La science est-elle un discours sans illusions ?
Extrait du document
«
[La science vise à établir une connaissance vraie et objective
de la réalité.
Pour cela, elle lutte contre les croyances infondées et contre les erreurs de perception et de
raisonnement.
Elle élimine les illusions qui peuvent tromper l'esprit.]
Illusion = erreur
Par illusions, on entend les erreurs de perception, de jugement ou de raisonnement.
Le terme n'est pas
synonyme ici d'espoir.
Les illusions proviennent d'abord des sens (vue, toucher, etc.) .
Il s'agit d'une mauvaise perception des
apparences.
Par exemple, si je me fie seulement à ce que mes yeux perçoivent, je peux croire que la Terre est
plate.
La science dissipe les chimères
a.
En opposant aux croyances des procédures de vérification fondées sur des preuves, la rationalité
scientifique établit une démarcation nette entre fable et vérité qui démystifie les prétentions épistémologiques
des mythes.
Il ne suffit plus de dire qu'une divinité intervient dans le cours du monde, encore faut-il que
l'expérience établisse le lien qui identifie l'action de la cause sur l'effet, faute de quoi l'assertion est
indécidable.
b.
Ce faisant la science transforme le mythe en mythologie, c'est-à-dire en objet de savoir qui exhibe les
causes psychologiques ou culturelles dont il procède ce qui a d'abord pour effet implicite d'en affaiblir la
crédibilité et pour effet avoué d'inviter les esprits à s'en libérer pour vivre selon la raison.
c.
Ainsi qu'elle le veuille ou non, la science est porteuse d'un projet émancipateur qui greffe sur la neutralité
du savoir l'idée que les progrès de la connaissance sont dans le même temps source de progrès pour l'homme
et la société, ou autrement dit que l'épanouissement de l'un et de l'autre est fonction de la disparition
progressive des mythes.
Tel est précisément le programme du positivisme.
La science corrige les illusions
Il a science est donc un savoir rationnel qui corrige les illusions des sens et de la raison.
Attribuant les
phénomènes à des causes naturelles, elle refuse de les expliquer par la magie ou par la religion.
Le discours
scientifique est donc bien un discours sans illusions: il est l'ennemi des explications.
Bachelard développera
cette idée avec son concept d' "obstacle épistémologique".
Une hypothèse scientifique qui ne se heurterait à aucune contradiction
est une hypothèse inutile.
De même, une expérience scientifique qui ne
rectifie aucune erreur ne sert à rien.
Une expérience ne peut être
scientifique que si elle contredit l'expérience commune.
La pensée
scientifique se caractérise par une succession d'erreurs rectifiées, à la
différence de l'expérience commune, qui ne se contredit jamais, mais se
contente d'établir de plates équivalences.
"C'est en termes d'obstacles
qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique." Ces
obstacles ne sont pas seulement et simplement externes, ils ne
relèvent pas de la naturelle complexité du monde et de ses
phénomènes, mais procèdent de l'acte même de connaître.
Les
obstacles épistémologiques qui motivent et font progresser la
connaissance, sont inhérents à l'esprit de connaissance.
Jamais on ne
peut connaître pleinement et de manière immédiate la réalité.
Ce n'est
pas tant que celle-ci se cache ou résiste à nos efforts d'appréhensions,
mais c'est que la lumière que projette la connaissance sur les choses
comporte une part d'ombre inévitable.
La vérité se donne toujours
après coup, une fois que se sont dissipées toutes les erreurs et les
opinions fausses, premières dans l'ordre de la connaissance, car
immédiates et spontanées : "Le réel n'est jamais ce qu'on pourrait
croire, mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser." Au premier abord,
la pensée empirique se donne comme opaque, trouble et obscure.
La mise en oeuvre d'un appareil de raisons
est nécessaire pour la clarifier, l'analyser, la dépouiller de l'inessentiel.
On ne peut trouver la vérité qu'en
retournant sur un passé d'erreurs.
Dans le domaine de l'histoire des sciences, on peut voir que la
connaissance vraie ne s'établit qu'en s'opposant à une connaissance antérieure qu'elle corrige, et ce faisant,.
»
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