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Expliquez et discutez l'une des trois assertions suivantes : 1° la perception est une hallucination vraie (TAINE); 2° les enfants, n'étant pas capables de jugement, n'ont pas de véritable mémoire (ROUSSEAU); 3° en réalité, la conscience est une conséquen

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Cette unique question englobant les trois sujets entre lesquels les candidats avaient à choisir nous invite à proposer un exercice de réflexion sur le travail si important du choix préliminaire à tout travail de composition. Je lis d'abord les premiers mots qui me signifient ce qui est demandé de moi : expliquez et discutez. Indications précieuses : s'il faut expliquer les assertions qui suivent, c'est qu'elles ne sont pas très claires et, si elles me paraissent lumineuses, c'est peut-être que je ne les comprends pas très bien et qu'il serait prudent de m'attarder un peu à les examiner; s'il faut les discuter, c'est que leur vérité n'est pas évidente et que d'autres, sans doute, ont émis des opinions différentes. Normalement, le plan comportera d'abord une explication et ensuite une discussion; mais les deux parties sont intimement solidaires l'une de l'autre : la discussion consiste le plus souvent, non pas à prouver qu'une proposition est vraie ou fausse, mais à distinguer plusieurs interprétations ou plusieurs explications de la même formule, puis à montrer qu'une seule est acceptable. Ne passons pas à pieds joints sur la fin de la petite proposition préliminaire : il y a un mot qui peut nous donner une indication. L'objet de la dissertation est une assertion, et non pas une grande théorie, ni, à plus forte raison, un système. Sans doute, tout se tient en philosophie et la position prise dans une question apparemment secondaire peut avoir des répercussions indéfinies; il n'en est pas moins vrai qu'il est des discussions qui en elles-mêmes n'ont pas une grande portée. Souvent, le débat tourne autour des mots et se ramène à cette question : peut-on s'exprimer ainsi ou vaudrait-il mieux adopter une autre formule ? Sans doute, la présence du mot « assertion » dans le texte n'est pas une preuve que telle est bien la pensée du professeur qui a rédigé la question: elle m'invite du moins à orienter mes recherches de ce côté et à réfléchir sur le sens des mots : on ne s'attarde jamais trop à faire l'exégèse des textes proposés, et la majorité des devoirs mal traités sont manqués pour avoir négligé d'en faire le mot à mot.

« Expliquez et discutez l'une des trois assertions suivantes : 1° la perception est une hallucination vraie (TAINE); 2° les enfants, n'étant pas capables de jugement, n'ont pas de véritable mémoire (ROUSSEAU); 3° en réalité, la conscience est une conséquence de la personnalité et nullement son constitutif (DALBIEZ). Cette unique question englobant les trois sujets entre lesquels les candidats avaient à choisir nous invite à proposer un exercice de réflexion sur le travail si important du choix préliminaire à tout travail de composition. Je lis d'abord les premiers mots qui me signifient ce qui est demandé de moi : expliquez et discutez.

Indications précieuses : s'il faut expliquer les assertions qui suivent, c'est qu'elles ne sont pas très claires et, si elles me paraissent lumineuses, c'est peut-être que je ne les comprends pas très bien et qu'il serait prudent de m'attarder un peu à les examiner; s'il faut les discuter, c'est que leur vérité n'est pas évidente et que d'autres, sans doute, ont émis des opinions différentes.

Normalement, le plan comportera d'abord une explication et ensuite une discussion; mais les deux parties sont intimement solidaires l'une de l'autre : la discussion consiste le plus souvent, non pas à prouver qu'une proposition est vraie ou fausse, mais à distinguer plusieurs interprétations ou plusieurs explications de la même formule, puis à montrer qu'une seule est acceptable. Ne passons pas à pieds joints sur la fin de la petite proposition préliminaire : il y a un mot qui peut nous donner une indication.

L'objet de la dissertation est une assertion, et non pas une grande théorie, ni, à plus forte raison, un système.

Sans doute, tout se tient en philosophie et la position prise dans une question apparemment secondaire peut avoir des répercussions indéfinies; il n'en est pas moins vrai qu'il est des discussions qui en elles-mêmes n'ont pas une grande portée.

