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En sciences, l'expérience est-elle maîtresse de vérité ?

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« Introduction : On a coutume d'attribuer à la science la nécessité d'une méthode expérimentale, c'est-à-dire de ne considérer comme vérité scientifique que ce qui a été confirmé par une expérience rigoureusement conduite et en mesure d'être répétée à l'identique.

Et pourtant, si la science est liée à l'expérience, elle n'a pas toujours été expérimentale, d'où il s'ensuit que les vérités établies scientifiquement ne sont pas la conséquence nécessaire d'une validation par l'expérience.

Si la vérité scientifique, n'est pas du seul ressort de l'expérience scientifique, on peut alors penser que l'expérience peut n'être pas toujours un critère fiable de vérité.

Dans quelle mesure l'expérience scientifique dans le cadre de l'expérimentation offre-t-elle une condition d'accès à la vérité, et peut-elle être à l'inverse, source d'erreur et de fausseté ? 1ère partie : L'expérience ne livre pas la vérité mais la garantit. - L'expérimentation scientifique permet de valider une démonstration, de confirmer un résultat, mais n'est pas à l'origine de son obtention.

C'est une fois que la science a fait une découverte, grâce aux calculs rationnels qui lui sont propres, qu'elle peut vérifier par l'expérience si le résultat obtenu coïncide avec la réalité.

L'expérimentation apparaît comme utile à la science, mais n'est pas au fondement de la démarche scientifique. - Il semble alors qu'on ne puisse pas dire que l'expérience soit maîtresse de vérité, car elle ne détient pas la vérité, mais la conforte seulement.

En effet, en sciences, l'expérience vient valider une hypothèse formulée au préalable et résultant de démonstrations et calculs qui ne ressortent pas de l'expérience.

Elle n'est donc en aucun cas la source de la vérité, mais seulement son auxiliaire, car elle permet d'en témoigner, d'en rendre raison par des preuves empiriques. - L'expérimentation scientifique n'est donc jamais première.

Il faut une hypothèse de départ, déclenchée par la réflexion théorique, qui conduit le scientifique à provoquer une expérience.

C'est le critère rationnel, objectif, positif et critique de la théorie qui garantit en premier lieu toute scientificité.

Pour Bachelard, la pensée théorique anime la totalité de la recherche scientifique.

L'observation scientifique a besoin d'un « corps » de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder.

Claude Bernard dans son Introduction à la médecine expérimentale expliquait quant à lui que l'expérience n'est qu'une « observation provoquée ou préméditée dans le but de vérifier la validité d'une hypothèse ». Une expérimentation empirique est une expérience faite sans idée préconçue dans le seul but de constater l'effet qui pourra survenir.

Elle ne vise pas à comprendre le phénomène, elle veut voir s'il existe, elle veut le constater. L'expérience scientifique se fait d'après une idée que l'on veut vérifier ou contrôler pour comprendre le phénomène. Le but est de saisir la circonstance, parmi tant d'autres, qui constitue réellement le déterminisme du phénomène, autrement dit sa cause.

La méthode expérimentale est un ensemble de règles qui ont pour but de pré-munir contre les erreurs qui peuvent résulter du maniement des faits et des hypothèses dans la connaissance.

Le scientifique doit embrasser à la fois la théorie et la pratique expérimentale.

La méthode procède par étapes : 1.

L'expérimentation empirique qui constate le fait, 2.

La naissance d'une idée, l'hypothèse (étymologiquement, ce que l'on pose en dessous) 3.

Le raisonnement qui institue l'expérience scientifique et qui en réalise les conditions matérielles 4.

La production du phénomène expérimental qu'il faut à son tour observer etc.

La science se trouve toujours placée entre deux observations : celle qui sert de point de départ au raisonnement et celle qui lui sert de conclusion. L'hypothèse est le stimulus de l'expérience, mais pour ne point devenir une théorie imaginaire, il faut s'obliger à observer les résultats de l'expérience de manière rigoureuse et exacte.

Si l'hypothèse doit y succomber, elle aura au moins contribué à apporter de nouveaux faits.

Les quatre étapes de la méthode expérimentale sont solidaires les unes des autres. => On ne peut dire de l'expérience scientifique qu'elle est « maîtresse de vérité » car la vérité ne dépend pas d'elle, mais d'abord du calcul scientifique. 2ème partie : L'expérience peut être nécessaire à l'accès à la vérité scientifique. - La méthode expérimentale fait partie de la démarche scientifique, car elle vient terminer et confirmer le résultat obtenu par le calcul scientifique.

Une vérité peut être adoptée quand elle a été validée ultimement par l'expérience. L'expérimentation à pour fonction de garantir la vérité du résultat scientifique, ou d'en souligner la défaillance et de faire saillir les erreurs des scientifiques lorsque les résultats expérimentaux ne correspondent pas aux résultats théoriques.

Ainsi, il semble que l'expérience soit détentrice de la vérité, car c'est elle qui tranche en dernière instance, en établissant la certitude ou non d'un énoncé.

En tant que preuve, l'expérience est maîtresse de vérité car elle a le pouvoir de légitimer la vérité ou de la détruire.

L'expérience se place ainsi en juge, qui discrimine le vrai du faux. - Certaines sciences reposent sur l'expérience, et ne sauraient exister sans elle.

C'est le cas des sciences de la nature, telles que la biologie, la physique, l'astronomie, etc., qui étudient justement le donné de l'expérience pour en découvrir les lois de nécessité et en comprendre le fonctionnement.

En ce sens, l'expérience devient alors davantage maîtresse de vérité, car c'est en elle que les scientifiques vont puiser pour établir leurs principes. L'expérience est au fondement de la vérité scientifique en tant qu'elle en fournit la matière même. - L'expérience, non seulement sert à confirmer des résultats scientifiques, mais elle peut aussi participer à l'élaboration même de données scientifiques, et venir au secours de la théorie quand celle-ci se heurte à certaines limites.

Ainsi, une fois la lunette astronomique inventée, Le Verrier a constaté par l'expérience que l'orbite réelle d'Uranus différait de son orbite théorique.

Ce constat empirique l'a alors conduit à supposer l'existence d'une planète. »

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