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Faut-il aimer son prochain ?

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« Faut-il aimer son prochain ? « A ime ton prochain comme toi même.

» (Lévitique 19, 18) Analyse du sujet : Du point de vue conceptuel : Aimer : A imer c'est porter de l'affection à un objet ou quelque chose.

L'amour est un sentiment qui lie une personne à une autre.

Dans l'amour entre deux personnes il faut voir plutôt que la thématique de l'échange, celle du don réciproque, les deux personnes se donnent l'une à l'autre. Prochain : Le prochain c'est le semblable, le « comme moi ».

Je l'aime parce qu'en lui je me retrouve ou je retrouve une appartenance qui nous lie en une communauté.

Le prochain n'est pas encore autrui, autrui c'est « l'autre moi-même », nous sommes certes liés mais ma reconnaissance à son endroit n'est pas limité au simple partage d'une appartenance : il est un « alter » même s'il reste un « ego », il n'est pas moi, mais il est comme moi, un homme. Du point de vue formel : « Faut-il » : C e type de sujet invite à s'interroger sur la nécessité en deux sens : Y a-t-il une nécessité de fait, quelque chose qui nous force à...

? Et Y a-til une nécessité de raison qui nous amène à...

? Problématisation : Nous nous interrogeons sur l'amour du prochain.

Faut-il aimer son prochain ? C omment envisager en première analyse la possibilité de ne pas admettre ce commandement divin fondement de la civilisation pacifiée, sans en même temps s'abandonner à la barbarie ? Mais pour autant, la reconnaissance du semblable, condition de la moralité, peut-elle se satisfaire d'être soumise à un sentiment tel que l'amour ? Si le sentiment nous oblige à traiter comme s'il était nous-mêmes notre semblable qu'en est-il de celui qui ne nous ressemble pas et/ou que nous ne sommes pas porté à aimer ? Dès lors ne faudrait-il envisager que la caractérisation de l'amour comme impérative et universelle (ni soumise à une appartenance, une ressemblance, ni à un sentiment) ne saurait se satisfaire du couple amour/prochain ? M ais comment, non pas simplement rejeter cette conception, mais l'enrichir et l'universaliser pour en atténuer les défauts ? C 'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier lieu. Proposition de plan : 1 .

« Aime ton prochain comme toi même » semble être le commandement moral par excellence. a) En cette simple expression pourrait se résumer le message entier du christianisme, religion du sentiment qui voit dans l'amour du prochain, de soi et de dieu, la valeur ultime. b) En effet dans l'amour du prochain, il y a le respect de sa dignité de chrétien, en tant que créature divine, capable d'amour. Problème : D'une part, le semblable ce n'est pas encore autrui qui est un alter ego dont je respecte la différence, dans le prochain je respecte le chrétien, c'est-à-dire moi-même.

D'autre part, si l'amour est le sentiment qui découle naturellement de la considération du semblable, qu'en est-il dans cette optique pour le non semblable celui en qui je ne me retrouve pas et qui ne me semble pas digne d'amour ? Transition : C e commandement peut-il suffire à assurer la moralité dans les rapports des hommes entre eux ? 2 .

Selon cette conception le prochain n'est pas l'autre, il est seulement le semblable digne d'amour. a) L'amour du prochain n'oblige pas universellement, elle est un impératif religieux qui ne concerne par la même que ceux qui croit en cette religion. b) D'autre part ceux qui croient en cette religion voient dans le prochain, un semblable, qu'advient il devant un prochain qui ne serait pas un semblable, en qui le chrétien ne reconnaît pas le chrétien ? c) L'amour du prochain ne peut être un impératif universel, il circoncit son effet dans les limites de la foi et de l'appartenance au christianisme. Problème : P our autant l'on ne peut pas se permettre de perdre les fruits de la morale du sentiment d'amour envers le semblable.

Il faut l'enrichir mais pas la condamner. Transition : C omment pourrait-on enrichir cette conception moral dans le sens de l'universel ? 3 .

L'impératif moral universel est rationnel et fondé sur ce qui caractérise dans son ensemble l'espèce humaine. a) Le seul appui solide qui permette à l'impératif moral de s'appliquer universellement, sans distinction d'ethnie ou d'appartenance quelle soit c'est la raison.

C hacun est en mesure de savoir où est son devoir (Kant). KANT : le devoir comme impératif catégorique Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans ce cas la raison exerce une contrainte sur la volonté.

Cette contrainte s'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes : — les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions considérées non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendre ce médicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifs hypothétiques se rattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ; — les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, mais pour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté sait qu'elle doit s'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifs catégoriques s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.

Ils se caractérisent donc par leur universalité.

C 'est pourquoi il n'y a au fond qu'un seul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : « A gis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».

De cette formule, Kant en déduit trois autres : • « A gis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

» • « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» • « A gis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne des fins rendu possible par la liberté de la volonté. b) C elui qui est digne d'estime ne l'est pas à cause de son appartenance mondaine (religion, ethnie, cité) mais parce qu'il est membre de cette espèce si particulière qu'est l'espèce humaine, doué de raison, c'est-à-dire capable de poursuivre des fins dont la plus haute est le bien. c) L'amour du prochain ne permet pas ce critère d'universalité, il ne vaut pas pour tous et reste dépendant des fluctuations de l'affect, il ne dure pas toujours, on ne saurait contraindre à aimer : il n'est pas vraiment un impératif par conséquent, il ne représente pas une nécessité universelle pour tous les hommes.

Inutile d'aimer son prochain pour agir avec lui de manière morale, il suffit de voir en lui un être digne, de là éventuellement peut découler une forme d'amour pour lui.. »

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