pour cela ils ont signé entre eux un contrat par lequel ils se dessaisissent de tous leurs droits au profit d’un souverain que Hobbes se signale comme un théoricien de l’absolutisme.

Les thèses seront dans une grande mesure rejetées par ROUSSEAU.

Ce dernier soutient que les hommes ont établi un contrat constitutif d’une société civile pour sortir de l’état de nature.

Mais selon l’auteur du « Discours sur l’originalité » l’état de nature n’est pas gouverné par le conflit.

C’est en raison de leur accroissement et pour être plus efficace vis à vis de la nature que les hommes ont estimé nécessaire d’établir un contrat par lequel chacun se départisse d’une partie de ses droits la délègue à son souverain qui reste sous le contrôle des autres. Derrière cette position de ROUSSEAU, se dessine l’idée d’une limitation des pouvoirs de la royauté.

Les vues politiques de ROUSSEAU vont connaître un sort historique considérable car elles seront considérées comme la préparation de la dimension théorique de la révolution de 1789.

Au-delà des théories du contrat, il faut également signaler la contribution importante de Montesquieu (1689-1755).

Dans son ouvrage principal intitulé « de l’esprit des lois », il montre que la loi traduit : « les rapports nécessaires dérivant de la nature des choses ».

En d’autres termes, il s’agit de montrer qu’entre les choses, il y a des relations qui sont incontournables et la loi a pour rôle de systématiser ces relations.

Montesquieu fut l’un 11 des fondateurs de ce qu’on a appelé « la théorie géographique en sociologie ».

C’est une doctrine à laquelle la physionomie morale d’un peuple est conditionnée par le climat dans lequel vit ce peuple.

En somme, il n’existe pas de lois absolument rationnelles c’est à dire uniquement fondées sur la raison.

Tout dépend des conditions de vie du peuple et plus précisément des conditions géographiques.

Cette thèse qui ne manque pas de pertinence doit cependant être prise avec certaines précautions à cause des dérapages qu’elle peut entraîner. C’est notamment le cas lorsque s’appuyant sur la théorie géographique en sociologie, on a voulu expliquer « la paresse du nègre » par la chaleur du climat tropical.

Cette thèse est évidemment para-scientifique et en réalité elle cache des présupposés racistes.

Ce que l’on cherche ici, c’est à affirmer le mythe de la supériorité du blanc.

Sur un autre plan, Montesquieu se présente comme le créateur de la théorie libérale des trois pouvoirs.

Il s’agit pour l’auteur de « l’esprit des lois » de réaliser une séparation des pouvoirs de manière à mettre un frein à l’absolutisme des monarques.

Cette division des pouvoirs présente trois entités. L’exécutif, le législatif et le judiciaire; Il faut qu’aujourd’hui l’immense majorité des Etats modernes se réclament de cette théorie des trois pouvoirs.

La période comprise entre le 15e et 20e siècle verra également se manifester au plan politique les pensées d’auteurs incontournables tels que Karl MARX (1818-1883) et Jean Paul SARTRE (1905-1980).

Ils seront d’ailleurs à la base des deux principales tendances de la philosophie contemporaine : Le marxisme et l’existentialisme. - Au plan scientifique S’agissant du contexte scientifique, il faut évoquer ici la pensée de Descartes (1596-1650).

On peut dire que la pensée cartésienne est apparue dans un contexte dominé par des découvertes importantes sur le plan de la science.

Citons entre autres la théorie de l’héliocentrisme, l’invention de l’imprimerie, la découverte du continent américain, les progrès en sciences mathématiques, l’élaboration par Kepler des principes du mouvement des planètes.

Ce sont là d’importants évènements qui signalent un véritable bouillonnement intellectuel.

C’est pourquoi cette période est justement appelée celle de la renaissance. Descartes va s’inscrire résolument dans ce mouvement et l’on peut étudier sa pensée sur trois plans : une méthode scientifique, une métaphysique et une morale. S’agissant de la méthode cartésienne, elle se résume par certains principes, certaines règles parmi lesquelles on peut citer d’abord la règle de l’évidence : « Il ne faut admettre aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ».Il s’agit ici d’une mise en garde contre la précipitation et les préjugés.

Il ne faut donc tenir pour vrai ce qui est « clair et distinct » c’est à dire ce que je n’ai aucune possibilité de mettre en doute.

Il faut préciser que chez Descartes, l’évidence n’est pas ce qui saute aux yeux mais ce dont je ne peux pas douter malgré tous mes efforts. Il y a enfin la règle de la synthèse : « Il faut conclure par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître pour monter peu à peu comme par degré à la connaissance des plus composés ».

C’est là une démarche qui se veut logique en partant du plus simple au plus complexe ou de l’un aux multiples.

La méthode de Descartes sera perçue comme le triomphe du rationalisme.

En effet, elle affirme l’indépendance de la raison qui est la seule structure à nous fournir des idées claires et distinctes. Au plan de la métaphysique, la valeur qui domine l’itinéraire spirituel de Descartes c’est le doute.

Pour l’auteur des règles « pour la direction de l’esprit » l’activité intellectuelle doit 12 commencer par la contestation méthodique des opinions reçues.

Descartes va donc remettre en question toutes ses connaissances et croyances.

Il s’agit de douter de tout et même de l’existence du monde extérieur parce que nos organes de sens nous ont déjà trompé.

C’est donc un doute systématique et volontaire mais qui cherche à aboutir à la vérité contrairement par exemple au doute sceptique.

Cependant, il y a une chose dont je ne peux pas douter quelle que soit ma volonté c’est que je suis entrain de douter c’est à dire de penser.

Le fait de penser est donc indubitable et pour penser il faut que j’existe.

C’est ainsi que Descartes peut tirer la fameuse conclusion qui se rencontre au chapitre IV du « Discours de la méthode » « je pense donc je suis ».

La preuve de notre existence est donc faite à partir de notre pensée.

Mais là où Descartes s’inscrit véritablement dans son époque, c’est dans les rapports entre Dieu, l’homme et la nature. Dieu est créateur de l’homme mais il l’a doté d’une autonomie dès sa création.

L’homme n’est pas une partie de Dieu.

C’est un être créé mais libre d’obéir ou non les préceptes divins.

« Dieu propose, l’homme par son libre arbitre dispose ». S’agissant maintenant de la nature, elle est entièrement offerte à l’exploration humaine. Descartes fonde ainsi un véritable rationalisme scientifique qui va permettre à l’homme de « se rendre comme maître et possesseur de la nature » Ce dernier aspect de la pensée cartésienne rend compte de ce que l’auteur lui-même a appelé une morale provisoire.

Ici on observe un Descartes beaucoup plus conservateur que le scientifique et les règles morales qu’il avance sont pour l’essentiel dues à sa crainte de l’autorité religieuse.

De manière schématique, ces règles s’énoncent ainsi : - « Se soumettre aux us et coutumes de son pays » - « Changer ses idées plutôt que l’ordre du monde » - « être toujours ferme et résolu en ses actions » CONCLUSION Si nous ajoutons à l’œuvre de Descartes celle de Auguste Comte (1758-1839) un des fondateur de la sociologie, celle de S.

Freud (1856-1936), créateur de la psychanalyse, on se rend compte que la période moderne et contemporaine traduit une véritable percée de la pensée scientifique mais surtout cette période permet de vérifier la pertinence de l’hypothèse selon laquelle la philosophie se renouvelle par le renouvellement de la science (Althusser). Au total, l’entreprise philosophique qui exige des autres disciplines la manifestation de leurs conditions de validité ne pouvait pas refuser pour elle-même une telle exigence.

C’est ainsi qu’elle est amenée à préciser à la fois son objet d’étude (qui est illimité) et sa méthode d’investigation (qui est dominée par l’exercice de l’esprit critique).

Se présentant comme la conscience de chaque époque traversée, le philosophe nous dévoile alors un projet qui se présente en terme de développement du savoir et de développement de la vertu.

Dans cette double perspective, on peut voir que si la philosophie a une histoire, elle est aussi une histoire. 13 INDIVIDU ET SOCIETE INTRODUCTION La réflexion sur la vie sociale s’inscrit comme une préoccupation essentielle du discours philosophique.

En effet, l’idée de « vie sociale » n’est pas transparente en elle-même et devait par exemple être différenciée de celle de vie en groupe, comme cela existe chez certains animaux.

De plus, l’idée de vie sociale nous renvoie en une totalité structurée mais qui se déstructure et se re-structure sans cesse.

C’est dire donc qu’elle n’est pas une réalité figée mais plutôt dynamique et elle appelle des interprétations diverses dont le philosophe peut-être l’auteur. I/ Sens de la société et dérèglement socialisé La notion de société est dérivée du latin socius qui signifie le compagnon, celui avec qui je suis allié.

C’est une notion qui s’oppose à hostis c’est à dire l’autre, l’étranger, l’ennemi. L’idée de société introduit donc la reconnaissance d’un bien qui oblige à la collaboration en vue d’une fin commune.

La société serait donc une union durable entre plusieurs individus à travers des types de rapports, différents : politique, mercantile, parental, sentimental.

Ainsi, la société n’est pas simplement un agrégat d’individus.

Dans son fonctionnement, elle s’organise autour de certaines normes dont le respect ou non pose le problème de l’insertion sociale, de l’intégration de l’individu dans le groupe.

Pourtant, il arrive des moments, des circonstances où la société, son ordre, ses codes, ses lois, sa hiérarchie et ses usages ne semblent plus avoir de raison d’être.

Ceci se manifeste particulièrement à l’occasion de fêtes, de carnavals « Tadiabone » etc.

Ces événements nous conduisent vers ce qu’on peut appeler « un dérèglement socialisé » En fait, le carnaval renvoie à une sorte de « folie collective » qui remet en question la pertinence de la vie en société.

Il faut d’ailleurs dire que dans l’histoire, on ne connaît aucune société qui ne fonctionne sans les discontinuités d’une fête où tout semble permis.

Ces fêtes ont pour véritable fonction de permettre à chacun pendant un certain temps d’échapper aux règles de la société, à la contrainte qu’elle fait peser sur l’individu.

A l’occasion de ces fêtes, il y a comme une reconstruction de la société mais sans aucun souci de cohérence car, les principaux rôles sociaux sont inversés ou renversés.

C’est ainsi par exemple que le riche devient le pauvre, l’esclave devient le maître, l’homme se déguise en femme et vice versa ; le vol devient légal et légitime. Chacun a ainsi la possibilité pendant un laps de temps de revêtir l’habit de ses fantasmes les plus fous ou de ses rêves les plus audacieux.

C’est comme si la fête traduisait la révolte contre les chaînes de la dépendance sociale.

Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que si les fêtes apparaissent comme des dérèglements, elles sont fondamentalement des « institutions sociales » parfaitement réglées.

Se déroulant à des périodes bien déterminées, ayant une durée limitée et une forme d’organisation bien établie, les fêtes ont une fonction de soupape de sécurité et contribuent à entretenir et à régénérer la société.

Il n’est cependant pas rare que ces dérèglements programmés dégénèrent occasionnant des morts et des blessés.

En effet, certaines fêtes populaires catalysent et exaspèrent de manière ouverte les contradictions qui minent la société.

Dans de tels cas, les querelles, les antagonismes bref les petits drames du quotidien prennent tout à coup une dimension tragique. Réfléchir sur la société consiste donc à chercher le pourquoi de l’unité et de la cohésion sociale mais aussi à rendre compte des disfonctionnements qui s’y manifestent.

En d’autres termes, il s’agit de résoudre l’apparente contradiction qui se signale dans le propos du français DELACROIX « L’homme est un animal social qui déteste ses semblables ». 14 II/ L’insertion sociale : le respect des normes Si HOBBES et ROUSSEAU ont soutenu l’hypothèse d’un contrat originel par lequel on serait passé de l’état de nature à l’état social, d’autres conceptions montrent que « l’homme est un être naturellement social ».

C’est Aristote qui a inauguré cette tradition en présentant l’homme comme «animal politique ».

Plus tard, le philosophe arabe Ibn SINA (958-1037) qui était un grand lecteur d’ARISTOTE soutiendra que : « L’être de l’homme tel qu’il a été créé ne peut se maintenir en vie sans une société ».

Pourtant on peut observer que la société exerce sur l’individu une énorme contrainte et l’on peut se demander pourquoi malgré tout, la vie sociale est recherchée.

PLATON propose une réponse qui met l’accent sur l’aspect utilitaire de la société laquelle tire son origine du besoin provoqué par l’insuffisance propre à chaque individu isolé.

Dans le dialogue La République il écrit : « Ce qui donne naissance à une cité c’est je crois l’impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même et le besoin qu’il éprouve d’une foule de choses ».

Le processus par lequel l’individu s’intègre à la société est appelé socialisation.

C’est un phénomène important qui permet de mieux comprendre la complémentarité entre individu et société.

Le sociologue Guy ROCHER en a proposé une définition exhaustive : « La socialisation est le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre ». Ainsi donc, la socialisation est d’abord l’acquisition par l’individu des valeurs, des manières de faire, des comportements propres au groupe dans lequel il doit vivre.

Cette acquisition qui commence dès la naissance se poursuit toute la vie durant avec cependant des périodes de plus grande socialisation comme l’enfance.

A l’âge adulte également, il y a socialisation lorsque surviennent des évènements décisifs comme le premier emploi rémunéré, le mariage, la naissance du premier enfant etc. Quand l’individu a bien intégré les valeurs de son milieu, elles deviennent comme une partie de sa personnalité et elles déterminent sa façon d’agir.

C’est grâce à cette intégration que finalement le poids de contrainte sociale est très peu ressenti.

La personne socialisée appartient au groupe, elle partage avec les autres suffisamment de choses pour pouvoir communiquer avec eux, communier à certains sentiments, avoir les mêmes goûts, elle s’adapte ainsi à l’environnement social et cette adaptation concerne la personnalité profonde car elle se produit à la fois au niveau biologique, affectif et mental.

L’appartenance à la société consiste principalement en une acquisition des valeurs du patrimoine social et à une conformation à sa vérité.

Cette vérité de la société se traduit à travers certaines catégories notamment les us, les coutumes, les lois et plus globalement ce que l’on appelle les normes sociales. S’agissant des coutumes, bien qu’elles s’imposent à l’individu, elles ne sont généralement pas systématisées par une quelconque autorité.

Leur validité vient de leur caractère immémorial. Les normes sociales déterminent : « ce qu’il faut faire, ce qui est interdit de faire et ce qui est simplement toléré ».

Elles peuvent avoir une autorité assez forte pour nous obliger à des pratiques qui construisent de véritables atteintes à notre intégrité physique : (tatouage, scarification, excision etc.).

Il existe de même des cas où les normes sociales légitimes pratiques que l’on peut juger très contestables.

On peut citer entre autres exemples : l’eugénisme à Sparte, la liquidation des jeunes filles dans l’ancienne Chine, le refus de la gémellité (le fait d’avoir des jumeaux) et aussi le cannibalisme chez de nombreux peuples. Ces éléments mettent l’accent sur la « relativité des normes » et plus exactement des pratiques coutumières.

Elles changent en fonction des époques et des sociétés d’où ce propos de Sir Jams Jeans : « Vertus et vices ont souvent permuté à mesure que la vie s’avançait à 15 travers les âges.

Brûler les sorciers était jadis une vertu et prêter de l’argent à intérêt un vice ». Dans les sociétés contemporaines, l’aspect le plus important des normes sociales est constitué par les lois.

Leur autorité repose sur l’existence d’une sanction immédiate prodiguée par les institutions spécialisées.

Les lois peuvent tendre à systématiser les coutumes.

Cependant, il arrive dès fois que le droit impose une façon d’agir qui soit contraire aux mœurs, aux usages habituels.

Dans de telles circonstances, la loi est généralement inopérante et elle finit par devenir obsolète. L’intégration totale de l’individu dans la société se heurte au développement des conceptions politiques modernes qui mettent l’accent sur la liberté, les droits de l’homme etc.

Il devient alors nécessaire de concilier deux aspirations contraires : « Le droit naturel des hommes pris dans leur singularité et l’existence d’un ordre social contraignant ».

C’est dans ce contexte que se situe l’analyse de ROUSSEAU qui tente une conciliation théorique de la contradiction en soutenant qu’il faut « trouver une forme d’associations qui défendent et protègent de toute la force commune, la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant ». Ainsi lorsque chacun se prononce sans considérer son intérêt particulier, mais guidé par le seul désir de servir l’intérêt général, il en résulte une loi par rapport à laquelle l’individu est à la fois souverain et sujet.

Ainsi l’ordre social acceptable selon ROUSSEAU est celui qui fait de chacun, à la fois un souverain et sujet : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ». La société s’impose comme la valeur et la finalité suprême tant et si bien que le bannissement ou l’exil est considéré chez certains peuples comme le pire châtiment que l’on puisse infliger à un coupable.

C’est d’ailleurs dans ce sens que le bannissement correspond souvent à une véritable mort sociale. III/ Echec de l’insertion sociale L’existence des normes à l’intérieur d’une société montre qu’il y a toujours un domaine du permis et un domaine de l’interdit.

On peut dire qu’il s’agit d’une distinction entre le normal et l’anormal ; les anormaux étant ceux qui se déplacent dans la sphère des interdits, ceux qui vont à contre courant des normes, soit en les ignorant soit en les remettant en question et quelquefois en cherchant à les renverser. En sociologie, le terme déviant désigne cet individu qui adopte une conduite différente de celle imposée par le groupe social.

Cette conduite adoptée par le déviant doit l’être volontairement, elle ne doit pas résulter d’une infirmité quelconque ou d’une contrainte sociale.

Généralement, cette conduite attire sur son auteur la moquerie, le blâme ou la persécution.

Ce sont là des moyens par lesquels la société signale son désaccord, sa désapprobation de la conduite du déviant.

Il faut pourtant reconnaître que la société tolère une certaine forme de déviance notamment celle qui se traduit par une relative indifférence vis à vis de certaines normes de la société.

C’est le cas par exemple du « clochard », personnage que l’on rencontre dans les grandes villes européennes.

Il s’agit là d’un individu qui s’évade de l’univers du travail régulier en raison de la contrainte qu’il impose.

De plus, il ne se soucie guère des règles liées à l’hygiène, à la bienséance etc.

Au fond, l’existence du clochard est tolérée parce qu’il ne s’attaque pas aux valeurs fondamentales du corps social.

Dans une moindre mesure, les manifestations comportementales de l’artiste peuvent rendre compte d’une certaine forme de déviance.

En fait, il est ici plus exact de parler d’anti-conformisme car l’artiste signale son originalité en présentant des attitudes, des façons de s’exprimer et de s’habiller qui sont parfois très éloignées des pratiques habituelles.

Il est vrai que l’artiste vit souvent dans un monde à part et il a besoin d’attirer sur lui l’attention des autres afin de les 16 faire participer à ses visions, ses découvertes, ses émotions.

C’est en ce sens que le théoricien de l’art René HUYGLE écrivait : « Un artiste sent différemment avec plus d’intensité, de qualité, d’originalité et à ce titre il requiert l’attention des autres pour les enrichir de l’écho de sa propre vie intérieure ». Les formes plus accentuées de déviance peuvent conduire à la marginalisation de l’individu. Etre à la marge de la société signifie se sentir non concerné par les règles du milieu où nous vivons.

On se crée alors d’autres règles autour desquelles on organise son existence.

La marginalité évoque presque toujours l’individu mais elle peut prendre une forme communautaire.

Dans ce cas, les adeptes affichent leur différence en utilisant des signes de reconnaissance.

On peut ici citer des exemples des « rastafaris » avec leurs coiffures et des fondamentalistes religieux avec leurs conceptions vestimentaires et leurs attitudes.

La marginalisation devient plus effective lorsque la déviance prend une forme véritablement active en traduisant une remise en question des normes essentielles de la société.

Dans ce cas, la société réagit de manière proportionnelle au degré d’ébranlement de ces assises fondamentales.

Ici le déviant s’expose à des sanctions qui peuvent être extrêmes et c’est ce qui l’oblige à prendre la vie de la dissimulation, à se cacher.

C’est dans ce sens que l’homosexualité est souvent tenue secrète.

Il faut dire que c’est là une pratique qui s’inscrit en faux non seulement contre la nature elle-même.

L’homosexuel est souvent voué à l’injure, on le tourne en ridicule, on le désigne du doigt, on le déresponsabilise, bref on le marginalise.

Il n’est pas rare d’ailleurs que l’homosexuel soit perçu comme un être maléfique et qui doit en tant que tel être détruit.

Il faut pourtant reconnaître que dans les sociétés européennes caractérisées par leur permissivité, l’homosexualité a aujourd’hui droit de cité, même si elle est un sujet tabou dans la majorité de nos sociétés. Au plan politique le pouvoir en place n’hésite pas à qualifier de marginal celui qui conteste son autorité.

C’est ici le visage du contestataire ou du révolutionnaire dont le refus des valeurs officielles s’accompagne souvent d’une tentative de renversement de l’ordre établi.

La sociologie utilise ici l’expression de Héros-prophète, parce que ce dernier est porteur d’un projet de société.

Si la vérité du héros- prophète contesté par l’autorité officielle rencontre l’adhésion de la majorité du corps social, il y a ici possibilité de triomphe et dans ce cas la marginalité change de camp. En règle générale, la déviance participe d’un exercice de la raison souveraine.

Il est cependant une déviance que l’on peut qualifier d’involontaire et qui conduit à une marginalité absolument solitaire à savoir la folie.

Tenir un discours sur la folie n’est pas évident car le fou se retranche dans un univers souvent hermétique et toujours difficile d’accès.

En tant que rupture de la vie sociale, on peut concevoir la folie en terme de conflit entre l’individu et la société.

L’individu n’est pas seulement raison.

En chaque homme il existe tout un fond d’animalité composé de tendances, de pulsions, d’instincts.

Le fonctionnement de la société empêche ce fond de se manifester.

Mais il suffit souvent d’un traumatisme affectif pour que ce fond animal éclate au grand jour.

On voit alors apparaître un individu aux comportements anormaux.

Remarquons par exemple qu’on parle de « colère folle » parce qu’en ces instants de tension extrême notre raison semble s’évanouir.

Le milieu social lui-même peut secréter des éléments susceptibles de déséquilibrer l’individu (bannissement, ruine brutale, stérilité etc.).

La société n’est donc pas totalement innocente.

Très souvent ce sont ses tabous, ses interdits, ses valeurs contraignantes et frustrantes qui installent le déséquilibre sur le mental de l’individu.

Il n’est pas donc exagéré de dire que : « c’est la raison sociale qui secrète la déraison.

».

Ce point de vue est confirmé par Jacques LACAN qui écrit : « Le discours du névrosé est un discours clandestin qui traduit une protestation contre l’expression sociale ».

On voit ainsi le degré de responsabilité de l’univers social dans la manifestation de la folie et les proportions graves que peut prendre le conflit entre l’individu et la société. Pourtant, il semble que nous avons besoin du fou car il est le prétexte idéal pour nous 17 confirmer dans notre respect des normes.

La folie apparaît à la fois comme un avertissement et une sanction.

Ainsi, percevoir l’autre comme fou c’est nous rassurer sur notre normalité. Par ailleurs, certaines conceptions situent la folie sur l’axe d’un rôle social positif.

Dans les vieilles civilisations indiennes (Indou) le fou assure la fonction de Schaman c’est à dire un prêtre inspiré, quelqu’un qui sert malgré lui d’intermédiaire entre les divinités et les hommes. Ici en Afrique, il n’est pas rare que le fou ait un statut de devin au sens de celui qui produit la vérité à son insu.

Dans le même ordre d’idée, le philosophe ERASME va plus loin encore en faisant l’éloge de la folie, ouvrage dans lequel il écrit : « Le fou est le représentant authentique de l’humanité car il est toujours semblable à lui-même ». Cependant dans le monde contemporain on assiste à une utilisation profondément idéologique de la folie en la percevant comme une maladie mentale.

C’est avec le développement de la psychanalyse qu’on s’est mis à considérer le comportement inhabituel de certains individus comme une maladie mentale par opposition à la santé.

Le fou devenait alors un patient pris en charge par un médecin lequel pouvait le mettre en quarantaine, l’interner et éventuellement le soigner même contre sa volonté.

Or le pouvoir dominant en le prenant comme allié, le psychiatre et le juriste se donnent le droit de définir qui est mentalement malade et qui ne l’est pas.

Ce procédé est de plus en plus utilisé par les pouvoirs politiques pour réduire en silence les opposants.

De ce point de vue, le psychiatre Hugh Mac GEE clarifie le débat en écrivant : « Quand une personne reconnaît que son crime a été causé par une maladie mentale, elle perd tous ses droits.

Elle se retrouve avec moins de droits encore que le criminel dans un pénitencier ». Si ces différentes approches précitées, la folie témoigne d’une absence de raison, on peut également remarquer que le comportement singulier et original de certains intellectuels est souvent perçu comme folie.

C’est notamment le cas chez les savants, les grands inventeurs. En effet voyant plus loin que les autres, ils s’installent sur des valeurs qui ne sont pas toujours celles de leur époque (DEMOCRITE, COPERNIC, GALLILE).

C’est en quelque sorte « une folie par excès » qui montre que dans de nombreuses situations la déviance peut être source de progrès. CONCLUSION S’interrogeant sur le sens de la cité, ARISTOTE soutenait ainsi qu’on se réunit pour vivre et on reste ensemble pour bien vivre.

Cette approche met l’accent sur la nécessité absolue de la vie en société chez les hommes.

Une vie sociale traduit des rapports particuliers que les individus développent entre eux.

Pour les marxistes, ces rapports correspondent à une phase historique du développement de la société.

Cela signifie que ces rapports sont susceptibles d’évoluer, de changer.

Ce qui reste cependant c’est que l’homme ne se reconnaît qu’à travers son inscription dans une société : « L’homme est en réalité l’ensemble de ses rapports sociaux ». SUJETS I/ Les crises au sein d’une société sont-elles le signe de sa vitalité ? II/ Doit-on toujours se plier aux règles de notre société ? III/ Discuter l’affirmation suivante : « Toute vie sociale est tyrannique mais c’est une tyrannie recherchée » 18 CONSIDERATIONS GENERALES SUR LA MORALE INTRODUCTION Dans son existence, le sujet humain est à la poursuite du Bien et on peut définir la morale comme étant l’ensemble des règles de l’action humaine dans la réalisation de son objectif.

Il se trouve cependant qu’au-delà du bien, l’homme est ainsi un être de besoins et ces derniers sollicitent régulièrement comme chez les autres animaux.

Mais l’homme a la particularité de se poser les questions suivantes : - Quelle attitude faut-il adopter face aux besoins ? - Doit-on céder à la nature ou plutôt la dominer ? - Quelles peuvent être les conséquences de ces actions ? Le problème moral surgit lorsque nous formulons de telles interrogations.

Les réponses que l’on peut apporter nous permettent de voir qu’il y a différentes morales qui sont installées sur des fondements divers. I/ Typologie et fondement de la morale A-Universalité de la morale Dans le dictionnaire philosophique, l’auteur français VOLTAIRE tient le propos suivant : « Confucius n’a point inventé un système de morale comme on bâtit un système de physique, il l’a trouvé dans le cœur de tous les hommes ».

Une telle position revient à affirmer l’universalité de la morale.

Il semblerait donc que tout homme connaît le juste et l’injuste et d’une manière générale le bien et le mal.

C’est sur ce plan que VOLTAIRE rejetait le point de vue des ethnocentristes européens qui affirmaient que : « Les chrétiens avaient une morale mais les païens n’en avaient point » (F.

le Beau). Pour VOLTAIRE, cette affirmation traduit un véritable non sens parce que la vie en commun ne serait pas possible sans une convention et la justice traduit cette convention.

Bien qu’elle s’exprime par des lois particulières en chaque pays elle est universelle.

En effet, pour VOLTAIRE, chaque homme possède un instinct qui le rattache à son semblable et chacun est capable de comprendre que ce qui est utile à la société est utile à chacun de ses membres.

Ce à quoi la morale nous oblige c’est d’être utile à notre prochain tel qu’il soit.

Une telle conception s’applique difficilement aujourd’hui dans un monde dominé par l’économie de marché, le libéralisme qui signale une société de concurrence et de compétition. L’idée d’une morale universelle a été défendue par plusieurs auteurs notamment à ROUSSEAU pour qui il existe en tous les hommes un principe inné de justice et de vertu qu’il appelle « conscience morale ».

Cette dernière est seule à pouvoir nous guider pour juger du bien et du mal.

La conscience morale existe en tout individu et dans toutes les sociétés et elle recouvre des catégories diverses.

Dans « l’Emile », ROUSSEAU s’adresse à MONTAIGNE (1593-1597) dans ces termes : « Dis moi s’il y ait quelques pays sur la terre où ce soit un crime de garder sa foi, d’être clément, bienfaisant, généreux, où l’homme devient soit méprisable et le perfide honoré ».

Selon ROUSSEAU cette énumération montre qu’il y a des valeurs autour desquelles se retrouve presque l’intégralité des peuples.

Ce sont ces valeurs qui traduisent l’expression morale universelle.

Pourtant la morale apparaît chez VOLTAIRE et ROUSSEAU comme fondamentalement universelle, il reste qu’il a toujours fallu préciser une typologie et des fondements qui nous amènent à concevoir l’existence de plusieurs morales.

Parmi les approches les plus importantes développant une telle conception, 19 on peut citer les morales de l’intérêt et du devoir, deux notions qui paraissent souvent antagoniques. B/ Morales de l’intérêt et morales du devoir Depuis l’antiquité grecque l’idée selon laquelle le bonheur doit être le but de l’existence de l’homme a toujours été défendue.

EPICURE apparaissait déjà comme le tenant d’une morale appelée Eudémonisme.

Le sens étymologique de cette notion renvoie au grec eudaïmon c’est à dire heureux.

Une telle conception de la morale est présente dans certaines doctrines contemporaines notamment l’utilitarisme, dont le principe essentiel a été formulé par l’anglais Jérémy BENTHAM : « chaque homme pour atteindre le bonheur doit calculer et réfléchir pour voir de quel côté est son avantage ».

On est ici en présence d’une évidente morale de l’intérêt.

Pour les utilitaristes, on doit chercher à accumuler les plaisirs afin d’obtenir la plus grande somme de bonheur.

Dans ce contexte, les plaisirs doivent être appréciés en fonction des critères suivants : intensité, fécondité, durée, certitude.

Sur ce plan, BENTHAM et ses partisans affirment la supériorité des plaisirs de l’esprit sur ceux du corps.

En affirmant cela, ils ne se différencient pas tellement d’EPICURE qui écrivait : « dans toutes les autres occupations, la jouissance vient à la suite des travaux accomplis avec effort.

Mais en philosophie le plaisir est simultané à la connaissance.

Ce n’est pas après la recherche que nous éprouvons de la joie mais pendant la recherche même ». Au-delà des convergences entre EPICURE et les utilitaristes, une question reste cependant posée : fonder la morale sur l’intérêt est-ce une attitude vraiment morale ? En d’autres termes où est la morale lorsque je ne fais que ce qui est conforme à mes propres intérêts.

Il arrive bien des situations où mes intérêts s’opposent à ceux des autres.

En formulant de telles interrogations, on évolue vers d’autres fondements de la morale.

C’est ainsi qu’apparaissent les morales du devoir.

L’idée de devoir est le plus souvent opposée à la notion d’intérêt car elle traduit l’obligation.

Mon devoir c’est ce que je dois faire même si c’est contraire à mes sentiments et à mes intérêts.

Dans le devoir, notre conscience est soumise à un principe qui lui est supérieur et qui la dépasse.

D’où vient alors ce principe ? Quelle en est l’origine ? On peut répondre que si le devoir s’impose à notre individualité, c’est parce qu’il trouve son fondement au niveau de la société.

On parlera alors de morale sociologique ou de conscience morale pour reprendre les expressions de DURKHEIM.

Cette conscience morale fonctionne comme une juridiction et c’est pourquoi on parle de « tribunal de la conscience ».

Réfléchissant sur les caractéristiques de cette conscience morale le philosophe René Le SENNE met l’accent sur sa dualité en écrivant : « l’approbation et la réprobation, voilà l’essence bipolaire de la conscience morale ».

Revenant à DURKHEIM, on peut signaler un aspect original dans sa démarche.

Pour lui, le caractère obligatoire du devoir ne suffit pas, il faut y ajouter ce qu’il appelle la DESIRABILITE.

En d’autres termes aucun acte moral ne s’accomplit uniquement par devoir, il faut en plus que le devoir touche notre sensibilité, qu’il soit voulu, qu’il soit désirable.

Cette morale sociologique peut cependant poser un sérieux problème notamment lorsqu’elle heurte de front les exigences particulières de l’individu.

On peut voir une illustration de ce problème dans la tragédie, écrite par SOPHOCLE et intitulée ANTIGONE.

Aux lois écrites de la cité, Antigone oppose les lois non écrites de sa conscience personnelle ce qui a amené le conflit. Etant donné qu ‘il y a ici opposition entre morale sociale et conscience personnelle, il devient nécessaire de trouver d’autres sources au devoir, des origines qui soient différentes de la société.

Emmanuel KANT (1724-1804) va permettre dans une certaine mesure de remédier à ce problème.

Chez lui le devoir n’est plus fondé comme exigence de la société, il est plutôt perçu comme une obéissance à notre raison.

Il ne s’agit plus pour nous d’obéir à une 20 structure externe (société) mais à une foi stricte qui est dictée par notre seule raison.

Toute idée d’hétéronomie se trouve ainsi écartée.

L’être moral kantien est autonome c’est à dire qu’il n’est soumis qu’à lui-même.

Pour l’auteur de la « la critique de la raison pratique », le devoir est l’obéissance à des règles essentielles dictées par la raison et qui se résume à travers les maximes suivantes : a)-« il faut agir de telle sorte que le sens de notre action puisse être érigé en règle universelle » b)-« il faut traiter l’humanité en nous et chez les autres toujours comme une fin et jamais comme un moyen » c)-« il faut respecter en la personne la raison » Précisons que chez cet auteur il ne s’agit pas seulement d’agir conformément aux devoirs, il faut surtout agir par pur respect pour le devoir.

On établit ici la distinction entre la LEGALITE et la MORALITE.

Ce problème est abordé par PLATON dans « la République » à travers le mythe de l’anneau de Gyges.

On peut résumer ce débat platonicien dans les termes suivants : le vrai problème que pose la moralité est de savoir si seule la crainte du châtiment est capable de détourner l’homme de l’injustice.

Chez KANT, le devoir n’est subordonné à aucune fin.

C’est un ordre que la raison nous donne sans nous en donner les raisons.

C’est pourquoi on présente le devoir chez KANT comme étant « un impératif catégorique ».

En l’homme, KANT privilégie la nature raisonnable et semble disqualifier la nature charnelle.

En cela, il définit une morale hors de portée de l’humain car il ne tient compte ni de la subjectivité ni des conditions sociales de l’individu.

C’est une morale dure que l’on qualifie de rigorisme kantien. II/ Critique de la morale A)-La critique de NIETZCHE (1844-1900) NIETZCHE apparaît comme l’un des grands contradicteurs de la morale.

En réalité, il s’en prend surtout à la morale qui découle des principes de la religion.

Pour lui, le pêché est une fiction inventée par « les vaincus de la vie ».

Etant donné qu’ils sont incapables de participer aux joies terrestres de la pleine satisfaction des instincts, ils se réfugient dans l’illusion d’une existence ultérieure supposée meilleure. En fait, NIETZCHE montre qu’il est partisan d’une morale fondée sur la force et doit conduire à l’avènement du Surhomme « Nous pensons que la dureté, la violence, l’esclavage, les diableries de toutes sortes, tout ce qui est terrible, tyrannique, tout ce qui tient de la bête de proie et du serpent sert à l’élévation du type homme ».

De telles conceptions conduisent nécessairement à une apologie de la violence et de la guerre.

L’auteur ne se prive pas de la faire d’ailleurs dans son ouvrage intitulé « Le Gai Savoir ».

Il s’agit pour lui de célébrer la guerre en la percevant comme un événement positif : « C’est à NAPOLEON que nous devons d’être entrés dans l’âge classique de la guerre…Tous les siècles à venir jetteront sur cet âge de perfection un regard plein d’envie et de respect ».

La pensée de NIETZCHE se signale donc par un refus de la morale chrétienne.

Sur cette lancée, l’auteur procède à un véritable renversement des valeurs.

D’ailleurs, il s’empresse de disqualifier la source des valeurs en affirmant : « DIEU est mort ».

Ainsi donc, pour NIETZCHE on doit affronter la vie dans toutes ses dimensions tragiques sans avoir besoin de l’illusion constante que nous apporte la croyance en un autre monde. 21 B)- La critique marxiste Dans un texte intitulé « leur morale et la nôtre », TROTSKY (1879-1940) procède à une critique de l’universalité de la morale.

C’est ainsi qu’à la morale qui se repère à l’humanité en général et qu’il qualifie d’idéaliste, il oppose une morale intéressée c’est à dire susceptible d’aller dans le sens des intérêts du prolétariat.

De ce point de vue, TROTSKY soutient que la morale n’est pas une catégorie abstraite, elle a une nature idéologique et elle constitue un lieu où s’exerce la lutte des classes : « l’homme qui ne veut retourner ni à Moise, au Christ ou à Mohamed doit reconnaître que la morale est le produit du développement social, qu’elle n’a rien d’invariable, qu’elle sert les intérêts de la société, que ces intérêts sont contradictoires, que la morale a un caractère de classe ».

Ainsi donc, à mesure que les formes de l’ordre social évoluent, la morale évolue elle aussi.

Il y aurait donc plusieurs morales dans la société, chacune étant subordonnée aux intérêts d’une classe.

Bien que n’étant pas marxiste Alain dit Emile CHARTIER (1868-1951) propose une critique de la morale qui s’installe sur des positions très proches du marxisme léninisme.

En effet, Alain montre que sur un plan général les considérations morales sont profondément liées aux situations matérielles et sociales.

C’est ainsi que sur un mode à la fois ironique et polémique il écrit : «la morale c’est bon pour les riches.

Une vie pauvre est serrée par les évènements….Devant ces vies harcelées l’avenir est déjà présent ».

C’est une façon de dire que les problèmes peuvent être tellement aigus que s’occuper de morale semble être un luxe. CONCLUSION La morale apparaît comme l’un des thèmes majeurs de la philosophie.

Cette place a été acquise depuis l’antiquité.

Aujourd’hui pratiquement chaque grand auteur a eu à réfléchir sur ce que l’on défini comme étant « la science du bien et des règles de l’action humaine ».

La morale répond à la question de la destination véritable de l’homme et de son statut de sujet humain.

Elle contribue à préciser quel sens nous donnons à notre vie. SUJETS I/ - Partagez-vous l’idée suivante : l’acte bon est celui qui suscite la sympathie. II/- Le devoir se réduit-il à un ensemble de contraintes sociales ? III/- Discuter le point de vue suivant : les valeurs morales sont universelles et universellement connues. 22 L’INCONSCIENT INTRODUCTION A LA PSYCHANALYSE INTRODUCTION L’irruption de la psychanalyse dans le champ des sciences humaines a été saluée comme un événement de très grande portée en raison surtout des conséquences qu’elle entraîne dans le domaine de la connaissance de l’homme.

Cette discipline a été présentée comme la troisième révolution dans l’histoire de l’humanité après celle de COPERNIC (1473-1543) et de DARWIN (1809-1882).

En effet, avec la théorie de l’héliocentrisme l’homme a dû renoncer à sa prétention d’être au centre de l’univers.

Avec l’évolutionnisme, l’homme cesse d’être une espèce privilégiée dans le monde naturel.

Il ne serait que le produit dernier d’une évolution qui le rattache à l’animal, au singe en particulier.

Avec la psychanalyse l’homme doit maintenant abandonner l’idée d’être maître de lui-même parce qu’il est sous l’emprise d’une entité autre que la conscience.

Ces trois évènements infligent à l’orgueil humain un triple démenti, ce qui devrait amener l’homme à une perception plus juste de sa nature.

A travers la psychanalyse s’affirme l’idée selon laquelle la conscience n’est pas seule à occuper la personnalité profonde de l’homme. I/ APPROCHES GENERALES DE LA CONSCIENCE On définit généralement la conscience comme étant l’intuition qu’a l’esprit de ses états et de ses actes.

Il ne s’agit donc de cette capacité de l’homme à se connaître à travers une réflexion sur lui-même.

La conscience serait cette lumière qui éclaire toutes les cavernes intérieures où s’opèrent les secrets de ma vie.

En ce sens elle apparaît comme une pure intériorité.

Pourtant quand on parle de prendre conscience du monde, ce dernier est posé comme objet en face du sujet que je suis.

Il y a là l’idée d’un mouvement, la conscience apparaissant comme tournée vers l’extérieur.

Le monde est l’objet des interrogations de la conscience.

On peut ici évoquer le propos de HUSSERL (1859-1938) affirmant que : « toute conscience est conscience de quelque chose ».

C’est dire qu’il n’y a pas de conscience vide.

Si je réagis, c’est que je me reconnais atteint et touché par quelque chose d’étranger et d’extérieur à ma conscience.

Cette conscience s’en empare et me permet de comprendre la situation où je me trouve.

C’est ce que HUSSERL appelle INTENTIONNALITE c’est à dire cette capacité pour la conscience d’être toujours orientée vers un objet présent ou possible, du fond la conscience est ce qui donne un sens, une signification au monde.

Précisons qu’en posant face à moi ce monde qui m’entoure et qui m’étonne et qui m’oblige à l’explorer, je me sépare de ce monde mais je me sépare aussi de moi.

C’est Jean Paul SARTRE approfondissant le point de vue de HUSSERL a montré que je suis celui qui analyse et aussi l’objet qui se fait analyser.

Si toute conscience est conscience de quelque chose, elle est avant tout conscience de soi. D’autres démarches proposent une conception plus instrumentale de la conscience. C’est notamment le cas des « Biologistes » (école philosophique) qui soutiennent que la conscience ne surgit que lorsque l’activité spontanée rencontre un échec.

C’est une façon de dire que la conscience ne se manifeste que lorsque l’individu est en présence de difficultés. C’est dans ce contexte que CLAPAREDE affirmait que : « La conscience naît de l’obstacle ». C’est un propos que DE LA CROIX précisait en ces termes : « La conscience jaillit parmi les 23 contradictions et les épreuves, elle apparaît dans une désadaptation, là où l’instinct ne joue plus ».

Par ailleurs, il est possible de définir la conscience par rapport aux facultés qui la caractérisent comme le montre ce texte du philosophe BERGSON (1851-1941) « Retenir ce qui n’est déjà plus, anticiper sur ce qui n’est pas encore, voilà la première fonction de la conscience ».

L’auteur de « l’énergie spirituelle » met ainsi l’accent sur la mémoire et l’imagination qui sont deux données essentielles de la conscience.

Au-delà de ces définitions, on peut formuler une approche plus globalisante qui consiste à parler d’abord de conscience morale, il s’agit de cette aptitude à juger de la possibilité et de la négativité d’une action, notre capacité à reconnaître le bien et le mal.

C’est cet aspect qui est évoqué dans la célèbre affirmation de RABELAIS « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Dans ce propos, on met l’accent sur la nécessité de conjuguer le savoir scientifique et le respect de la moralité surtout dans l’utilisation de ce savoir.

A côté de la conscience morale, on parle ensuite de morale psychologique.

