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Fiche de cours en philo : LES ECHANGES .

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SUJETS DE BACCALAURÉAT  - La notion d'échange n'a-t-elle de sens qu'économique ? - En quel sens les échanges économiques sont-ils des faits de communication ? - Peut-on tout échanger? - Les relations entre les hommes peuvent-elles toutes être interprétées en terme d'échange? - Comment concevoir les rapports entre les échanges économiques et l'ensemble de la vie sociale ? - Le don peut-il être gratuit, ou n'est-il qu'une forme de l'échange ? - La morale a-t-elle sa place dans les rapports économiques? 
• La notion d'échange n'a pas seulement un sens économique. Pour bien comprendre l'échange, intégrez-le dans la fonction de communication, acte par lequel nous entrons en relation avec nos semblables (§ 1). • Distinguez bien l'échange dans les sociétés archaïques (le don, § 2, 3 et 4), l'échange matrimonial (essentiellement dans ces mêmes sociétés primitives, § 5) et l'échange au sens strictement économique et moderne du terme (avec monnaie et commerce § 6,'7, 8). • Lisez, en même temps que cette fiche, celle qui est consacrée au langage, phénomène d'information et de communication. Le langage, lui aussi, est une forme d'échange.    


« • La notion d'échange n'a pas seulement un sens économique.

Pour bien comprendre l'échange, intégrez-le dans la fonction de communication, acte par lequel nous entrons en relation avec nos semblables (§ 1). • Distinguez bien l'échange dans les sociétés archaïques (le don, § 2, 3 et 4), l'échange matrimonial (essentiellement dans ces mêmes sociétés primitives, § 5) et l'échange au sens strictement économique et moderne du terme (avec monnaie et commerce § 6,'7, 8). • Lisez, en même temps que cette fiche, celle qui est consacrée au langage, phénomène d'information et de communication.

Le langage, lui aussi, est une forme d'échange. I - L'échange, fait de communication Échanger, c'est donner et.

recevoir, céder, moyennant contrepartie, des biens, des personnes ou des signes.

La première définition de l'échange est très générale et déborde le cadre strictement économique.

Je puis échanger des paroles, tout comme je puis céder des biens.

Pour comprendre l'échange, il faut l'intégrer et le saisir dans la «fonction de communication» : l'homme est, en effet, un être qui communique, qui dialogue.

La communication avec autrui représente un trait universel de la pensée et de l'existence humaine ; c'est un type de rapport privilégié, permettant la constitution de l'être personnel.

Il faut donc comprendre l'échange dans toute sa généralité, à la lumière de la grande circulation qui s'opère dans les sociétés humaines «Il y a dans la communication une vertu créatrice, dont l'homme isolé ressent douloureusement la privation...

La grâce de la communication, où l'on donne en recevant, où l'on reçoit en donnant, c'est la découverte du semblable, du prochain...

Chacun reconnaît l'autre et reçoit de lui cette même reconnaissance sans laquelle l'existence humaine est impossible.

Car, réduit à lui-même, l'homme est beaucoup moins que lui-même.» (G.

Gusdorf, La parole, PUF, 1960) II - L'échange dans les sociétés archaïques : le don Dans les sociétés archaïques ou primitives, l'échange se présente essentiellement sous forme de dons réciproques : on ne constate jamais de simples échanges de biens au cours d'un marché passé entre individus.

Ce sont les collectivités qui offrent des richesses, des festins, des politesses, des femmes ou des enfants.

Cette forme primitive de l'échange a un caractère supra-économique.

C'est un «phénomène social total», doué de signification magique et religieuse.

Aussi ces prestations et contre-prestations sont-elles rigoureusement réglementées, malgré leur apparence volontaire.

Familles et clans doivent faire des dons à l'occasion des naissances, des mariages, des décès, des traités de paix, etc. « Ces prestations et contre-prestations s'engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents, des cadeaux, bien qu'elles soient au fond rigoureusement obligatoires, sous peine de guerre privée ou publique.

» (M. Mauss, Essai sur le don, in Sociologie et anthropologie, PUF, 1950) III - Exemple : le potlatch.

Donner pour surpasser L'illustration la plus célèbre de ces prestations totales, de ces dons à signification religieuse et magique, nous est fournie par le potlatch des Indiens de la côte Pacifique d'Amérique du Nord.

« Potlatch » veut dire essentiellement nourrir, consommer.

Ces tribus, fort riches, vivant dans les îles ou sur la côte, passent leur temps dans une fête perpétuelle, avec banquets, foires et marchés.

De quoi s'agit-il dans le potlatch? De surpasser un rival en munificence, de l'écraser sous des obligations auxquelles il ne pourra satisfaire en retour.

L'échange se fait sous la forme du don qui écrase le rival.

Échanger, c'est donner pour surpasser. « Il y a prestation totale en ce sens que c'est bien tout le clan qui contracte pour tous, pour tout ce qu'il possède et pour tout ce qu'il fait, par l'intermédiaire de son chef.

Mais cette prestation revêt, de la part du chef, une allure agonistique très marquée.

Elle est essentiellement usuraire et somptuaire, et l'on assiste avant tout à une lutte des nobles pour assurer entre eux une hiérarchie dont, ultérieurement, profite leur clan.

» (M.

Mauss, op.

cité ) IV - Le sens du potlatch : dilapidation et lutte pour le prestige Comment comprendre le potlatch, l'échange dans les sociétés primitives? Dans le don, dans la prestation totale, dans le potlatch, l'individu - ou plutôt la collectivité - dilapide des richesses et les brûle ; il les anéantit.

En dépensant dans la gloire, en donnant des fêtes, n'est-ce pas le plus grand pouvoir et le plus grand prestige que conquiert le clan? Ici, l'économie n'est pas un processus de thésaurisation et d'épargne, mais de dépense et de générosité.

Or, la dilapidation et la' destruction des choses (si éloignées de la production et reproduction capitalistes des biens), ne confèrent-elles pas, finalement, le plus grand prestige? «La meilleure preuve du caractère supra-économique de ces échanges est que, dans les potlachs, on n'hésite pas à détruire parfois des valeurs considérables en brisant et en jetant à la mer un « cuivre,», et qu'un plus grand prestige résulte de l'anéantissement de la richesse que de sa distribution, pourtant libérale, mais qui suppose toujours un retour.

» (C.

Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, PUF, 1949) V - L'échange des femmes Claude Lévi-Strauss a replacé, à juste titre, les échanges matrimoniaux dans le système global de communication et de don des sociétés archaïques.

Dans la hiérarchie des échanges, les femmes constituent, en effet, un bien important.

C'est ce que montre l'étude des structures de la parenté.. »

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