La science fait-elle de nous des dieux ?
Extrait du document
«
Discussion : C'est pratiquement un lieu commun d'affirmer que le progrès de la connaissance, en faisant reculer l'obscurantisme,
concurrence l'illusion religieuse et propulse l'homme, capable de comprendre et de démontrer, à la hauteur du divin.
Cependant,
derrière cette affirmation se cachent quelques difficultés : convient-il de parler de la science au singulier, celle-ci a-t-elle acquis aux
hommes la toute-puissance, ou bien, s'affinant chaque jour davantage, continue-t-elle cependant à laisser ouvertes les grandes
questions sur le sens ?
Suggestion de plan :
Première partie : Autour du positivisme
On a cherché en dès la deuxième moitié du XVIIIè siècle à développer le progrès de l'esprit humain par le développement des
"sciences positives" (mathématiques, physique, chimie,...).
Le courant philosophique du positivisme commença à se structurer en
France dans la première moitié du XIXè siècle : il fut propagé par Saint-Simon et encore davantage popularisé en philosophie par
Auguste Comte.
Le positivisme scientifique d'Auguste Comte affirme que l'esprit scientifique va, par une loi inexorable du progrès de
l'esprit humain, appelée loi des trois états, remplacer les croyances théologiques ou les explications métaphysiques.
En devenant « positif », l'esprit renoncerait à la question « pourquoi ? », c'est-à-dire à chercher les causes premières des choses.
Il se
limiterait au « comment », c'est-à-dire à la formulation des lois de la nature, exprimées en langage mathématique, en dégageant, par
le moyen d'observations et d'expériences répétées, les relations constantes qui unissent les phénomènes, et permettent d' expliquer la
réalité des faits.
« L'histoire des sciences est l'histoire des défaites de l'irrationalisme.
»
physique contemporaine.
Bachelard, L'Activité rationaliste de la
Le triomphalisme du XIXè siècle est très atténué au XXème siècle par un abord plus modeste du rôle du « savant ».
Pourquoi parle-t-on
de plus en plus de chercheurs et de moins en moins de savants ? Si le savant est celui qui sait, qui possède un savoir justifié, il prévoit
les phénomènes et exerce sur le monde un pouvoir : une telle conception implique la croyance au déterminisme.
L'abandon de cette
croyance oblige à changer le terme : le chercheur est celui qui poursuit une adéquation de plus en plus grande entre les théories et
l'expérimentation, dans l'humilité de celui qui sait seulement que son désir de vérité ne sera jamais satisfait.
« La science et son objet
diffèrent de l'opinion et de son objet, en ce que la science est universelle et procède par des propositions nécessaires [...].
L'opinion
s'applique à ce qui, étant vrai ou faux, peut être autrement qu'il n'est.
» Aristote, Seconds Analytiques.
Le discours scientifique prévaut
du moins par cet aspect : il fait rupture avec les approximations, les inexactitudes, il repousse le faux dans une quête de vérité.
Deuxième partie : Le doute
Avec François Jacob et La logique du vivant le programme génétique devient un principe tout-puissant.
Une telle organisation permet
de comprendre et l'organisation du vivant et sa transmission, et permettait de faire sortir absolument du vivant toute référence à un
« esprit » : Dieu sortirait de la vie, pour laisser la place au gène.
« À l'intention d'une psyché s'est substituée la traduction d'un
message.
Sans pensée pour le dicter, sans imagination pour le renouveler, le programme génétique se transforme en se réalisant.
»
« Seuls les croyants qui demandent à la science de leur remplacer le catéchisme auquel ils ont renoncé verront d'un mauvais oeil qu'un
savant poursuive et développe ou même qu'il modifie ses idées.
» Essais de psychanalyse, Freud.
L'avancée de toute réflexion conduit
à des reprises, des remaniements perpétuels : la science ne peut apparaître comme un pilier stable et définitif sur lequel appuyer sa
suprématie.
Les hommes font ainsi reculer la référence à la création et occupent, par la puissance que leur confère la technique, la place vacante.
La science leur permet de devenir des dieux, au pluriel, il ne s'agit pas de Dieu.
« La véritable science enseigne, par-dessus tout, à
douter et à être ignorant.
» Miguel de Unamuno, Le Sentiment tragique de la vie.
Plus la recherche s'approfondit, plus elle convainc de
son infinité, en ce sens il n'est guère possible de s'éprouver comme dieu, au contraire, la perception se fait toujours plus aiguë de
l'immensité de la tâche.
Troisième partie : Dieu
« La connaissance des vérités nécessaires et éternelles est ce qui nous distingue des simples animaux et nous fait avoir la raison et les
sciences, en nous élevant à la connaissance de nous-mêmes et de Dieu.
» Leibniz, La Monadologie .
Dieu subsiste par-delà l'étude
rationnelle des phénomènes.
Le déséquilibre entre la puissance et l'âme est source d'inquiétude pour l'homme.
« Un peu de foi éloigne
de Dieu, beaucoup de science y ramène.
» Essais, Francis Bacon.
Science est à mettre au pluriel, car l'exactitude mathématique ou physique ne suffit pas à la progression de la pensée : « La
philosophie n'est pas contraire à la science, elle se comporte elle-même comme une science, travaille en partie avec les mêmes
méthodes, mais elle s'en éloigne dans la mesure où elle s'accroche à l'illusion de pouvoir livrer une image du monde cohérente et sans
lacune.
» Freud, Nouvelles Conférences sur la psychanalyse.
Conclusion : « Non, la science n'est pas une illusion.
Mais ce serait une illusion de croire que nous puissions trouver ailleurs ce qu'elle
ne peut pas nous donner.
» L'avenir d'une illusion, Freud..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La science a fait des hommes des dieux avant qu'ils ne deviennent des hommes ?
- Science & Vérité: La science doit-elle donner des certitudes ?
- Dissertation philosophie Bertrand Russell in Science et Religion: la conscience
- La science dit-elle la vérité ?
- La philosophie est-elle une science?