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Fiche de cours en philo : THEORIE ET EXPERIENCE .

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SUJETS DE BACCALAURÉAT — Ne doit-on tenir pour vraie une proposition que si elle est contrôlable par une expérience? — A quoi reconnaît-on une théorie scientifique? — Appréciez ce jugement de Claude Bernard : « on expérimente avec sa raison» — Peut-on parler d'oeuvre scientifique comme on parle d'oeuvre d'art? — L'expérience immédiate est-elle source de vérité? — Peut-on penser contre l'expérience? — Pourquoi observer sans théorie instruit-il si peu ? — Pourquoi faut-il, pour être un bon observateur, être un bon théoricien ? — Qu'est-ce qu'une méthode?
 
• Ce qui doit retenir votre attention dans cette fiche, c'est d'abord l'expérience au sens scientifique du terme, c'est-à-dire l'expérimentation, interrogation méthodique et réglée des phénomènes (§ 1). • Quant à la théorie, elle doit être définie (§ 6) comme un système scientifique intégrant un très grand nombre de faits en un ensemble cohérent. • Le point de vue empiriste, qui n'a voulu retenir que l'aspect passif du travail scientifique, est insuffisant, comme l'a montré Kant (§ 3 et 4).
 • Retenez bien la nature construite et théorique du fait scientifique : il n'est jamais immédiat (§ 5). • C'est le dialogue de l'expérimentateur et du théoricien qui constitue le travail scientifique (§ 6). • Enfin, saisissez bien la différence entre le déterminisme classique (§ 7) et le déterminisme moderne statistique (§ 8).  
 
      


« • Ce qui doit retenir votre attention dans cette fiche, c'est d'abord l'expérience au sens scientifique du terme, c'est-à-dire l'expérimentation, interrogation méthodique et réglée des phénomènes (§ 1). • Quant à la théorie, elle doit être définie (§ 6) comme un système scientifique intégrant un très grand nombre de faits en un ensemble cohérent. • Le point de vue empiriste, qui n'a voulu retenir que l'aspect passif du travail scientifique, est insuffisant, comme l'a montré Kant (§ 3 et 4). • Retenez bien la nature construite et théorique du fait scientifique : il n'est jamais immédiat (§ 5). • C'est le dialogue de l'expérimentateur et du théoricien qui constitue le travail scientifique (§ 6). • Enfin, saisissez bien la différence entre le déterminisme classique (§ 7) et le déterminisme moderne statistique (§ 8). I — Définition de l'expérience Au sens courant, l'expérience représente les connaissances acquises par l'individu grâce au temps et à l'usage de la vie.

Mais elle désigne aussi, sous une seconde acception, la connaissance acquise par les sens.

Cette notion de connaissance sensible sera retenue dans cette fiche. Mais l'expérience, en un troisième sens, c'est aussi l'expérience scientifique, c'est-à-dire l'expérimentation : observation de certains phénomènes, interrogation méthodique et réglée.

Bien entendu, l'expérience scientifique va être au centre de nos analyses. Il faut insister sur le double caractère, passif, mais surtout actif, de l'expérience.

Le mot expérience renvoie, d'une part, à un élément de réceptivité, d'autre part — et de façon essentielle — à l'activité intellectuelle : il en est ainsi dans l'expérience commune, mais aussi dans l'expérience scientifique. «L'expérience scientifique est, à cet égard, semblable à l'expérience commune : aussi les divers critères auxquels elle doit satisfaire peuvent-ils paraître s'opposer.

L'observation doit être complète, précise, impartiale, objective; en ceci se marque le caractère réceptif et passif d'un esprit qui constate et se soumet.

Mais l'observation doit aussi être instructive, éclairée par le choix, dirigée par l'idée...

Aussi le savant passe-t-il sans cesse de l'observation passive à l'active expérimentation : il suscite, organise, interprète, comprend.» (F.

Alquié, L'expérience, PUF, 1975) II — Le point de vue empiriste L'empirisme — conception selon laquelle toutes nos connaissances viennent des sens — n'a voulu retenir que l'aspect passif de l'expérience.

Ainsi pensait le grand savant Newton (1642-1727), pour qui l'esprit ne doit pas forger d'hypothèses, pour qui les théories sont, en quelque sorte, déduites des faits eux-mêmes.

Le physicien devrait, dans cette perspective, raisonner sur les phénomènes sans le secours d'hypothèses imaginaires.

En somme, l'empirisme affirme que toute notre connaissance résulte du contact passif avec le monde extérieur.

La théorie est contenue dans les phénomènes et il suffit de l'en extraire. III — Mais l'expérience ne suffit pas Il faut souligner ici l'erreur de l'attitude empiriste.

Si l'esprit voulait seulement et uniquement se régler sur l'expérience sensible, il resterait désarmé et impuissant car, pour être un bon observateur, il faut précisément être un bon théoricien.

Sans l'idée permettant d'organiser et de comprendre l'expérience, le chercheur ne peut que se perdre dans l'océan des phénomènes sans pouvoir dégager une loi.

Déjà, dans le simple but de reconnaître un objet ou un phénomène, il faut isoler, comparer, classer et, par conséquent, exercer une activité théorique pour recevoir le fait d'expérience.

Celui-ci est donc indissociable de la marque théorique.

Une «expérience», un «fait scientifique» représentent déjà toute une théorie. C'est ce qu'a fortement souligné Kant.

Accordons à la doctrine empiriste qu'il n'est de connaissance qu'à partir de l'expérience, montre Kant; tout notre savoir ne commence qu'avec l'expérience.

Toutefois, l'expérience en ellemême ne suffit pas à nous faire connaître quoi que ce soit.

L'empirisme a trop insisté sur l'aspect passif du savoir.

Il en a trop minimisé la face active et dynamique.

Il faut que l'esprit intervienne, que le concept ordonne l'expérience pour que le savoir se constitue.

L'empirisme pur est la négation de la science. L'empirisme pur est donc une doctrine fausse. « Il n'est pas douteux que toutes nos connaissances ne commencent qu'avec l'expérience, car par quoi la faculté de connaître serait-elle appelée à s'exercer si elle ne l'était par des objets qui frappent nos sens...

Mais, si toutes nos connaissances commencent avec l'expérience, il n'en résulte pas qu'elles dérivent toutes de l'expérience.

En effet, il se pourrait bien que notre connaissance expérimentale elle-même fût un assemblage composé de ce que nous recevons par des impressions, et de ce que notre propre faculté de connaître tirerait d'elle-même.» (Kant, Critique de la raison pure) IV — La raison doit prendre les devants L'expérience en elle-même, non guidée par les concepts et par l'esprit, serait parfaitement stérile.

Ainsi Kant remarque-t-il que la mathématique et la physique entrèrent dans la voie royale de la science le jour où les chercheurs comprirent qu'il ne faut point se laisser guider uniquement par les faits, mais introduire aussi dans leur lecture le pouvoir de la raison et de l'esprit.

Ainsi en est-il de Thalès : il saisit un jour qu'il est nécessaire d'imposer aux figures géométriques un raisonnement purement rationnel.

Il en fut de même en physique, le jour où Galilée réussit à découvrir les premières lois de la nature.. »

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