Il s’agit d’une entité présente en nous qui nous guide dans la vie et qui nous définit par rapport à l’animal.

Cette conscience psychologique n’est pas seule à occuper notre intériorité.

D’ailleurs pour certaines doctrines, elle ne joue pas le rôle essentiel dans la détermination de nos comportements.

C’est ce que traduit le propos selon lequel : « La conscience règne mais ne gouverne pas » FREUD.

Il devient alors nécessaire de s’interroger sur cette autre entité qui gouvernerait l’individu. II/ L’INCONSCIENT : réalité, organisation et phénomènes internes L’idée de l’existence d’un inconscient ne date pas de FREUD.

Un auteur comme LEIBNITZ (1646-1716) observait déjà qu’il existe dans l’esprit des zones inégalement éclairées.

Quant au moraliste PASCAL (1623-1662) il avait vu que nos passions gouvernent à notre insu nos actions et nos jugements.

Mais l’importance de la notion d’inconscient ne s’est révélée que plus tard.

Progressivement on a découvert que les régions de l’esprit où la lumière de la conscience ne pénètre pas sont le siège d’une activité intense et qui dirige secrètement toute notre vie psychique.

Pourtant certaines indications permettaient d’affirmer l’existence d’une entité différente de la conscience.

La première de ces indications est donnée par le phénomène de l’oubli.

Nous n’avons conscience que d’une infime partie de nos souvenirs.

Où sont alors passées les autres ? La seconde indication est fournie par le phénomène de l’habitude.

Nous réalisons certaines actions sans en avoir pleinement conscience.

Qu’est-ce qui guide alors ces actes ? Il appartiendra au médecin FREUD de mettre en évidence cet autre aspect du psychisme humain bien qu’il affirme ne pas avoir le mérite d’être le créateur de la psychanalyse.

En effet FREUD fut mis sur la voie des conceptions psychanalytiques par la connaissance qu’il eut des travaux d’un autre médecin BREUER ; Ce dernier s’occupait principalement des malades atteints d’hystérie.

En faisant parler une patiente, il fut amené à penser que ses troubles avaient pour origine un choc émotif éprouvé à une époque lointaine et qu’elle avait en apparence oublié.

Ayant mis ce malade en état d’hypnose, le médecin lui fit retrouver le souvenir de ce traumatisme psychique et parvint ainsi à la guérir en « nettoyant » son inconscient de ce souvenir pénible qui y était enfoui.

Observant la démarche de BREUER, FREUD va en tirer la conclusion suivante : « Les hystériques souffrent de réminiscence ».

La source de la maladie se trouve donc dans le fait qu’une émotion déclenchée par une circonstance donnée n’a pu être normalement exprimée.

On dit qu’elle a été l’objet d’un refoulement au niveau de l’inconscient La méthode cathartique (catharsis= purification) décoince cette émotion et produit ainsi la guérison du malade.

Les éléments refoulés au niveau de l’inconscient accèdent très difficilement à la conscience à cause d’une sorte de barrière qui les en empêche et que l’on appelle phénomène de résistance.

L’existence du refoulement et de la résistance amènera 24 FREUD à percevoir le psychisme humain comme divisé en trois instances : « l’inconscient, le préconscient et le conscient ».

Cette division est connue sous le nom de la première topique. FREUD n’utilisera que provisoirement le procédé de l’hypnose qu’il juge difficile, incertain et quelque peu mystique.

En cherchant toujours à faire la catharsis du malade, il va initier un nouveau procédé appelé association libre.

Il s’agit de laisser le malade se raconter librement, de communiquer tout ce qui lui vient à l’esprit sans exercer aucune censure sur ses pensées. FREUD espère ainsi contourner les phénomènes de résistance qui empêchent les éléments de l’inconscient de parvenir à la conscience. En examinant sur plusieurs malades les contenus de l’inconscient, FREUD va se rendre compte que les tendances refoulées à ce niveau ont un caractère nettement sexuel.

C ‘est pourquoi il écrit dans « cinq leçons sur la psychanalyse » : « la première découverte à laquelle la psychanalyse nous conduit c’est que régulièrement les symptômes morbides sont en connexion avec la vie amoureuse du malade….

Elle nous oblige à regarder les troubles de la vie sexuelle comme une des causes les plus importantes de la maladie ».

Remarquons que FREUD utilise le mot sexualité dans son acception la plus large et ne se limite pas au domaine de la reproduction.

C’est ainsi qu’il affirme l’existence d’une sexualité infantile qui, bien qu’elle se déroule sans la participation de la fonction génitale provient de la même source que la sexualité adulte, est à l’origine de l’amour, du goût de vivre et de toutes les manifestations positives de la vie.

Cette nouvelle approche freudienne que l’on peut caractériser de sexualité va se traduire par l’élaboration d’une nouvelle conception du psychisme humain, une seconde topique composée des instances suivantes.

Il y a le ça d’abord : c’est le domaine des pulsions des instincts, des désirs primaires qui cherchent à être satisfaits.

Il y a ensuite le Moi qui définit l’équilibre entre les tendances instinctives du ça et la conscience sociale présente en nous.

Le Moi a donc une fonction de synthèse car il contrôle, cordonne et éventuellement modifie les tendances instinctuelles.

Il s’agit d’atténuer les conflits entre les tendances et la réalité.

Il y a enfin le Sur-moi qui traduit notre intériorisation des règles sociales.

Il naît de la longue dépendance de l’enfant vis à vis des parents et il révèle les influences morales et autres.

La seconde topique traduit ainsi une réorientation nettement sexualiste chez FREUD avec à la base de cette théorie un concept central appelé le COMPLEXE D’ŒDIPE.

Dans l’hypothèse de l’existence d’une sexualité infantile on peut définir ce complexe comme étant l’ensemble des tendances attractives du garçon à l’égard de sa mère et des tendances répulsives à l’égard du père.

FREUD écrit à ce sujet : « Le mythe du roi Œdipe qui tue son père et prend sa mère pour femme est une manifestation peu modifiée du désir infantile contre lequel se dresse plus tard pour le repousser la barrière de l’inceste ».

Le complexe d’Œdipe est important parce qu’à travers sa liquidation l’individu intériorise une norme essentielle à savoir la PROHIBITION de l’INCESTE.

Au total l’inconscient selon FREUD est un vaste réservoir de désirs qui ne demande qu’à être satisfaits.

Mais la réalisation pratique de ces désirs n’est pas toujours possible car la société donc le Sur-moi s’y oppose.

C’est ainsi que peuvent se présenter d’autres modalités de réalisation de ces désirs parmi celles-ci il faut citer le rêve.

Le rêve fait tellement partie de notre quotidien qu’il finit par être banalisé.

Pourtant plusieurs cultures lui ont attaché une importance certaine en le tenant pour un fait signifiant.

Par exemple, le rêve a souvent été perçu comme un moyen par lequel les dieux s’adresseraient aux hommes pour les informer sur des évènements futurs.

On parle alors de rêve prémonitoire.

Certains personnages historiques auraient puisé dans les rêves la force d’accomplir des héroïques.

Chez les grecs de l’antiquité une campagne militaire ne pouvait se dérouler sans la participation des oracles qui avaient entre autre fonction de dire la signification des rêves, des souverains.

L’interprétation du rêve est donc une pratique relativement ancienne.

Néanmoins le rêve est souvent perçu comme quelque chose de futile, de non important.

Se livrer à des recherches sur le rêve apparaissait 25 comme une occupation sans valeur : « La science moderne ne voulait pas entendre parler du rêve, elle le reléguait au domaine de la superstition ».

C’est ce que FREUD écrivait dans « Ma vie et la psychanalyse ».

Le rêve était donc pour beaucoup un objet insignifiant et qui ne mérite pas les honneurs d’une investigation.

Pourtant avec l’avènement de la psychanalyse on peut dire que le rêve a acquis une dignité nouvelle grâce particulièrement aux travaux de FREUD.

Ce dernier part d’une hypothèse : « les rêves ont toujours un sens qui trouve sa source dans la vie quotidienne ».

Par exemple dans les rêves d’enfants se réalisent des désirs qu’ils ont éprouvés dans la journée.

N’en serait-il pas de même chez les adultes ? FREUD répond positivement à cette question et va même jusqu’à préciser que « Le rêve est la réalisation d’un désir inassouvi et refoulé ».

Pourtant à la différence des rêves des enfants, souvent simples et clairs, les rêves des adultes apparaissent comme incohérents, incompréhensibles et ne ressemblent pas du tout à la réalisation d’un quelconque désir.

Pour FREUD, l’incohérence et l’incompréhensibilité nécessitent l’analyse et l’interprétation des rêves.

Le rêve a subi un déguisement, une défiguration, ce qui fait que son expression dernière (contenu manifeste) est très égale de son expression originelle (contenu latent).

FREUD appelle « travail onirique » le processus par lequel les idées inconscientes et véridiques du rêve se transforment en contenu manifeste.

Il faut dire que le travail onirique se réalise à partir des activités que sont la condensation lorsque une représentation unique concentre en elle plusieurs éléments et se trouve investie de la somme de leur énergie, on parle de déplacement pour dire que l’intensité d’une représentation peut s’en détacher pour se fixer sur une autre représentation quant au symbolisme, il rencontre du fait que des pratiques, des évènements de la vie courante, des organes de notre corps sont représentés dans le rêve par certains objets, certains faits qui en constituent les symboles. La compréhension des phénomènes de condensation, de déplacement et de symbolisme est ce qui permet d’analyser le rêve d’en fonder la cohérence interne et surtout d’en définir la signification véritable.

FREUD peut alors écrire que « L’interprétation des rêves est en réalité la voie royale de la connaissance de l’inconscient ».

Au-delà du rêve, d’autres faits actualisent des réalités inconscientes.

Ce sont des actes très communs que l’on fait quotidiennement sans y attacher une quelconque importance et qui caractérisent par le fait qu’ils manquent leur but. FREUD les appelle des actes manqués et il s’agit notamment des oublis anormaux, des lapsi fréquents, des erreurs de lecture apparemment inexplicables, des pertes répétées d’objets etc. Pour FREUD, tous ces actes ont un sens, ils expriment des intentions et des désirs que l’on veut cacher aux autres mais aussi à sa propre conscience.

Ils ont leur source dans des tendances et quelquefois dans des complexes refoulés et c’est très souvent par eux que l’homme trahit ses secrets les plus intimes. III/-CRITIQUES DE FREUD ET DES PSYCHANALYSES DISSIDENTES Bien que FREUD puisse être reconnu comme « le père spirituel de la psychanalyse », il faut dire qu’aujourd’hui le freudisme n’est pas toute la psychanalyse.

Certains des disciples de FREUD sont devenus comme des dissidents et une bonne partie de ses conceptions a été critiquée.

C’est notamment le cas en ce qui concerne l’importance qu’il accorde à la sexualité. L’homme est-il réductible à un être essentiellement déterminé par des perspectives sexuelles ? Les marxistes se sont demandés si l’homme n’est pas plutôt « l’ensemble de ses rapports sociaux », en d’autres termes, l’économique n’est-il pas plus déterminant que le sexuel.

C’est là une question qui aujourd’hui encore constitue un terrain d’opposition entre le discours de MARX et celui de FREUD.

Il reste vrai qu’une tentative de conciliation entre ces deux théories a été faite à travers une doctrine qui s’intitule justement le Freud marxisme. 26 Au plan des concepts, le Suisse Carl JUNG (1875-1961) sans vraiment remettre en cause les vues de FREUD, ouvre d’autres perspectives en affirmant l’existence d’un inconscient collectif.

Il s’agit selon lui des noyaux fondamentaux de l’imagination humaine. Présents au niveau de toute société, ils seraient à l’origine des mythes, des religions et des croyances populaires.

Sur un autre plan, l’autrichien Alfred ADLER (1870-1937) autre ancien disciple de FREUD estime que la sexualité n’est pas la source unique des pulsions instinctives et des conflits psychiques en l’homme.

Pour lui, il faut aussi tenir compte des échecs professionnels et sociaux et aussi de la rupture entre les aspirations d’un individu et sa situation réelle.

Ces éléments sont susceptibles de générer des maladies psychiques telles que la paranoïa ; le complexe d’infériorité etc. S’inscrivant toujours dans une perspective critique, Karl JASPERS (1883-1969) s’en prend surtout à l’esprit de la psychanalyse, à sa vision du monde et à sa réflexion sur l’homme. L’auteur de « Introduction à la philosophie » met l’accent sur ce qu’il appelle les dangers et les insuffisances de la psychanalyse en écrivant : « La psychanalyse a complètement dénaturé la réflexion sincère de l’homme sur lui-même ». Quant à Herbert MARCUSE (1898-1979), il faut remarquer que globalement la psychanalyse consiste à amener l’individu à s’adapter au monde où il vit, à accepter la société telle qu’elle est structurée, alors même que cette société est dans une grande mesure responsable de son mal.

C’est dans ce contexte qu’il affirme que finalement « La psychanalyse est un simple cours de résignation ». Ajoutons à ces considérations que la notion de complexe d’Œdipe si elle est assez opérationnelle dans un modèle familial nucléaire se révèle difficilement applicable dans d’autres sociétés.

Dans les cultures africaines par exemple où la famille peut être très élargie, les parents géniteurs n’ont pas toujours avec leurs enfants ces rapports particuliers et exclusifs qui constituent le soubassement du complexe d’Œdipe . Retenons enfin au-delà des aspects critiques que la cure psychanalytique n’est pas toujours sans danger pour le médecin.

En effet, par le phénomène du transfert, le patient peut diriger sur lui des sentiments longtemps refoulés.

Si ces sentiments se traduisent généralement en terme affectueux il n’est pas rare qu’ils prennent parfois la forme d’une grande agressivité, tel est souvent le cas chez les paranoïaques.

Le terme psychanalyste doit avoir assez de présence d’esprit, assez de lucidité pour gérer correctement le transfert sur sa personne des sentiments ambigus du patient. 27 CONCLUSION La psychanalyse a eu une portée révolutionnaire à propos de l’étude et de la compréhension du sujet humain.

Elle a étendu ses méthodes d’investigation à de nombreux domaines.

Aujourd’hui tous les grands sujets ont été d’une manière ou d’une autre touchés par la psychanalyse (art, religion, politique etc.).

La science initiée par FREUD s’est considérablement développée.

La connaissance de l’inconscient a permis aux hommes de mieux comprendre leur appareil psychique.

On se rend compte que tout un pan de notre personnalité échappe à notre contrôle alors qu’il détermine nos actions.

Cette connaissance a détruit l’illusion de l’unité du sujet autour de la conscience.

Mais, si la psychanalyse a balayé une vision trop simpliste de l’individu, les interrogations à son égard restent nombreuses.

Son statut de science est aujourd’hui encore discuté d’autant plus que si l’on s’en tient aux critiques de JASPERS et de MARCUSE, la psychanalyse n’a pas vraiment renouvelé la réflexion sur l’homme. SUJETS I/ Est-ce dans la solitude que l’on prend conscience de soi ? II/ Est-il toujours négatif et illusoire de prendre ses rêves pour des réalités ? III/ L’existence de l’inconscient n’exclut-elle pas la possIbilité de la liberté ? 28 PROBLEMES DE LA LIBERTE INTRODUCTION Avec la notion de liberté, nous nous trouvons devant un mot particulièrement équivoque (ambiguë).

Fonctionnant dans des contextes différents, cette notion donnera par exemple les expressions chute libre en physique, libéralisme économique, mouvement de libération, libertinage sexuel etc.

Toutes ces expressions trouvent un dénominateur commun à travers une définition négative de la liberté c’est à dire l’absence totale de contrainte. Cependant, une telle conception conduit à l’idée d’une liberté absolue.

Cette dernière est-elle possible ? L’homme peut-il être totalement libre ? Il semble que ce soit là une utopie en vertu du fait que l’homme se trouve d’abord inscrit dans une société « Ma liberté s’achève là où commence celle des autres ».

De plus cet homme et cette société sont à leur tour inscrits dans un milieu naturel qui les détermine « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant » d’après Francis Bacon.

C’est dire donc que la liberté humaine est plutôt relative et il s’avère nécessaire d’en comprendre les manifestations essentielles. I/- APPROCHE METAPHYSIQUE : le libre-arbitre Lorsqu’on situe l’analyse du libre-arbitre sur le plan métaphysique, on est amené à rencontrer une notion dont la réalité fait problème de libre-arbitre.

Le libre-arbitre de l’homme rend compte de sa capacité à agir indépendamment de tout motif.

Au plan pratique, le librearbitre se manifeste dans ce que l’on appelle l’acte gratuit, celui qui échappe à tout mobile, toute motivation.

Un exemple en est donné par André Gide dans son roman « Les caves du Vatican ».

Mais un acte totalement immotivé est-il possible ? Un auteur comme Spinoza s’inscrivait en faux contre cela en affirmant : « L’illusion du Libre-arbitre vient de la conscience de notre action jointe à l’ignorance des causes qui nous font agir ».

Il semble donc de ce point de vue que ce libre-arbitre est plus qu’un mythe qu’une réalité.

De ce fait, pour Descartes par exemple cette conception du libre-arbitre est un attribut de Dieu le seul à pouvoir agir sans avoir besoin de quelque motif que ce soit.

C’est pourquoi une autre approche du libre-arbitre a été avancée, il s’agirait donc pour l’homme de n’obéir qu’à sa volonté.

Mon seul vouloir serait à l’origine de toutes mes actions.

C’est dans une certaine mesure une telle conception qui a été utilisée par le moine Saint Augustin.

En effet, pour atténuer les conséquences extrêmes de la théorie de la prédestination, il soutient que l’homme dispose d’un libre-arbitre qui lui permet de rejeter ou d’accepter les injonctions divines.

Il s’agit ici de ne pas faire de Dieu le responsable des fautes et pêchés de l’homme. En comprenant ainsi le libre-arbitre, on donne naissance à une doctrine : celle du Volontarisme prônée essentiellement par le philosophe allemand Schopenhauer (1788-1860). Ce dernier pousse jusqu’à ses limites extrêmes la manifestation de la volonté du sujet en écrivant par exemple « Le suicide est une marque d’affirmation intense de la volonté ».

Une telle survalorisation de la volonté du sujet peut avoir des conséquences jusque dans la conception que l’on peut avoir de l’histoire.

On aboutit ici à une histographie qui privilégie les héros.

La doctrine du libre-arbitre dans sa première approche c’est à dire celle qui initie la notion d’acte totalement gratuit a été ruinée par la science psychanalytique.

En effet cette dernière a montré que nous sommes souvent agités par des motifs inconscients.

C’est sans doute là un des freins les plus efficaces à la manifestation à la liberté humaine. 29 Au plan des conséquences, l’affirmation d’un libre-arbitre aboutit au rejet de tout déterminisme ce qui pose le problème des rapports entre liberté et nécessité. II/- LIBERTE ET NECESSITE Nous sommes en présence de deux notions que l’on peut saisir de manière dichotomique c’est à dire dans une analyse séparée.

Dans ce cas, la nécessité rend compte du caractère déterminant et incontournable pour l’homme des lois de la nature physique, de sa nature humaine et de la société.

L’homme serait le jouet de forces qui le déterminent de manière fondamentale et contre lesquelles il ne peut absolument rien.

Son salut réside ainsi dans l’acceptation et la soumission à ces forces.

On aboutit ainsi au fatalisme déjà prôné par les stoïciens, or le fatalisme se situe bien à l’extrême opposé de la liberté.

C’est pourquoi il faut comprendre liberté et nécessité dans leurs relations dialectiques et non de manière dichotomique.

Dans ce cas, deux notions mettent en évidence la corrélation entre les lois objectives de la nature et de la société d’une part, l’activité humaine d’autre part. La nature est gouvernée par des lois nécessaires (c’est l’un des sens du mot déterminisme), la liberté consiste alors en une connaissance exacte et approfondie de ces lois pour nous en servir dans nos activités pratiques.

En somme, tant que nous n’avons pas connaissance de l’existence de ces lois et tant que nous ne les maîtrisons pas, notre action est inefficace.

Engels résume cela dans un propos célèbre : « Ce n’est pas le rêve d’une action indépendante des lois de la nature que consiste la liberté mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité ainsi donnée de les faire agir systématiquement en vue de fins déterminées.

La liberté consiste en la souveraineté sur nous mêmes et sur le monde extérieur fondée sur la connaissance des lois nécessaires de la nature». Ainsi donc, l’exercice de la liberté trouve dans la connaissance de la nécessité les conditions idéales de son déploiement.

Encore faudrait-il au cas où nous agissons librement accepter d’assumer les éventuelles conséquences de nos actes. III/- LIBERTE ET RESPONSABILITE : conception sartrienne Traditionnellement, la notion de liberté voyage avec celle de responsabilité.

J’exerce librement une action donnée, donc je me dois d’en assumer la responsabilité.

Si maintenant nous situons cette analyse dans le contexte de l’existentialisme de Sartre, nous nous rendons compte d’une certaine originalité.

Chez cet auteur, il y a une extension disproportionnée de la responsabilité.

Au point de départ de la doctrine existentialiste il y a l’affirmation suivante : « Chez l’homme, l’existence précède l’essence », cela signifie que ma personnalité n’est pas déterminée d’avance, c’est moi qui choisis ce que je suis.

Sartre veut dire que l’homme dispose d’une liberté sans limite avec la possibilité de choisir son propre destin même dans les circonstances les plus contraignantes.

C’est en ce sens que Sartre écrivait de manière apparemment paradoxale et en s’adressant aux français de 1940 « Nous n’avons jamais été plus libres que sous l’occupation allemande ».

Disons que chez Sartre ce sont les décisions que je prends qui donnent un sens aux situations que je vis.