Souvent, le débat tourne autour des mots et se ramène à cette question : peut-on s'exprimer ainsi ou vaudrait-il mieux adopter une autre formule ? Sans doute, la présence du mot « assertion » dans le texte n'est pas une preuve que telle est bien la pensée du professeur qui a rédigé la question: elle m'invite du moins à orienter mes recherches de ce côté et à réfléchir sur le sens des mots : on ne s'attarde jamais trop à faire l'exégèse des textes proposés, et la majorité des devoirs mal traités sont manqués pour avoir négligé d'en faire le mot à mot. I.

— « LA PERCEPTION EST UNE HALLUCINATION VRAIE.

» (TAINE.) Question de cours, prononceront la plupart des candidats, ce qui signifie pour un grand nombre : sujet à ne prendre qu'en dernier recours, si on est incapable de rien dire de sensé sur un des deux autres. De fait l'explication et la discussion de l'assertion de TAINE figurent en général dans les manuels.

Pourtant la fameuse phrase manque, sauf erreur de notre part, dans plusieurs des plus volumineux et des plus répandus : CUVILLIER, BAUDIN (Traité et Précis), ROUSSEL ; dans certains autres, sans doute.

A cela, d'ailleurs, rien d'étonnant : si nous parlons de la théorie de la perception de TAINE, c'est que TAINE est français; en elle-même, cette théorie n'a rien de bien profond et ne fait pas avancer la question d'un pas; on peut être excellent psychologue, et ignorer l'affirmation paradoxale de l'auteur de L'intelligence.

Sans doute, ils sont assez rares les professeurs qui, au cours de l'année, ne l'auront pas expliquée et discutée.

Mais on sait assez que des explications orales on ne retient pas grand chose.

en sorte que, au moment de l'examen, nombre de candidats d'Alger.

après avoir lu le premier sujet qui leur était proposé, ont dû ouvrir de grands yeux, se demandant ce que cela pouvait bien signifier.

Ne croyez clone pas que tous les candidats savent ce que vous savez et se jetteront sur le sujet qui vous semble facile parce qu'il est traité dans votre manuel. En second lieu, les questions sont le plus souvent présentées de façons différentes.

C'est le cas dans le sujet actuel lui-même, qui paraît si simple : facilement, pour « expliquer » la pensée d'un autre, on lui substitue sa propre pensée, et, en parcourant l'exposé de plus d'un manuel, je me suis demandé si TAINE disait bien tout ce qu'on lui faisait dire. Enfin, les élèves qui utilisent le même manuel peuvent faire des dissertations bien différentes.

D'abord, ils n'ont pas le livre sous la main et leur mémoire ne leur fournit pas le mot à mot du texte : des trous, parfois heureux, leur permettront de faire peut-être une trouvaille personnelle.

Ensuite.

il est bien des manières de situer la question et de la rattacher au problème de la perception; or, si vous montrez que vous comprenez bien le problème que prétend résoudre TAINE, on ne vous tiendra pas rigueur des insuffisances de détail que pourront présenter l'explication et la discussion de l'assertion fameuse. Si donc vous connaissez la signification de la formule quelque peu sibylline de TAINE et si vous avez une idée assez nette du problème de la perception, vous pouvez traiter le premier sujet; à moins que l'un des deux suivants ne vous paraisse plus facile, rabattez-vous sur lui et ne cédez pas à la phobie du sujet dit classique. II.

— LES ENFANTS, N'ÉTANT PAS CAPABLES DE JUGEMENT, N'ONT PAS DE VÉRITABLE MÉMOIRE. (ROUSSEAU.) A première vue, cette assertion semble paradoxale.

Non seulement les enfants, mais encore les animaux — auxquels on refuse le pouvoir de juger — ont de la mémoire : le chien ne se souvient-il pas d'avoir été caressé ou d'avoir été battu ? En second lieu, je ne vois pas qu'il y ait un rapport de dépendance entre l'incapacité de juger et la mémoire; je me rappelle l'épitaphe célèbre : Vir magnae mernoriae expectans judicium. D'autre part, je constate que cette question n'est pas traitée dans mon manuel et j'hésite à m'aventurer sur ce terrain nouveau pour moi et où je risque de m'égarer.

Je l'élimine. Voyons cependant ce que, faute d'un sujet plus facile, je pouvais, avec mes connaissances, répondre d'une façon. »

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