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Cours vérité (philo)

Publié le 07/03/2024

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« La VÉRITÉ Au lieu du plan habituel A/ Définition, B/ Problème, C/ Ressources argumentatives, nous allons faire du trois-en-un en tournant autour de la question apparemment platement scolaire Qu’est-ce que la vérité ? déclinée progressivement en trois questions (chacune offrant matière à discussion, la démarche reste donc dialectique …) : 1/ sur l’EXISTENCE ou pas de la Vérité, 2/ sur sa NATURE ambiguë entre nous et le réel, 3/ sur sa VALEUR contradictoire A noter que la question « Qu’est-ce que la Vérité ? » est une citation de source biblique (Jean 18:38).

Cette parole de Ponce Pilate préfet de Judée (représentant de l’autorité romaine au pays des juifs de 26 à 36) adressée à Jésus, est l’expression du scepticisme romain (la Vérité !?) face à celui qui se présente comme le Messie avec une parole de témoignage (« parole d’évangile » !) : « en vérité, en vérité je vous le dis », de l’hébreu* translittéré en grec « amen, (amen) » formule double et placée en tête d’enseignement, à la différence du « amen » simple placé à la fin et traduit par « ainsi soit-il ». * racine étymologique : vérité, confiance, certitude, fermeté.

Véracité et véridicité de celui qui parle sincèrement et dit ce qu’il sait à l’origine (comme qui a vu de ses yeux). L’on aurait tort d’associer la Vérité à la Science au sens où nous l’entendons car la connaissance scientifique est synonyme de recherche et de théories par définition provisoires, alors que l’idée ou idéal de Vérité a quelque chose de religieux ou de « métaphysique » comme disent péjorativement les philosophes scientistes ennemis d’une philosophie qui prétendrait dépasser les limites de l’expérience ou de notre langage.

L a notion de Vérité nous renvoie à une quête de Justice d’ordre politico-religieux, comme l’illustre l’épisode biblique.

C’est ainsi que dans Le Nom de la rose (roman de Umberto Eco adapté au cinéma par J.-J.

Annaud) le problème n’est pas tellement de connaître la vérité, chose faite dès le milieu du film où elle est non seulement trouvée mais prouvée grâce à l’enquête empiriste et néanmoins rationnelle de Guillaume de Baskerville ; encore faut-il la faire reconnaître, admettre publiquement dans un siècle d’obscurantisme et d’inquisition.

Autrement dit l’ennemi de la vérité est davantage le refus de penser, mauvaise foi ou je n’en veux rien savoir, et PAS l’erreur… Plus proche de nous, au temps de la Guerre froide, le dissident russe Soljenitsyne (1918-2008) auteur de L’Archipel du Goulag, passé à l’Ouest puis revenu dans son pays, constatait déjà amèrement : « la différence entre l’Est et l’Ouest, c’est qu’à l’Est on n’a pas le droit de dire la vérité, alors qu’à l’Ouest on a le droit mais personne ne la croit ». 1) Avant de se demander ce qu’est la Vérité, demandons-nous déjà si elle existe : en effet au lieu de la Vérité unique et définitive qui mettrait tout le monde d’accord, nous faisons plutôt l’expérience des vérités qui s’affrontent a) exemples mis en série  effort de rationalisation là où HEGEL dit que l’exemple, Beispiel en allemand, « joue à côté » du Concept, ce qui n’est pas sérieux… : .

dans un débat non seulement entre ignorants mais entre experts, .

jusqu’en Science : la → devenu les sciences soi-disant «exactes » vs humaines et sociales .

différentes théories même en maths : par ex.

il n’y a pas que la géométrie euclidienne (en 3D) depuis que Lobatchevski (1792-1856) et Riemann (1826-1866) ont découvert – séparément – les géométries non euclidiennes : en changeant d’axiome ; de même en Logique, il s’avère que l’on a des logiques… .

a fortiori en philosophie où les philosophes ne sont jamais d’accord sur rien à commencer par ce qu’ils appellent la Vérité (Cf.

KANT constate un véritable « champ de bataille de la métaphysique » Critique de la raison pure, préface de 1781).

A rapprocher de la citation de EPICTETE donnée en début d’année : « Voici le point de départ de la philosophie : la conscience du conflit qui met aux prises les hommes entre eux, la condamnation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de l'opinion pour déterminer si on a raison de la tenir (…) » b) facteurs explicatifs de cette situation (qualifiée de « différend », plus grave qu’un désaccord, par J.-F.