D’ailleurs, dans un texte intitulé « Situation II » Sartre donne des indications sur sa conception de la liberté et de la responsabilité « Chacun décide du sens de sa condition et de celle de ses camarades…selon qu’il se choisit résigné ou révolutionnaire ». Pour Sartre d’ailleurs, la responsabilité de l’homme va bien au-delà des actions qu’il a véritablement réalisées.

C’est ici que se signale l’originalité de la conception sartrienne dans la 30 mesure où je suis responsable d’un événement par le seul fait que je sois au courant de sa production et que j’adopte une attitude face à cet événement « Je suis aussi profondément responsable de la guerre que si je l’avais moi-même déclarée ».

Au total, l’existentialisme athée qui se veut une philosophie de la liberté invite l’homme à un engagement de tous les instants car comme Sartre le proclame dans « Les mouches » « Chaque homme doit inventer son chemin ». IV/- LIBERTE ET POLITIQUE Le domaine politique est celui dans lequel la réflexion sur la liberté est la plus opératoire.

On peut définir la politique comme étant l’administration des affaires de la cité. Cela ne signifie pas que la pratique politique soit le monopole d’une minorité de dirigeants. Tout individu participe à une forme d’action politique de manière consciente ou non « Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde.

Les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques ».

Dans le contexte politique, la liberté du citoyen consiste à ne pas se contenter de subir une situation mais au contraire à lutter pour la changer pour l’améliorer.

On peut ainsi dire que « la liberté est une libération » c’est à dire un processus de lutte perpétuelle.

Au plan de l’organisation étatique, certains régimes se donnent le qualificatif de monde libre.

Il s’agit ici de faire en sorte que chaque citoyen puisse jouir de ce que l’on appelle les droits de l’homme et les libertés démocratiques.

L’objectif consiste à mettre en chantier l’Etat démocratique.

Néanmoins et comme tout autre Etat, l’Etat démocratique met en place des lois contraignantes.

Cependant, dans la mesure où j’ai participé à l’élaboration de ces lois, dans la mesure où je me reconnais dans ces lois, je n’aliène pas ma liberté en les respectant c’est le sens du propos de Rousseau « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».

L’existence de ces lois est nécessaire afin de barrer la route à la raison du plus fort.

Il s’agit en effet d’éviter que les puissants, les nantis ne s’en prennent aux plus faibles. C’est tout le sens de la formule de LACORDAIRE « Entre le faible et le fort c’est la loi qui libère et c’est la liberté qui opprime ». CONCLUSION Réfléchir sur la liberté nous oblige à rendre compte du statut de chaque homme par rapport à la société où il vit.

Il y a en réalité des approches multiples par rapport à ce thème en fonction principalement du modèle politique qui est à l’œuvre.

Cependant et au-delà des modèles politiques, la recherche de la liberté doit d’abord se manifester par rapport au milieu naturel.

C’est là où surgit la nécessité de la maîtrise la plus parfaite possible des lois du milieu. S’agissant maintenant de la société, s’il est vrai que l’homme est le produit de ses rapports avec les autres, il ne faut pas perdre de vue l’idée selon laquelle la liberté du groupe va de paire avec celle de chaque citoyen.

En effet, dans une société malade, il ne saurait y avoir d’individus sains. SUJETS I/- Discutez la réflexion suivante : « Il n’est pas bon d’être trop libre » ? II/- Que pensez-vous de cette affirmation : « Plus notre connaissance est étendue plus on est libre ». III/- La conquête de la liberté peut-elle être considérée comme une raison de vivre ? 31 TRAVAIL PRODUCTION ET ECHANGES INTRODUCTION Présent à tous les niveaux de notre existence, le travail suscite généralement quand on l’évoque, des réactions contradictoires.

Pour les uns, il rappelle des images de stabilité et d’équilibre, c’est par exemple l’artisan consciencieusement penché sur son produit, pour les autres le travail évoque au contraire la brutalité du paysage industriel ou bien l’abrutissement de la chaîne de montage.

Ainsi, à une vision confortable, répond une autre vision déprimante.

Il y a là une ambivalence (double signification) qui s’explique par le fait que l’homme travaille, c’est pour lui une obligation et cette obligation s’accompagne de contraintes, de fatigue intellectuelle et physique.

Cette notion de travail est d’une évidence trompeuse.

Venant du latin populaire Tripalium qui est à la fois un outil professionnel et un instrument de contrainte.

Cette connotation douloureuse est omniprésente dans le travail.

On peut examiner cette notion problématique à travers différents domaines. I/ - ASPECT PHILOSOPHIQUE ET RELIGIEUX DU TRAVAIL D’une manière générale, l’antiquité grecque, lieu de naissance présumé de la philosophie avait une conception négative du travail, des activités laborieuses étaient réservées aux esclaves et aux catégories les plus modestes de la population.

C’est dans ce sens que Aristote exhorte ses disciples à ne s’intéresser qu’à la spéculation philosophique et à la chose politique.

Avant lui Platon montrait déjà dans sa cité idéale que seules les classes les plus basses devaient être appliquées aux tâches de production. Une disposition sensiblement identique, dominera plus tard les sociétés féodales.

Ici, il y a une hiérarchie en ordre assurant une répartition des tâches et qui est défavorable aux travailleurs « Le clergé prie, la noblesse fait la guerre, le tiers-état travaille ».

Ainsi donc, le travail en tant qu’activité permettant d’arracher à la nature notre subsistance est encore réservé aux catégories les plus humbles.

C’est avec la montée de la bourgeoisie et l’avènement des doctrines libérales que le travail va acquérir une valeur véritablement positive. En fait, cette positivité du travail pouvait être déjà aperçue dans le domaine religieux. L’attitude du christianisme à ce propos est ambivalente.

D’abord, il est question d’une célébration du travail à travers cet extrait de l’Ecclésiaste : « L’oisiveté est la mère de tous les vices ». Ensuite, on perçoit l’idée d’une conception du travail en terme de punition, tel est le sens de l’avertissement divin (de Dieu) adressé à l’homme à travers ce passage de la Genèse « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ».

En vérité, il s’agit plus d’un remède et d’une leçon que d’une punition.

L’homme avait en effet mérité la mort immédiate et Dieu lui accorde la possibilité de se racheter (rédemption) par le travail. Sur un autre plan, le travail a une fonction régulatrice car il corrige et forme la personnalité profonde de l’homme.

De ce point de vue, Saint Jean Christophe (347-407) pouvait écrire de façon imagée « Ce qu’est le frein pour le cheval, le travail l’est pour notre nature ».

On voit donc, qu’en plus de la nécessité vitale qui consiste à travailler pour manger, pour vivre, s’ajoute l’aspect moralement utile et salutaire du travail. Dans la pensée chrétienne, le travail se signale sur un horizon éthique que met fort bien en évidence la célèbre parole de Saint Paul « Celui qui ne travaille pas ne doit pas non plus 32 manger ».

Il faut dire que la célébration du travail n’est pas l’exclusion de la pensée chrétienne. Pratiquement toutes les religions célèbrent le travail et voient en lui une valeur supérieure.

Il semble même que le travail puisse être élevé à la dignité de la prière.

C’est ce qu’on peut observer dans la confrérie sénégalaise des «Mourides » et plus particulièrement au niveau des « Baay Faal ».

Dans la même perspective, l’écrivain Cheikh Amidou Kane fait dire à un de ses personnages « Si un homme croit en Dieu, le temps qu’il prend à sa prière pour travailler est encore prière, c’est même une très belle prière ». II/ - TRAVAIL ET SOCIETE La compréhension du travail sur le plan social est relativement ambiguë.

Deux positions peuvent assister d’une telle ambiguïté.

D’abord celle du prêtre Van GOGH qui affirme « Mon travail à moi, j’y risque ma vie et ma raison y a fondu à moitié ».

C’est là une position qui montre en quoi le travail peut être exigeant.

Il y a ensuite la profession de foi du poète Rimbaud qui énonce « Travailler maintenant, jamais, jamais je suis en grève ».

On se rend compte ici que si le travail est une valeur, son appréciation positive n’est pas partagée par tout le monde.

Dans sa réflexion sur la le statut du travail, l’anthropologie a montré que nous sommes en face d’un fait qui préexiste à la vie en société.

En ce sens Marx pouvait écrire dans le livre I du capital « Le travail indépendamment de toute forme de société est la condition indispensable de l’existence de l’homme, une nécessité éternelle, le médiateur de la circulation matérielle entre la nature et l’homme ».

Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que le travail est « co-naissant » à l’homme. D’ailleurs, Engels va plus loin en montrant que le travail est ce qui a rendu le passage de l’animalité à l’humanité.

L’auteur de la dialectique de la nature soutient ce point de vue dans un article dont le titre est très révélateur : « le rôle du travail dans la transformation du singe en homme ».

Maintenant si l’on passe du continent anthropologique à celui de l’économie, le travail subit de profondes modifications.

En tant qu’activité sur la nature, le travail permet de réaliser un produit qui a une valeur d’usage et une valeur d’échange.

La valeur d‘usage rend compte de ce qu’on peut faire d’un produit alors que la valeur d’échange traduit ce qu’un produit permet d’obtenir.

C’est à ce niveau que l’on peut situer véritablement les rapports entre le travail, la production et les échanges.

L’échange apparaît comme l’ensemble des modes de transfert des biens et des services effectués en contre partie ou en équivalence les uns, les autres.

D’un point de vue économique, il semble que la première forme d’échange ait été réalisée par le troc.

A travers le troc, les valeurs des deux produits sont estimées l’une par rapport à l’autre et dans ce procédé immédiat, les produits sont échangés selon leur valeur.

Cependant, la grande différence de valeur entre certains produits peut rendre difficile ou impossible le troc c’est à dire l’échange direct (entre une maison et une chaussure) ; On a donc été conduit à adopter pour servir d’intermédiaire entre les produits un objet ou une matière susceptible de fonctionner comme référence unitaire.

Cet objet doit avoir une valeur fixe et assez réduite pour que tout produit à échanger puisse équivaloir à une ou plusieurs de ces unités.

C’est ainsi que naquit la monnaie généralement représentée par l’argent.

Dès lors, l’échange peut être généralisé et s’effectué par la double opération de l’achat et de la vente.

Telle est la fonction première et propre de la monnaie. Mais si le travail permet d’obtenir un produit, il ne faut pas oublier qu’il constitue lui aussi un produit plus exactement une marchandise.

Il obéit donc à la loi du marché celle de l’offre et de la demande.

On parle alors de force de travail.

C’est là un concept que Marx définit de la manière suivante « Ensemble de facultés physiques et intellectuelles qui existent dans le corps d’un homme, dans sa personnalité vivante et qu’il doit mettre en mouvement pour produire des choses utiles ».

C’est à ce niveau que fonctionne la modification du travail dans l’économie par rapport à l’anthropologie.

Désormais, le travail devient une charge, un véritable fardeau sur le dos du travailleur.

Cette idée, trouve sa manifestation la plus éclatante au niveau de l’ouvrier et dans le monde capitaliste.

Ici, le produit réalisé par le travail échappe immédiatement à son emprise et 33 il reçoit en compensation un salaire.

Le plus souvent, le salaire permet tout juste au travailleur de renouveler sa force de travail, on comprend alors pourquoi « Le travailleur est en dehors de soi dans le travail, il ne se sent chez soi qu’en dehors du travail ».

Sur un autre plan, le travail consiste en un certain type de rapports que l’homme entretient avec la nature, rapports qui se posent en terme de transformation.

En même temps qu’il agit sur la nature et la modifie, l’homme se modifie lui-même et développe plusieurs facultés qui sommeillent en lui.

C’est ce qui fait dire à Emmanuel MOUNIER (1905-1950) « Tout travail travaille à faire un homme en même temps qu’une chose ».

C’est une façon de dire que la transformation du milieu par l’homme est aussi une transformation de l’homme lui-même. Sur un autre plan, le travail permet de liquider une forme d’aliénation qui se traduit par l’exploitation de l’homme par l’homme.

Il devient donc le moyen par lequel on accède à la liberté comme on peut le voir dans la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave.

Pour HEGEL, l’homme se réalise dans et par son affrontement avec la nature.

Dans un premier temps, le maître s’approprie la liberté du serviteur au terme d’une lutte dans laquelle l’un des protagonistes accepte la soumission plutôt que la mort.

Cependant, alors que le vainqueur laisse ses forces sans emploi, le vaincu contraint de travailler acquiert un ensemble de connaissances, de capacités qui lui permettent de s’humaniser peu à peu.

Il arrive un moment où le maître ne sachant plus travailler, ne peut plus se passer de l’esclave, il y a inversion des rapports de force.

Ici, on met l’accent sur la dimension de la conquête de soi dans la domination du monde extérieur. Si le travail constitue un fardeau pour le travailleur, peut-on alors envisager sa suppression ? On peut répondre à cette question par la négative tant il est vrai que « Le travail est une nécessité éternelle ».

Si on ne saurait supprimer le travail, il doit être possible de l’alléger. Dans ce contexte on peut penser par exemple à la réduction du temps de travail, mais les conditions de possibilité de cette modification du travail passent par un net développement des moyens de production.

Il s’agit d’accroître la puissance de l’homme sur la nature.

Le moyen envisagé est donc celui de l’utilisation de la machine.

On parle alors de machinisme que l’on peut définir comme étant l’emploi généralisé des machines qui se substituent à la main d’œuvre humaine.

Le machinisme apparaît ainsi comme un tournant décisif dans l’évolution du travail humain.

A l’opposé de l’artisan qui domine ses outils et qui est une puissance à côté d’eux, le travailleur de l’ère industrielle semble plutôt dominé par la complexité et l’énormité croissante de ses machines.

Si ce phénomène qu’est le machinisme se traduit par un accroissement de la productivité, cela se traduit aussi par certains aspects négatifs.

Il s’agit principalement d’une perte de sécurité, d’une perte de travail et d’une perte du sens de l’humain.

C’est sur ce dernier plan que mettait le philosophe français Bergson en écrivant « A la civilisation mécanicienne, il eut fallu un supplément d’âme ». Si maintenant on s’intéresse plus directement à l’influence de la division du travail sur la société on peut évoquer le jugement que fait Durkheim « Ce qui fait la valeur morale de la division du travail c’est que, par elle, l’individu reprend conscience de son état de dépendance vis à vis de la société ».

Ainsi donc, le travail social est nécessairement divisé et on peut reconnaître plusieurs formes de divisions.

Il y a une forme primordiale et qui est la division sexuelle du travail.

Mais, il y a surtout une forme professionnelle qui allait jusqu’à constituer la base de l’ordre moral.

C’est à ce niveau que l’on rencontre par exemple le phénomène des castes. Il s’agit dans certains pays (ex l’Inde) des divisions de la société formant des groupes sociaux héréditaires en général hermétiques les uns aux autres et qui sont organisés en hiérarchie.

En Inde, la population est divisée en quatre grandes castes (prêtres, guerriers, bourgeois, artisans) à ce niveau les sans castes forment le groupe méprisé des PARIAS que l’on appelle aussi les intouchables. 34 Dans nos cultures, la notion des castes est quelque peu différente dans la mesure où c’est le fait d’être « casté » que l’on perçoit en terme de mépris.

Cela pose bien des problèmes dans les échanges, les rapports sociaux.

Le sociologue Célestin BOUGLE résume bien les caractéristiques des castes en écrivant « Répulsion, hiérarchie, spécialisation héréditaire, l’esprit de caste réunit ces trois données » III/- TRAVAIL ET ACTIVITES LUDIQUES De manière assez courante, le travail est opposé au jeu à travers une interrogation que l’on peut ainsi formuler, l’homme se reconnaît-il mieux dans le travail ou le loisir ? Mais qu’estce que le loisir ? On peut dire que c’est un ensemble d’occupations auxquelles l’individu s’adonne de plein gré soit pour se reposer, soit pour se divertir, soit pour développer son information et sa formation de manière désintéressée.

Le loisir est d’abord libération et plaisir. Cette orientation définit trois fonctions majeures du loisir : D’abord une fonction de délassement qui nous délivre de la fatigue.

Le loisir est réparateur des détériorations physiques ou nerveuses qui résultent des tensions issues du monde du travail. Ensuite, une fonction de divertissement qui nous fait échapper à l’ennui.

En effet, la monotonie des tâches a un effet néfaste sur la personnalité des travailleurs.

Un besoin de rupture avec l’univers quotidien apparaît alors d’où la nécessité de l’évasion.

Il y a enfin une fonction de développement de la personnalité qui permet une participation sociale plus large et une culture aussi bien du corps que de la raison.

Si le loisir obéit à l’ensemble de ces déterminations on peut maintenant se demander quels rapports il entretient avec le travail ? Il est possible de percevoir le travail et le jeu en terme de confusion, d’opposition et aussi de complémentarité.

En fait, travail et activité ludiques apparaissent comme également nécessaires à l’homme.

A ce sujet, le philosophe André SIEGFRIED écrivait dans son ouvrage Aspects du vingtième siècle « Le travail est le fondement solide d’une existence saine, le garde-fou grâce auquel on se préserve de la paresse, du désordre ou du déséquilibre.

Mais une vie sans loisirs ni dimanche ne serait pas une vie harmonieuse répondant aux conditions de la santé ». Sur un autre plan, on peut observer que les jeux ont presque toujours un aspect idéologique ou pédagogique.

Par exemple le jeu comme le monopoly impose à notre esprit le modèle d’une société de concurrence et de compétition.

C’est un jeu qui se présente comme une véritable apologie de la société capitaliste.

Quant aux jeux de guerre et aux jouets sous forme d’armes, ils ne font que refléter l’état de notre monde c’est à dire un univers de points chauds où la violence semble avoir définitivement pris le pas sur la concertation et la solidarité.

Enfin, on peut voir que le jeu peut constituer un apprentissage, de ce point de vue, la profusion actuelle des jeux électroniques préfigure la civilisation de demain en habituant les enfants d’aujourd’hui aux instruments technologiques avancés qu’ils auront à manipuler plus tard.

Soulignons au passage le caractère formateur des jeux de l’esprit qui développent nos connaissances, qui nous habituent à asseoir notre patience et notre lucidité. 35 CONCLUSION A travers les différentes étapes de cette réflexion, il apparaît que la question de savoir si le travail est pour l’homme uniquement un moyen de subvenir à ses besoins reçoit une réponse négative.

Le travail remplit des fonctions multiples comme la liquidation d’une aliénation, la manifestation de l’humanisme, la possibilité de se racheter du péché originel, la régulation de la vie sociale.

Cependant, on assiste dans le champ de la philosophie à un refus de l’apologie du travail.

Ceci est essentiellement le fait de NIETZCHE.

Dans un texte intitulé AURORE cet auteur énonce le point de vue suivant « Le travail constitue la meilleure des polices, il tient chacun en bride et entrave puissamment le développement de la raison des désirs des goûts de l’indépendance ».

En fait, l’auteur s’en prend surtout en tant que recherche d’un gain et non au travail en tant que signe d’humanité.

Pourtant, en critiquant le travail, NIETZCHE ne célèbre pas le repos ou les vacances pour lesquelles il donne la définition suivante « C’est un idéal d’oisiveté d’un siècle surmené de travail pour le gain où il est enfin permis d’être stupide et infantile ». SUJETS I/- Partagez-vous le point de vue suivant : Le travail a pour rôle de permettre à l’homme de subvenir à ses besoins. II/-L’homme doit-il craindre que la machine travaille pour lui ? III/- Discutez l’affirmation suivante : Le domaine de la liberté commence là où cesse le travail qui est déterminé par la nécessité. 36 LE LANGAGE : STATUT ET PROBLEMES INTRODUCTION S’interroger sur le langage, c’est réfléchir sur son statut, ses problèmes, ses rapports avec les différents aspects de l’expérience humaine.

Au-delà de l’homme, le langage manifeste des rapports avec le Transcendant, le Divin comme le montre la pensée religieuse « Au commencement était le verbe, le verbe était en Dieu, le verbe était Dieu ».

Dans ce texte de l’Evangile selon Saint Jean, on voit se manifester l’idée d’un verbe créateur.

Dans le même contexte, le livre saint qu’est le coran est l’expression de la parole divine.

Par ailleurs, le langage entretient toujours dans le domaine du transcendant des relations particulières avec le mythe.

C’est ainsi que Mircea ELIUDE écrit « Le mythe raconte une histoire sacrée, il relate un événement qui a lieu dans le temps primordial ». Sur un plan proprement humain, la réponse à la question qu’est-ce que le langage ? s’articule généralement autour de la notion de communication.

La tradition philosophique propose plusieurs types de réponses : -Le langage c’est tout système de signes pouvant servir de moyen de communication. -Le langage c’est n’importe quel moyen de communication entre les êtres. -Le langage c’est tout moyen quelconque d’exprimer des idées. Si la notion de communication domine dans ces définitions, elle n’est pas aussi évidente à travers le concept de langage.

Il s’agit donc ici d’élucider l’ensemble des questions qui sont liées au statut du langage. I/ STATUT DU LANGAGE A)-PROBLEME DES ORIGINES Le problème de l’origine du langage ne peut se résoudre que dans le contexte du problème de l’origine de la vie.

C’est pourquoi, il est plus pertinent de se demander quelles sont les premières formes de langage.

Plusieurs théories sont à l’œuvre ici : l’une des premières approches peut être ainsi formulée, l’homme s’est inventé un langage à partir des sons empruntés à la nature environnante.

Des études ethnologiques ont montré chez certains peuples une tendance à imiter tout ce que l’on perçoit.

Le langage serait donc né à partir de l’usage des onomatopées c’est à dire des mots formés sur l’aspect sonore d’un événement ou d’un objet. On parle ici de « Théorie onomatopéique de l’origine du langage ».

Ce que l’anthropologue Westermann illustre ainsi « Chez les tribus EWE, la langue est extraordinairement un moyen de rendre immédiatement par des sons une impression reçue ».

Cette théorie sera abandonnée assez vite parce que l’homme ne peut pas reproduire tous les sons de la nature ? De plus, certains phénomènes et objets ne produisent aucun son.

