Conscience et certitude ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
CERTAIN / CERTITUDE: 1.
— Un jugement est dit certain lorsqu'il est tenu pour vrai et qu'on ne peut songer à le
nier.
2.
— En calcul des probabilités, l'événement certain est celui dont le complémentaire a une probabilité nulle.
3.
— Certitude : état d'esprit de celui qui tient un jugement pour certain ; par ext., désigne ce jugement (opinion,
croyance).
4.
— Certitude morale : au XVIIe siècle, certitude suffisante pour qu'on ne puisse douter de ce sur quoi
elle porte sans qu'on exclue qu'absolument ce puisse être faux (cf.
DESCARTES) ; c'est une certitude que
n'accompagne pas l'évidence de raison.
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
Le Cogito
• Descartes veut traverser l'épreuve d'un doute radical* pour découvrir une
première vérité.
Or il affirme : « cette proposition : je suis, j'existe est
nécessairement vraie toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois
en mon esprit.
» Douter de sa propre existence en tant qu'existence
pensante, est une nouvelle affirmation de cette existence, si douter est
penser.
Même si l'existence du monde est suspendue, il est indubitable que je
suis une chose qui pense.
• Deux domaines d'être sont alors à distinguer : – l'être de la conscience est
assuré ;
– l'être des objets de conscience paraît incertain et a besoin d'une garantie
supplémentaire.
Si je pense à une licorne, la licorne n'existe peut-être pas,
mais l'idée de la licorne existe certainement dans mon esprit.
Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième
partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la
métaphysique de Descartes.
On a donc tort de dire « Cogito ergo sum »,
puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en
français.
Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.
Le
« Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes, qui se fait le porte-parole de sa
génération.
Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire
« acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ».
En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée,
qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'un
univers fini, une planète comme les autres.
L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dans
la nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.
Or,
Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la
place de l'homme dans le monde.
Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soimême.
En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :
« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.
Non que j'imitasse
en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à
m'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.
» (« Discours de la méthode »,
3ième partie).
Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, qui
tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».
Descartes, dans ce temps d'incertitude et de
soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examen
le plus impitoyable.
Cherchant quelque chose d'’absolument certain, il va commencer par rejeter comme faux tout ce
qui peut paraître douteux.
« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait […] que je rejetasse
comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point
après cela quelque chose […] qui fut entièrement indubitable.
»
Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable..
»
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