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La nature nous fournit-elle des outils ?

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« [Introduction] En un sens général, la nature est tout ce qui n'a pas été réalisé par l'homme, tout ce qui est naturel et dont luimême est sorti.

L'homme vient de la nature : il est né (le mot latin natus signifie « né »).

La nature est donc l'ensemble des choses qui sont « nées comme ça », qui n'ont pas été créées par l'homme. La nature pourvoit-elle spontanément, « comme ça », l'homme en outils ? La question semble étrange puisqu'on affirme, au contraire, que c'est l'intervention humaine, grâce à la technique, qui marque la frontière entre ce qui est naturel et ce qui ne l'est pas.

C'est l'homme, l'homo faber dont parle Bergson, qui est le fabriquant d'outils.

Si la nature nous procure des outils, nous pourvoit en outils, de quel genre d'outils s'agit-il ? [I.

L'homme naît nu] Selon un mythe platonicien raconté dans Protagoras, au moment de la création du monde, les dieux chargèrent Épiméthée d'attribuer à chaque espèce animale des qualités appropriées.

Aux uns la force, les cornes, les griffes, la fourrure, aux autres les crocs, les sabots, la vitesse.

Enfin, à tous, les moyens nécessaires à leur survie.

Prométhée, venu examiner le travail de son frère, constate que celui-ci a complètement oublié de pourvoir l'espèce humaine : l'homme est nu, et d'autant plus fragile que toutes les autres espèces ont reçu leurs attributs de survie.

Les hommes vont donc disparaître.

Prométhée vole alors le feu à Héphaïstos et à Athéna : il vole ainsi ce qui va permettre à l'espèce humaine de survivre. Ce mythe signifie que l'être humain est originairement nu et qu'il ne réussit à se protéger qu'en ayant recours aux artifices de l'outil – de la technique – et aux ressources de la science politique.

Cette nudité primitive, indécelable, est couverte par la culture. Protagoras le sophiste raconte un mythe .

Un mythe est : "(...) un récit fabuleux de caractère plus ou moins sacré, concernant des êtres qui personnifient les agents naturels, ou les origines d'une société"1 . Le mythe d'Epiméthée est chargé de répondre à la question : les hommes sont - ils par nature vertueux ou bien la vertu s'acquiert - elle ? "Mais, comme (chacun sait cela) Epiméthée n'était pas extrêmement avisé, il ne se rendit pas compte que, après avoir ainsi gaspillé le trésor des qualités au profit des êtres privés de raison, (c) il lui restait encore la race humaine qui n'était point dotée ; et il était embarrassé de savoir qu'en faire.

Or, tandis qu'il est dans cet embarras, arrive Prométhée pour contrôler la distribution ; il voit les autres animaux convenablement pourvus sous tous les rapports, tandis que l'homme est tout nu, pas chaussé, dénué de couvertures, désarmé.

Déjà, était même arrivé cependant le jour où ce devait être le destin de l'homme, de sortir à son tour de la terre pour s'élever à la lumière.

Alors Prométhée, (d) en proie à l'embarras de savoir quel moyen il trouverait pour sauvegarder l'homme, dérobe à Héphaïstos et à Athéna le génie créateur des arts, en dérobant le feu (car, sans le feu, il n'y aurait moyen pour personne d'acquérir ce génie ou de l'utiliser) ; et c'est en procédant ainsi qu'il fait à l'homme son cadeau.

Voilà comment l'homme acquit l'intelligence qui s'applique aux besoins de la vie" PLATON (428 - 348).

Protagoras (321 b - d) Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situation originelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peu prodigue à son égard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhée accepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oublie l'homme.

Pour éviter que ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et la connaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissent Prométhée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sans les arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.

Comparativement aux animaux, il ne dispose en effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin, pas d'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sa condition par l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donne par conséquent, d'abord, comme une nécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.

Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ils sanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme le moyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.

Par le développement des arts et des techniques, l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.

Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-il le maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risquet-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la technique est d'origine divine, elle procure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contre ceux qui ne sont pas conscients des dangers qu'elle engendre.. »

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