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A quoi reconnaît-on l'humanité dans chaque homme ?

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« Analyse du sujet • Question en réalité difficile, car on peut être tenté de lui apporter des réponses trop simples (la conscience, le langage...), ou d'énumé-rer des éléments hétérogènes (en mélangeant par exemple des observations relevant de l'anthropologie et des considérations relevant de la morale). • Il convient donc de hiérarchiser clairement les éléments dont on dispose. • Attention : il ne s'agit pas seulement d'affirmer que chaque homme appartient à l'humanité, il convient précisément de repérer les indices de cette appartenance, et ce n'est pas la même chose. [Introduction] Il est (relativement) facile d'admettre que tous les hommes appartiennent à ce que l'on nomme humanité.

Mais, si l'on s'interroge sur les phénomènes qui permettent de reconnaître que ce que l'on nomme humanité est bien présent dans chaque homme, on se heurte à une difficulté : définir l'humanité a priori et la chercher dans chaque homme, c'est risquer d'aboutir à exclure certains hommes de l'humanité, tant les aspects de l'homme sont diversifiés.

Dès lors, c'est peut-être en admettant que cette diversité est précisément ce qui constitue l'humanité que l'on a quelque chance de la retrouver présente en chaque homme. [I - Données anthropologiques] On rappelle que, pour l'anthropologie contemporaine (on peut se référer à Lévi-Strauss, ou à Bataille), il y a humanité à partir de trois éléments : respect d'interdits (dont le premier serait la prohibition de l'inceste), conscience de la mort (avec comme conséquence le traitement particulier accordé aux cadavres, quelle qu'en soit la forme) et activité laborieuse. Ces trois éléments sont trois variantes d'un refus de la nature immédiate : différance de la jouissance sexuelle immédiate (avec le partenaire le plus proche), instauration d'un ordre rituel pour se protéger de la violence perçue comme naturelle, transformation du milieu naturel en fonction des besoins. On peut alors affirmer que la constitution des cultures humaines définit un ordre qui, globalement, a le sens d'une négation de l'ordre naturel.

Cet ordre de la culture apparaît d'une grande variété, et dès lors, reconnaître l'humanité dans chaque homme ne peut impliquer la recherche de critères d'appartenance étroitement définis.

Est représentatif de l'humanité celui qui, d'une façon ou d'une autre, manifeste la présence en lui d'un héritage culturel et qui, de la sorte, bénéficie de ce qu'on peut nommer une liberté relativement à la nature. [II - Dimension éthique] Cette liberté, ainsi repérée radicalement dans le rapport d'opposition au donné immédiat, aboutit dans l'humanité à des choix éthiques.

Or, il existe, dans les faits, des morales différentes, même si l'on peut admettre que toutes s'articulent autour de notions fondamentales de bien et de mal, de juste et d'injuste (cf.

sujet 40).

L'humanité ne se reconnaît donc pas nécessairement à l'affirmation d'une conception universelle du bien ; il suffit que le bien (ou le mal) se trouve, d'une façon ou d'une autre esquissé, pour qu'il y ait présence humaine. On peut confirmer rapidement en rappelant que les notions concernant la moralité n'ont pas de signification relativement à l'animal : de ce dernier, on ne saurait attendre de responsabilité ou de remords dans la mesure où il est privé de liberté (puisque déterminé naturellement). De ce point de vue, la référence à l'universalité de la loi telle que la comprend Kant ne peut être comprise que comme l'horizon vers lequel se dirigent peut-être les hommes, mais non comme une réalité dont on serait contraint de constater l'existence pour affirmer l'humanité en chaque homme.. »

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