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La conscience est- elle une réalité ?

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« Cette question peut étonner, dans la mesure où chacun ressent intérieurement un sentiment de conscience, qu'il ressent le sentiment d'être à l'origine de ses actions, d'être maître de soi.

Aussi des philosophes ont mis au jour ce faux-semblant et ont tenté de dévoiler les soubassements de la conscience dans les mécanismes de l'inconscient, dans la société, l'économie, la religion.

La conscience est-elle une illusion ou a-t-elle un fondement réelle dans l'être et sa constitution ? 1) La conscience à l'épreuve des critiques. L'emploi du substantif conscience fausse la solution du problème qu'il implique, car la conscience n'est pas plus une chose, une propriété ou une fonction qu'une faculté.

Elle n'est pas davantage une collection d'éléments fonctionnels comme le voulaient Wundt ou Titchener ; elle n'est pas non plus, comme le voulait William James, une mouvante multiplicité de « données », d'« états » ou de « contenus ».

La conscience est l'organisation dynamique et personnelle de la vie psychique ; elle est cette modalité de l'être psychique par quoi il s'institue comme sujet de sa connaissance et auteur de son propre monde.

L'être et le devenir conscients constituent donc tout à la fois la forme de l'expérience du sujet et la direction de son existence.

La finalité de la « conscience », exprimée dans son mouvement, et la hiérarchie de ses structures consacrent, pour les uns, sa « spiritualité » et sa « réalité », ou la vouent, pour les autres, à la critique « matérialiste » qui la nie.

Le problème de la conscience est à cet égard le problème central, non seulement de toute psychologie mais de toute métaphysique.

Prise dans les antinomies de la raison, la conscience, « organisme de la réalité », risque de perdre elle-même toute réalité.

Les uns la tiennent pour un artifice, un épiphénomène ou une contingence (à l'égard des objets et des mécanismes proprement inconscients qui constituent les « cogitata », les mots et les choses qui se combinent sans sa médiation dans l'étendue, comme il en va chez les animaux et les machines).

Les autres la tiennent au contraire pour l'instance suprême et transcendantale qui anime le sujet du cogito et n'entretient avec les objets et même le corps que des rapports de coïncidence paralléliste.

La description phénoménologique rigoureuse des structures de l'être et du devenir conscients peut seule aider, avec Husserl, par exemple, à la conciliation de ces deux prises de vue contradictoires sur la « conscience ».

Celle-ci, en effet, en tant qu'elle est l'organisation même de l'être psychique constitue le « lieu » des relations du sujet à son monde ; c'est-à-dire le « milieu » où se médiatisent, dans la représentation du temps et de l'espace dont il dispose, les expériences et les projets du sujet. 2) La conscience comme mirage. Pour nos contemporains, pour les prophètes de la « mort de l'homme », la conscience n'est pas seulement détestable ; elle est suspect, « effet de surface ».

Ce n'est plus une formule de moraliste ; c'est une formule d'analyste.

La conscience cède, non sous la pression de la bienséance et de l'ascèse mais sous les coups de l'épistémologie.

C'est que nos contemporains ont lu Marx, Freud, Nietzsche.

Ils ont appris que la vérité de la conscience n'est pas dans la conscience, qu'elle est dans l'infrastructure économique, dans l'inconscient, dans le rapport de la force à la force comme affirmation de la vie.

Mieux encore : ils ont appris du linguiste, du logicien, du biologiste, en général de la nouvelle science de l'homme, pourquoi et en quoi il importe de substituer à la notion humaniste de l'homme un objet d'étude anthropologique qui n'a plus rien d'anthropomorphique, qui n'est qu'une variante entre beaucoup d'autres d'un thème organisateur partout répandu (dans le social comme dans le vital, dans l'animé comme dans l'inanimé, car la science n'atteint que du cosmique au sens grec : du rangé, du disposé, du distribué, du déjà réparti).

C'est pourquoi ce théâtre d'ombres qu'est la conscience ne les intéresse plus.

La conscience de ce point de vue n'est qu'une construction métaphysique, une substantialisation indue et sans fondement, une illusion réconfortante qui laisse croire à l'homme qu'il est le maître de sa vie. 3) La conscience comme réalité quasi biologique. L'être conscient n'apparaît qu'en tant qu'il est un être vivant.

C'est en ce sens que Bergson disait que la conscience est coextensive à la vie.

Et c'est bien comme un phénomène lié à l'organisation des êtres vivants qu'elle apparaît dans la vie animal (zooconscience ou bioconscience) comme dans son ontogenèse.

L'être conscient émerge des profondeurs de l'organisme pour autant que celui-ci s'organise en centre d'indétermination individuel, en sujet ayant un système relationnel propre avec son monde.

Comme le cerveau est l'organe grâce auquel se constitue le milieu où se prépare l'action, c'est dans l'organe cérébral que s'incorpore l'organisme psychique, dont l'être conscient constitue le système personnel d'intégration.

La conscience et le cerveau sont entre eux dans des rapports d'« isomorphisme complémentaire » (Ruyer).

C'est ainsi que les neurophysiologistes ont de plus en plus senti la nécessité de lier l'activité de conscience à la base du cerveau, à son enracinement dans les profondeurs de la vie animale et même végétative. Conclusion. Au-delà des critiques que l'on peut faire à l'encontre de la conscience, il n'en demeure pas moins qu'elle reste une réalité de l'individu humain, qui permet de penser l'homme comme centre d'action.

Les critiques ont bien plutôt visé la substantialisation de la conscience, sa réalité comme entité métaphysique, sa construction sociale qui a recouvert sa réalité en partie redécouverte par le biais de la mouvance phénoménologique et existentialiste.. »

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