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Faut-il s'intéresser plus à l'actualité qu'à l'histoire ?

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« Sujet : Faut-il s'intéresser plus à l'actualité qu'à l'histoire ? Analyse du sujet : - 1- Il s'agit ici d'établir une hiérarchie (« plus ») en fonction d'un intérêt (« s'intéresser à ») posé comme devoir-être ou impératif (« faut-il »). Cette hiérarchie porte sur deux façons de se rapporter au temps (« actualité » et « histoire »). On prendra garde de ne pas disqualifier l'une par l'autre ; il faut montrer en quoi l'une est davantage digne de notre intérêt (ce qui n'est pas dire de l'autre qu'elle n'est pas intéressante). L'histoire est cette discipline qui considère l'ensemble des évènements passés ; l'actualité aux évènements présents, dont nous sommes les contemporains. La question revient donc à demander : de ce qui s'est fait ou de ce qui est en train de se faire, que convient-il de privilégier ? La difficulté tient à ce que le sujet ne laisse pas présupposer que les deux peuvent nous intéresser mais qu'il faut faire un choix : entre les évènements disparus, et ceux qui arrivent actuellement, auxquels dédier notre attention ? Et pourquoi un tel choix ? Il conviendra donc de montrer pourquoi passé et présent ne sauraient simultanément mobiliser notre intérêt, étant deux dimensions distinctes et séparées du temps. UN INTÉRÊT TROP GRAND PORTÉ À L'HISTOIRE EMPÊCHE DE VIVRE a) qu'est-ce que l'histoire ? L'histoire est la discipline qui s'efforce de connaître ce qui s'est produit ; il s'agit d'une science humaine, ou de la culture.

On peut ainsi comme le fait Nietzsche dans la seconde des Considérations inactuelles, se demander quelle utilité (intérêt) possède une telle étude : favorise-t-elle la vie d'un homme, est-elle utile à son développement, à l'accroissement de sa puissance ? b) nostalgie du passé ; dégoût du présent L'historien témoigne en effet une âme conservatrice qui maintient en vie tout « ce qui est petit restreint et vieilli, prêt à tomber en poussière ».

Plusieurs inconvénients à cette attitude.

D'abord, l'histoire scinde la personnalité : elle détourne du présent vers un passé sans existence vivante (=active).

L'homme d'histoire est une « ombre », une « abstraction » : il se confond dans l'existence de ce qu'il décrit mais ne fait advenir aucune nouveauté ; ces « manuels de chair et d'os » ne sont jamais capable de « faire eux-mêmes de l'histoire » (= créer). S'intéresser à l'histoire plus qu'à l'actualité = disséquer au lieu de vivre.

Ensuite, regarder en arrière est une attitude de vieillard qui constate que sa puissance était, et comme elle est disparue, il ne peut plus que redire ce qui a été. Enfin, l'histoire est une certaine façon de neutraliser les évènements en les juxtaposant : l'historien (emprunt d'hégélianisme) soutient qu'il fallait que les choses soient ce qu'elles ont été et voit partout une sorte de nécessité souterraine ; ce qui a pour conséquence une sorte de dégoût de la vie et refus de s'engager. Transition : L'histoire empêche d'accéder à la vie ; l'historien est incapable de sentir par lui-même et répète ce qui n'est plus et ne vît pas. Au contraire, l'actualité nous donnerait une prise avec la vie, avec ce qui nous est personnel car contemporain et dont on peut être l'acteur direct. Cependant, Nietzsche ne disqualifie pas l'histoire comme telle, mais s'attaque à une certaine manière de la pratiquer (le « petit faitalisme »).

Ainsi il admet que l'étude du passé en ce qu'elle fournit des exemples, des guides : parfois, la force a besoin de « maîtres » ou « consolateurs », « compagnon qu'elle ne trouve pas dans le présent ».[1] On peut donc repenser cette primauté de l'actualité sur l'histoire.

Comment l'histoire peut-elle être mise au service de la vie ? Pourquoi doit-elle alors nous soucier davantage que l'actualité ? 2- IL FAUT S'INTÉRESSER À L'HISTOIRE POUR AGIR DANS L'ACTUALITÉ Pourquoi l'histoire pourrait-elle nous permettre d'agir dans l'actualité ? Pour répondre à cette question, on peut se référer à la préface du Prince de Machiavel.

Machiavel propose ses services à Laurent de Médicis et met ainsi en avant une compétence qui ne peut être que profitable au prince : celle d'avoir étudié les grands évènements passés.

L'enseignement de Machiavel constituerait en cela pour le prince un formidable gain de temps : il pourrait bénéficier de la connaissance que Machiavel a acquises en de nombreuses années sans se donner la peine d'une étude aussi longue.

Mais qu'est-ce que sait Machiavel au juste ? a) L'actualité et la fortune Le cours du temps se présente de manière aléatoire ; il est soumis à la fortune.

Pourtant, l'infinie variété des situations concrètes n'empêche nullement de déterminer des invariants (ne sont pas des lois mais des conditions identiques constituant le fond des changements).

La thèse de machiavel et qui sert de base à son travail = le temps ne modifie pas en profondeur les conditions de l'action politique : « Quiconque compare le présent et le passé voit que toutes les cités, tous les peuples ont toujours été et sont. »

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