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La conscience de soi est-elle source d'illusion ou de certitude ?

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« Introduction La conscience, telle qu'elle nous apparaît spontanément, se manifeste comme un phénomène de clarté et d'évidence.

C'est elle qui quotidiennement régit notre rapport au monde, qui nous oriente, guide nos actions. Comment pourrait-elle être source d'illusion ? L'illusion est ici à distinguer de l'erreur : si l'erreur peut être corrigée une fois pour toutes, l'illusion est une erreur incorrigible, constitutive de notre rapport au monde, permanente, revenant constamment.

Dès lors, si l'évidence ne peut être erronée, ce que montre Descartes, elle peut dependant être soumise à l'illusion.

D'où vient alors le fait que la conscience puisse à la fois nous être utile pour notre rapport au monde et relever d'une déformation essentielle de la nature de ce dernier ? I La conscience : source d'erreur, mais pas d'illusion : Descartes et Husserl - Descartes : la conscience peut nous tromper sur la véritable nature des choses.

Ainsi, le bâton de bois me paraît brisé plongé dans l'eau, alors qu'il demeure droit en réalité.

Mais la conscience possède aussi un pouvoir intellectuel de correction, qui lui permet de déterminer l'identité (même si celle-ci ne peut être perçue de façon sensible) d'une chose à travers ses différents états de perception : le morceau de cire est identifié comme étant la même chose malgré ses états liquide ou solide (Méditations métaphysiques). La conscience peut donc nous tromper, mais fondamentalement elle conserve une fonction d'exactitude, fondée sur la certitude de soi fournie par le cogito (Discours de la méthode). -Husserl : la conscience peut en effet être trompeuse.

La conscience est toujours conscience de quelque chose qu'elle vise intentionnellement (structure de l'intention) : mais cette visée peut être incomplète, erronée. Cependant, il existe des moyens de vérification qui permettent à l'homme de remédier à ces incomplétudes.

Husserl va plus loin que Descartes : non seulement la conscience permet la perception directe du soi dans l'identité à soi-même, mais elle permet aussi l'accès à la chose en soi, car la chose n'est que l'ensemble des perceptions que l'on a d'un objet.

Donc la conscience est la source de toute certitude, certitude de soi et des choses du monde (Idées directrices pour une phénoménologie). On trouve cette citation dans la seconde partie des « Méditations cartésiennes » (1929).

Husserl (1859-1938) est le fondateur de la phénoménologie et le précurseur de ce que l'on nomme l'existentialisme. Le mot d'ordre de la phénoménologie est le retour aux choses mêmes.

Il s'agit de se battre contre une conception positiviste de la science et contre les faux savoirs, pour s'interroger à nouveaux frais sur la façon dot les choses nous apparaissent. Notre citation apparaît dans les « Méditations métaphysiques ».

Le titre dit assez que Husserl entend se réapproprier le projet cartésien de fonder les sciences.

Mais il tente aussi, dans ce qu'il nomme « les temps de détresse », de fonder une véritable science de l'esprit, en se battant à la fois contre le « psychologisme » et contre le modèle des sciences objectives de la nature. « Partout à notre époque se manifeste le besoin pressant d'une compréhension de l'esprit […] Ma conviction est que la phénoménologie a fait la première fois de l'esprit en tant qu'esprit le champ d'une expérience et d'une science systématique, et opéré par-là le retournement total de la tâche de la connaissance.

» On retrouve donc, au départ de notre texte, la même exigence de rigueur, de radicalité que chez Descartes.

Husserl aussi pratique une sorte de doute qui consiste à suspendre notre croyance naïve et naturelle au monde et à son existence.

Lui aussi découvre comme première certitude le « Je pense ». Mais Descartes était pressé de fonder la science de son temps, et s'il découvrait le dualisme, il faisait de la conscience une chose qui pense.

Descartes établissait une sorte de parallèle entre la « chose étendue », le corps, et la « chose qui pense », la conscience. Husserl reste attentif à une propriété remarquable de la conscience : « Toute conscience est conscience de quelque chose ». Chaque fois que je pense, je pense bien à quelque chose.

Cela veut dire que le « Je », la conscience vise toujours autre chose qu'elle-même.

La conscience, si l'on veut, n'est jamais enfermée en elle-même, elle est toujours le mouvement de se dépasser vers autre chose, vers un objet.

Que la conscience soit toujours en mouvement vers autre chose, cela signifie que toute activité psychique est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même.

On ne peut plus, comme tendait à le faire Descartes, assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité. Précisément, ce qui différencie la conscience de toutes les choses, de tous les objets –qui sont ce qu'ils sontc'est son caractère dynamique, qui fait qu'elle est toujours rapport à autre chose qu'elle-même, dépassement, mouvement, vers un autre.

La pensée porte toujours un rapport au monde.

Etre conscient, c'est d'abord être présent au monde. Les existentialistes (surtout Sartre) seront particulièrement attentifs à ce que Husserl nomme « intentionnalité », et qui désigne ce caractère de la conscience d'être toujours conscience de.

Voici comment Sartre commente cette formule : « Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi , vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui .» La pensée est décrite ici en terme de mouvement, de dynamique, et non plus de « moite intimité ».. »

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