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Faut-il aimer la vérité ?

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« En quoi la vérité peut-elle faire l'objet d'un impératif (il faut) ? Comment lier amour et vérité ? Qu'est-ce que ça veut dire, d'aimer la vérité ? Distinguons (a) la vérité que l'on connaît ou croit connaître : par exemple, j'aime cette vérité, que les choses sont comme elles sont.

Ou bien, (b), aimer la vérité que l'on ne connaît pas encore : aimer ce qui est vrai en tant que c'est vrai, quel qu'en soit le contenu.

L'amour sous-entend-il une appropriation de la vérité, ou son acceptation dans l'absolu ? Est-ce que c'est "désirer la vérité" ? Il n'est pas évident qu'un désir puisse être prescrit, puisse faire l'objet d'un "il faut" (Kant établit le contraire dans la Critique de la raison pratique : aucun impératif ne peut prescrire un but ou un désir, l'impératif concerne seulement la forme de ma volonté).

On peut se référer à cette maxime que l'on prête à Aristote : "je suis ami de Platon, mais je suis davantage encore ami de la vérité" : autrement dit, l'amour de la vérité s'oppose aux liens personnels.

Et cette forme de l'amour de la vérité est peut-être la plus faible possible, celle qui pourrait donner son sens à "il faut aimer la vérité" : préférer ce que l'on estime (de manière rigoureuse, rationnelle, etc.) être vrai, à nos liens personnels.

Seulement la vérité n'est pas donnée, elle est l'objet de notre quête – généralement, ce que nous avons, ce sont des certitudes humaines d'être dans le vrai, et ces certitudes ne sont pas partagées : donc ici, l'amour de la vérité peut vite passer dans l'amour de ce que l'on estime être la vérité, si l'on prend vérité non pas comme en (b), pour une instance vide, mais comme en (a), pour un contenu connu.

Le fanatisme est à cette limite-là ; dans son Traité sur la tolérance, Bayle disait que les fanatiques religieux aiment précisément la vérité et au nom de cet amour brûlent les autres.

Pourquoi faudrait-il aimer la vérité ? Il n'y a pas de justifications utilitaires : souvent elle ne sert à rien, elle peut même déprimante (darwinisme, Freud, etc.) ou nuisible (détruit l'espoir, etc.).

Pour Nietzsche, dans le Crépuscule des idoles ou dans Le gai savoir, "il faut aimer la vérité" renvoie à l'impératif de ne pas tromper donc à la morale — et la validité de cet impératif est alors suspendu à la validité ou au destin de la morale établie (chrétienne, platonicienne). ANALYSE DU SUJET SENS DU SUJET : Le sujet associe deux notions contradictoires : Amour et Vérité.

Comme la philosophie l'amour de la vérité tend le désir vers un objet idéal, parfait et éternel.

Pourtant la vérité peut être dangereuse ou malheureuse au point de ne pas vouloir l'aimer. Le philosophe et le sophiste s'opposent sur ces points. DÉLIMITATION DU SUJET : Vérité et philosophie.

Amour de la sagesse.

Amour de la vérité sophiste.

Raison-Passion. LES REFERENCES : Platon : Phédon, Apologie de Socrate.

République livre7 (ALLEGORIE DE LA CAVERNE).Descartes : DISCOURS DE LA MÉTHODE.

Kant : FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MOEURS. DÉVELOPPEMENT INTRODUCTION La vérité devrait être aimée pour elle même, au point que son objet d'amour apparaisse comme nécessaire.

Or s'il faut aimer la vérité, alors son attrait n'est pas nécessaire mais exige une initiation (la maïeutique de Platon, la méthode de Descartes).

La philosophia contribue à cet amour de la vérité en délivrant l'esprit des filets du corps, de l'apparence et de l'erreur. La vérité est donc à la fois ce qu'il faut aimer pour découvrir les essences et,en même temps, ce qui ne cesse de se dérober au fur et à mesure que nous philosophons. 1) LA HAINE DE LA VÉRITÉ - Les sophistes La vérité, dont Socrate se dit l'amant, n'est pas de ce monde.

Elle réside dans le monde intelligible si bien qu'elles n'apparaît d'aucune utilité pour les sophistes. Pour les sophistes la vérité doit être opératoire et efficace.

Pourquoi aimer la philosophie dès lors que sa tache est plutôt ironique.

Le soupçon inspiré qu'adresse Socrate à ses contemporains ne suffit pas pour convaincre.

Au contraire d'aimer la vérité éternelle des idées, il faut préférer celle obtenue immédiatement par le discours.

La persuasion est suffisamment convaincante pour obtenir satisfaction.

Il faudrait aimer le discours pour lui-même plutôt que de vérifier sa valeur de vérité. -Le mensonge Le pas est vite franchi de la persuasion au mensonge : il suffit de refuser la vérité comme critère de validation du discours pour perdre toute référence idéale.

L'amour du mensonge, affirmé par le cynique ou le pervers, interdit tout accord avec autrui.

Aucune conventionne peut limiter cette inflation dans le mensonge. 2) UN AMOUR NÉCESSAIRE - Critique de l'apparence Nul doute qu'à mentir en permanence toute vérité disparaît.

Mais est-ce souhaitable ? A moins de renoncer à toute existence sociale, toute convention linguistique avec autrui exige une permanence de la vérité.

Pour cela il convient, à l'instar de l'allégorie de la caverne de Platon, de distinguer l'apparence de l'être. D'une part afin de ne plus subir les effets. »

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