Il a été cependant démontré que l’onomatopée n’existe que dans les formes de langage déjà suffisamment structurées.

Son rôle est donc de rendre notre discours beaucoup plus efficace.

La seconde approche que l’on peut appelée « théorie de l’origine gestuelle du langage » est sans doute mieux élaborée.

Elle soutient que la plus ancienne forme de langage est celle que traduisent les gestes du corps et plus particulièrement ceux de la main.

C’est en tout cas l’avis du linguiste Nikolaus MARR 37 pour qui « Les mains furent la langue des hommes ».

Il semblerait ainsi que la main avant même d’être outil de travail était un instrument de communication.

Pourtant cette théorie très séduisante a été sérieusement remise en question.

On a montré que le langage gestuel n’est pas universel, il serait simplement la conséquence d’une double nécessité : celle de se faire comprendre à distance et celle de pouvoir communiquer en silence pendant la chasse.

De plus, on peut remarquer que le langage devient non fonctionnel lorsque certains obstacles pratiques se manifestent : obscurité, interposition d’un corps, code différent. Signalons enfin une troisième approche, celle de Jean Jacques ROUSSEAU qu’il exprime dans son ouvrage et c’est sur l’origine des langues « Les passions arrachèrent les premières voix.

On peut se nourrir sans parler, on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître.

Mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes.

Voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodiques ».

Par rapport à la diversité de ces théories, la question de l’origine du langage reste un débat ouvert.

La linguistique ne prend comme objet d’étude que des langues déjà très évoluées, elle ne nous renseigne pas sur l’origine du langage.

C’est ce qui fait dire à Henri DELACROIX « Les langues les plus anciennement connues, les langues mères n’ont rien de primitif.

Elles nous renseignent seulement sur les transformations que subit le langage.

Elles ne nous indiquent comment il s’est créé.

L’origine du langage ne se confond pas avec l’origine des langues ».

Ce texte est surtout important parce qu’il introduit la nécessité d’une identification des diverses composantes du langage. B)-COMPOSANTES DU LANGAGE Les composantes du langage ont été mises à jour par celui qui est considéré comme le père de la linguistique Ferdinand DE SAUSSURE (1857-1913).

C’est ainsi que dans Le cours de linguistique générale, il identifie les deux éléments que sont la langue et la parole. -La langue est un système de signes vocaux propres aux membres d’une communauté. Il s’agit d’un ensemble de conventions adoptées par le corps social pour permettre l’exercice de cette faculté universelle qu’est le langage chez les individus.

On peut donc dire que le langage s’actualise et se réalise dans la langue.

Cette dernière qui ne se sent que dans une pratique collective apparaît ainsi comme un fait social. -La parole se présente comme la deuxième composante du langage.

C’est un ensemble de sons articulés et sont émis par les organes de la phonation.

Ces organes qui produisent la parole ont la particularité d’être pour certains d’entre eux des organes d’emprunt.

Cela signifie que leur fonction première n’est pas la production de la parole.

SAUSSURE montre que « La parole est un acte individuel de volonté et d’intelligence ». C)-FONCTIONS DU LANGAGE La fonction communication est sans doute la plus importante du langage.

Communiquer c’est entrer en rapport avec quelqu’un de manière à échanger des informations.

Toute communication suppose deux interlocuteurs au minimum et trois éléments essentiels : un émetteur, un message, un récepteur.

Pour que le message soit compréhensible, émetteur et récepteur doivent partager le même code.

Mais si la communication est la fonction essentielle du langage, elle n’est pas exclusive.

On peut à ce niveau évoquer d’autres aspects.

Il y a la fonction poétique ou esthétique.

Elle repose sur notre possibilité d’organiser comme nous 38 voulons les éléments du système que constitue la langue.

Par exemple la poésie repose sur une structuration particulière des éléments linguistiques en vue d’une certaine mélodie.

En cela, la poésie fonctionne souvent comme une violation des règles courantes de la langue.

C’est comme si le poète cherchait à brouiller volontairement l’intelligibilité de son message.

Cela lui permet d’atteindre une certaine harmonie comme cela se passe par exemple dans les poèmes en vers.

Il y a ensuite la fonction magique qui indique que la parole, le discours relèvent quelques fois du surnaturel.

On parle de puissance magique du verbe et c’est le cas dans le langage ésotérique du sorcier en action.

De plus, il faut noter l’idée très répandue dans les civilisations de l’oralité selon laquelle la malédiction qui sort de la bouche d’un géniteur vers sa progéniture se réalise de manière infaillible.

La parole a ici une dimension surnaturelle. Une dernière fonction est celle que l’on appelle cumulative ou historique et qui est particulièrement importante.

Elle souligne que c’est par le biais du langage dans ses formes orales ou écrites que se conservent les divers aspects de l’expérience du groupe.

La fonction cumulative a été mise en évidence quand il s’est agi d’étudier les langues du point de vue de leur histoire.

C’est ce qu’on appelle « une étude diachronique ».

Ce procédé a été complété par une autre démarche qui a consisté à étudier la langue d’un point de vue interne en établissant des relations entre ses diverses composantes.

Ici on comprend la langue comme un système, une structure.

Par exemple, on étudie dans une langue son système grammatical, l’évolution de son lexique, son système de ponctuation etc.

On appelle cela, « étude synchronique » et elle est à la base de la linguistique structurale.

Cette dernière initiée par SAUSSURE, montre qu’une langue est un système de signes dont tous les éléments sont étroitement unis et se déterminent les uns, les autres. II/ -PROBLEMES DU LANGAGE A)-LANGAGE ET PENSEE Concevoir les rapports entre le langage et la pensée en termes de précession, c’est mal poser le problème.

En effet, lorsque nous pensons, nous le faisons avec des mots, des notions. C’est ainsi que parlant du silence qui semble caractériser la pensée Maurice Merleau PONTY (1908-1961) écrit : « Le silence prétendu de la pensée est bruissant de paroles, cette vie intérieure est un langage intérieur ».

Il y a là l’idée d’une remise en question de l’apparente primauté de la pensée.

L’auteur ajoute d’ailleurs que « La pensée et l’expression se constituent simultanément ».

On voit donc que langage et pensée constituent un tout indissociable qui élimine toute idée de chronologie.

Cependant, il faut remarquer que le langage et la pensée présentent des aspects très différents car si le premier apparaît rigide et extérieur, la seconde est sans doute plus fluide, complexe et elle est intérieure.

Ces différences sont à la base de certains problèmes spécifiques.

Par exemple, il peut arriver que le langage chargé d’extérioriser la pensée la trahit en altérant (diminuant) sa richesse.

C’est ainsi que le langage peut parfois paraître trop étroit pour exprimer la pensée.

Nous cherchons alors nos mots et nous avons l’impression désagréable que nous ne pouvons extérioriser nos pensées « Ce qui se conçoit bien ne s’énonce pas toujours clairement ».

Sur un plan, il n’est pas rare que le langage déborde la pensée.

Dans de tels cas, notre discours semble être allé plus loin que notre pensée et nous sommes amenés souvent à regretter nos paroles.

Il faut pourtant dire que la philosophie refuse une telle démarche car pour elle, nos paroles traduisent toujours des intentions.

Mais au-delà de ces aspects problématiques, l’émergence de la pensée s’accompagne spontanément de l’utilisation d’un langage qui peut varier suivant le statut de l’individu.

Cette émergence simultanée amène Ponty à écrire dans Signes « Il n’est pas de pensée qui soit complètement pensée et qui ne demande à des mots le moyen d’être présente 39 à elle-même.

Pensée et parole s’escomptent l’une de l’autre.

Elles se substituent continuellement l’une à l’autre ». B)- LANGAGE ET POLITIQUE La dimension politique du langage est évidente.

Déjà au plan historique Platon a pu mettre l’accent sur cet aspect dans un dialogue intitulé Le GORGIAS.

Ici il montre que grâce à la rhétorique, certains intellectuels de la cité d’Athènes ont fini par accaparer le pouvoir.

La rhétorique ou art de persuader était ainsi leur arme essentielle. Sur un autre plan, les civilisations de l’oralité véhiculent le rôle central de la parole. Elles servaient à assurer la transmission des secrets, des connaissances et des décisions. C’est ce qui conférait au maître de la parole un rôle politique prépondérant. Au plan plus directement politique, on peut évoquer deux illustrations qui traduisent l’importance du langage sur ce champ.

D’abord le Linguiste MARR en affirmant que la langue a un caractère de classe a attiré sur lui une violente réplique de Staline.

Celui-ci montre dans Le marxisme et les problèmes de la linguistique que la langue est le produit de plusieurs époques qu’elle sert toute la société et qu’on ne peut pas parler d’une langue de classe.

Selon Staline, la langue est différente aux classes sociales.

Mais, les classes ne sont pas différentes à la langue ; elles l’utilisent dans leur intérêt en y créant des termes et des expressions spécifiques.

Ainsi, et du point de vue de Staline « Il n’y a donc pas une langue de classe, mais plutôt une utilisation de classe de la langue ». La seconde illustration de l’aspect politique du langage se trouve dans le fait que dans le processus de domination coloniale, comme dans le processus de libération nationale, l’utilisation des langues nationales constitue un enjeu de taille.

En effet, le colonisateur visait à supprimer les langues locales en les méprisant, ce qui se traduit aussi par le mépris des locuteurs de ces langues.

C’est ainsi que les autochtones se trouvaient dans la situation inconfortable d’étrangers chez eux.

Dans ce contexte, le fait de s’exprimer dans nos langues nationales est alors une manière de résister à la disqualification de nos cultures.

C’est ce qui faisait dire à Louis Jean CALVET dans Linguistique et colonialisme « Pour l’autochtone, la pratique de sa langue devient alors comme un acte de résistance.

C’est la langue dernier recours contre l’aliénation coloniale, en un mot la langue maquis du peuple.

Se réfugier dans sa propre langue devient alors acte militant, inconscient souvent mais subversif tout de même ».

Ainsi donc l’immense majorité des dépossédés culturels peut trouver dans la pratique des langues nationales le moyen de s’en cultiver, le moyen de célébrer leur culture d’origine.

Encore faudrait-il promouvoir les langues nationales face à l’impérialisme de la langue officielle. C)-EXISTE-T-IL UN « LANGAGE ANIMAL » L’existence d’un langage au niveau des animaux continue à poser problème. Certains faits militent en faveur de l’existence d’un tel langage.

En effet sur le plan de l’émission de la parole, les aptitudes (capacités) du perroquet sont réelles car il dispose d’un instinct audio-moteur d’imitation qui est relativement perfectionné.

De plus, des études scientifiques ont fait apparaître au niveau de certains animaux des données assez troublantes.

C’est ainsi que le chercheur VON FRISH a mis en évidence un système de signes par lesquels les abeilles communiquent.

Chez d’autres animaux comme les dauphins, des expériences ont permis de montrer qu’ils procèdent à une communication par la médition de sons.

Ces résultats tendent à accréditer la thèse de l’existence d’un 40 langage animal.

Cependant, aussi séduisante que soit cette position, il ne faut pas perdre de vue le fait que ce type de langage surgit spontanément de structure biologique de ces animaux.

Il est lié à l’organisation et aux besoins des espèces.

De plus, c’est un langage qui est limité à chaque espèce animale en particulier. L’homme se différencie de l’animal parce qu’il dépasse les signes naturels et accidentels en produisant des signes totalement artificiels.

Ces derniers sont choisis volontairement et arbitrairement en nombre illimité pour exprimer des réalités multiformes.

C’est ce que l’on appelle la fonction de symbolisation (capacité de). Par ailleurs, des auteurs tels que Descartes justifie la différence entre l’homme et l’animal au plan du langage par le fait que les animaux n’ont pas de pensée.

Dans la cinquième partie du discours de la méthode, il affirme « Il ne s’agit pas de dire que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu’elles n’en ont point du tout ».

Sur le même axe CONDILLAC serait amené à s’interroger sur la différence entre humanité et animalité.

Ici, son point de vue sur le langage animal est à la fois plus conciliant et plus argumenté « Si les bêtes ont une pensée, un langage c’est un langage naturel. Chez l’homme au contraire, la nature s’épanouit en culture, le langage institutionnel sort du langage naturel par une laborieuse mutation » tiré dans Essai sur l’origine des connaissances humaines. CONCLUSION Dans le champ des sciences humaines, la linguistique est devenue aujourd’hui une discipline majeure.

En tant qu’étude des signes linguistiques, elle s’inscrit à l’intérieur de la sémiologie qui est la science qui étudie les signes en général de quelque nature qu’ils soient.

La linguistique moderne doit beaucoup à la pertinence des points de vue de Ferdinand de SAUSSURE et c’est à partir de son œuvre que les recherches contemporaines se poursuivent dans plusieurs directions.

Ces recherches sont toujours traversées par l’interrogation suivante : Comment les hommes sont-ils parvenus à inventer ces systèmes de signes complexes et précis que sont les langues avec leurs sons, leur vocabulaire, leur grammaire ? La seule façon de résoudre cette énigme semble être de considérer le langage comme le produit d’aptitude et de compétence inscrites dans la constitution de l’esprit humain.

C’est le sens de la formule par laquelle Claude Lévi-Strauss définit le langage, il paraphrase ici un célèbre propos de Pascal « La langue est une raison humaine qui a ses raisons et que l’homme ne connaît pas ». SUJETS I/-Qui n’a pas réfléchi sur le langage n’a pas véritablement commencé à philosopher ? Justifiez cette affirmation. II/-Discutez le propos suivant : « L’inconscient s’exprime et nous n’arrivons pas toujours à contrôler la parole ». III/- Partagez-vous le point de vue suivant : « La rhétorique puisqu’elle nous confère une puissance certaine est un redoutable instrument de domination » 41 LA CULTURE INTRODUCTION Une réflexion sur la culture ne saurait être pertinente si en son point de départ, elle ne prend pas en charge l’examen de la notion de nature.

Lorsque nous évoquons ce dernier, ce qui vient le plus souvent à notre esprit c’est le milieu physique dans lequel nous vivons ; la campagne, la forêt, etc.

En fait cette nature est loin d’être vierge.

Le travail humain y a laissé des traces parfois en transformant littéralement le paysage. Pourtant, il arrive des fois où la nature est intacte.

Nous sommes alors en face d’espaces privilégiés et nous sommes particulièrement sensibles à l’absence de l’homme ici.

C’est dire historiquement que, le labeur humain continue de modifier le milieu naturel, ce qui provoque parfois et de plus en plus les cris d’alarme des écologistes.

Il est vrai qu’en défendant la nature, l’homme assure sa propre défense en tant que membre privilégié de cette nature.

Dans le contexte de notre étude l’idée de nature renvoie plutôt à l’expression nature humaine.

On entend par là l’essence de l’homme, l’ensemble des caractères qui fondamentalement définissent l’être humain.

Cette nature humaine assez difficile à maîtriser peut recevoir une définition négative.

La nature humaine c’est tout ce qui dans l’homme échappe à la civilisation.

La nature traduit donc l’inné, ce que nous apportons avec nous à notre naissance (na tus= naître).

Ainsi donc, la nature relève de l’originel, c'est-à-dire au plan biologique ce qui est du domaine de l’hérédité.

Quant à la culture elle signifie au sens sociologique de ce terme l’ensemble des formes acquises de comportements qu’un groupe d’individus, unis par une tradition commune transmettent à leurs enfants.

Donc la culture relève de l’acquis et elle est transmise aux autres générations à travers l’héritage social.

Globalement, la question est ici de savoir quels rapports s’établissent au niveau de l’humain entre ce qui est inné et ce qui est acquis, entre la nature et la culture. I/-A PROPOS DE LA NATURE HUMAINE Par nature humaine, on entend d’abord l’ensemble des discours physiques à partir desquels, on reconnaît l’humain par opposition à l’animal.

Il s’agit donc du corps même de l’être humain ce qui chez lui apparaît comme le plus naturel parce qu’étant strictement physique.

Pourtant il n’existe aucune société qui accepte de laisser le corps dans son initial.

En effet les coiffures, les cosmétiques, les tatouages, les vêtements, les parures ne cessent de modifier le corps dans son aspect et parfois dans ses utilisations. On voit ici une première tentative de remettre en question l’existence et l’acceptation d’une nature humaine spécifique. Dans un autre sens, la nature humaine traduirait plutôt des caractéristiques de l’homme au plan spirituel : Association des instincts à la raison, reconnaissance des règles morales, existence de sentiments.

Ces éléments rendent compte au plan spirituel de la nature humaine.

Cette dernière se manifeste dans tout son éclat à l’intérieur d’un état de nature perçu comme premier stade de la vie de l’homme.

Il faut souligner que ces matériaux qui signalent la nature humaine présentent une grande malléabilité.

C’est pourquoi comparée à n’importe quelle espèce animale, l’espèce humaine fait preuve des plus grandes facultés d’adaptation 42 et de diversification de ses comportements.

C’est ainsi que l’on parle de « perfectibilité » de l’homme pour employer l’expression de Rousseau dans « le Discours sur l’inégalité ». Pourtant, c’est en insistant sur les capacités d’adaptation de l’homme à diverses situations que des auteurs comme Sartre rejette toute idée de nature humaine.

Dire que chez l’homme « l’existence précède l’essence » c’est affirmer l’inexistence d’une nature humaine a priori.

D’ailleurs, la philosophie existentialiste athée précise une telle idée en montrant que nous sommes tous en situation, il n’y a pas de nature humaine, il n’y a que des conditions humaines.

Sur le même axe, l’existence même d’un état de nature est contestée.

En fait, il ne s’agirait que d’une hypothèse de travail devant permettre d’expliquer par exemple chez Rousseau « d’où vient le contrat social ? » .

D’ailleurs l’auteur parlant de cet état de nature, le présente comme étant « Un état qui n’existe pas, qui n’a peut-être jamais existé et qui n’existera plus ».

Au total, l’idée d’une nature humaine est discutable dans ces différents aspects tant il est vrai que cette nature a plutôt tendance à s’épanouir en culture. II/-DE LA NATURE A LA CULTURE Selon un mythe platonicien qui fonctionne dans le PROTAGORAS, les dieux lors de la création du monde chargèrent EPIMETHEE d’attribuer à chacune des espèces des qualités propres qui sont nécessaires à leur existence.

Il fit la distribution mais oublia l’espèce humaine.

Pour réparer cet oubli Prométhée vola le secret de la connaissance technique et du feu et l’offrit à l’homme pour lui permettre de survivre.

Ce mythe signifie que l’être humain est originairement nu et qu’il ne réussit à se protéger qu’en ayant recours à la technique et à la connaissance (savoir symbolisé par le feu).

C’est cette nudité primitive qui a été recouverte par la culture laquelle ne se manifeste véritablement que lors que les hommes cessent de vivre dispersés.

Ainsi, il est généralement admis que la culture est co-naissante à la vie en société.

L’hypothèse de l’état de nature a justement été avancée pour expliquer d’où l’homme est parti pour aboutir à un état civil ou émergerait la culture. La théorie de l’état de nature en tant qu’état pré-culturel a été surtout défendue par HOBBES et par Rousseau. Pour l’auteur du Léviathan (HOBBES) la violence est omniprésente dans l’état de nature.

C’est donc pour échapper à cette violence destructive du genre humain que les hommes ont accepté de passer un contrat par lequel ils se dépouillent de tous leurs droits et libertés au profit d’un souverain appelé Léviathan.

Ainsi, ils perdent leurs libertés mais trouvent une paix qui permettant de multiplier les contacts est à la base de l’émergence d’une vie sociale.

Cette dernière est justement la condition de la culture.

Quant à Rousseau, il montre que la sortie de l’état de nature se posait comme impératif pour l’homme « Je suppose les hommes parvenus à ce point ou les obstacles qui nuisent à leur conservation dans l’état de nature l’emportent sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état.

Alors cet état primitif ne peut plus subsister et le genre humain périrait s’il ne changeait sa manière d’être ».

Ce changement de manière d’être se traduit justement par l’établissement d’un pacte social ou contrat lequel marque le passage de l’état civil à l’état de culture.

Il apparaît ainsi que la société est la condition sine qua non de la culture.

C’est ce qu’on peut d’ailleurs remarquer dans ces propos de Jean ITARD « Jeté sur ce globe sans force physique et sans idée innées, l’homme ne peut trouver qu’au sein de la société sa place éminente.

Il serait sans la civilisation un des plus faibles et des moins intelligents des animaux ».

Il faut dire que le docteur J.

ITARD est celui qui au 19e siècle recueillit l’enfant sauvage Victor de l’Aveyron et tenta de l’éduquer ; ce qui l’amena à poser le problème des rapports de la nature et de la culture.

Cette illustration se trouve dans le livre de Lucien MALSON « Les 43 enfants sauvages ».

Par ailleurs, si l’homme n’est lui-même que par la société, cela donne à la communication et donc au langage une importance primordiale.

C’est dans ce contexte que répondant à la question de savoir quel est le signe que l’on admet comme représentatif de la culture ? Claude Lévi-Strauss répond « On a défini l’homme comme homo faber, fabricateur d’outils en voyant dans ce caractère la marque même de la culture.

J’avoue que je ne suis pas d’accord, l’un de mes buts essentiels a toujours été de placer la ligne de démarcation entre culture et nature, non dans l’outillage mais dans le langage articulé.

C’est là vraiment que le saut se fait.

Le langage m’apparaît comme le fait culturel par excellence ». III/-CONFLITS ET COLLABORATION DES CULTURES En tant qu’éléments caractéristiques des différentes sociétés humaines, les cultures ne se ressemblent pas.

Leur contact n’est pas toujours serein et il n’est pas impossible que cela se passe en terme de conflit.

De ce point de vue, la tentation est grande d’élaborer des jugements de valeur sur les différentes cultures.

Il s’agit alors d’affirmer la supériorité d’une culture sur une autre.

