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Avons-nous des droits et des devoirs envers la nature ?

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« Un droit est la faculté d'accomplir ou non quelque chose, d'exiger d'autrui quelque chose en vertu de normes, collectives ou individuelles. Un droit est donc par définition un pouvoir, une autorisation d'action. Un devoir est l'obligation de faire quelque chose en raison d'une norme morale, de la loi ou des convenances en vigueur dans un groupe social. La nature est l'ensemble des choses et des êtres qui constituent l'univers, le concept de nature se confond en partie avec celui de réalité. En un sens plus restreint, la nature est l‘ensemble du monde physique, considéré en dehors de l'homme, dépourvu de l'empreinte de ce dernier. Se demander si nous avons des droits et des devoirs envers la nature consiste à déterminer si le rapport que nous entretenons à la nature est déterminé par une norme quelconque : morale ou légale.

Il semble que le premier rapport que nous avons à la nature se situe en deçà de toute norme : la nature est ce donné que nous utilisons à notre guise, nous ne sommes nullement engagés à quoi que ce soit à son égard.

Mais il semble néanmoins que l'évolution des rapports de l'homme à la nature ait fait évoluer la notion des droits et des devoirs envers cette dernière : depuis que l'homme est devenu capable de détériorer la nature, il a contracté des droits et des devoirs de type moraux à son égard.

Cependant, nous verrons qu'il n'existe pas de droits et de devoirs légalement contractés par l'homme envers la nature.

La nature n'est en effet ni une personne, ni une personne morale : si nous avons des droits et des devoirs envers la nature, c'est avant tout parce que nous considérons que nous avons des droits et des devoirs envers ceux qui l'habiteront après nous. I.

La nature est un donné dont l'homme dispose sans contraintes d'aucune sorte a.

La nature est un « réservoir de possibilités » (Vidal de la Blache) A première vue, il est tout à fait inexact de dire que nous avons des droits et des devoirs envers la nature.

La relation de l'homme à la nature est d'abord la relation d'un agent à un donné, à un matériau.

En effet, l'homme est face à la nature comme à un « réservoir de possibilités ».

Cette phrase du géographe Vidal de la Blache montre bien que la nature est manipulée, aménagée par l'homme, qu'elle lui impose des contraintes qu'il est capable de maîtriser. b.

La nature, en deçà des droits et devoirs Par conséquent, la nature ne se présente pas à nous comme quelque chose qui pourrait nous engager d'elle-même à une action en sa faveur, nous accorder des droits sur elle.

La relation primitive, originelle de l'homme à la nature est, pour détourner un titre de Nietzsche « par deçà le bien et le mal ».

Elle est seulement le donné inerte que nous utilisons plus ou moins aisément pour vivre, et non une personne morale qui nous donnerait des droits sur elle et exigerait des devoirs en sa faveur. II.

L'Homme a contracté des droits et des devoirs moraux envers la nature depuis qu'il a les moyens de la détruire a.

L'évolution des rapports de l'homme à la nature Cependant, la thèse que nous venons de soutenir ne vaut que pour une humanité primitive, qui n'est capable que d'aménager la nature, et non de la modifier.

Notre compréhension de la question doit évoluer avec la prise en compte de la faculté de destruction de l'homme envers la nature.

En effet, depuis l'industrialisation (fin XVIIIe siècle pour les pays les plus innovants, comme le Royaume Uni) l'homme a acquis un pouvoir de destruction de plus en plus fort sur la nature : les problèmes bien connus liés à l'effet de serre peuvent le montrer. b.

La prise de conscience des droits et devoirs envers la nature Par conséquent, il semble bien que l'homme a acquis des droits et des devoirs envers la nature à partir du moment où il s'est avéré capable de la détériorer, sinon de la détruire.

Cette relation morale de l'homme à la nature est comparable à celle de l'adulte envers l'enfant, du fort envers le faible : elle est cette inclination qui porte le puissant à protéger celui qui pourrait être à sa merci.

Pensons aux différentes associations de protection des milieux naturels et des êtres vivants qui s'y trouvent.

Il ya bien des droits et des devoirs de l'homme envers la nature dès lors qu'il devient capable de la détruire. III.

L'Homme ne contracte des droits et des devoirs envers la nature que parce qu'il en a envers ses descendants a.

La définition juridique des droits et devoirs, invalides dans le cas de la nature Néanmoins, si des droits et des devoirs de l'homme envers la nature sont contractés en fonction d'un impératif moral, comparable à celui qui pousse le puissant à protéger le faible, il n'en reste pas moins qu'il n'existe pas d'obligation de type légal de l'homme envers la nature.

En effet, la nature n'est juridiquement considérée ni comme une personne, ni comme une personne morale.

On punit des gens pour avoir détérioré tel milieu naturel, et ce, pour des raisons économiques en grande partie (remboursement des frais de nettoyage après des catastrophes du type de l'Erika).

Mais on ne les punit pas pour avoir détérioré la nature elle-même. b.

La nature médiatise les droits et devoirs de l'homme envers ses descendants Nous nous demanderons donc si les droits et devoirs de l'homme envers la nature ne sont pas avant tout déterminés par l'idée que l'homme a des droits et devoirs envers ses descendants.

En effet, nous considérons que nous avons une responsabilité envers ces derniers, celle de leur léguer un espace où vivre demeure possible et raisonnablement agréable, beaucoup plus que nous ne considérons avoir des droits et devoirs envers la nature elle-même.

Par conséquent, la nature médiatise les droits et devoirs que l'homme a envers lui-même et ses descendants. Conclusion : Dans un premier temps, il semble que nous n'avons ni droit ni devoir envers la nature : la relation de l'homme a cette dernière est inframorale, la nature n'est qu'un donné à utiliser, aménager.

Cependant, la faculté de destruction de la nature ayant été acquise par l'homme, il semble que celui-ci a des droits et devoirs moraux envers elle : les droits et devoirs du fort envers le faible.

Il n'existe pourtant pas de droits et devoirs envers la nature de type légaux, comme il en existe pour les personnes ou les personnes morales ; mais nous considérons que nous avons des droits et devoirs envers la nature car nous en avons envers nous-mêmes et nos descendants.. »

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