A quoi reconnaît-on l'humanité en chaque homme ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
Introduction
Il semble évident d'admettre que tous les hommes appartiennent à ce que l'on nomme humanité : ne suffit-il pas
d'avoir un visage, des mains, un corps, de manifester des émotions, pour être aussitôt reconnu comme humain par
tout autre homme ? Ne suffit-il pas que ces traits universellement humains soient constatés pour qu'immédiatement
l'appartenance à l'unité du genre humain soit reconnue? Pourtant l'idée que tous les peuples du monde et tous les
individus singuliers qui les composent forment une seule humanité n'a rien d'immédiat.
Elle est en effet fort tardive,
et d'ailleurs jamais parfaitement assurée, comme l'histoire en est le témoin : en 1550, la controverse de Valladolid a
pour but de déterminer si les créatures emplumées découvertes aux Amériques sont des hommes; en 1944, aux yeux
du Doktor Pannwitz, le détenu Primo Levi (Si c'est un homme, chap.10) n'est pas un homme apeuré ou misérable,
pas même un homme inférieur, ce n'est pas un homme du tout, même si, en tant que chimiste, « ce quelque chose»
peut encore renfermer «quelque élément utilisable ».
On le voit, la reconnaissance de l'homme par l'homme est loin d'être aussi immédiate qu'il y paraissait : à quoi
reconnaître l'humanité universelle dans des figures culturelles si diversifiées, dans des figures personnelles si
singulières?
Existe-t-il une nature humaine universelle, donnée d'avance, qui puisse fournir de tels critères de reconnaissance, et
lequel alors serait véritablement décisif, car fondateur de l'humanité même de l'homme? Ou bien faut-il renoncer à
l'idée que chaque homme serait un exemple particulier d'une essence universelle, pour faire de l'humanité une liberté
et un projet de construction de soi? À quoi alors reconnaître l'humanité jusque dans les inaccomplissements et
dérives inhumaines qui sont les risques inhérents à cette liberté? Et si l'humanité n'est pas à constater, mais à faire,
à quoi la reconnaître, au double sens d'identifier et de poser l'égalité en dignité?
1) Pour reconnaître l'humanité universelle en chaque homme singulier, il faut connaître l'essence de
l'homme, puis l'identifier en chaque homme à certains indices objectivement repérables : quel critère
essentiel de reconnaissance apparaît à cet égard comme décisif?
a) Par essence l'homme est un être de culture : Lorsqu'on constate la présence de rites funéraires, de règles et
d'interdits, de techniques, il s'agit d'autant d'indices d'humanité pour une lecture anthropologique.
b) Or c'est le langage qui est au fondement du système symbolique qu'est toute culture :
Je reconnais donc que j'ai en face de moi un homme à son aptitude à parler, à manifester qu'il pense le sens de ce
qu'il dit.
c) Mais en dernière analyse, la variété des langues et des cultures me signalent que la véritable essence de l'homme
est dans sa liberté à l'égard de ce qui est naturellement donné :
Ainsi, l'acte moral est l'indice d'une liberté par rapport aux inclinations naturelles qui m'indique de façon décisive
l'humanité de son auteur.
Transition : Mais si l'homme est bien un être de liberté, lui donner une essence a priori, n'est-ce pas précisément
nier sa liberté et sa dimension morale? De plus, à définir l'homme par la perfection d'une essence universelle, ne
risque-t-on pas d'exclure de l'humanité certains hommes en lesquels cette essence semble bien inaccomplie?
2) On ne peut donner de l'humanité une définition close.
Danger de rejeter certains hommes hors de
l'humanité : en l'absence d'indices à constater correspondant à des critères prédéfinis, en chaque homme
inachevé, c'est la promesse d'humanité que je reconnais.
a) Je ne peux reconnaître l'humanité de l'enfant sauvage à sa culture, puisque sa difficulté à s'humaniser tient
précisément à ce qu'il n'a pas été accueilli dans la matrice culturelle qui aurait permis son humanisation : je
reconnais son humanité au scandale même de cet inaccomplissement, alors qu'il aurait pu et dû pouvoir s'humaniser.
b) Je ne peux exclure de l'humanité l'enfant qui ne parle pas encore ou l'aphasique qui a difficulté provisoire à
communiquer.
Je les reconnais comme humains en tant que l'humanité est promesse, plus que nature identifiable,
qu'elle se reconnaît à son inachèvement même, qui d'ailleurs peut m'appeler à participer à sa formation.
c) Enfin, ce n'est pas à la liberté morale parfaitement accomplie que je reconnais l'humanité en chaque homme, mais
à sa capacité de moralité.
Même le criminel est capable de moralité, et lui reprocher son crime, c'est le reconnaître
comme libre : l'inhumain est le risque inhérent au développement d'un être moral.
Il n'est donc pas à rejeter hors de
l'humain.
Transition : Alors, si je dois reconnaître l'humanité même en ses figures les plus inaccomplies, voire inhumaines, c'est
que l'humanité n'est pas à constater mais à espérer et construire, au vu même de ses faiblesses et imperfections.
Dans une telle perspective, à quoi alors reconnaître l'humanité en chaque homme?.
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