En fait chaque homme a tendance à considérer son milieu, sa culture comme supérieurs aux autres.

On parle alors d’ethnocentrisme terme créé par l’anthropologue SUMNER « L’ethnocentrisme est une vue des choses selon laquelle son propre groupe est le centre de tout et tous les autres groupes sont pesés par référence à lui.

Chaque groupe nourrit sa propre fierté et sa vanité, clame sa supériorité, exalte ses propres divinités et regarde avec mépris les profanes ».

On peut donc dire que chaque peuple est persuadé que ses manières de vivre et de faire sont les meilleures.

Cet ethnocentrisme est normal.

Il participe même du processus enculturation.

Mais, l’ethnocentrisme devient véritablement problématique quand il se pose en terme de négation totale de toutes les autres.

C’est ainsi par exemple que l’antiquité confondait sous le nom de barbare tout ce qui ne participait pas de la grecque.

Dans la même mouvance, l’occident a utilisé le terme de sauvage pour caractériser tout ce qui n’était pas occidental. On parle ici d’un ethnocentrisme militant.

Dans cet ordre d’idées, certains auteurs ont fait montre d’un extrémisme évident.

Allant jusqu'à affirmer la virginité culturelle de certaines sociétés.

On peut ici convoquer Hegel qui disait dans « Leçons sur l’histoire de la philosophie » « L’Afrique est le pays de l’enfance qui au-delà du jour de l’histoire consciente est enveloppée dans la couleur noire de la nuit.

Le nègre représente l’homme naturel dans toute sa sauvagerie et sa pétulance ». Sur le même plan le français Lévy BRUHL affirme que « Les sociétés inférieures étaient régies par une mentalité prélogique et mythique, qualitativement différente de la logique propre à l’homme civilisé d’Europe » tiré de Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures.

Ces dernières positions se situent dans la mouvance d’une hiérarchisation des cultures, ce que rejette totalement l’école du culturalisme (1820).

Il s’agit là d’une doctrine sociologique qui s’est développée aux Etats-Unis et qui a considérablement ruiné les thèses d’auteurs tels que Hegel ou Lévy BRUHL.

Cette doctrine saisit, définit la culture dans un sens très large en disant que c’est l’ensemble des produits de l’activité des hommes vivant en société.

Sur ce plan Margaret Mead propose l’approche suivante « le mot culture désigne non seulement les traditions artistiques, scientifiques, religieuses et philosophiques d’une société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes politiques et les mille usages qui caractérisent sa vie quotidienne ».

Ainsi donc pour l’école culturaliste, ce qu’il faut mettre en avant c’est la notion de relativisme culturel.

Elle consisterait à dire qu’aucune culture n’est réductible à une autre.

La « culture humaine » se présente comme un grand éventail sur lequel sont rangées les différentes possibilités qu’offrent une époque et un milieu.

Chaque culture 44 sélectionne les segments de cet éventail.

C’est ce choix entre plusieurs possibilités qui fait l’originalité de chaque culture.

On peut ainsi dire que chaque culture insiste sur certains aspects plutôt que sur d’autres.

Les culturalistes montrent que chaque culture a un pattern (modèle) c’est à dire un esprit dominant.

Mais en insistant sur la particularité des cultures, l’école américaine n’oublie pas de côté leurs nécessaires contacts en terme de collaboration.

De fait, aucune culture n’est absolument pure chacune recèle des contributions étrangères.

En ce sens il n’y a pas de culture seule, mais des cultures en coalition les unes avec les autres.

C’est le sens du propos de Césaire « Toute civilisation, qui a tendance à se replier sur elle-même s’étiole ».

Ainsi donc l’idée d’un dialogue des cultures apparaît comme pertinente et historiquement vérifiée.

Par contre, l’idée d’une civilisation de l’universel est moins évidente.

Très souvent elle vise à gommer les différences entre culture, ce qui revient à rejeter le droit à l’altérité.

Au fond l’idée d’une civilisation de l’universel semble fonctionner comme un horizon vers lequel nous allons mais qui recule toujours à notre approche se situant sur un terrain de réflexion éthique. Lévi- Strauss énonce un point de vue qui a le mérite de poser correctement le problème et d’esquisser les éléments de solution « Il ne peut y avoir une civilisation mondiale au sens absolu que l’on donne souvent à ce terme, puisque la civilisation implique la coexistence de cultures offrant entre elles le maximum de diversité et consiste même en cette coexistence.

La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition à l’échelle mondiale de cultures préservant chacune son originalité ». CONFLIT ENTRE NATURE ET CULTURE L’homme est un être naturel caractérisé par le fait qu’il est créateur de culture.

En lui, le biologique et le social se trouvent intimement liés.

La part de culture ne saurait cependant recouvrir totalement ce que l’homme a de naturel.

On peut dire que les institutions culturelles que nous créons, ont pour fonction d’organiser nos instincts naturels.

L’équilibre de l’homme réside donc dans une bonne harmonie entre « sa naturalité » et sa « culturalité ».

A ce titre d’exemple on peut dire que le mariage apparaît comme l’institution culturelle par excellence susceptible d’organiser dans la communauté des hommes la manifestation des désirs naturels, sexuels.

Il semble pourtant que cette harmonie entre nature et culture ne soit pas toujours présentée au niveau de l’humain.

Le psychanalyste Freud aura été un des premiers auteurs à mettre l’accent sur ce problème de manière pertinente.

Dans un texte intitule L’avenir d’une illusion il pose le problème dans les termes suivants « Il est curieux que les hommes qui savent si mal vivre dans l’isolement se sentent cependant lourdement opprimés par les sacrifices que la civilisation attend d’eux afin de leur rendre possible la vie en commun ».

Il semble ainsi que la civilisation repose essentiellement sur des sacrifices que nous devons opérer en particulier elle repose sur la répression de nos instincts.

C’est dire que la société civilisée rejette toute idée de libre satisfaction des désirs instinctuels de l’homme.

Se pose alors la question de savoir pourquoi la civilisation a un caractère répressif ? Répondant à cette question le philosophe américain d’origine allemande Marcuse (1898-1979) montre que cette répression se justifie historiquement par la nécessité de combler le fossé entre la production économique et les besoins des hommes dans les formations sociales précapitalistes.

On y est parvenu en faisant trois choses essentielles d’abord on a limité fortement les loisirs des travailleurs ensuite on a sévèrement contrôlé et contraint leur vie sexuelle enfin on a démultiplié les heures de travail.

On voit donc ici que le caractère répressif de la civilisation à une dimension fonctionnelle et utilitaire.

En réalité, la vie individuelle du travailleur est sacrifiée sur l’autel du progrès et du développement. Poursuivant son analyse, Marcuse montre qu’aujourd’hui on est parvenu à un niveau de 45 développement et une capacité de production telle que la répression n’est plus nécessaire, elle n’est plus utile et puisqu’elle continue elle devient une sur-répression.

Voilà ce qui explique un peu le rejet par l’homme contemporain de la civilisation.

De fait cette surrépression se traduit par un sur- travail (en excès) ayant pour conséquences possibles un épuisement des ressources, des crises de surproduction et aussi la création effrénée de produits qui ne sont pas toujours utiles.

C’est ainsi que sont jetées les bases de ce qu’on appelle « la société de consommation ».

C’est aussi dans ce contexte que l’on assiste à l’avènement de la publicité laquelle repose sur une connaissance approfondie des mécanismes psychologiques de l’individu et du groupe. Pour Marcuse, l’homme a aujourd’hui les moyens de vivre en travaillant peu et sans avoir besoin de réprimer ses instincts ou de limiter ses loisirs.

C’est dans ce cadre qu’il développe l’idée d’une « civilisation non répressive qui doit être fondée sur des relation radicalement différentes entre l’homme et la nature ».

Pour lui le vingtième siècle doit consacrer un homme jetant un regard moins hostile et plus constructif sur la nature et sur sa propre nature.

Pourtant aussi séduisante que soit cette analyse de Marcuse, elle doit être fortement nuancée, relativisée quand on tente de l’appliquer aux pays du sud. CONCLUSION Nature et culture sont intimement liées dans la réalité de l’être humain, ce qui fait dire qu’il est non pertinent de vouloir les saisir séparément.

D’une manière générale, la nature humaine ne se développe réellement qu’au contact d’autrui et ne se réalise qu’au sein d’une culture donnée.

C’est dire toute l’importance de la vie en société condition sine qua non de la manifestation de la culture.

Cette dernière joue un rôle non négligeable dans le domaine politique en particulier dans le processus de lutte pour la libération.

C’est pourquoi des intellectuels comme Amilcar CABRAL (1924-1973) l’ont toujours placée à un niveau essentiel de leur combat.

Dans un écrit intitulé l’arme de la théorie le fondateur du P.A.I.G.C soutient que « La valeur de la culture en tant qu’élément de résistance à la domination étrangère réside dans le fait qu’elle est la manifestation vigoureuse sur le plan idéologique de la réalité matérielle et historique de la société dominée ou à dominer ».

On comprend alors pourquoi la domination coloniale en Afrique ne pouvait manquer pour sa propre consolidation d’essayer de désintégrer les cultures africaines.

En effet, ainsi que le faisait remarquer le philosophe Youssouf Mbargane GUISSE « Un peuple qui conserve intacte sa personnalité culturelle possède par la un élément d’une valeur irremplaçable de résistance à la domination étrangère » : tiré de Société, culture et devenir social en Afrique. 46 PROBLEME DE L’ESTHETIQUE INTRODUCTION L’art est l’aspect que revêt l’activité créatrice de l’homme qui s’inspire d’un souci de beauté, qui s’ajoute et se substitue à celui de l’utilité. A/ PREMIERES FORMES DE L’ART Il y a deux besoins instinctifs de la nature humaine : - l’homme a le souci d’introduire de l’harmonie dans le milieu où il vit, dans les gestes qu’il accomplit, dans l’aspect qu’il donne à son propre corps.

L’homme décore le cadre de son existence, il organise ses activités selon un cérémonial complexe et enfin il revêt son corps de différentes formes.

Dans tous ces cas on parle d’art décoratif. -Il est celui qui incite l’homme à fixer les aspects du monde qui l’entoure et à exprimer sous des formes durables ces croyances, on parle ici d’art figuratif et expressif. Exemple pour symboliser la violence animale qui a caractérisé la guerre civile d’Espagne, Picasso réalise le tableau appelé « GUERRE-NICA ». L’art décoratif, l’art figuratif et l’art expressif constituent les premières formes de l’art. B/- ART ET NATURE Pour le public, l’art est en général une activité qui doit avoir pour objet la représentation de la réalité.

Ce public se sent frustré quand il ne trouve pas dans les images qu’on lui présente l’expression de cette réalité.

Dans la peinture par exemple, le public aime voir la beauté naturelle à laquelle il est ordinairement sensible.

Même les artistes ont pensé pendant longtemps que l’art doit reproduire la réalité.

C’est dans ce sens que le peintre Ingres s’adresse à ses disciples en ces termes « dessine, peins, imite, fut-ce de la nature morte : l’art n’est jamais plus parfait que lorsqu’on peut le prendre pour la nature elle-même ».

Pourtant aujourd’hui ce principe d’imitation de la nature ne fait plus l’unanimité.

En effet c’est une doctrine qui pose certains problèmes.

S’il faut imiter la nature, la question est de savoir que faut-il imiter dans cette nature ? Doit-on imiter la nature seulement dans sa beauté ? Si on répond oui, on donne alors à la nature une image idéalisée et donc fausse.

En effet la nature n’est pas seulement beauté, elle peut aussi être laideur.

Il faut d’ailleurs sur ce plan citer un propos de André « Un coucher de soleil admirable en peinture n’est pas un beau coucher de soleil mais le coucher de soleil d’un grand peintre ». Ici il s’agit de dissocier la beauté d’une œuvre d’art et la représentation d’une œuvre belle.

En effet l’art peut être beau et évoquer le grotesque, l’horrible, le laid. Malraux peut d’ailleurs ajouter « la fonction de l’art est de nous révéler la part nocturne du monde ».

L’autre problème posé par la nature consiste à se demander est-ce que l’art peut se limiter à une simple description des choses et des évènements ? Son véritable rôle n’est-il pas plutôt d’exprimer les émotions, les sentiments par les évènements que ces choses font naître en nous ? Par ailleurs les rapports entre art et nature nous amènent à voir que l’artiste a le sens de percevoir le monde autrement que ne le font les autres.

Pour 47 reprendre une expression de Bergson c’est comme si entre l’homme et la nature il y avait un voile, ce voile est épais pour celui qui n’est pas artiste, léger pour l’artiste. C/-ART ABSTRAIT S’agissant toujours des relations entre art et nature on s’est orienté vers des positions de plus en plus problématiques.

C’est ainsi qu’on est arrivé à l’émergence d’une forme d’art qui ne tienne plus aucun compte d’un réel extérieur.

On appelle cela art abstrait.

Il ne s’agit plus de représenter la nature mais simplement de lui emprunter des formes et des couleurs.

Le peintre abstrait par exemple emprunte à la nature des lignes, des couleurs qu’il assemble afin de leur donner une certaine cohérence.

Le problème le plus important que pose l’art abstrait est celui de l’interprétation.

Que peut signifier ce tableau qui est en face de moi ? Sur ce point il faut reconnaître que dès qu’il produit une œuvre l’artiste perd sa maîtrise sur cette œuvre et cette dernière entre dans le champ de la libre interprétation. D/- FONCTION DE L’ART L’art a pour fonction première de manifester le beau et de nous amener à éprouver une forme de joie différente de celle que nous donnerait par exemple l’effet de manger.

En Afrique, les considérations esthétiques vont au-delà de la manifestation du beau.

L’art africain est d’abord utilitaire, par exemple : le masque.

Ce n’est pas seulement un bois qui est joliment travaillé mais c’est surtout l’irruption dans le monde des vivants, des puissances du méso-cosmos.

Sur un autre plan les attributs du pouvoir qui sont de véritables objets d’art ont surtout une fonction utilitaire : ce sont par exemple les sceptres, les trônes, les couronnes.

Même les cérémonies rituelles dont la dimension artistique est évidente, jouent un grand rôle dans le vécu quotidien des individus par exemple une cérémonie telle que le « Ndeup » chez les lébous au-delà de son aspect esthétique a pour fonction de rétablir l’équilibre rompu au niveau de l’individu : il y a là une fonction thérapeutique.

Il faut aussi évoquer une fonction magico-religieuse qui pose le problème des relations entre l’art africain et le monde du mythe.

Il y a enfin la fonction subversive à travers laquelle l’art se donne pour objet de critiquer la société.

Au total, l’art surtout africain dépasse le cadre esthétique pour se définir dans un cadre utilitaire.

Dans ce sens le révérend père Mven g veut dire s’agissant de cet art africain « Immense est l’horizon qui s’ouvre devant notre art.

L’Afrique d’aujourd’hui veut l’affronter avec espoir ». E/ STATUT DE L’ARTISTE La place de l’artiste dans la société a varié selon les époques.

Dans la période de la renaissance (14e siècle- 16e siècle) l’artiste était protégé par les mécènes, il avait un rang social appréciable.

Aujourd’hui on a plutôt tendance à le considérer comme un marginal, un être différent.

Pourtant dans l’organisation sociale, l’artiste est celui qui doit communiquer aux autres les sentiments et émotions dont il est porteur.

Si l’artiste est souvent perçu comme un exclu, c’est d’abord pour des raisons historiques : déjà dans l’antiquité grecque, Platon voulait exclure dans sa cité idéale, les peintres et les sculpteurs parce qu’ils ne faisaient que reproduire une imitation, ils étaient très éloignés de la vérité. De plus certains artistes refusent l’aspect utilitaire de l’art, préféreraient développer la théorie de « l’art pour l’art ».

Dans ce contexte un Baudelaire se flattait de ne pas travailler, pourtant lorsqu’il est socialement intégré, l’artiste peut avoir une fonction 48 spirituelle particulière.

Pour Malraux par exemple : l’artiste est celui qui tente d’échapper à la mort grâce à la création.

Il s’élève au-dessus de sa condition d’homme en laissant derrière lui une trace impérissable, c’est le sens de l’expression « l’art est un anti-destin ». Médiateur efficace, l’artiste doit avoir la possibilité de révéler aux autres des aspects non évidents de leur vécu quotidien, il doit réveiller les autres, les amener à prendre conscience.

Cette perspective est celle d’un art engagé et d’un artiste au service de son peuple. CONCLUSION L’art peut se présenter comme l’expression des préoccupations psychologiques de l’individu.

Selon Freud l’activité artistique représente souvent un terrain de défoulement face à l’impossibilité de réaliser nos fantasmes, nos pulsions, nous trouvons dans l’art le terrain idéal où nous pouvons investir notre énergie.

Si aujourd’hui l’art est devenu très important c’est d’abord parce que le développement des moyens de diffusion lui permet de toucher un public de plus en plus vaste.

Mais il y a une autre raison sans doute plus profonde.

La civilisation contemporaine enferme l’homme dans le monde rigoureux de la science et de la nature.

L’art permet à l’homme d’échapper un peu à ce monde pour retrouver un autre univers celui des formes sensibles, des valeurs poétiques, de l’harmonie musicale bref de la beauté en général.

De ce point de vue, la compréhension esthétique du monde est un complément de la conception scientifique de l’univers. 49 L’ESPITEMOLOGIE : CONSIDERATIONS GENERALES INTRODUCTION L’épistémologie est définie comme une réflexion philosophique sur les problèmes que pose la science dans son développement sur notre époque par une expansion sans précédent de la connaissance scientifique.

Les inventions qui procèdent des découvertes scientifiques provoquent des changements de plus en plus rapides dans tous les aspects de notre civilisation. A/ SCIENCE ET PHILOSOPHIE La science est un ensemble de connaissances exactes, universelles et surtout vérifiables.

Qui dit science sous entend deux choses : d’abord un objet d’étude, ensuite une méthode d’investigation.

Les objets d’étude sont d’une telle diversité qu’il est exact de dire les sciences.

Aujourd’hui science et philosophie semblent emprunter des voies différentes même si dans le passé elles étaient fondamentalement liées.

On peut évoquer la fameuse formule cartésienne (Descartes) « Toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres qui se réduisent à trois principales à savoir la médecine, la mécanique et la morale ».

Aujourd’hui il n’est pas exagéré d’affirmer que l’évolution de la science entraîne avec elle celle de la philosophie.

Althusser disait d’ailleurs que pour que la philosophie naisse et se développe, il faut que les sciences existent.

Il ajoutait dans la même perspective que les crises de la science sont les seules crises utilement rénovatrices de la philosophie. B/ SCIENCE ET CONNAISSANCE La science est à la fois réaliste et rationaliste.

Cela signifie qu’elle vise à s’accorder à la fois avec les choses et avec la raison.

La connaissance est d’abord empirique cela signifie une connaissance par expérience, une connaissance qui nous est fournie par nos organes des sens.

Evidemment cette connaissance est insuffisante parce que superficielle. C’est pourquoi d’empirique, la connaissance doit devenir scientifique.

En d’autres termes les organes des sens doivent être dépassés pour que la raison soit en exercice.

« Un esprit scientifique doit manifester les qualités suivantes : sens de l’observation, rigueur, souci de mesure, sens critique et impartialité ».

L’ensemble de ces qualités traduit ce que l’on appelle objectivité.

Le problème est de savoir est ce que l’on peut être toujours objectif ? On peut répondre que dans le contexte des sciences de la nature il est plus facile d’être objectif que dans le contexte des sciences humaines.

Cependant la recherche de l’objectivité pose un grave problème.

Les qualités scientifiques sont-elles toujours compatibles avec les qualités morales ? La science doit-elle nécessairement être sans conscience ? Pour prendre un raccourci, on peut formuler l’interrogation suivante : Einstein doit-il être tenu pour responsable d’Hiroshima ? Sur cette question on peut évoquer le rôle essentiel du politique qui semble bien être le premier responsable : c’est le statut social de la science.

Le discours le plus général aujourd’hui consiste à parler de l’universalité du savoir scientifique, cela signifie que l’on affirme très souvent que la science présente des bienfaits qui sont profitables à toute l’humanité.

En d’autres termes, le 50 monde entier tire profit de la science et de ses découvertes.

Pourtant il serait naïf de croire en un tel universalisme.

En effet même dans ces bienfaits la science échappe à des masses humaines considérables.

La maîtrise des éléments vecteurs de la science est l’exclusivité de quelques notions voire même de quelques minorités, c’est notamment le cas dans l’instruction, dans l’enseignement.

Ne peuvent accéder au scientifique que ceux qui en ont les moyens.

Le savoir scientifique est géré comme un bien rare donc cher.

C’est la raison pour laquelle on exprime l’idée suivante : le savoir est en réalité un pouvoir. CONCLUSION François RABELAIS disait « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

C’est pourquoi même en dépit du progrès, la science doit tenir compte des exigences morales.

En effet la science est au service de l’homme et non le contraire.

Il faut donc gagner le continent sans se laisser gagner par lui « Le pharmacien et l’empoisonneur font les mêmes études, ce qui les différencie c’est l’usage qu’ils font de ces études ». 51 LE DISCOURS DE LA METHODE ELEMENTS D’EXPLICATION I/ CONTEXTE HISTORIQUE Le DISCOURS DE LA METHODE est publié en 1637.

Quelques années auparavant Descartes avait voulu publier le Traité du monde ouvrage dans lequel il confirme la théorie de l’Héliocentrisme.

Mais en 1633, l’église a condamné Galilée pour avoir affirmé le mouvement de la terre et la validité du point de vue de Copernic.

Faisant preuve de prudence, Descartes renonça à la publication de son ouvrage.

Mais par la suite, il en sortit quelques extraits qui sont La Dioptrique, Les Météores et La Géométrie.

Ces trois extraits sont précédés d’une importante préface et c’est cette dernière qui est restée célèbre sous le nom de Discours de la Méthode.

