Aide en Philo

Admettre le hasard est-ce nier l'ordre de la nature ?

Extrait du document

« ANALYSE DU SUJET Nous ne sommes pas invités à nous prononcer sur l'existence de l'« ordre dans la nature » ni même, à proprement parler, sur celle du « hasard ». Ce qui nous est demandé, en réalité, c'est de savoir si la notion du « hasard » est contradictoire avec celle d'« ordre » dans le domaine des phénomènes naturels. L'idée de hasard étant communément associée à celle de désordre il pourrait apparaître que le problème à traiter est simple, d'une simplicité...

déconcertante. Cette constatation invite à la méfiance et, en particulier, à soupçonner que les relations « hasard-ordre » pourraient bien varier selon les conceptions que Von peut se faire du « hasard » et de « l'ordre dans la nature ». THÈMES DE RÉFLEXION • L'idée de hasard comme absence de détermination téléologique (télos = but).

On dit communément que quelque chose arrive « par hasard » quand elle arrive en dehors de tout dessein humain ou « divin ».

Il est clair qu'il ne saurait ici y avoir contradiction entre « hasard » et « ordre de la nature » que si on prête à celle-ci des intentions, des finalités (à notre égard) ce qui relève d'une conception d'un ordre selon des finalités. • Idée de hasard comme absence de lois (physico-chimiques en particulier).

Cette absence peut être simplement au niveau de la non-connaissance.

On dira qu'un phénomène s'est produit « par hasard » parce qu'en fait on en ignore la cause, plus précisément qu'on ignore qu'elle puisse avoir une cause. Ou bien parce que, sachant pourtant que se sont exercées sur le phénomène des déterminations suffisantes pour en rendre compte on était hors d'état de le prévoir (exemple : la « sortie » du numéro 23 à tel moment à la roulette).

Ce hasard n'est nullement contradictoire avec un ordre de la nature strictement déterminé. • Idée de hasard comme rencontre spatio-temporelle imprévisible de séries causales indépendantes (exemple : à la suite d'un ouragan telle pierre se détache, écrase et interrompt la croissance de telle plante placée au point de chute).

Il s'agit ici de la conception élaborée par Cournot.

Parmi les innombrables séries causales indépendantes de l'univers nous ne pouvons pas songer à celle qui viendra converger avec telle autre, à tel lieu du monde, et à tel moment du futur.

Ceci n'infirme en rien l'idée d'un certain ordre de la nature si l'on conçoit cet ordre sous la forme de lois « stables » impliquant une certaine régularité dans la nature et non pas un chaos pur et simple. • Idée de hasard renvoyant à l'idée d'un in déterminisme fondamental.

A partir des relations d'incertitude de la physique quantique, Heisenberg avance non seulement que « toute loi est loi du hasard » mais qu'il existe un hasard ultime, irréductible, inexplicable par des lois plus profondes, fussent-elles elles-mêmes statistiques.

(Une pareille proposition tend, remarquons-le au passage visant à jeter un interdit sur toute recherche, à mettre au jour l'existence d'un niveau subquantique.) Si l'on s'arrête cependant à cette position, il est clair ici que cette idée de hasard est contradictoire avec la conception d'un ordre de la nature selon des lois déterminées.

Ainsi Heisenberg déclare « Dans la nature, puisque tout est le fruit du hasard, il n'y a pas de loi, il n'y a que des corrélations ». Peut-on alors parler encore d'« un ordre du monde » et si oui, comment le concevoir ? • Idée de « lois du hasard ». Les progrès des sciences de la nature, la physique surtout, la chimie et maintenant la biologie ont fait apparaître la nécessité de recourir à ces concepts paradoxaux : « les lois du hasard ».

Plus on va loin et précisément dans l'investigation de la nature, plus on est conduit à se fonder sur des lois du hasard, sur la théorie de la probabilité, et mieux on peut prédire puissamment et précisément ! Autrement dit plus on comprend la nature, plus on découvre et relie de phénomènes entre eux, plus donc — en un certain sens — on trouve de l'ordre dans la nature, plus on est conduit à exprimer cet ordre, à l'investiguer selon les lois du hasard ». En d'autres termes le hasard y est omniprésent mais se supprime lui-même en prenant la forme de lois, où il est si bien caché, et de façons si diverses, qu'il faut à chaque fois aller le rechercher lorsqu'il faut expliquer la loi visible par une loi plus profonde. Nous pouvons ici observer que notre cheminement n'a pas i té vain puisque nous sommes amenés à reconnaître que la notion de hasard (du moins en ce sens) n'est nullement contradictoire avec « un ordre de la nature » qui, certes, doit être conçu d'une autre façon que strictement mécaniste. C'est pourquoi nous sommes appelés irrésistiblement à citer deux penseurs se réclamant d'une pensée dialectique : Hegel : « le hasard est le mode d'existence de la nécessité ».

Engels : « Ce que Von affirme nécessaire est composé de purs hasards et le prétendu hasard est la forme sous laquelle se cache la nécessité ». Extrait de Ludwig Feuerbach. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles