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La culture nous permet-elle d'être libre ?

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Platon montre bien que le tyran qui peut satisfaire tous ses désirs n?est pas libre et l?est même moins que le sage au fond de sa cellule. Cette « psychologie » (à savoir l?analyse de l?âme du tyran, de l?essence du tyran) se trouve au livre IX de La République. Nos désirs sont contradictoires ou encore irréalisables et celui qui ne vivrait que selon ses désirs serait finalement enchaîné à lui-même et ne pourrait réaliser aucun projet. Cette aliénation peut s?illustrer à la lumière de Freud. Cette dépendance vis-à-vis du désir se trouve renforcé par certains désirs refoulés qui guident nos actions de façon cachée et inconsciente. Le barbare, l?inculte est alors esclave de ses désirs, tel un animal incapable de maîtriser ses instincts.   Transition : si donc il apparaît deux libertés, l?une négligeable et aléatoire, l?autre certaine et proprement humaine (et limitée par ce qui constitue la culture), on peut pousser l?idée plus loin en montrant que la culture est condition de la liberté.   3) L?homme en tant que corps et esprit est soumis à des contraintes extérieures (attraction universelle, éléments de la nature, phénomènes naturels, etc.). Dès lors, c?est par le savoir et la connaissance scientifique que l?homme peut progressivement échapper aux contraintes matérielles.

« Analyse du sujet : Sujet portant sur deux notions qu'il faut absolument traiter en même temps ; il ne s'agit pas de « saucissonner » le sujet en définissant d'abord la culture puis la liberté et en dernière partie traiter enfin le sujet. On a l'habitude d'opposer nature et culture.

En effet, la culture est ce qui relève d'un travail, d'un artifice ; c'est ce qui met en valeur selon l'étymologie du mot.

A culture, rapportée à l'homme, est également synonyme de civilisation.

C'est un ensemble de normes collectives et c'est aussi l'ensemble des connaissances, des arts et des techniques.

C'est en quelque sorte le produit de l'humanité. Ainsi, la culture semblerait s'opposer à la liberté car celle-ci tourne le dos aux normes, à la société, aux contraintes de toutes sortes que représentent les ingrédients de la culture.

La liberté c'est faire ce que je veux, ce que bon me semble, or il est évident que la culture me limite dans mes choix et mes actes. Cependant, et c'est là le moment où l'on problématise, le sens du mot liberté est à prendre en compte : pour savoir ce que je veux, ne faut-il pas une dose de culture, d'éducation ? La liberté hors culture (à l'état de nature) ne s'apparente-t-elle pas plutôt à de l'indépendance ? Peut-on dire que l'animal qui n'est pas de culture est libre ? La liberté chez l'être humain est ce qui se réfléchit et s'accompagne de réflexion ou tout du moins de conscience de ce que l'on fait (sans quoi c'est l'instinct qui parle et qui nous dirige). Proposition de plan : 1) Pour l'opinion commune, la liberté est de ne subir aucune contrainte.

La culture prive alors nécessairement l'être humain de liberté.

Un être cultivé se doit de respecter les lois, le droit, les devoirs, ces ancêtres, ses coutumes etc.

Bref, tout ce qui constitue la culture montre autant de barrière et de contraintes.

Etre libre c'est ne rencontrer aucun obstacle à la réalisation de sa volonté.

On peut dire alors qu'à l'état de nature, c'est-à-dire l'état antérieur à toute société, l'homme est libre : il peut faire tout ce que lui permettent ses propres forces. Telle est la définition de la liberté à l'état de nature chez Rousseau (Contrat social, livre I). D'ailleurs, la première phrase du livre est : « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers ».

Ceci sous-entend que l'homme naturellement est libre mais qu'au sein d'une société et donc d'une culture, il ne l'est plus.

Le bon sauvage de Rousseau y est totalement indépendant puisqu'il vit comme un solitaire qui se suffit à lui-même ; on trouve ici une autre approche de la liberté, celle de l'autonomie.

Au sein d'une culture, je ne suis pas autonome car devant obéir à des règles, des institutions, des constitutions qui me sont imposées. L'être humain n'est donc effectivement libre dans l'état de nature car il a la puissance, la capacité d'agir comme il le souhaite.