Le dix septième siècle, sur le plan du mouvement des idées est un siècle de rupture.

D’importantes découvertes ont préparé ce siècle de révolution.

Entre 1492 et 1609, on découvre : le continent américain (Christophe COLOMB), la théorie de l’héliocentrisme (COPERNIC), les lois de la chute des corps (NEWTON), les principes du mouvement des planètes (KEPLER), les équations du troisième degré (TARTAGLIA), les logarithmes népériens( J.

NAPIER dit NEPER), l’imprimerie (GUTEMBERG) etc.

Par ces découvertes, la période de la renaissance précipite le déclin de la culture médiévale (moyen âge).Il s’ajoute à cela une rupture à l’intérieur de la pensée chrétienne avec l’apparition de réforme protestante animée par Luther et Calvin.

Voilà le contexte général dans lequel s’inscrit la pensée de Descartes qui se présente comme une véritable révolution philosophique, c’est ce qu’on a appelé le rationalisme cartésien. II/ -PLACE ET PORTEE DU DISCOURS DE LA METHODE Le Discours de la Méthode est le premier ouvrage philosophique écrit en langue vulgaire c’est à dire en français.

En effet, jusque là, les livres savants étaient écrits en latin. Descartes a donc innové afin de toucher le public le plus vaste possible.

Une telle démarche est caractéristique de l’époque.

En effet au cours de ce dix septième siècle, des hommes cherchent à se dégager d’une conception du monde ancien dominé par les considérations religieuses.

Cette nouvelle génération de chercheurs essentiellement d’origine bourgeoise effectuent leurs recherches à l’écart de la science officielle, ils cherchent à s’adresser à un nouveau public et donc n’hésitent pas à délaisser le latin pour écrire en Italien, Anglais et en Français etc.

Le Discours de la Méthode s’inscrit donc dans cette mouvance.

Descartes y expose les règles qui doivent permettre à chacun de parvenir à la vérité, sa conception d’une morale provisoire ses preuves de l’existence de Dieu, ses théories sur l’union de l’âme et du corps etc.

Le Discours a été l’un des écrits les plus célèbres.

Pour certains, c’est la première réclamation de l’égalité de tous les hommes.

En effet il s’ouvre sur le propos suivant « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ».

Bon sens signifie raison et cette dernière est innée donc commune à tous les hommes. 52 III/-SYNTHESE DES DIFFERENTES PARTIES Le Discours de la Méthode comprend six parties, il est possible de raisonner de la manière suivante : Première partie : Après avoir posé le caractère universel de la raison, Descartes déploie, l’insatisfaction profonde dans laquelle l’a laissé l’enseignement scolastique c’est à dire le savoir officiel issu de l’école.

Toutes les disciplines étudiées le déçoivent énormément à l’exception des mathématiques : « Je me plaisais surtout aux mathématiques à cause de la certitude et à l’évidence de leur raison ».

Ensuite Descartes reconnaît que le bon sens ne sert à rien lorsqu’il est dépourvu de méthode.

L’exigence méthodique devient donc sa principale préoccupation.

Mais comment trouver cette méthode ? Descartes ne prétend pas apporter une réponse universelle, il se propose simplement de raconter son itinéraire individuel qui pourrait éclairer les autres « La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies et ne considérons pas les mêmes choses.

Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon mais le principal est de l’appliquer bien ».

En langage kantien, on pourrait dire que Descartes ne nous apprend pas la philosophie, il nous apprend à philosopher. Deuxième partie : Après avoir instauré les bases sur lesquelles se fonde sa méthode, Descartes rejette dans cette deuxième partie la logique aristotélicienne jugée inadéquate et inefficace.

Si donc on rejette la logique d’Aristote, de quel instrument de la pensée faut-il donc se servir ? Ici, apparaît la seule discipline qui fait de la valeur aux yeux de Descartes ; la mathématique.

C’est ainsi que s’inspirant de la démonstration mathématique, Descartes va élaborer les quatre règles de sa méthode : 1- « Ne recevoir jamais aucune chose pour vrai que je ne la connusse évidemment être telle ».

C’est la règle de l’évidence grâce à laquelle Descartes espère rejeter de son esprit tout ce qui ne lui apparaîtra pas comme clair et distinct. 2- « Diviser les difficultés en autant de parties qu’il se pourrait ».

C’est la règle de l’analyse qui décompose le tout en plusieurs éléments. 3- « Conduire par ses pensées en allant par degré du simple au composé ». C’est la règle de la synthèse qui permet d’établir une déduction. 4- « Faire des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse assuré ne rien omettre ».

C’est la règle du dénombrement ou vérification des étapes de la déduction qui permet de clore la démonstration.

Voilà les règles essentielles de la méthode de Descartes, méthode qui est dominée par le doute cartésien. Troisième partie : Il s’agit d’une longue parenthèse sur la démarche.

Si l’esprit de suspendre son jugement en doutant, Descartes se rend compte que cette suspension ne peut se faire que dans un cadre bien délimité.

En attendant donc de trouver des certitudes, il nous faut avoir une « morale par provision » ; morale provisoire dont les éléments clés sont les suivants : 53 -Il faut se soumettre aux us et coutumes de son pays. -Il faut changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde. -Il faut être toujours ferme et résolu en ses actions. -IL faut employer toute sa vie à cultiver sa raison et à avancer dans la connaissance de la vérité.

Ces principes traduisent à la fois une certaine crainte de l’autorité religieuse, un conformisme que l’on peut assimiler à de la modération, une philosophie de la volonté et aussi une nécessité à chercher toujours à se dépasser dans la recherche de la vérité.

Le but de la morale provisoire est donc de vivre le mieux possible au moment où notre entendement est livré au doute.

Descartes illustre le principe de la fermeté par l’image du voyageur perdu dans la forêt qui ne doit pas errer en tournoyant, ni s’arrêter sur place mais plutôt marcher droit vers une seule direction. Quatrième partie : Est-il possible d’atteindre le roc sur lequel se fonde la vérité indubitable ? Voilà la question à la quelle cette quatrième partie tente de répondre.

La philosophie doit avoir en effet un fondement inébranlable.

Selon Descartes il faut « rejeter la terre mouvante et le sable pour trouver le roc et l’argile » c’est à dire qu’il faut rejeter tout ce qui est incertain.

C’est le moment du doute radical.

Nos sens peuvent nous tromper, nos pensées peuvent n’être que des illusions et même les raisonnements mathématiques peuvent nous tromper. -Il faut donc douter de tout.

Mais ici apparaît la première vérité.

Pour douter de tout, ne faut-il pas au moins reconnaître la présence du doute c’est à dire de ma propre pensée. Descartes atteint la vérité indubitable du Cogito et qui est le principe de sa philosophie. « Je pense donc je suis ».

Le moment sceptique est donc achevé.

Remarquons pourtant que le doute méthodique se différencie du doute sceptique.

Descartes cherche à atteindre la vérité alors que pour les sceptiques, on ne peut pas atteindre cette vérité. -Ensuite, Descartes passe aux preuves de l’existence de Dieu qui sont au nombre de trois et dont la plus célèbre est la « preuve ontologique ».

Dieu est parfait, s’il est parfait il a donc toutes les qualités et parmi ces qualités il y a l’existence.

Dieu ne peut pas être parfait et ne pas exister.

Ayant prouvé l’existence de Dieu, Descartes en déduit l’existence du monde qu’il n’avait pu trouver par le témoignage des sens « Puisque Dieu existe et qu’il est parfait, toutes nos idées doivent avoir quelques fondements de vérité ». Dieu ne peut pas nous laisser dans l’illusion. Cinquième et sixième partie : Ces deux dernières parties du discours constituent une sorte de traités sur les sciences de la nature.

Entre autre chose, Descartes y examine l’ordre des questions en physique et les difficultés de la médecine.

Ce coup d’œil théorique sur les sciences de la nature lui permet d’établir la ligne de partage entre les règnes animal et humain.

L’homme seul être doué de raison est dualiste.

Il est à la fois corps et âme et aussi raison et passion.

Selon Descartes les animaux sont de pures machines car ils ne possèdent pas de pensée et ils sont incapables de composer un discours doté de sens.

Par la suite, Descartes revient sur les raisons qui l’ont amené à publier le discours, il évoque aussi l’affaire Galilée qui avait empêché la parution du Traité du monde.

Le Discours de la Méthode manifeste de la révolte cartésienne se clôt comme il s’est ouvert c’est à dire sur un appel à tous ceux qui joignent le bon sens à 54 l’étude et qui avec Descartes contribuent aux progrès philosophiques et scientifiques de l’époque. CONCLUSION Descartes est sans doute le père du rationalisme moderne.

Sa philosophie coïncide avec l’ère des grandes idées scientifiques.

Si le rationalisme cartésien a déserté l’espace métaphysique du moyen âge, c’est précisément parce que l’esprit philosophique a trouvé les conditions d’une rupture d’avec la pensée religieuse et mythique.

C’est ce qui explique ce propos de Hegel sur l’auteur du Discours de la Méthode « Descartes est dans les faits le vrai fondateur de la philosophie moderne.

L’action de cet homme sur son siècle et sur les temps nouveaux ne sera jamais exagérée ; c’est un héros ». NB : Troisième partie « Tâcher toujours plutôt à ne vaincre que la fortune » « Le malin génie des méditations métaphysiques » « La philosophie par essence se veut critique : un refus traditionnel de la tradition » « Le microbe étourdit l’ignorant ; il ne l’instruit pas » « Douter mais pour sortir du doute » « Creuser mais pour fonder 55 MENON DE PLATON INTRODUCTION Platon est l’un des rares auteurs de l’antiquité dont presque l’intégralité de l’œuvre nous soit parvenue aujourd’hui.

Né en 27 avant Jésus Christ à Athènes, Platon a subi l’influence de plusieurs penseurs et notamment de Socrate.

Le système de Platon est une synthèse de tout ce que l’on savait de son temps.

C’est un résumé des doctrines d’Héraclite, Parménide et des pythagoriciens.

On peut dire qu’il a développé une thématique tellement diversifiée que tout philosophe ultérieur se verra obligé de se définir par rapport à elle. I/-PRESENTATION GENERALE Composé aux alentours de 382 avant Jésus Christ le dialogue intitulé Ménon met en scène quatre personnages : Ménon, Socrate, un esclave, et Anytos. L’esclave ne joue qu’un rôle secondaire. Socrate est ici l’habituel porte parole de Platon. Ménon est un jeune noble qui voyage avec une nombreuse suite de serviteurs, il a reçu une brillante éducation, il s’est intéressé à la géométrie et il a suivi les leçons de Gorgias qu’il a initié à l’art oratoire.

Quant à Anytos, C’est un des membres les plus influents du parti démocratique qui en ce moment exerçait le pouvoir à Athènes.

Exerçant le métier de tanneur, il avait eu des difficultés avec Socrate qui lui reprochait d’élever son fils dans le métier de tanneur, alors il avait de grandes capacités dans le domaine de la philosophie.

Dans ce dialogue Anytos se montre fanatique, buté et coléreux.

Ne supportant pas la critique et proférant toujours des menaces. II/ ORGANISATION DU DIALOGUE Sur le plan de son organisation, le DIALOGUE s’ouvre sur une discussion engagée directement entre Ménon et Socrate.

La question est de savoir : La vertu peut-elle s’enseigner ? La question prend cinq actes dans lesquels se définissent 42 chapitres. Acte 1 Composé des premiers chapitres, il est consacré à la recherche d’une définition de la vertu.

La question vient de Socrate et Ménon va tenter de répondre.

C’est ainsi qu’il va élaborer trois définitions : - La vertu consiste pour un homme à bien administrer sa cité et pour une femme sa maison. - La vertu c’est la capacité de commander aux hommes. - La vertu c’est le désir des belles choses joint au pouvoir de se les procurer. Toutes ces définitions vont être rejetées par Socrate qui fait ainsi fonctionner ce qu’on a appelé l’ironie Socratique.

C’est à ce moment que Ménon victime du doute instauré dans son esprit par Socrate va le comparer à une torpille c'est-à-dire ce poisson des mers qui vous électrifie dès que vous le touchez.

Dans le dialogue cette comparaison est en fait un espace de détente.

Elle permet de reposer l’attention du lecteur trop longtemps sollicité par le haut degré du dialogue.

Sur ce plan, Platon se montre bon pédagogue et fin homme de théâtre. 56 Acte 2 Il comprend les chapitres 14 à 21.

C’est un acte important dans le dialogique parce que c’est là où se trouve exposée la célèbre théorie de la réminiscence.

Pour avoir vécu une existence primordiale, notre âme a tout vu et tout retenu.

La connaissance est donc en nous-mêmes, il suffit d’avoir le courage de chercher, de nous interroger pour tout découvrir y compris la définition de la vertu.

« Apprendre c’est se souvenir ».

Pour en faire la preuve, Socrate appelle un esclave et en l’interrogeant d’une certaine façon, il l’amène à trouver la solution d’un difficile problème de géométrie.

A travers cette interrogation de l’esclave, se matérialise ce qu’on a appelé la maïeutique ou art d’accoucher les esprits. Acte 3 Composé des chapitres 22 à 26, il débute par un retour à la question de départ, la vertu peutelle s’enseigner ? Ici Socrate reproche à Menon de mettre la charrue avant les bœufs car avant de se demander si la vertu peut-elle s’enseigner ? Il faut d’abord savoir ce qu’est la vertu.

Néanmoins, Socrate accepte quand même d’examiner la première question.

Il va procéder à la manière des géomètres c'est-à-dire en évoluant par hypothèse.

Si la vertu est une science elle peut s’enseigner.

Mais si la vertu peut effectivement s’enseigner, un autre problème se pose c'est-à-dire l’absence des maîtres qui enseigneraient la vertu.

Socrate dit alors « J’ai souvent cherche s’il y en avait.

J’ai tout fait pour en découvrir et je n’y suis point parvenu ». Acte 4 Il comprend les chapitres 27 à 34.

C’est là où intervient le personnage d’Anytos, un homme politique expérimenté.

Quand Socrate lui demande est-ce qu’il y a des hommes capables d’enseigner la vertu, il répond ; il faut s’adresser aux honnêtes gens d’Athènes qui ont appris la vertu à partir de leurs devanciers et qui sont capables de la communiquer à leurs successeurs.

Mais Socrate manifeste tout de suite son désaccord en évoquant de nombreux exemples d’hommes vertueux dont les progénitures n’ont absolument pas suivi la voie sur le chemin de la vertu.

Il cite entre autres Thémistocle et Périclès dont les fils ne sont pas des modèles de vertu.

En somme pour Socrate qui parle au nom de Platon l’adage « Tel père tel fils » ne se vérifie pas.

Anytos est mécontent des propos de Socrate, il lui reproche de dire du mal de ses grands hommes et il le menace.

On sait que Anytos membre du parti démocratique a joué un rôle prépondérant dans la condamnation à mort de Socrate en 399 avant Jésus Christ. Acte 5 Allant des chapitres 36 à 42, il sera l’occasion de la manifestation d’un concept nouveau celui de l’opinion vraie.

L’opinion vraie est une connaissance qui caractérise les grands hommes d’Etat que Socrate compare à des devins et à des prophètes.

Ces derniers ont la particularité de secréter la vérité à leur insu.

Ils n’ont pas la science de la vérité mais elle leur est insufflée par les dieux.

« la vertu nous vient donc par une faveur divine ».

Au total, si la question de la nature de la vertu reste entière, celle de savoir si la vertu peut s’enseigner reçoit une réponse provisoire négative.

La vertu ne s’enseigne pas, elle nous vient par une faveur divine. 57 L’EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME DE JEAN PAUL SARTRE I / ANALYSE CONCEPTUELLE DE L’EXISTENTIALISME SARTRIEN 1) l’existentialisme est un humanisme est le texte d’une conférence donnée par Jean Paul SARTRE à Paris le lundi 29 octobre 1945 à la demande du club Maintenant.

Ce texte fera ; un an plus tard l’objet d’une publication aux éditions Nagel. Cette conférence a donné à Sartre l’occasion d’un éclairage conceptuel des thèses principales de son existentialisme développé dans l’Etre et le Néant paru en 1943.

Il faut dire que l’existentialisme tel que exploré par Sartre dans l’Etre et le Néant a suscité de vives réactions notamment de la part des chrétiens et des marxistes (troisième partie de l’exposé). 2) Cependant ; avant d’en arriver à l’explication de l’existentialisme est un humanisme à proprement parler ; il me semble opportun de camper le décor c'est-à-dire de préciser le sens de quatre idées forces dont la compréhension nous aiderait à mieux saisir la signification et la portée de l’existentialisme sartrien. 3) – L’affirmation de la subjectivité par Descartes. Le cogito impose une coupure radicale entre l’homme et le monde.

Descartes a montré que l’homme peut se ressaisir sans intermédiaire. 4)- La mort de Dieu Evidemment, si Dieu existe, il ne peut pas mourir, mieux qu’il existe ou qu’il n’existe pas l’hypothèse de la mort de Dieu n’a pas le sens qu’on lui donne souvent.

L’expression venant de Rimbaud, reprise par Nietzsche signifie que même pour le croyant, la croyance immédiate et aveugle en l’existence d’une providence divine a disparu de la conscience humaine. 5)- La mort de l’homme La mort de l’humanisme classique, de l’idée humaniste de l’homme et de ses répercussions (croyance au progrès, aux valeurs démocratiques, à la paix).

Pour défendre cette idée, l’on peut simplement évoquer les horreurs des deux grandes guerres mondiales et le choc qui s’en est suivi. 6)-Essence et Existence L’existence définit les propriétés fondamentales d’un objet d’un phénomène, d’un être vivant.

Nous pouvons définir l’essence d’un être qui n’existe pas ou inversement contrôler l’existence de réalité dont nous ne saisissons pas l’essence (le temps, la beauté). L’idéal longtemps recherché par la philosophie est le suivant ; « trouver dans l’essence d’un être les raisons d’être de son existence.

Cela revient à déduire de l’essence d’une chose et non son existence ». Exemple : La preuve ontologique pour prouver l’existence de Dieu Kant a montré que cet argument n’est pas valable logiquement.

L’existence n’est pas un prédicat faisant partie de l’essence on pouvait être déduit de l’essence.

L’homme existe mais il n’a pas de raison d’être inscrite dans une essence.

De ce principe découle l’idée que l’être existant est vraiment celui qui se donne à lui-même sa propre définition. Venons en à l’ouvrage proprement dit : Essayons de répondre avec Sartre à la question : « Q’est-ce que l’existentialisme ? » Sartre distingue lui-même deux écoles existentialistes 1)- L’existentialisme chrétien (Kierkegaard, K.

Jaspers, Gabriel Marcel). 2)- L’existentialisme athée (Heidegger, Sartre, Simone de Beauvoir, Maurice Mercar Ponty, Nietzsche). Ces deux écoles ont en partage l’idée que l’existence précède l’essence ou qu’il faut partir de la subjectivité.

Le point de départ de l’existentialisme est l’affirmation radicale de l’idée « l’existence précède l’essence ». 58 Explications : L’artisan qui conçoit un objet sait a priori quel est l’objet qu’il conçoit. Exemple : La table (le concept ; idée de table –la technique de production - l’utilité ; la finalité) essence est la réalisation de l’objet tandis que la concrétisation de l’objet est l’existence.

Pour les objets fabriqués, comme la table, l’on peut dire que l’essence précède l’existence.

Si l’on croit en un Dieu créateur assimilé à un artisan supérieur, il serait évident que ce Dieu lorsqu’il crée sait précisément ce qu’il crée.

Ainsi le concept de table dans l’esprit du menuisier est assimilable à celui de l’homme de l’intelligence de Dieu. Cependant, on peut même selon Sartre être athée et accréditer l’idée d’une nature humaine.

Pour les philosophes athées du dix huitième siècle comme Diderot, Voltaire : « L’essence de l’homme précède l’existence de l’homme ». 2)- PARTICULARITE DE L’EXISTENTIALISME ATHEE SARTRIEN Sartre commence par considérer Dieu comme un non être ce qui lui permet d’affirmer : « Qu’il y a au moins un être chez qui l’existence précède l’essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c’est l’homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine ».

Page 29 Il s’agit là de la conception sartrienne de l’homme.

L’homme existe d’abord, se rencontre ; surgit dans le monde, et qu’il se définit après.

L’homme est non seulement tel qu’il se conçoit, mais tel qu’il se veut. La dignité humaine En affirmant au départ que, l’homme n’est rien, il ne sera qu’ensuite, et, il sera tel qu’il se fera, Sartre entend mettre en évidence La dignité humaine. Exemple : La table est conçue pour un usage et une fin déterminés.

L’homme par contre existe d’abord et se jette vers un avenir dont il est conscient.

C’est cela qui amène J.

Paul Sartre à parler de l’homme en terme de projet.

L’homme sera d’abord ce qu’il aura projeté d’être. La responsabilité humaine L’homme est pleinement responsable de ce qu’il est.

L’affirmation de l’idée que l’existence précède l’essence permet de voir l’irréversibilité de la responsabilité de l’homme. Cependant, l’homme n’est pas simplement responsable de lui-même, il est également responsable de tous les hommes. Pour comprendre ce double sens de la responsabilité de l’homme il convient de bien saisir ce que Sartre lui-même entend par subjectivisme (responsabilité : individuelle, humanité). « Subjectivisme, écrit-il, veut dire d’une part choix du sujet individuel par lui-même et, d’une autre part impossibilité pour l’homme de dépasser la subjectivité humaine » p 31 L’homme se choisit, en choisissant, il choisit tous les hommes, c'est-à-dire, notre choix individuel donne en même temps une image de l’homme tel que nous
La responsabilité de chaque homme engage l’humanité entière.

Dit autrement, L’acte individuel engage toute l’humanité.

Exemple : la croyance en Dieu comme indispensable. L’angoisse de l’homme L’angoisse de l’homme s’explique par la claire conscience qu’il a de sa responsabilité et du fait que son choix engage toute l’humanité : « Tout se passe, écrit Sartre, comme si pour tout homme, toute l’humanité avait les yeux fixés sur ce qu’il fait ».

« Et chaque homme doit se dire suis-je bien celui qui a le droit d’agir de telle sorte que l’humanité se règle sur mes actes ».

Cependant, l’angoisse ne conduit pas à l’inaction ; l’exemple des chefs militaires et de leur slogan « on nous tue mais on ne nous déshonore pas ». « L’angoisse est la condition même de l’action ». Délaissement de l’homme L’homme est délaissé parce qu’il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s’accrocher. 59 La liberté de l’homme L’homme est libre, l’homme est liberté. « Si en effet soutient Sartre, l’existence précède l’essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement dit , il n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre, l’homme est liberté ».

p 39 L’homme est condamné à être libre « Condamné parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre parce qu’une fois jeté dans le monde il est responsable de tout ce qu’il fait ».

Rien ne peut recevoir d’excuse à l’homme : ni passions, ni sentiments, ni conditions de la société, ni les valeurs morales.

L’homme est donc obligé de s’engager. L’action et l’engagement « Il n’y a de réalité que dans l’action ; l’homme n’est rien d’autre que son projet et il n’existe que dans la mesure où il se réalise, il n’est donc rien d’autre que sa vie ».

p 51 L’homme est seulement ce qu’il se fait, mais il est ce qu’il fait, car l’homme n’est rien que sa vie.

Les rêves, les attentes, les espoirs font de l’homme un rêve déçu, des espoirs avortés. La subjectivité existentialiste différente de la subjectivité cartésienne « Par ce je pense, contrairement à la philosophie de Descartes ; contrairement à la philosophie de Kant , nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre, et l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes ».

L’existence d’autrui est indispensable à mon existence aussi bien d’ailleurs qu’à ce de moi-même.

L’homme est dans un monde de l’intersubjectivité. Essence humaine et condition humaine La condition est l’ensemble des limites a priori qui esquissent la situation de l’homme dans l’univers. Elle est objective dans la mesure où elle se rencontre partout. Elle est subjective car elle est vécue et n’est rien si l’homme ne la vit pas. Tout projet humain a une valeur universelle « Il y a universalité du projet humain en ce sens que tout projet est compréhensible pour l’homme ».

Il y a donc une universalité de l’homme, cependant, celle-ci n’est pas donnée, elle est construite.

Et par l’acte de me choisir et de comprendre le projet de l’autre, je construis l’universel. L’homme est choix Pour Jean Paul Sartre, le choix est inéluctable, car ne pas choisir c’est choisir.

Face à une situation le choix est inévitable.

Sartre s’emploie bien à distinguer ce qu’il appelle choix de ce que André Gide appelle acte gratuit. « Gide ne sait pas ce qu’est une situation, il agit par simple caprice ».

p 64 Le choix n’a pas de référence transcendantale. Exemple : Choix morale=œuvre d’art=Art=morale=création, invention Ainsi, de même que nous ne parlons jamais de la gratuité d’une œuvre d’art, de même nous ne devons pas parler de la gratuité d’un choix moral.

L’homme est engagement donc point de gratuité de l’action humaine. La mauvaise foi est un mensonge en ce qu’elle masque la totale liberté de l »engagement. « Tout homme qui se réfugie derrière l’excuse de ses passions, tout homme qui invente un déterminisme est un homme de mauvaise foi ».

p 68 La liberté d’autrui est nécessaire à ma liberté.

« Certes, la liberté comme définition de l’homme ne dépend pas d’autrui, mais dès qu’il a engagement, je suis obligé de vouloir en même temps que ma liberté, la liberté des autres ».

p 70 L’Humanisme 60 Dans la Nausée, Sartre a fustigé un certain type d’humanisme.

Sartre distingue deux types d’humanise : « Par humanisme, écrit-il, on peut entendre une histoire qui prend l’homme comme fin et valeur supérieure ».

p 74 « Il s’agit là de l’humanisme classique qui supposait que nous pourrons donner une valeur à l’homme d’après les actes les plus hauts de certains hommes ».

p 75 Cet humanisme a été manifeste au 16e siècle, la renaissance, avec Rabelais, Ronsard, Marot etc. Sartre considère que cet humanisme est absurde car l’homme ne saurait être défini encore moins pris comme une fin, il est toujours à faire. L’humanisme existentialiste Cet humanisme repose sur deux concepts qu’il convient de bien comprendre et de bien distinguer. « L’homme est constamment hors de lui-même c’est en poursuivant des buts transcendants qu’il peut exister ; l’homme étant ce dépassement et ne saisissant les objets que par rapport à ce dépassement, est au cœur, au centre de ce dépassement »p76 Par dépassement, il faut comprendre que l’homme est hors de lui-même, c’est en se projetant qu’il fait exister l’homme.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’idée de transcendance qui est constitutive de l’homme lui-même.

Cette transcendance est différente de la transcendance divine ou spirituelle. Par subjectivité, l’homme n’est pas enfermé en lui-même, mais présent toujours dans un univers humain. Le dépassement (la transcendance) et la subjectivité (l’univers humain, l’homme dans le monde) forment ou constituent l’humanisme. Et Sartre fait la synthèse : « Humanisme, parce que nous rappelons à l’homme qu’il n’y a d’autre législateur que lui-même et que c’est dans le dépassement qu’il décidera de lui-même ; et parce que nous montrons que ce n’est pas en détournant vers, mais toujours en cherchant hors de lui un but qui est la clé de libération de toute réalisation particulière, que l’homme se réduira précisément comme humain » L’angoisse est absence totale de justification et responsabilité à l’égard de tous. SITUATION « Ce que nous appelons la situation, c’est précisément l’ensemble des conditions matérielles et psychalytiques mêmes qui, à une époque donnée, définissent précisément un ensemble ». III—CRITIQUES ADRESSEES A L’EXISTENTIALISME 1)- Les chrétiens -Ils lui reprochent son athéisme -Ils lui reprochent de n’avoir mis l’accent que sur l’ignominie humaine, le côté négatif de l’existence au détriment de tout ce que la nature humaine renferme de bien et de merveilleux. En supprimant « les commandements de Dieu, et les valeurs inscrites dans l’éternité, il ne reste plus que la stricte gratuité chacun pouvant faire ce qu’il veut, et étant incapable de son point de vue de condamner les points de vue et les actes des autres ». -Le manque de solidarité envers les hommes -La gratuité de sa morale, son pessimisme foncier 2)- Les marxistes -Ils lui reprochent son subjectivisme, le fait qu’il ne soit pas matérialiste. -Ils lui reprochent de prôner une philosophie du désespoir qui rend l’homme incapable d’agir, son refus d’agir. 61 -Ils considèrent que la philosophie sartrienne est une philosophie qui est , c'est-à-dire une philosophie qui pousse à l’inaction à la contemplation.

Ils se penchent sur la conception sartrienne de la liberté : « nous sommes libres quoique nous fassions ». Pour les marxistes, l’homme ne peut-être ce qu’il est qu’à travers ses rapports sociaux. NOTA BENE Cependant les critiques marxistes ne sont pas fondées en raison, il s’agit de critiques subjectives.

En témoigne cette phrase de Roger Gerardy à Sartre : « Vous empêchez les gens de venir chez nous » Bref ces critiques cherchent à faire de Sartre un antihumaniste par excellence.

Celui qui démoralise les français au moment où la France est en ruine et a besoin de plus d’espoir. On lui reproche d’avoir prôner l’individualisme. En réponse, Sartre se demande si ses détracteurs « ne lui font pas grief ; non son pessimisme mais bien plutôt de son optimisme ».

Un optimisme qui serait traduit par le fait que l’existentialisme laisse une possibilité de choix à l’homme. « C’est que nous entendons par existentialisme une doctrine qui rend la vie humaine possible et qui, par ailleurs déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et une subjectivité humaine ».

p 27 62 ELEMENTS DE METHODES POUR LA DISSERTATION I/--NATURE ET BUT DE L’EXERCICE -La dissertation philosophique a une utilité pratique.

Il s’agit de construire une réflexion cohérente sur un problème posé par le sujet, problème qu’il faut d’abord formuler avec la clarté car il n’est jamais donné intégralement par l’énoncé du sujet. -Si le sujet de dissertation est une question, on doit se dire qu’il n’y a pas de réponse évidente à cette question.

Donc notre attitude doit rester interrogative, la dissertation étant un raisonnement fait par écrit. -Le premier moment de la réflexion doit consister à repérer dans le sujet les notions et les expressions essentielles. -Il faut respecter certaines règles d’exposition au moment de l’écrit parce qu’une dissertation doit pouvoir être lue par une personne étrangère ignorante du sujet comme un texte cohérent qui pose un problème et le résout d’une manière argumentée. -Il faut que le lecteur sache .

De quoi nous parlons, de quel problème .

Qu’il soit convaincu par notre argumentation .Qu’il puisse à la fin connaître clairement nos conclusions -Disserter c’est adopter la position du juge qui prend connaissance d’un litige, qui écoute les plaignants et qui énonce un verdict. -Ces trois exigences déterminent la structure de la dissertation philosophique à travers une introduction appelée problématisation, un développement appelé argumentation et une conclusion enfin ou conviction définitive. II/ ETAPES DE LA REDACTION A/ L’INTRODUCTION Il peut être maladroit d’aller directement au sujet de façon brutale.

Il faut donc évoluer en douceur raison pour laquelle on distingue trois parties dans l’introduction. -D’abord une entrée en matière très courte Elle doit éviter d’être banale, insignifiante et artificielle.

Il faut éviter les formules passe partout du genre : Depuis que l’homme est sur la terre.

Depuis l’aube des temps, depuis que le monde est monde, -Ensuite un énoncé du sujet Le sujet doit se trouver soit intégralement soit réduit à l’essentiel dans l’introduction.

Il est particulièrement recommandé d’arriver à reformuler le sujet. Enfin une problématisation C’est la partie la plus importante de l’introduction car c’est en elle que se dessine l’ensemble du devoir.

La problématisation est la transformation du sujet en un réseau de questions interdépendantes.

Si la problématisation est bien ordonnée elle servira en même temps à annoncer quelles sont les principales divisions du développement.

En d’autres termes la problématisation c’est l’annonce du plan. En matière de problématisation il faut éviter la démarche mécanique et quasi militaire qui consiste à écrire : « Dans une première partie nous nous demanderons si…. puis dans une deuxième partie nous nous demanderons si au contraire….

Enfin dans une troisième partie nous montrerons que…..

Etc.

» 63 Exemple d’introduction : L’homme est-il un être de droits ou de devoirs ? Le vent de démocratisation qui a soufflé sur l’Est de l’Europe a fini par balayer bien des régimes totalitaires sur notre continent rendant ainsi à l’homme africain son véritable statut de citoyen.

Ainsi cet homme se retrouve sur un terrain politique social qui l’oblige à réfléchir sur la primauté qu’il doit accorder à ses droits ou à ses devoirs.

Mais en fait comment dans le champ social ces deux notions se manifestent-elles ? Peut-on finalement les concevoir en terme d’opposition ? B/LE DEVELOPPEMENT -Le développement est la partie centrale du devoir où l’on répond aux différentes questions formulées en fin d’introduction. -Le nombre de parties n’est pas imposé.

Traditionnellement ce que l’on appelle le plan dialectique a longtemps régné.

Il s’agit d’un développement en trois parties avec une THESE, une ANTITHESE et une SYNTHESE.

Mais certains sujets se présentent mieux à ce traitement que d’autres. Exemple de sujet : Y a-t-il des preuves en philosophie ? THESE : Domaine de la philosophie où la preuve est possible.

(Logique) ANTITHESE : Domaine de la philosophie où la preuve n’est pas possible (métaphysique) SYNTHESE : Sciences et philosophie Aujourd’hui la diversité des sujets a donné lieu à une plus grande liberté ce qui a généralisé le plan à deux parties. -Il n’est pas souhaitable de dépasser quatre parties car cela peut donner l’impression d’une pensée hésitante et d’une absence de cohérence. -Les exemples choisis doivent être précis et brefs.

En aucun cas ils ne doivent remplacer un argument.

L’exemple vient en appoint à l’argument pour l’illustrer.

On ne doit pas cependant en abuser « l’exemple sert mais l’exemple nuit aussi ». -Les citations peuvent fonctionner dans toutes les positions de la dissertation. Quand on en propose il faut veiller à leur stricte exactitude et il faut les placer à l’intérieur des guillemets.

Il est inutile d’ouvrir ces guillemets quand nous ne sommes pas certains de l’exactitude du texte.

Dans ce cas nous nous contentons de donner l’esprit, le sens général de la citation.

Il faut par-dessus tout éviter d’attribuer les citations d’un auteur à un autre. Les citations sont importantes mais il ne faut pas se réfugier derrière les auteurs.

Il n’y a pas de dissertation s’il n’y a pas de réflexion personnelle. -Une dissertation n’est pas l’exposé de la doctrine d’un auteur car on nous demande une analyse personnelle appuyée par notre connaissance des auteurs. -En matière de dissertation il faut éviter les allusions vagues car être rigoureux c’est aussi être explicite. Par exemple il ne faut pas se contenter d’évoquer le Mythe de la caverne de Platon il faut expliquer de quoi il s’agit. 64 REMARQUE Tout travail littéraire doit veiller à respecter une articulation logique de manière à ce que le texte présenté soit cohérent.

Il faut donc savoir utiliser les termes qui expriment les principales relations entre les éléments du discours. Exemple 1 : Pour introduire le premier point d’un événement : D’abord, premièrement, avant tout, pour commencer…… Exemple 2 : Pour introduire le dernier point d’un événement : Enfin, finalement, au total, pour terminer, en définitive………. Exemple 3 : Pour exprimer l’opposition : Par contre, contrairement, mais, cependant, malgré………….. Exemple 4 : Pour exprimer la conséquence : Donc, par conséquent, cause pour laquelle, en effet……… Exemple 5 : Pour exprimer l’addition ou l’insistance : De plus, en outre, de surcroît, à plus forte raison……… C/ LA CONCLUSION Sensiblement égale à l’introduction, son rôle principal est d’apporter une réponse au problème traité par l’ensemble du devoir.

Elle doit tenir compte de tout ce qui la précède et en tirer les conséquences.

Elle doit parvenir à fournir au lecteur, un point de vue définitif.

La conclusion aussi ne doit pas être assenée brutalement, elle doit se présenter comme une conséquence inévitable de l’argumentation antérieure.

Elle doit se composer de deux parties : -d’abord une conviction définitive : c’est la réponse ultime au problème posé par le sujet. -ensuite une ouverture sur des problèmes liés à celui qui vient d’être traité ou alors une évocation de perspectives nouvelles.

C’est ce qui explique que très souvent la conclusion se termine par une interrogation SUJETS I/ Expliquer et discuter le propos suivant : Pour la philosophie, l’homme est certes borné, limité sauf en tant qu’esprit, ou il est sans borne, infini. II/ Un philosophe peut-il devenir homme de religion sans se contredire en tant que philosophe ? 65 LE COMMENTAIRE DE TEXTE EN PHILOSOPHIE I/-PRINCIPES GENERAUX L’exercice du commentaire requiert certaines aptitudes que l’on peut aussi résumer : il faut analyser pour comprendre et synthétiser pour ordonner les idées. Il s’agit donc de savoir lire un texte de philosophie pour en comprendre le sens général, de repérer la position centrale de l’auteur et d’identifier les différents arguments par lesquels l’auteur fait passer sa thèse. Il est nécessaire d’avoir une bonne culture philosophique de manière à pouvoir exercer une critique objective. Un commentaire de texte n’est pas une simple confrontation d’opinions. Il n’est donc pas question de vilipender l’auteur, ni de se borner à approuver tout ce qu’il dit.

Il faut éviter de faire entrer à tout prix dans notre commentaire des connaissances sur l’auteur ou sur l’ouvrage qui sont sans rapport avec le texte.

L’exposé du système philosophique de l’auteur est inutile.

Un texte philosophique à commenter est clos sur luimême. S’il ne faut pas se contenter de répéter le texte, il ne faut pas non plus le perdre de vue.

En somme il s’agit d’éviter à la fois la paraphrase et la digression. Un texte étant une structure homogène, il est bon de repérer les mots de liaison, les différents paragraphes éventuellement et les exemples utilisés par l’auteur. II/-LES ETAPES DE LA REDACTION En général un commentaire présente le libellé suivant : « Dégager l’intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée ». A/- L’INTRODUCTION Elle présente en général trois entités : - la biographie de l’auteur (facultatif) - l’objet du texte : on l’appelle aussi présentation du thème et il s’agit de répondre à la question « de quoi parle-t-on dans ce texte ? ».

On doit donc formuler d’une façon claire et explicite le thème particulier qui traverse le texte. - La thèse de l’auteur : il s’agit d’énoncer très précisément le point de vue de l’auteur par rapport au thème.

On répond donc à la question : « Quelle est la position défendue par l’auteur dans ce texte ? ». B/- LE DEVELOPPEMENT -Il faut déterminer la structure du texte, le style de l’exposé de l’auteur.

Un texte peut être de définition, de comparaison, de démonstration.

Il peut se diviser en paragraphes même si le plus souvent le texte à commenter est d’une seule teneur. -Il faut ensuite expliquer de manière approfondie la thèse de l’auteur et les différents arguments qu’il utilise.

Dans ce contexte, il faut veiller à repérer dans tout le texte, les arguments de l’auteur afin d’éviter la répétition dans l’explication.

Il ne faut pas 66 oublier en effet que l’étude est ordonnée, elle n’est pas juxtalinéaire.

C’est l’ensemble de ces démarches (structure du texte, explication de la thèse et ses arguments) qui constituent ce que l’on appelle étude ordonnée. -La deuxième partie du développement consiste à dégager l’intérêt philosophique du texte.

Il s’agit principalement de discuter de façon critique la thèse de l’auteur et certains des arguments qu’il évoque.

C’est le moment le plus opportun pour convoquer d’autres auteurs, pour faire intervenir des références externes, mais toujours en rapport avec le problème pose.

On fait donc une confrontation entre la position de l’auteur et d’autres positions analogues, opposées ou complémentaires. C’est donc au niveau de la discussion critique et de l’évocation des autres auteurs que réside l’intérêt philosophique du texte. C/- CONCLUSION C’est le bilan du problème philosophique initialement posé et l’appréciation globale de la position de l’auteur.

L’auteur a-t-il correctement résolu le problème posé ou bien a-til répondu de façon partielle ? Ce sont là des interrogations qui traduisent notre appréciation générale de la position de l’auteur.

Remarquons enfin que contrairement à la dissertation, la conclusion du commentaire n’a pas besoin d’être ouverte. 67 SUJETS CORRIGES INTRODUCTION L’union dit-on fait la force, voilà un propos qui traduit la porte éminemment positive de la vie en société.

En ce sens, on peut dire que si on réfléchit sur la signification de la société, on découvre qu’on se réunit pour vivre et ou rester ensemble pour bien vivre. Pourtant, l’appréciation positive de la société mériterait d’être relativisée au regard des interrogations suivantes : -Comment peut-on en venir à vivre en société chez les hommes ? _Cette société n’est-elle pas pour l’individu une nécessité trop contraignante ? _Mais surtout en plus d’être un allié, autrui ne peut-il pas se changer en ennemi qui m’empêcherait de bien vivre ? COMPOSITION DEUXIEME SEMESTRE DISSERTATION SUJET 1 : Des rapports sociaux organisés, des croyances et des convictions affirmées, un langage articulé, une table des valeurs complexes, une nature à transformer : L’humain est en route. INTRODUCTION « L’être de l’homme tel qu’il a été créé ne peut se maintenir en vie sans une société ».

En tenant un tel propos le philosophe arabe Dircen met l’accent sur le statut incontournable de la vie sociale pour l’épanouissement de l’humain.

Ce dernier dans le courant de son existence se construit progressivement à partir d’éléments tels que la morale et la culture, la religion et les règles sociales, le travail et le langage.

Ce sont là des domaines essentiels à partir desquels se bâtit la spécificité de l’humain à l’animal.

Encore faudrait-il se demander comment peuvent se manifester ses différents éléments ? Quels en sont les aspects les plus déterminants ? Mais aussi n’existe-t-il pas d’autres facteurs susceptibles de signaler la particularité et l’originalité de l’homme ? SUJET 2 : Au regard du monde contemporain, peut-on vivre « sans foi ni loi » ? Première question : Que peut-être une vie sans foi ni loi ? -le refus de la religion -le refus de la croyance en l’homme -le rejet des règles sociales (déviance, marginalité) Deuxième question : Quel est le statut de l’humain dans le monde contemporain ? -le monde actuel est un monde de concurrence et de violence. -l’union seule perspective pour affronter les problèmes du monde contemporain. -nécessaire existence des lois et leur respect. -la foi comme base de l’efficacité de l’action humaine. 68 COMMENTAIRE PHILOSOPHIQUE Maurice Merleau Ponty (1908-1961), philosophe français auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels « la structure du comportement » et « la phénoménologie de la perception ». -OBJET DU TEXTE : Nature et culture chez l’homme THESE DE L’AUTEUR Tout chez l’homme est à la fois fabriqué et naturel en d’autre terme tout est naturel et artificiel en lui.

(Texte de démonstration) ARGUMENTS -L’usage qu’on fait de notre corps ne se limite pas à son caractère biologique. -Les sentiments et leurs manifestations sont aussi artificiels que la création des mots. -La paternité qui paraît naturelle est une institution donc artificielle. -Chez l’homme, nature et culture ne sont pas superposées elles sont emmêlées, imbriquées l’une dans l’autre. -C’est cette particularité qui signale l’originalité de l’homme.. »

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