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Où réside l'humanité de l'homme: dans son âme ou dans son corps ?

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« Où réside l'humanité de l'homme : dans son âme ou dans son corps? Se demander où se situe l'humanité de l'homme, c'est essayer de dégager ce qui le distingue de l'animalité.

L'humanité se définit en effet, par l'ensemble des caractères propres à l'espèce humaine, par rapport à l'animal.

Cela revient à dire qu'il existe des similitudes entre homme et animal mais qu'il y aussi des différences fondamentales qui font de l'homme un homme.

La finalité classique a toujours vu l'âme et par là l'intellect comme ce qui caractérise l'homme, le corps appartenant à la nature. Mais n'est ce pas la spécificité de sa constitution physique qui rend l'homme capable de pensée et d'humanité? Est-il seulement possible de dissocier âme et corps? I La pensée comme différence naturelle entre l'homme et l'animal L'âme est tout d'abord un souffle qui anime un corps vivant.

Pour les antiques, l'âme est un principe d'organisation du vivant qui apparaît dans tous corps vivants, aussi bien chez les plantes que chez les animaux inférieurs.

Mais il existe une fonction "intellective" de l'âme humaine pour Aristote dans son traité De l'âme.

C'est cette fonction qui apparaît au sommet de la hiérarchie du vivant et l'âme, en tant que principe de pensée, est alors le privilège et l'essence de l'homme, ouvrant sur la liberté et la moralité Pour Descartes, il n'existe pas seulement une simple différence de degrés entre l'homme et l'animal.

Il affirme dans Lettre au marquis de Newcastle que seul l'homme est capable de pensée, l'âme étant cette substance pensante. Dans une perspective religieuse, l'âme est un don de Dieu assurant le privilège de l'homme sur le reste de la Création. II Le corps, commun à l'animal, est ce qui pourtant permet à l'homme d'être homme Le corps a pendant très longtemps considéré comme un ennemi à dompter.

Ainsi Platon le critiquait déjà puisqu'il appartenait au sensible et qu'il nous rapprochait de l'animal, en tant que lieu des passions et des besoins. D'autres comme Nietzsche ont essayé de réhabiliter le corps : "il y a plus dans ton corps que dans le meilleur de ta sagesse."( Zarathoustra) La biologie nous a prouvé que l'homme se distinguait de l'animal par des caractéristiques proprement physiques.

Ainsi, selon la théorie darwinienne, l'espèce humaine est le résultat d'un devenir naturel don le point de départ n'est nullement lui-même. C'est ainsi l'organisation fonctionnelle de l'homme qui est support de l'âme pensante.

La pensée requiert le corps puisque "jamais l'âme ne pense sans image."( Aristote, de l'âme) De plus, dans la philosophie de l'esprit du XXème siècle, certains philosophes ont dénoncé l'invention de l'âme.

Ainsi, pour Watson, l'âme ne serait qu'une invention de l'église pour s'assurer la soumission des individus.

Pour le courant dit "matérialisme", l'humain n'est que du physique.

L'âme ne serait en fait que des fonctions physiologiques du cerveau et tout autre principe immatériel n'existe pas. III L'humain comme phénomène complexe ne se réduit pas au dualisme corps-esprit Pourtant, la séparation de l'âme et du corps a été remise en question surtout au XXème siècle.

Il s'agit de penser l'humanité de l'homme de manière plus complexe.

Edgar Morin a donc conçu l'homme de manière trinitaire : biologique( comme produit d'une évolution de l'espèce), individuelle( l'homme en tant qu'il est pensée personnelle) et sociologique( en tant que déterminé par la société). L'humain serait donc un phénomène complexe qui ne peut se réduire à une dualité corps-âme mais doit être saisi comme noeud entre plusieurs caractéristiques. De plus, la philosophie moderne situe l'humanité de l'homme comme une absence de nature.

Si l'animal n'est destiné qu'à accomplir que ce que sa nature lui permet, l'homme doit se déterminer seul.

Pour Sartre, l'homme est un "néant", un trou dans l'être, qui est toujours "à faire". L'humanité de l'homme n'est donc plus à chercher dans son âme ou dans son corps mais dans des dimensions plus complexes. Levinas lui prend "acte de la mort de l'homme" parce qu'il est impossible de reconnaître une essence invariable de l'homme qui engendre toutes valeurs.

Mais l'humain fait son apparition là où la violence cesse, où le souci de l'autre passe avant le souci de sa propre personne. Dans un premier temps, la philosophie va chercher à détacher l'homme de l'animalité par l'intermédiaire de l'âme.

Platon dira que l'homme pour devenir parfaitement humain doit se concentrer dans son âme et se détourner du sensible( voir Phèdre). C'est Descartes qui fonde et assure la postérité du dualisme.

L'homme se caractérise par l'existence de sa substance pensante, le corps étant considéré comme machine.

Pourtant il n'est pas si facile de séparer l'âme et le corps.

Il apparaît en effet, avec Darwin que l'état actuel de l'homme est le fruit d'une évolution naturelle qui ne porte que sur les caractéristiques physiques ou plutôt génétique.

De même, l'existence de l'âme et de l'esprit est aujourd'hui remise en cause par tout un courant de philosophie des sciences.

Le matérialisme et le béhaviorisme tendent en effet à expliquer l'homme tout entier par des causes physiques.

C'est pourquoi la notion d'humanité aujourd'hui à été chercher au-delà des notions d'âme et de corps.

L'humanité va être chercher dans la complexité pour Edgar Morin, dans la liberté de l'indétermination pour Sartre ou dans une éthique absolue pour Levinas.. »

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