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Faut il célébrer la technique ?

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« On peut célébrer la technique pour diverses raisons.

On peut voir dans la technique un formidable moyen d'améliorer nos conditions de vie, d'améliorer notre quotidien, d'alléger nos efforts, d'allonger notre durée de vie, de pourvoir à nos besoins.

Aussi, on peut voir dans la technique la possibilité d'une vie sans obstacle et heureuse.

Mais pour autant, faut-il éluder tous ses aspects négatifs : sa capacité à détruire la nature, à nous aliéner, à nous priver de liberté, à menacer même notre vie future.

Il a existé des célébrations de la technique, et il en existe encore.

Elle est parfois perçue comme le symbole par excellence du progrès.

Est-ce une bonne chose pour la technique que d'être célébrée ? 1) Un excès de célébration ? Jules Verne écrit en 1863 dans Paris au XX e siècle, page 160 de l'Edition Hachette, 1994 : « Ainsi donc au XX e siècle, plus de peinture et plus de peintres.

Y a-t-il au moins des sculpteurs ? Pas davantage, depuis qu'on a planté, au beau milieu de la Cour du Louvre, la muse de l'industrie : une forte mégère accroupie sur un cylindre de machine, tenant un viaduc sur ses genoux, pompant d'une main, soufflant de l'autre, avec un collier de petites locomotives sur les épaules et un paratonnerre dans son chignon.

» Dans la description que Jules Verne donne de Paris en 1962, l'art traditionnel a disparu pour laisser place aux sciences mécaniques.

C'est une société déculturée par la technologie.

L'art est réduit aux sculptures de mauvais goût à la gloire à l'industrie.

Paris, en 1962, n'est plus qu'un immense port relié à la mer par un canal, la ville est traversée par des métros qui fonctionnent à air comprimé.

Cette vision de la civilisation industrielle poussée à son paroxysme exprime une peur mêlée de fascination pour la technique.

La technique va faire disparaître l'art, mais va apporter en retour une beauté nouvelle libérée de toutes références au passé.

L'anticipation un peu naïve de J.

Verne n'est pas sans pertinence dans la compréhension de l'art moderne et du design. 2) Un exemple de célébration de la technique : les expositions universelles. L'architecture du fer est née avec les expositions universelles du milieu du XIXe siècle.

Paris en a reçu de nombreuses au cours du XIXe siècle : 1867,1878, 1889, et 1900.

En France, après la proclamation de la liberté du travail de 1791 (abolissant les corporations) est organisée dès 1798, une « exposition des produits de l'industrie française ».

Ces expositions nationales se tenaient sur le Champ- de- Mars jusqu'en 1849 ; bien qu'il s'agisse déjà de glorifier l'industrie, elles n'auront que peu de rapports avec les gigantesques expositions universelles qui vont leur succéder.

L'exposition universelle de 1851 à Londres marque l'avènement des édifices en fer.

Le Crystal palace sera le plus grand édifice construit par l'homme avec ses 74 000 m².

De là naîtra une véritable compétition, entre Londres et Paris, dans une surenchère d'édifices toujours plus grands et impressionnants.

Mais Paris a eu la prédominance dans l'organisation des expositions universelles, ce qui fait dire à Siegfried Giedion : « Pendant cette période, la France était devenue comme à l'âge gothique le lieu des constructions les plus audacieuses.

» C'est en effet en France à la fin du XII e siècle et au début du XIII e qu'est né l'art gothique, que toute l'Europe copiera par la suite. Cet exemple d'audace se retrouve dans un premier temps avec la construction de la galerie des Machines par Dutert et Condamin en 1889.

Ce bâtiment devait être l'apothéose de l'architecture de fer.

L'architecte Frantz Jourdain dit à son propos : « La galerie des Machines, avec sa fantastique portée de 115 mètres sans tirant, son envol audacieux, ses proportions grandioses, sa décoration intelligemment violente, est une œuvre d'art aussi belle, aussi pure, aussi originale, aussi élevée qu'un temple grec ou une cathédrale.

» .

La galerie des Machines donnait une extraordinaire impression de puissance avec ses piliers monumentaux reposant sur quarante piles de maçonnerie.

Elle avait une hauteur de voûte de 43 mètres (On pouvait y placer la colonne Vendôme).

A son propos le jeune architecte Eugène Hénard, chargé de la surveillance des travaux par Alphand, directeur de l'exposition a écrit : « Ce qui frappe tout d'abord lorsqu'on entre dans l'immense nef du palais, c'est le profil hardi et grandiose de la grande ferme et sa subdivision en treillis alternativement larges et étroits…L'ajustement des arceaux de fer, constituant l'ossature des bas-côtés, sur les pieds-droits des grandes fermes, est un des motifs les plus remarquables du palais des Machines.

Il y a là comme une arborescence de fer aussi élégante dans ses divers aspects que les nervures de pierre s'élançant des piliers des cathédrales gothiques.

» Ici, le symbolisme naturel et le fonctionnalisme que les romantiques ont projetés sur l'architecture gothique ont trouvé leur expression moderne.

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Le fer et la machine deviennent les princes et non plus les rebuts de la société.

Une esthétique véritable naît de la civilisation industrielle.

A ce titre, la Tour Eiffel suscite encore l'admiration du monde entier, première grande œuvre d'art à l'époque de l'industrie.

Elle représente donc une expérience inédite de construction métallique.

Jusqu'à l'époque des expositions universelles, la course à la hauteur était restée l'apanage de l'architecture religieuse.

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La forme qu'a la tour est purement rationnelle, et elle est simplement née du calcul de résistance au vent, et de la répartition de la charge sur les quatre pieds.

Elle est une nouvelle expression de la structure et de l'espace inédite jusqu'à cette époque.

Elle a été l'emblème suprême de la civilisation industrielle et technicienne et elle a amené à ses pieds des millions de visiteurs.

Mais tous les objets techniques ne sont pas assimilables aux œuvres d'art.

La production industrielle reste une production d'objet en série destinée au grand public , et la volonté de rendre « beau » les objets de la vie quotidienne se nomme le design.

Mais répond-t-il vraiment à cette volonté de rendre plus agréable la vie quotidienne ou n'est-il qu'un avatar de la société de consommation ? 3) Célébrer la technique par la création d'une esthétique industrielle. Ce qu'on appelle l'art appliqué est apparu en Angleterre dès le 19e siècle, puis en France.

Il trouve leur forme moderne, non seulement dans les variations sérielles de l'art dit technologique, mais plus radicalement dans le design et son idéologie fonctionnaliste.

Alors que le 19 e siècle reprenait les faits techniques et industriels au compte du. »

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