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PEUT ON AIMER SON PROCHAIN COMME SOI MÊME,

Extrait du document

« Analyse du sujet: L'amour de soi, au sens du souci de soi, est un désir attribué classiquement à l'homme naturel.

L'homme est naturellement porté à se soucier de lui-même, de sa survie et de son bien être.

De là nous pourrions en déduire que l'homme a tendance à se préférer lui-même aux autres.

En tout cas, nous aurions plutôt tendance à croire à la préférence, à un égoïsme naturel de l'homme. La question posée demande s'il est possible d'aimer autrui comme soi, et d'emblée, il faut éviter dans ce sujet le piège qui consisterait à confondre prochain et proches.

Aimer son prochain ce n'est pas aimer une personne en particulier mais autrui en tant qu'il est homme et donc en tant qu'il est mon semblable. Il faut donc réfléchir sur la capacité pour un homme de sympathiser avec un inconnu, c'est-à-dire de s'identifier à lui.

La répugnance que nous inspire la souffrance d'autrui, ou la joie qui nous envahit quand nous voyons quelqu'un d'heureux sont peut-être des sentiments sur lesquels l'amour du prochain comme autre soi-même est possible. Il faut aussi relever que la question n'est pas peut-on aimer son prochain plus que soi-même.

En mettant entre parenthèse ce que nous avons dit à propos du terme prochain, c'est-à-dire qu'il ne désignait pas quelqu'un en particulier, on peut remarquer que l'amour d'autrui comme idolâtrie est possible.

On peut préférer quelqu'un à soi. Mais, il ne faut pas faire l'erreur qui consisterait à déduire que si on peut aimer quelqu'un plus que soi-même, alors on peut aimer son prochain comme soi-même.

Cela n'a en effet rien d'évident, et il faudra s'attacher à montrer la différence. Enfin une dernière remarque peut être émise sur le sujet et qui consiste à faire une distinction classique quand le sujet présente des notions qui expriment la possibilité : celle entre devoir et pouvoir.

Ici, il ne faut pas glisser de la question peut-on à doit-on aimer mais au contraire remettre en cause une règle morale simple en testant sa possibilité.

Si on admet qu'il faut aimer son prochain comme soi-même pour être équitable, il est plus difficile de prouver que cela est possible.

Si c'est impossible alors l'injonction morale ne peut être prononcée que par des hypocrites. Problématisation: Aimer son prochain comme soi-même semble ne pas être une chose naturelle.

Mais parce que cela n'est pas donné naturellement, cela ne signifie pas que cela ne soit pas possible.

Il faut alors se demander comment cela est possible en cernant bien ce qu'aimer son prochain veut dire.

Es-ce qu'il existe des preuves, des faits qui démontrent la possibilité d'un homme qui aime autrui comme lui-même, qui aime tous les hommes.

Cela n'est-il qu'un mythe ? L'injonction morale « aime ton prochain » doit-elle être rejetée sous prétexte qu'elle serait un mythe ? Y a t-il des motivations profondément égoïstes dans tout acte qui voudrait se faire croire altruiste ? 1. 2. On peut aimer plus que soi-même. 1. Nous avons précisé la nécessité de distinguer l'amour du prochain de l'amour du proche.

Mais cela ne nous empêche pas d'en parler, d'ailleurs, il est important de noter qu'il existe des amours si puissants, qu'ils peuvent conduire l'amoureux au suicide s'il perd l'amour de son amant.

Il serait difficile de ne pas admettre la possibilité d'un amour de l'autre plus grand que l'amour de soi.

La fascination, l'idolâtrie (il n'y a qu'à penser aux hordes de fans dans un concert) remettent en question la préférence naturelle pour soi.

Par ailleurs, rien ne peut nous assurer que l'homme à l'état de nature se préfère à ses proches. 2. On peut aimer plus que soi-même des personnes en particulier, avec lesquelles nous avons établi des liens.

Mais il convient d'emblée de distinguer tous ces sentiments que nous réunissons sous le même terme d'amour afin de cerner davantage le sentiment dont il est question dans ce sujet.

Aimer comme soi- même, ce n'est pas préférer l'autre à soi, ce n'est donc pas l'idolâtrie.

Cela ne correspond pas non plus au lien parent-enfant parce qu'ils ne sont pas égaux.

Le sentiment qui correspond le mieux est l'amitié ou la fraternité, sorte d'amitié naturelle, car il a lieu entre deux personnes égales. S'il y a un dominant et un dominé dans une relation, le sentiment d'amour de soi et de l'autre ne sont pas comparables.

Cela ne signifie pas que le dominant aime mieux lui-même que l'autre ni non plus que le dominé préfère l'autre à lui –même mais que cette relation ne peut convenir pour un amour fraternel basé sur l'égalité. 3. Ainsi, nous avons affirmé que l'amour en question doit être un amour entre égaux et que celui qui convient est l'amitié.

Or, il reste à savoir si l'amitié, la fraternité envers tous les hommes est possible. On ne peut pas aimer tous les hommes comme soi-même. »

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