Et c'est bien dans la réalisation de son action choisie que l'on se sent libre. Transition : Mais cette capacité d'agir à son gré ne se indépendance ? Et c'est encore Rousseau qui nous montre la voie. confond-t-elle pas avec une 2) Selon Rousseau et précisément dans le Contrat Social, Livre I, Chapitre VIII, la liberté véritable se rencontre dans la société et non à l'état de nature.

Certes, dans cet état hypothétique et primitif, l'homme bénéficie de privilèges mais rien en comparaison avec l'état social dans lequel il entre.

« Ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu'il peut atteindre ; ce qu'il gagne, c'est la liberté civile et la propriété de tout ce qu'il possède.

» Il faut distinguer deux types de liberté.

Dans l'état de nature, en dehors de toute culture, puisqu'il n'y a aucune convention sociale ni aucune loi, mon droit c'est ma force.

Mais comme c'est également le cas pour tous, ma liberté réelle est incertaine et limitée.

On peut résumer et dire que la liberté sans contrainte revient à la loi de la jungle alors que la culture propose une liberté certaine, assurée par la propriété (possession garantie par la loi) et par le concept de volonté générale. Rousseau montre bien que la liberté légitimée, légiférée, la liberté issue d'une construction culturelle vaut bien mieux qu'une liberté qui ne dure que le temps de l'indépendance de l'individu à l'état de nature. De plus, la culture nous débarrasse de l'emprise de nos désirs ou de nos impulsions.

Si être libre c'est être autonome alors le sage qui contrôle ses pulsions est libre.

Platon montre bien que le tyran qui peut satisfaire tous ses désirs n'est pas libre et l'est même moins que le sage au fond de sa cellule.

Cette « psychologie » (à savoir l'analyse de l'âme du tyran, de l'essence du tyran) se trouve au livre IX de La République.

Nos désirs sont contradictoires ou encore irréalisables et celui qui ne vivrait que selon ses désirs serait finalement enchaîné à lui-même et ne pourrait réaliser aucun projet.

Cette aliénation peut s'illustrer à la lumière de Freud.

Cette dépendance visà-vis du désir se trouve renforcé par certains désirs refoulés qui guident nos actions de façon cachée et inconsciente.

Le barbare, l'inculte est alors esclave de ses désirs, tel un animal incapable de maîtriser ses instincts. Transition : si donc il apparaît deux libertés, l'une négligeable et aléatoire, l'autre certaine et proprement humaine (et limitée par ce qui constitue la culture), on peut pousser l'idée plus loin en montrant que la culture est condition de la liberté. 3) L'homme en tant que corps et esprit est soumis à des contraintes extérieures (attraction universelle, éléments de la nature, phénomènes naturels, etc.).

Dès lors, c'est par le savoir et la connaissance scientifique que l'homme peut progressivement échapper aux contraintes matérielles.

Nous rejoignons ici la pensée des dialecticiens matérialistes, tels qu'Engels.

La liberté n'est pas une indépendance vis-à-vis des lois naturelles, mais une connaissance de celles-ci.

Le déterminisme (modèle sur lequel repose les sciences positives) n'empêche pas la liberté (et c'est finalement paradoxal !) mais la rend possible.

En connaissant les causes et effet des phénomènes de la nature, nous pouvons les maîtriser plus ou moins, et nous en détachant un tant soit peu.

Or, la science n'est possible qu'au sein d'une culture ; elle en est même partie intégrante. La liberté ne se gagne donc que par la culture (ici synonyme de savoir).

Et elle ne se pense qu'à travers la culture.

C'est ce que semble dire Hannah Arendt dans La crise de la Culture .

La liberté n'a pas de sens et ne vient pas à l'esprit chez un individu isolé.

La liberté n'a pas de valeur individuelle.

La liberté est pensée automatiquement dans une réflexion culturelle ou politique.

Si la liberté intérieure existe et peut se poser face à soi-même, c'est qu'il existe d'abord une liberté politique.

Cette citation montre bien la relation entre liberté et politique : « car l'action et la politique (…) sont les seules choses dont nous ne pourrions même pas avoir l'idée sans présumer au moins que la liberté existe, et nous ne pouvons toucher à une seule question politique sans mettre le doigt sur une question où la liberté humaine est en jeu.

». »

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