Aide en Philo

Doit-on errer pour parvenir à la vérité?

Extrait du document

« Introduction Doit-on errer pour parvenir à la vérité ? Cette question envisage une certaine façon d'accéder à la vérité.

Qu'entend-on exactement par le verbe errer ? Il recouvre plusieurs sens.

Errer peut signifier c ommettre une erreur, se tromper, ainsi qu'aller d'un côté et de l'autre sans but ni direction précise, ou, au sens figuré, divaguer, progresser sans discipline, comme dans La Dame aux Camélias de Dumas : « Je laissais ma pensée errer dans les plaines solitaires ».

Errer peut aussi signifier donner libre cours à son inspiration (« Laisser errer sa plume »), ou parcourir quelque chose ou quelqu'un du regard sans fixer son attention quelque part ; apparaître brièvement, d'une manière fugace et presque imperceptible ; être sur le point d'être prononcé sans l'être toutefois ; ou encore, hésiter, tergiverser. De ces définitions, nous retiendrons deux idées : l'idée d'erreur et l'idée de divagation.

Le problème se pose donc de deux manières.

Pour parvenir à la vérité : doit-on se tromper ? Doit-on extravaguer ? Quelle acception du verbe errer est-elle la plus propice pour accéder à la vérité ? Descartes rejette clairement la divagation de l'esprit, il revendique des idées claires et une démarche méthodique afin de corriger l'erreur et de parvenir à la vérité.

La démarche de Rousseau, dans les Rêveries du promeneur solitaire, est opposée à la démarche cartésienne puisqu'il y prône l'errance de l'esprit. Enfin, la sortie de la caverne chez Platon est l'exemple que pour parvenir à la vérité, il faut partir de l'erreur (la caverne) et s'appuyer dessus pour en sortir et atteindre la vérité.

En revanche, il ne prône pas une errance de l'âme, celle-ci gravit l'échelle des Idées en direction de l'anhypothétique pour ensuite redescendre. I- Pour parvenir à la vérité : conduire par ordre ses pensées Dans l'errance, il y a une part de hasard.

La vérité s'obtient-elle par hasard ? Cela pourrait sembler trop facile.

Pour Descartes, en effet, la vérité ne s'obtient qu'en suivant une méthode rigoureuse, le doute.

Il faut s'en servir tout en s'appuyant sur la raison, l'évidence et des idées claires et distinctes. Dans Le Discours de la méthode, Descartes donne quatre règles précises à suivre.

La première est la règle d'évidence qui consiste à ne rien recevoir pour vrai et à éviter la prévention (c'est-à-dire la persistance des préjugés de l'enfance) et la précipitation (le jugement rapide).

La seconde règle est celle de l'analyse, selon laquelle il faut examiner un par un les éléments à mettre en doute. La troisième règle est celle de l'ordre qui consiste à « conduire par ordre ses pensées ».

Enfin, il y a la règle du dénombrement selon laquelle tous les éléments de connaissance doivent être énumérés afin qu'aucun ne soit oublié.

La démarche cartésienne est proche d'une démarche mathématique et ne s'apparente pas du tout à une errance.

Descartes progresse point par point méticuleusement jusqu'à parvenir à une certitude : le Cogito, qui servira de socle à l'édifice de la vérité. II- Laisser libre cours à la divagation de l'esprit En quoi l'errance de l'esprit peut-elle permettre de parvenir à la vérité ? Rousseau nous en donne un exemple dans son œuvre testamentaire, Les Rêveries du promeneur solitaire, que l'on peut définir comme une quête du moi.

Dans cette dernière œuvre, Rousseau se demande ce qu'il est, après s'être demandé qui il était dans s e s Confessions. Rousseau invente une nouvelle façon de quérir son moi, une nouvelle méthode d'introspection qui offre un rapport immédiat de soi à soi : la rêverie.

La rêverie est synonyme d'errance, elle laisse libre cours aux divagations de l'esprit. Elle est liée au hasard : une rêverie peut naître d'un événement fortuit.

Mais celui qui erre n'est pas perdu.

En effet, au cœur de chacune des rêveries se pose une question précise : la mort, le bonheur, le mensonge, la société, etc.

