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Faut-il mépriser la technique ?

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« C'est une question qui repose en partie sur le préjugé que la technique ne serait qu'une activité subalterne de l'homme, qui ne nécessiterait pas d'utiliser des facultés humaines élevées, elle serait aliénante pour l'homme, polluante.

Mais cette question suppose que ce mépris de la technique pourrait apporter quelque chose à l'humanité, que ce mépris serait un devoir afin que l'humanité progresse par exemple, qu'elle soit plus heureuse, or n'est-ce pas l'inverse que l'on devrait penser, que la technique est l'une des conditions pour que l'humanité ait un développement harmonieux ? 1) La technique est méprisable car elle dévalorise l'homme. Longtemps l'activité technique a été dévalorisée en comparaison des activités intellectuelles.

Cette distinction remonte à la philosophie grecque qui sépare l'activité contemplative, purement noétique, qui relève de l'esprit qui est distinguée de la poiesis.

Aristote dans l'Ethique à Nicomaque théorisera cet aspect. 1. Technique & sciences théorétiques chez Aristote. Dans sa « Métaphysique », Aristote distingue trois types de « sciences » : les sciences « théorétiques », les sciences « pratiques » et les sciences « poétiques ».

Les premières (théologie, physique, mathématiques) sont pure contemplation ; les secondes (éthique, politique) ont trait à l'activité humaine dans la mesure où les causes sont inhérentes à l'homme et ont pour but la perfection de l'agent ; les troisièmes concernent toute production d'objets externes à l'homme.

La technique relève de ces dernières. La technique est donc définie par Aristote comme science poétique, cad science de la production.

Elle se propose la réalisation d'une œuvre extérieure à l'homme.

Elle s'oppose à la science théorétique qui est l'étude, la contemplation de la vérité, la science en acte, la spéculation désintéressée, indépendante de toute fin utilitaire ou morale. Pour Aristote, le domaine de la production matérielle et de la technique est réservé aux esclaves.

Ces derniers sont une propriété instrumentale du maître.

Or, il y a deux sortes d'instruments : l'inanimé, l'outil, et l'animé, l'esclave.

L'esclave est préférable jusqu'à un certain point à l'outil inanimé, car en l'absence de véritable « esclave mécanique », il faut nécessairement passer par l'outil libre.

De plus, au travail de l'outil inerte qui renvoie l'homme à autre chose que lui-même, il faut préférer l' « action », cad l'usage de la vie qui ne renvoie l'homme qu'à lui-même.

Mais les esclaves sont semblables aux outils inanimés dans la mesure où ils agissent sans savoir ce qu'ils font, « à la façon dont le feu brûle ».

La seule différence, c'est que les outils inanimés accomplissent chacune de leurs fonctions par une tendance naturelle, tandis que les esclaves le font par habitude. Ainsi, pour Aristote, la théorie comme « connaissance des causes » s'oppose à la technique qui ne requiert que la pure et simple habileté pratique acquise par habitude. Aussi cette idée sera tenace et corroborée par l'évolution des procédés techniques de la civilisation industrielle et capitaliste.

La mécanisation a enlevé à l'homme une partie de son pouvoir d'action.

Il a l'impression par la division du travail, sa parcellisation qu'il n'est plus l'auteur, l'instigateur des objets qu'il fabrique.

Il n'est plus qu'un exécutant, qu'une branche du mécanisme à l'instar de Charlot dans le film les Temps Modernes.

Ce processus porte le nom d'aliénation et l'un des problèmes majeurs de l'activité technique et en particulier ouvrière.

L'aliénation désigne la privation réelle et objectivement observable du droit de disposer de son sol, de ses richesses, de sa capacité de travail, etc., au profit d'une autre puissance, et le sentiment d'altération qu'éprouve un peuple dans la conscience qu'il prend de son identité en tant que personnalité collective.

Les révolutions du Tiers Monde ont ainsi repris au prolétariat européen le terme d'aliénation, non seulement pour l'étendre à de nouvelles situations, mais pour le déplacer de la conscience ouvrière sur la conscience nationale ; le déplacement tend à devenir un véritable changement de genre, lorsque la conscience d'aliénation, alléguée par telle ou telle ethnie ou entité nationale, ne présente plus qu'une analogie lointaine avec l'aliénation qui affecte d'abord, et à titre principal, le travailleur comme producteur de biens ou de services à caractère économique.. »

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