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La science ne peut décrire la pensée de l'homme

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En 1939, Albert Einstein, invité à prendre la parole au séminaire de théologie de l'université de Princeton, déclarait : « Il est indéniable que des convictions ne peuvent trouver de confirmation plus sûre que l'expérience et une pensée consciente claire. (...) Mais le point faible de cette conception est que les convictions indispensables pour agir et porter des jugements ne peuvent en aucun cas être obtenues par cette seule voie scientifique avérée. (...) Mais il est d'autre part évident qu'il n'existe aucun chemin qui conduise à la connaissance de ce qui est à celle de ce qui doit être. » Le père de la relativité affirme qu'il existe une ligne de partage entre le domaine de ce qui est et l'horizon de ce qui doit être. Il apparaîtrait, en le prenant au mot, que la science, en s'attachant à ne décrire que ce qui est, ne peut renseigner l'homme sur ce qu'il estime devoir être. Elle renonce alors à lui donner les moyens de donner un sens à sa vie, une orientation qui procéderait de l'écart qu'il aurait constaté entre les deux univers, un mouvement qui naîtrait de sa volonté et qui chercherait à transformer le présent de ce qui est en la puissance de ce qui doit être, séduisant horizon qu'il chercherait alors à faire advenir dans le futur.

« Demande d'échange de corrigé de bourges guillaume ([email protected]). Sujet déposé : La scienc e ne peut décrire la pensée de l'homme. En 1939, A lbert Einstein, invité à prendre la parole au séminaire de théologie de l'université de P rinceton, déclarait : « Il est indéniable que des convictions ne peuvent trouver de confirmation plus sûre que l'expérience et une pensée consciente claire.

(...) M ais le point faible de cette conception est que les convictions indispensables pour agir et porter des jugements ne peuvent en aucun cas être obtenues par c ette seule voie scientifique avérée.

(...) Mais il est d'autre part évident qu'il n'existe aucun chemin qui conduise à la connaissance de ce qui est à celle de ce qui doit être.

» Le père de la relativité affirme qu'il existe une ligne de partage entre le domaine de ce qui est et l'horizon de ce qui doit être.

Il apparaîtrait, en le prenant au mot, que la sc ience, en s'attachant à ne décrire que ce qui est, ne peut renseigner l'homme sur ce qu'il estime devoir être.

Elle renonce alors à lui donner les moyens de donner un sens à sa vie, une orientation qui procéderait de l'écart qu'il aurait constaté entre les deux univers, un mouvement qui naîtrait de s a volonté et qui c hercherait à transformer le présent de ce qui est en la puissance de ce qui doit être, séduisant horizon qu'il chercherait alors à faire advenir dans le futur.

P ourtant, si on accepte ce divorce fondamental entre la science et le champ de valeurs, qui procèdent l'un de la réalité et l'autre de ce que j'estime que le monde doit être, il apparaît d'emblée un écart inquiétant : on oc troie le droit à la réalité des choses de se comporter autrement que ce qui devrait être.

On soulève là, en prenant l'exemple du point de vue théologique, le problème du mal, qui, en supposant que Dieu est bon et tout puissant, a droit de citer dans le monde.

O n abandonne en outre la sphère du nécessaire pour aborder celle du contingent : si les choses ou les hommes ont décidé de ne pas s uivre les règles et de sortir du champ des lois, il est égal qu'elles suivent tel ou tel chemin.

Il semblerait sinon que je doive revenir sur la pertinence de c e que j'estime que le monde devrait être, mais je s uis alors apparemment condamné à accepter l'ordre des choses du présent tel que me le décrit la science, sans rien pouvoir attribuer de réalité à ce que j'aurais voulu pour ce présent qui m'est donné.

Reste alors, sans doute, le champ de l'avenir pour changer le monde, mais si la science me le décrit, elle présuppose que je ne suis pas libre parce qu'elle modélise nécessairement mon comportement en ses lois.

C omment peut-on concilier s cience universelle et champs de valeurs ? On prendra comme première hypothèse qu'il existe une unique réalité des choses et du monde.

Dans le cas contraire, la démarche s cientifique, parce qu'elle postule un unique ensemble de lois pour décrire l'univers, ne suffirait évidemment pas à atteindre une vérité multiple, et serait d'emblée disqualifiée par sa simple prétention à l'universalité comme outil pour aborder l'essence des choses .

C ette hypothèse ne tient pas de l'évidence, mais l'on voit que sa négation mettrait trop vite un terme aux débats.

En second lieu, on c hoisira de raisonner en affirmant que les choses de l'esprit ne sont pas uniques.

L'homme peut imaginer que l'univers n'est pas ce qu'il est, et ainsi construire par la pensée des idées, des êtres ou des choses qui ne sont pas enclos en l'unique réalité du monde.

C ette condition proc ède a priori de l'évidence et semble découler naturellement de notre première hypothèse (je peux imaginer que ma lampe de bureau, qui est blanche, est bleue ; comme nous avons postulé que la réalité des choses est unique, j'ai créé par la pensée un monde qui n'existe pas et qui contient toutes c h o s e s telles qu'elles sont, sauf ma lampe qui est bleue).

Elle est en outre absolument nécess aire pour postuler un champ de valeurs qui, comme le présuppose l'énoncé, en tant que la valeur mesure l'importance ou l'intérêt que je porte à une chose, une idée ou un être.

La valeur découle donc d'une conception du monde que je me fais et que je compare à cet autre monde né de mon imagination et qui, en tant que tel, pourrait être autre.

