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La Princesse de Clèves : épisode du bal de « Elle passa tout le jour des fiançailles » à il ne put admirer que Mme de Clèves. »

Publié le 05/11/2022

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« Lecture linéaire 1 : La Princesse de Clèves : épisode du bal de « Elle passa tout le jour des fiançailles » à il ne put admirer que Mme de Clèves.

» (Introduction :) Madame de Lafayette donne à la littérature française, avec La Princesse de Clèves ce qui est considéré comme le premier roman tant elle a su à travers les personnages, soumis aux aléas de leur existence, tracer le portrait d’individus animés par des sentiments vifs et parfois contradictoires, régis par une psychologie et une morale en relation avec le contexte social dans lequel ils évoluent.

Dans ce roman, en effet, il est question de la passion amoureuse entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours à la cour de Henri II, passion qui ne peut être vécue par les deux êtres que sur le mode du ressenti sans jamais se concrétiser par leur union.

Dans l’extrait proposé, Madame de Lafayette crée, s’exerçant avec art à un topos littéraire, l’épisode de la rencontre amoureuse entre le personnage éponyme et le duc de Nemours.

Nous considérons par conséquent en quoi ce passage, tout en s’appliquant à obéir au topos de la rencontre amoureuse, s’inscrit parfaitement dans l’esthétique du classicisme. Lecture I. L’arrivée au bal de la princesse de Clèves : premier paragraphe jusqu’à « le bal commença ». La 1° phrase porte l’attention du lecteur sur le personnage éponyme coe le manifeste la récurrence des indices de la 3° personne au singulier et de genre féminin.

Mme de LF d’autre part place des indices de temps et de lieu en relation avec les occupations du jeune pers : « tout le jour », « le soir », « au Louvres ».

Ce faisant, elle rappelle le statut du pers : « le jour des fiançailles » et l’on sait que le « elle » renvoie par conséquent à un personnage important de la cour, donc on connait aussi le statut social du personnage à partir du moment où il est question du « bal » et du « festin royal » devant se dérouler « au Louvres ».

Enfin, le groupe prépositionnel « à se parer » et le complément de but « pour se trouver le soir au bal et au festin royal » portent l’accent sur la richesse mais aussi et surtout sur l’importance du paraître. C’est pk, la 2° phrase stipule immédiatement le jeu de regard et le met en place, chacun à la cour regardant et étant regardé, épié, observé par les autres.

L’auteur précise, en effet : « Lorsqu’elle arriva, l’on admira sa beauté et sa parure ».

On constate que Mme de LF a soin de créer une ellipse supprimant tout ce qui n’est pas nécessaire (les détails de sa venue, avec qui…) pour créer un lien d’autant plus fort entre la préparation et l’arrivée du pers.

D’autre part, la romancière utilise le pronom indéfini « on » qui renvoie aux autres participants au bal et le groupe verbal « on admira » suggère à la fois un fuseau de regards convergents sur le pers, et un jugement unanime qui s’exprime par le regard et la parole à partir du moment où « on admira » est à considérer aussi comme du discours narrativisé.

Or, qu’admire-t-on ? « sa beauté et sa parure », dernier terme qui renvoie au verbe « se para » de la 1° ligne. Mais, esthétisme classique oblige, rien n’est précisé concernant cette parure de même que le lecteur ne peut savoir de quel type de beauté il s’agit.

L’essentiel est ailleurs : le pers féminin est beau, d’une beauté éclatante qui se remarque, qui la distingue et qui la promeut au rang d’héroïne. Mme de LF poursuit sans ponctuer fortement et en créant une nouvelle ellipse puisque, employant le point-virgule, elle précise : « le bal commença ».

Là encore une économie de détails dans la lignée de l’écriture classique qui recherche la concision, la sobriété. II. L’entrée en scène du duc de Nemours : de « et, comme elle dansait » à la fin du paragraphe. Mme de LF va faire attendre son lecteur concernant le duc de Nemours. Pour autant, elle indique qu’un pers non nommé pour l’instant va être l’élément perturbateur.

En effet, alors qu’elle a écrit « le bal commença » suggérant donc un début mais aussi une durée temporelle bornée coe l’indique l’emploi du passé simple, elle emploie la conj de coordination « et » puis place entre virgules la subordonnée « coe elle dansait avec M. de Guise », subordonnée qui peut se lire à la fois comme de temps et d’opposition, Mme de LF jouant avec brio avec les deux valeurs pour mettre aussitôt en relation deux pers masculins, M.

de Guise et celui que l’on va découvrir comme étant le duc de Nemours.

La tension dramatique est maintenue par la romancière par le recours à la forme impersonnelle « il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle » et de préciser l’origine possible de ce bruit (alors même que le point de vue est omniscient) avec la comparative « coe de qqlqu’un qui entrait et à qui on faisait place.

» Mme de LF, ce faisant, recourt de nveau au pronom indéfini « on », suggère d’autre part implicitement l’importance du pers qui entre en scène et qui, tt coe ce fut le cas pour le pers féminin, attire l’attention au sein d’un groupe constitué. Mme de LF revient alors au pers féminin soulignant implicitement l’importance de ces 2 seuls pers et construisant de la sorte l’épisode de la rencontre amoureuse.

Cette rencontre amoureuse est en outre facilitée, coe orchestrée par l’univers de la cour puisque alors que Mme de LF précise que « Mme de Clèves acheva de danser » puis « et, pendant qu’elle cherchait des yeux qqlqu’un qu’elle avait dessein de prendre, un tiers intervient et ce tiers est le roi lui-même : « le roi lui cria de prendre celui qui arrivait.

» Mme de LF utilise dès lors le discours narrativisé, reprend le verbe « prendre » et ne nomme tjrs pas l’inconnu. Mme de Clèves ne peut qu’obéir et dans la phrase suivante il est précisé la reconnaissance immédiate de M.

de Nemours par le pers féminin à l’aide de la proposition coordonnée à la première par la conjonction de coordination « et » ds « et elle vit » avec cette importance du regard que ns avons au préalable noté.

Et c’est pk, cette proposition met en exergue le mot « hoe » qui est déterminé par la relative « qu’elle crut ne pouvoir être que M.

de Nemours » permettant dès lors à la romancière de poursuivre par une autre relative déterminant l’antécédent : « qui passait par-dessus quelques sièges » précisant en outre le but « pour arriver où l’on dansait.

» La gestuelle de M.

de Nemours peut étonner un lecteur de notre époque.

Cependant, son action semble symbolique : il est un pers connu et reconnu pour son esprit conquérant et ce dans tous les domaines. Mme de LF peut dès lors passer à l’esquisse du portait du pers passant sous silence, coe ce fut le cas pour la Princesse, les détails physiques précis, préférant user d’une tournure qui lui attribue une aura de beauté et de noblesse : « Ce prince était fait d’une sorte qu’il était difficile de n’être pas surpris de le voir quand on ne l’avait jamais vu » répétant le verbe voir et annonçant le motif de la surprise en amour essentiel en ce qui concerne le topos de la rencontre amoureuse.

C’est en ce sens que Mme de LF va à l’aide de la conj adversative « mais » constituer implicitement, aux yeux de la cour tout d’abord, le couple Mme de Clèves et duc de Nemours en reprenant une construction identique – « il était difficile aussi de voir » - au sujet de la Princesse et recourant simplement à un terme du réseau lexical de la surprise avec le groupe nominal « un grd étonnement » en lieu et place du groupe verbal « de n’être pas surpris ».

La ressemblance et l’idée de couple parfait sont en outre notés par la précision qui a été faite pour la princesse en début d’épisode et qui est reprise ici pour le duc : « où le soin qu’il avait pris de se parer ». III. Le rapprochement des deux personnages par l’intermédiaire des figures de la cour : de « M.

de Nemours fut tellement surpris » à « et s’ils ne s’en doutaient pas.

» La suite du passage traite alors immédiatement des impressions ressenties par le duc en rencontrant la princesse.

Le para commence en effet par le sujet « M.

de Nemours » et reprend la thématique de la surprise de l’amour avc « fut tellement surpris de sa beauté » produisant des manifestations, aux yeux de tous, de l’intérêt immédiat qu’il lui porte : « il ne put s’empêcher de donner des marques de son admiration.

» C’est en ce sens que le groupe verbal « ne put s’empêcher » à la forme négative est important : Le pers ne contrôle pas, coe ce doit être le cas constamment dans cet univers réglé par des codes et des bienséances spécifiques, culturelles, ne contrôle donc pas et par conséquent ne compose pas son expression.

Il exprime par son visage « son admiration » et le terme est lui aussi important car il dénote une marque de respect, une approche toute particulière du pers masculin à l’égard du pers féminin qui prendra tout son sens dans la suite de l’œuvre.

La rencontre amoureuse est par conséquent placée sous le signe non pas d’une simple rencontre amoureuse mettant en œuvre des sentiments d’amour et de désirs mais bien sous le signe d’un vécu particulier du sentiment qui ne peut se concrétiser que par l’assentiment de la princesse.

On retrouve, par conséquent, dans ce passage, un écho de la relation amoureuse courtoise (littérature du moyen âge) en application dans la fine amor qui attribue à la femme aimée le pouvoir du « don de merci.... »

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