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Doit-on considérer la religion comme ennemie de la raison ?

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« Introduction — Regard rétrospectif sur l'histoire des hommes qui fait voir de nombreuses exactions commises au nom de la religion: Croisades, Inquisition, guerres de Religion en Europe, etc. — La raison, elle, devrait nous conduire à la tempérance et au respect. – Doit-on considérer la religion comme ennemie de la raison? – Petite analyse de la notion d'« ennemie » pour montrer l'ambiguïté et l'intimité paradoxale raison/religion.

– Problématique: raison et religion ne reposent-elles pas sur des fondements et des logiques opposés? Ce qui laisserait penser qu'elles empruntent des voies divergentes, si ce n'est contradictoires; néanmoins, n'ont-elles pas entre elles une certaine parenté, dans leurs questionnements et leurs exigences? peut-on les considérer comme ennemies sans risques? et n'est-il pas plutôt impératif de les faire converger vers la tolérance? 1.

Des logiques opposées et des fondements antagonistes 1.

La philosophie contre le mythe – La naissance de la philosophie grecque, aux VIe-Ve siècles avant J.-C.

correspond à une remise en cause de la valeur des mythes grecs, à la fois dans leur vertu explicative des origines du monde et dans leur rôle de légitimation de l'ordre social (justifiant la domination des prêtres et des familles nobles sur les autres). – Remplacement du discours dit « d'autorité », conféré aux puissants et aux religieux, par un discours où chacun à un rôle équivalent et un droit égal à la parole. – « La parole n'est plus le mot rituel, la formule juste, mais le débat contradictoire, la discussion, l'argumentation. Elle suppose un public auquel elle s'adresse comme à un juge qui décide en dernier ressort, à mains levées, entre les deux partis qui lui sont présentés », J.-P.

Vernant, Les Origines de la pensée grecque. 2.

La raison comme exigence de démonstration – Puisque le discours rationnel est celui qui s'adresse au jugement d'autrui, à sa capacité de réflexion autonome, il nécessite l'usage de la démonstration. – Celle-ci peut s'effectuer d'une part à travers la science, grâce à l'usage des mathématiques dès l'Antiquité, puis de manière beaucoup plus radicale avec l'expérimentation (révolution scientifique qui prend ses sources au XVIe siècle).

– Elle est également produite, d'une autre manière, par les réflexions philosophiques (cf.

les dialogues de Platon, la « méthode » chez Descartes, les démonstrations inspirées de la géométrie chez Spinoza dans l'Éthique, etc.). La vérité est une notion si claire et si évidente qu'il est impossible de l'ignorer. Elle est même une idée innée, car il est impossible d'apprendre ce qu'elle est. On ne peut en effet être en accord ou en désaccord avec celui qui nous en propose une définition, si au préalable on ne sait s'il dit vrai ou faux.

Il faut donc savoir, antérieurement à toute définition, ce qu'est la vérité pour acquiescer ou non à la définition qu'on lui suppose.

Traditionnellement, on peut donc admettre la définition scolastique de la vérité comme adéquation de l'esprit et de la chose (adaequatio rei et intellectus), mais il est impossible de fournir des règles logiques qui nous en montrent la nature propre.

La vérité est par conséquent un accord, une correspondance, un juste rapport, une adéquation, qui se donnent dans l'évidence, la clarté, et la simplicité.

La seule règle de nos vérités est la "lumière naturelle" que nous avons tous en partage : "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée [...] la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens, ou la raison est naturellement égale en tous les hommes." Mais si nul ne se plaint de son jugement, rares sont ceux qui se servent correctement de cette lumière naturelle.

Ceci explique que beaucoup s'enferrent dans les mêmes erreurs, et souvent pour les mêmes raisons : la première règle de la méthode nous rappelle qu'il ne faut s'en tenir qu'à la seule et simple évidence, et qu'il faut éviter avec soin la prévention et la précipitation.

Nombreux sont ceux qui préjugent, par impatience ou légèreté d'esprit, au lieu de prendre le temps de considérer avec clarté, distinction et évidence, les données du problème qu'il faut juger.

La découverte de la vérité est à la portée de tous, puisque nous disposons tous du même instrument universel qu'est la raison, mais il convient de s'y employer avec patience et persévérance.

Nous devrions nous fier à la seule lumière naturelle ou intuitus mentis, et nous méfier plus souvent de nos instincts ou impulsions naturelles qui, si elles visent naturellement notre propre conservation, nous mènent souvent bien loin du droit chemin. Les règles de la méthode Le problème de la vérité semble donc se réduire à une question de méthode.

Si la faculté ne fait défaut chez personne, la lumière naturelle ou la raison étant identique en chacun, son application doit être réglée.

La logique, la géométrie et l'algèbre, trois sciences vraies, peuvent servir de modèle pour établir une méthode universelle. »

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