T roisièmement, il semble qu'il faille supposer que cette unique vérité du monde est accessible à l'homme, au moins par le biais d e s c onvictions, et par un mode de connaissance qui n'est pas nécessairement la science.

Si c e dernier ne peut par hypothèse connaître l'âme du monde, toutes ses convictions sont fausses, et ce qu'il croit que le monde devrait être ne devient que l'élucubration de sa raison ou de tout autre faculté à jamais aveugle d'appréc iation des choses de l'univers.

Enfin, il faut que l'on s'accorde sur ce qu'est et ce que produit la science.

O n peut considérer que la s cience appartient essentiellement au monde de l'esprit en ce qu'elle se propose de modéliser la réalité par des concepts, mais en appartenant essentiellement au monde des idées, elle ne peut pas se distinguer des autres modes de connaissance de l'homme, qui trouvent comme elle leur existence dans la pensée.

En revanche, là où la science peut se détac her des autres démarches, c'est dans son souc i permanent d'être confirmée par l'expérience des sens et par l'observation.

O n définira donc par la suite la science comme le suppose Einstein : l'alliance entre une théorie et une pratique du monde.

Si le concept de science devient très vague, il est en revanche clair qu'un système de valeurs ne peut correspondre à cette définition : il présuppos e une distance que je constate entre c e que le monde est et ce que je voudrais qu'il soit.

A vec ces quatre hypothèses, qui sont certainement contestables, il s'agit désormais d'apprécier si la démarche sc ientifique permet à l'homme d'accéder à ce qui constitue la réalité du monde. L'enjeu es t important : il en va de la justification des convictions, qui pouss ent l'homme à agir et conditionnent ses jugements.

C es derniers procèdent en effet d'une valeur qu'il attribue aux choses du monde à l'aune de la conception qu'il se fait de ce qui doit être.

Si les convic tions obtenues par la méthode scientifique affleurent à une vérité du monde que la science pose par essence comme univers elle et donc unique dans le cadre de nos hypothèses, les autres conceptions du monde, notamment celles qui procèdent de la fiction ou de la foi, ou les modes de raisonnement qui ne se déduisent pas de la science en tant que la définit Einstein, sont vains, et seule cette dernière libère l'homme en lui donnant à se forger une opinion qui guide son action et justifie s e s jugements en leur attribuant comme source et principe le vrai.

Dans le cas contraire, si la méthode scientifique, comme l'entend Einstein, ne suffit pas à connaître la réalité des choses, la conviction qui en découle est injustifiée en tant qu'elle ne procède pas de la réalité de c e qui est, et que l'ensemble de l'action de l'homme provient d'une croyance qui a de grandes chances d'être fausse.

La démarche scientifique doit alors être complétée par un autre mouvement vers la vérité des choses, pour jus tifier l'action de l'homme et la pertinence de ses jugements.

Il en va en outre, plus essentiellement, de la liberté de l'être humain : son comportement et s es jugements, à supposer qu'ils définis sent son être, sont entièrement conséquences de ses convictions ; si d'aventure ces dernières sont fausses, le comportement et les jugements de l'homme tiennent de critères erronés , et ses choix se nourrissent du vide de l'erreur ; victime de ses illusions, il se débat dans la pluralité de ce qui n'est pas et choisit comme arguments de choix l'inconsistance de ce qui est faux.

La science semble être définie par A lbert Einstein comme "une pens ée consciente claire", c'est à dire un théorie, renforcée par la valeur sens orielle d'une "expérience".

C e que je pressens que le monde devra faire par le calcul, je le soumet à l'approbation extérieure de la réalité par le biais de l'expérimentation. Dans cet aller-retour entre le monde de la pensée intérieure et celui de la réalité, il y a déjà comme une ubiquité de la pensée de l'homme.

Elle se fonde en elle-même, dans les concepts et les idées, mais se retrouve dans les choses et les sens par l'expérience.

La distinction porte en soi cette frontière entre le réel et le conceptuel, qui plaide en faveur d'une distinction entre un monde des valeurs qui occ upe les facultés mentales et un monde des sens décrit par l'observation unique donnée p a r l e s s ens.

La valeur ne trouve de réalité que dans le domaine de l'esprit, alors que la science a toujours besoin de l'approbation du monde.

Il semble ains i que la s cience procède d'une ressemblance (entre la théorie et l'expérience), alors que les valeurs naissent de la révolte d'une différence (entre ce que je vois et ce que j'aimerais voir).

Dans cette compréhension des choses, toute scienc e qui se voit contredite par une expérience devient monde de valeurs : j'aurais en un certain sens apprécié que les c hoses du monde se comportent selon les lois que je proposais.

C 'est alors que, dans la différence que l'homme éprouve entre ses aspirations et l'état du monde que lui décrit la science, il peut expérimenter sa liberté et donner un sens à son exis tence.

Le doute, ou l'écart entre sa conviction et le réel, garantit son libre-arbitre et l'assure de choix libres dés qu'il accepte que les c h o s e s sont telles qu'il les voit et qu'il éprouve qu'elles pourraient devenir telles qu'il les es père.

La science, au même titre que les autres modes de connaissance, ne pourra lui donner de certitude absolue, ne serait-ce que parce que la compréhension se fera en l'homme et qu'il a la capacité de refus er l'évidence, qu'il est doué de mauvaise foi.

Elle apparaît une méthode plus s ûre et plus rationnelle, capable de conférer une conviction plus forte en tant qu'elle es t mieux assise sur le réel, mais, cousine de la poésie ou de la prière, elle ne fournira toujours à l'homme que des hypothèses. Sujet désiré en échange : le progrès met-il l'homme en danger ?. »

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