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Peut-on parler d'un ordre de la nature ?

Extrait du document

« L'idée de nature nous renvoie assez rapidement à celle d'une sorte de virginité, de pureté originelle: la nature, c'est en ce sens toujours ce qui précède l'intervention humaine, ce qui se tient à la frontière des villes, ou peut-être encore dans ses espaces verts.

Elle demeure indépendante, dans son cours propre, de l'action de l'homme, celui qui goudronne les chemins qu'elle esquissait, celui qui bâtit des tours de ciment en sapant ses forêts: elle se tient endeçà des artifices capricieux et des oiseaux mazoutés.

Et à vrai dire, il nous vient vite à l'esprit que, ce sont dans les labyrinthes des forêts vierges, qui accueillent l'hostilité d'insectes gigantesques, sous des parterres obscures et saturés où l'homme ne pourrait mettre ne serait-ce qu'un pieds, que se tiennent les derniers bastions d'une nature en recul.

Et c'est ici que notre propos nous mènent: si nous n'étions pas les profanateurs de sa virginité, celle-ci demeurerait en friche, elle serait ces noeuds de lianes chaotiques, ces parois abruptes, ces océans déchaînés: l'ordre serait en somme aux abonnés absents.

Quel ordre dans ces ronces laissées à l'état sauvages, dans ces vents qui arpentent la terre de toutes parts, ces tremblements qui ouvrent si profondément la terre? L'ordre c'est l'humain, celui qui vit dans des espaces géométriques, qui réinvente son environnement pour y voir clair, semble-t-il.

Les choses y vivent à leur place, dans l'équilibre et l'harmonie d'un cosmos organisé, bien loin des loups qui s'entredévorent.

En ce sens, si l'espace naturel a un ordre, c'est celui que l'homme plaque sur lui de manière violente, dissimulant ainsi des forces en lutte perpétuelle, et même, pourrions-nous dire, les querelles intestines qu'il abrite lui même en son propre esprit, cette hydre du désir où résonnent les instincts archaïques.

L'ordre n'a qu'une source, proprement humaine il va sans dire: la raison.

Soit cette faculté qui s'abstrait du réel et de ses mouvements insensés, et qui par cette capacité à généraliser, génère des lois universelles qui dépeignent positivement le visage accidenté du réel. I.

Spinoza: Deus sive natura (Dieu, c'est-à-dire la nature) SUPPLEMENT: DEUS SIVE NATURA (SPINOZA) Affirmation majeure du système spinoziste, la formule a nourri les accusations d'athéisme et de panthéisme.

Dieu est l'unique substance*, infinie et éternelle, aussi « tout est en Dieu » et procède de son essence.

Cette définition ruine les bases d'un Dieu personnel et transcendant, conception répandue qui ne serait selon l'auteur qu'une projection anthropomorphique issue de l'imagination.

Du même coup, c'est toute la pensée de la nature en terme de création divine qui est récusée : Dieu est cause immanente de tout ce qui est, il ne saurait régir la nature par les décrets de sa volonté.

Sa perfection s'exprime dans l'enchaînement nécessaire des causes et des effets dans la nature, qui n'est le terrain d'aucune intention et ne peut donc être saisie en termes de causes finales. Nous l'avons dit, la nature n'est qu'une lutte de forces, celle qui meut les pattes d'une gazelle de Thomson vers la fuite, celle qui actionne les mâchoires de la lionne à ses trousses.

Mais peut-être qu'en remontant à l'origine de ses forces, il est possible de trouver un ordre présent qui se manifeste pourtant à l'oeil avertit.

Nous allons ici en ce sens convoquer Spinoza qui théorise précisément de manière spectaculaire une nécessité naturelle.

Pour ce dernier, la nature n'est pas une création extérieure à Dieu, mais précisément une expression absolument rationnelle de son être.

Pour saisir cela, il faut d'abord comprendre que pour Spinoza, tout est fait d'une même substance (et cette substance, c'est précisément Dieu) qui demeure unique malgré l'apparente multiplicité des manifestations du réel, une substance qui demeure infinie.

Elle est, nous dit Spinoza dans l'Ethique, « en soi et est conçue par soi, c'est-à-dire ce dont le concept n'a pas besoin d'un autre concept pour être formé ».

Ceci signifie que cette substance s'est causée elle-même.

Illustrons cela: si je prends le concept d'une chaise, je trouve dans ce dernier quelque chose qui se rapproche de cela: construction humaine destinée à tenir la position assise, constituée d'une plate-forme carrée accueillant le postérieur, d'un dossier, et de quatre pieds.

A aucun moment, je ne trouve dans ce concept que la chaise doit exister nécessairement: la définition me dit simplement ce que c'est, et me permet de l'imaginer.

Au contraire, si l'on imagine le concept de Dieu, on sait que cet être est parfait, qu'il ne souffre en somme d'aucun manque.

Ce concept doit donc nécessairement avoir en son sein l'attribut d'exister, puisque sinon il lui manquerait précisément quelque chose qui ne manquerait pas à un concept qui aurait toutes ses perfections plus l'existence: donc Dieu existe nécessairement, son « essence enveloppe l'existence ».

Voilà pourquoi Dieu n'est pas une simple chaise, ou même un homme. Il y a ensuite les attributs qui constitue la substance infinie: nous n'en connaissons que deux précisément parce qu'ils sont à la base de notre être, à savoir l'étendue et la pensée.

Nous l'avons dit, la réalité est faite d'une même substance.

Aussi, si j'envisage quelque chose de matériel, par exemple cette pierre à mes pieds, elle est cette substance unique que j'envisage alors du point de vue de l'attribut de l'étendue.

Si j'envisage une de mes pensées, mettons l'idée que j'ai de cette pierre, elle est aussi cette substance unique, que j'envisage cette fois-ci du point de vue de l'attribut de la pensée.

En vérité, les attributs sont en nombre infinis nous dit Spinoza, mais il se trouve que nous n'en connaissons que deux.

Il y a enfin les modes.

Ils sont des modifications de la substances à travers ses attributs: contrairement à Dieu, à la substance donc pour Spinoza, ils n'ont pas une existence nécessaire, mais. »

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