Lyotard un des théoriciens de la postmodernité, rattaché au courant de la Déconstruction) : .

côté sujet connaissant : singularité ET pluralité des individus, notre vérité dépend de notre vécu unique, de nos influences culturelles … .

côté objet à connaître : complexité des choses dans l’espace et dans le temps ; par exemple il n’y a pas LA Technique mais toutes sortes de…, on ne parle donc pas de la même chose .

le Langage s’intercale entre nos pensées et les choses, et les autres : les mêmes mots ne font croire que l’on dit la même chose ou l’inverse on se comprend mal et on dispute alors que nous voulons dire la même chose… .

plus généralement notre connaissance est imparfaite : l’homme est sujet à l’erreur, l’illusion, l’ignorance passive et active (la mauvaise foi) .

enfin ce qui aggrave tout dès qu’il s’agit de jugement : la confusion entre fait (constat, description objective…) et opinion (ce n’est qu’un avis, une position subjective) ne se tranche pas seulement en distinguant opinion et raison ou croire et savoir ou persuasion (-) et conviction (+) car l’opinion implique aussi des choix de valeurs comme on le voit non seulement en matière de Religion ou d’Art mais aussi en Morale et en Politique… c) 3 positions : le DOGMATISME (il y a la Vérité) ≠ le SCEPTICISME (pas de vérité du tout) ≠ le RELATIVISME (des vérités) Au sens vulgaire : commencer par maîtriser les trois mots et comparer leurs connotations -/+ .

DOGMATISME, même famille que dogme, doctrine, docteur, docte → doxa l’opinion (terme péjoratif en philosophie, opposé à raison dès les présocratiques).

La conscience humaine est naturellement « doxique », naïveté de la « certitude sensible » ou « foi perceptive » qui adhère, croit ce qu’il sent, confond penser, savoir et sentir, croire, s’imaginer que, prouver et éprouver.

D’où aussi un rapport religieux, « donneur de leçons », autoritaire à la Vérité : je sais, je possède la Vérité et donc vous devez me croire, apprenez sans discuter ni demander pourquoi (-) .

SCEPTICISME [et PAS septique !] de skepto, j’examine, je demande à voir pour vérifier, je doute, je cherche derrière, dessous, ils ‘agit de comparer, prendre du recul ou de la hauteur, ne pas croire naïvement les yeux fermés, ne pas se laisser impressionner ou s’en laisser conter, accroire... = propre de l’esprit critique, de la raison ou conscience réfléchie (+) .

RELATIVISME : idée que tout est relatif (par opp.

à absolu qui signifie sans lien, inconditionné), que ça dépend de telle ou telle condition, c’est relatif à ceci ou par rapport à cela.

Manière de pensée qui rime : avec tolérance (relativiser = modérer, comparer et prendre en compte des points de vue pluriels différents, changeants), avec complexité (un monde de de relations et d’interactions), donc avec subjectivité, liberté individuelle, «A chacun sa vérité » (+) Au sens philosophique : nous allons voir qu’il y a du danger (-) dans le scepticisme et le relativisme et du courage (+) dans le dogmatisme… .Tout est déjà préfiguré dans le poème sur La vérité de l’être du présocratique PARMÉNIDE fin 6ème s.

av.

(le « père de la métaphysique » selon Platon).

Parménide affirme que : L’Etre est Un.

Penser et Être, c’est le Même.

Détourne-toi du chemin qui dit que l’Être n’est pas, et aussi de ceux qui disent Tantôt il est, tantôt il n’est pas créatures fourchues ! Sa doctrine dogmatique se dresse contre le Scepticisme et le Relativisme : .

P.

combat le Relativisme radical (et pré-sceptique) de HÉRACLITE mi-6ème s.

av. (relativisme des « fluents » comme dira PLATON dans le dialogue Théétète): « Tout s’écoule » « On ne descend [on ne se baigne] jamais deux fois dans le même fleuve ». .

et contre Parménide, le sophiste GORGIAS présocratique contemporain de Socrate, est l’auteur d’un traité sur le Non-Être qui démontre avec une logique implacable que Rien n’est : ni le Non-être, ni l’Être de Parménide.

L’Être n’est pas.

Si l’Être est nous ne pouvons pas le connaître.

Si nous pouvons le connaître, nous ne pouvons pas le dire aux autres.

[A comparer avec « l’histoire du chaudron emprunté » citée par Freud dans Le mot d’esprit et sa relation avec l’inconscient : « A a emprunté à B un chaudron de cuivre et après l'avoir rendu, il est mis en accusation par B parce que le chaudron présente désormais un grand trou qui le rend inutilisable.

Voici sa défense : “Premièrement je n'ai absolument pas emprunté de chaudron à B ; deuxièmement le chaudron avait déjà un trou lorsque je l'ai.... »

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