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Faut-il poser des limites aux progrès de la technique ?

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Parler de pouvoir de la technique, c'est substantialiser celle-ci, lui donner une autonomie par rapport à l'homme. Poser cette question revient à demander en quoi et comment la technique a gagné en autonomie, que s'est-il passé pour que la technique change de nature dans l'histoire. Cela sous-entend aussi que ce pouvoir est dangereux et qu'il faudrait le limiter. Pour quelles raisons ? Est-ce parce que la technique représente une menace pour la nature, pour l'homme et sa liberté ?

« Faut-il poser des limites aux progrès de la technique ? La technique peut se définir comme « ensemble de procédés bien définis et transmissibles, destinés à produire certains résultats jugés utiles ».

La technique se distingue donc de la simple habitude : elle n'est pas simplement une manière d'agir ou un état d'esprit acquis par la répétition fréquente des mêmes actes mais elle implique au contraire une représentation rationnelle plus ou moins abstraite.

Mais la technique n'est pas pour autant réductible à la science puisque cette dernière a pour fin de représenter la réalité alors que la technique se propose de la transformer.

Dans la mesure où le technique permet de parvenir à une relative maîtrise de la nature en instaurant un rapport rationnel à son égard (le technique permet à l'homme de se faire « maître et possesseur de la nature », pour reprendre l'expression de Descartes, dans le Discours de la méthode), il peut se présenter comme un moyen de libération.

La transformation du donné, de la chose immédiate, qu'implique le travail n'est-elle pas indispensable pour se délivrer de la nécessité des lois de la nature ? la technique n'est-il pas finalement l'origine de toute culture ? De plus, grâce à la technique l'homme progresse sans cesse et vit plus vieux. D'autre part, si travailler c'est transformer la nature en vue d'une fin déterminée, le travail est impensable sans la notion de technique.

Certes, la technique est l'expression de notre spécificité humaine, mais il faut nous demander à quoi sert la technique en tant que telle.

Son introduction dans le rapport de l'homme au monde ne dépossède-t-elle pas l'homme de sa maîtrise sur la nature acquise par le travail ? L'outil ne peut-il pas se retourner contre l'homme ? L'automatisation des techniques de production prive en effet l'homme de son savoir-faire. Parler de pouvoir de la technique, c'est substantialiser celle-ci, lui donner une autonomie par rapport à l'homme. Poser cette question revient à demander en quoi et comment la technique a gagné en autonomie, que s'est-il passé pour que la technique change de nature dans l'histoire.

Cela sous-entend aussi que ce pouvoir est dangereux et qu'il faudrait le limiter.

Pour quelles raisons ? Est-ce parce que la technique représente une menace pour la nature, pour l'homme et sa liberté ? 1) Le pouvoir de la technique. Le rapport entre technique et politique apparaît bien plus complexe.

D'une part, la politique, c'est-à-dire la manière de gouverner ou la conduite des affaires publiques, peut avoir un effet notable sur les développements techniques (en encourageant ou défavorisant les recherches dans ce domaine).

D'autre part, la technique intervient de plus en plus aujourd'hui jusque dans les décisions politiques, comme un ensemble de dispositifs permettant d'analyser les conjonctures et d'orienter le choix (les techniques de sondage, par exemple).

Le risque est alors grand de voir se multiplier les technocraties, c'est-à-dire des systèmes politiques dans lesquels les techniciens ont un pouvoir prédominant, au détriment de la vie politique proprement dite.

Dans un tel régime, la priorité est donnée à la résolution efficace des problèmes, souvent au détriment des réalités humaines.

Un technocrate est un homme qui considère que l'on gouverne un pays comme on dirige une usine, négligeant la différence essentielle entre les deux : on a affaire d'un côté à des machines, de l'autre à des citoyens. Le sociologue Jacques Ellul analyse cette incursion récente de la technique dans la sphère politique ; il soutient que la technique finit par se développer de manière autonome, et échappe au contrôle des hommes.

Le développement des techniques engendrerait en effet, dans nos sociétés modernes, une obsession de l'efficacité et de la rentabilité qui envahirait toutes les sphères de l'activité humaine, y compris l'univers de la politique. Il peut alors sembler que l'évolution de la société est déterminée par l'évolution du progrès technique et scientifique. La technocratie soutient que, dans les sociétés modernes, le citoyen n'est pas le plus compétent concernant les questions pratiques, et donc n'est pas réellement apte à choisir un bon gouvernant.

C'est donc le principe même de la démocratie qui est remis en cause par la technocratie, qui pense qu'un personnel administratif compétent doit être mis à la tête de l'Etat (les hautes écoles administratives comme l'ENA dispensent des formations de plus en plus techniques).

Bref, il s'agit d'affirmer qu'en matière de politique, un technicien averti serait plus efficace qu'un peuple qui ignore tout de la science du gouvernement. Jürgen Habermas, dans La technique et la science comme idéologie, s'emploie à dénoncer la thèse technocratique. Il tente de montrer qu'une telle conception tend à réduire toute forme d'action humaine au modèle de l'action efficace, technique ou stratégique (qui correspond à ce qu'il nomme « rationalité instrumentale ») et donc à oublier une autre forme d'action sur laquelle seule peut se fonder un consensus social : l'action qui relève de la pratique, et qui met en jeu un accord entre les hommes à propos d'une forme de vie commune. Ne devrait-on pas alors essayer de rendre au travail sa valeur première, à savoir celle d'un simple moyen, rendu plus efficace par la technique, qui vise à organiser la vie en société et à assurer la juste répartition des richesses ? En d'autres termes il faudrait, pour pallier le risque de technocratie, ne pas faire de l'efficacité du travail et de la. »

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