Dans les Rêveries, nous sommes dans le temps de l'errance et de la vie intérieure.

Rousseau laisse errer ses pensées et son imagination, notamment lors de promenades.

C 'est ainsi qu'est né le Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes, lors d'une promenade à Saint-Germain.

Rousseau se proclamant membre du « parti de la vérité », on peut supposer que l'errance est un bon moyen pour parvenir à celle-ci.

Sa devise était : « Vitam vero impedere » (consacrer sa vie à la vérité), et dans ses Rêveries, il dit ne plus supporter la parole fausse des gens, qui dénature la vérité de l'être (il se dit vu comme « l'horreur de la race humaine » dans sa première Promenade).

Avec cette ouvrage, Rousseau a donné un nouveau sens au mot de rêverie qui comme pour l'errance pouvait être entendu péjorativement comme délire et désordre.

Il s'agit plutôt désormais d'une méditation, d'un délassement de l'esprit. III- Sortir de la caverne : l'erreur, une étape nécessaire pour parvenir à la vérité Dire que l'on doit errer pour parvenir à la vérité est vrai pour une certaine acception du verbe, c'est-à-dire dans la mesure où l'on part nécessairement de l'erreur.

C'est du moins le cas chez Descartes, dont nous venons de dire que sa philosophie s'oppose à une idée d'errance.

En revanche, chez Descartes, on part bien de l'erreur et du préjugé, puis on doit corriger cela.

C'est une étape par laquelle on doit passer, à laquelle on n'échappe pas car elle commence dès l'enfance, période de la vie à laquelle nous sommes impuissants face à l'erreur et au préjugé. De même, chez Platon, l'homme est condamné à partir d'un monde d'illusion et d'erreur puisqu'il séjourne dans le monde Sensible.

Dans l'allégorie de la caverne, l'homme est enfermé dans une caverne dans laquelle il est spectateur d'images.

Il ignore que ce ne sont que des ombres qu'il voit et se croit libre.

Un de ces hommes se libère de ses chaînes.

C'est au prix d'une grande souffrance que, pour parvenir à la vérité, il doit sortir de ce monde pour aller dans le monde Intelligible.

Chez Platon, pas plus que chez Descartes, ce déplacement vers le monde des Idées n'est une errance même si l'homme sorti de la caverne ne connaît pas le monde Intelligible dans lequel il se meut.

Il effectue un mouvement dialectique, un mouvement de la pensée, des images aux hypothèses, puis des hypothèses aux Idées.

A vec Rousseau, l'errance avait paru comme quelque chose d'agréable, dans laquelle l'esprit se délassait.

C hez P laton, la dialectique ascendante est une vraie souffrance, elle brûle les yeux.

Une fois que l'esprit a terminé son ascension, il ne peut toujours pas se détendre car il doit redescendre et cette fois souffrir du passage de la lumière à l'obscurité, pour détromper les autres hommes restés dans la caverne.

Tel est le devoir du philosophe.

On ne peut pas ici parler d'errance, l'homme va d'un point précis à un autre puis en revient. Conclusion Doit-on errer pour parvenir à la vérité ? A fin de répondre à cette question, nous nous sommes attachés à deux acceptions du verbe errer.

C ela nous a posé un double problème : pour parvenir à la vérité, doit-on se tromper ? Doit-on divaguer ? Si l'erreur est une étape inévitable chez Descartes, l'errance est au contraire à éviter.

Pour parvenir à la vérité selon Descartes, il faut procéder avec méthode.

Chez Rousseau au contraire, il faut laisser la pensée se dérouler à son rythme et vivre à son rythme.

C ette attitude est propice à la parole vraie.

Enfin, nous nous sommes appuyés sur le mythe de la caverne qui est un exemple de pensée qui part de l'erreur (le monde Sensible) et s'appuie dessus pour en sortir et accéder à la vérité.

Ainsi, nous arrivons à la conclusion suivante : la réponse à la question « Doit-on errer pour parvenir à la vérité ? » dépend de ce que l'on entend par errer.

S'il semble que l'erreur soit une base et un appui nécessaires pour y parvenir, l'errance paraît être un accès bien plus douteux.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles