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Y a t'il des plaisirs contre nature ?

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« Introduction : Le plaisir est la satisfaction du désir qui se présente à notre consc ienc e comme la conscience d'un manque.

Si le désir est la consc ience du manque, s a satisfaction coïncide avec la suppression de ce manque qui produit le sentiment de plaisir.

A insi le plaisir cons titue l'acc omplissement de notre action, dans la ces sation du bes oin que nous recherchons par instinct au même titre que les animaux.

En ce s ens nous recherchons le plaisir et fuyons la douleur dans la mesure où ils signifient respectivement notre conservation ou notre des truction.

C ependant, l'homme, à l'inverse des animaux, peut rechercher des plais irs qui ne sont pas le signe de la conservation de sa vie, des plaisirs que nous pourrions qualifier de contre-nature.

N ous pourrions alors soutenir l'existence dans la condition humaine de plais irs excédant la sphère naturelle c omme la consommation d'alcool ou de tabac par exemple.

T outefois si l'on ne peut parler de plaisirs contre nature que chez l'homme, c'es t peut-être qu'il faut remettre en question le pos tulat naturaliste sous-jacent : l'homme serait une partie de la nature dont il ne devrait pas excéder les limites.

L'homme et ses plaisirs ne se lais seraient pas comprendre depuis un horizon biologique.

Nous s ommes alors confrontés à ce problème : peut-on légitimement parler de plaisir contre nature en considérer certains plaisirs humains ou bien c e c o n c e p t est-il radicalement inopérant ? I S'il y a des plaisirs naturels, il y a aussi des plaisirs qui vont à l'encontre de la nature _ Le plais ir est signe que nous avons a c c édé à c e à quoi la nature nous poussait.

La nature nous enjoint a recherché le plaisir c omme qui permet la conservation de notre vie.

Le plais ir est une ruse de la nature par laquelle les êtres recherchent leur conservation et fuient leur destruc tion.

En effet Le désir se présente immédiatement comme manque.

Le manque est la forme sous laquelle l' objet se manifeste au sujet c omme absence.

O r l' absence cause une douleur au sujet qui veut s ' en guérir par l ' annulation de la dis tance qui le sépare de l' objet : dans la Genèse par exemple la vision de la pomme sur l' arbre provoque le désir d' A dam qui, en ressentant le manque, est poussé vers l' arbre pour satisfaire sa faim.

A ins i le désir recherche sa propre satisfac tion qui est à proprement parler l' annulation du désir.

La s atisfaction par la consommation de l' objet guérit le s ujet de la douleur qu' il ressentait par la consc ienc e du manque; c ' est c ette annulation de la douleur qu' on peut appeler le plaisir.

Inversement la douleur que j'éprouve lorsque je mets ma main sur le feu est un signal naturel qui me prévient de la menac e qui pèse sur la conservation de la vie.

P ar opposition le plaisir me s ignale que j'ai atteint le but voulu par la nature. _ Néanmoins l'homme grâce à sa conscience a ajouté à ses plaisirs naturels d'autres plaisirs dont il est la seule sourc e.

O r si la finalité du plaisir naturel est d'indiquer la conservation de l'être, il existe d'autres plaisirs qui n'ont pas de rapport direc t avec cette conservation, voire même qui s'oppose à elle dans la destruction de l'être.

C 'es t ce que l'on peut s outenir avec Epicure dans sa lettre à Ménécée :, il y aurait des désirs naturels et nécessaires comme la nourriture et la boisson, des désirs naturels mais non nécessaires comme la sexualité, et des désirs ni naturels ni néces saires comme le désir de ric hesse, ou le luxe.

Par opposition à l'instinct de l'animal qui le contraint à ne rec hercher que les plaisirs naturels , l'homme grâce à sa conscience peut excéder les limites érigées à la nature et a une tendance spontanée à l'intempérance, c'est-à-dire à la recherche de tous les plaisirs naturels et contre nature _ La naturalité où l'anti naturalité des plaisirs a une valeur prescriptive et éthique : ce qui est naturel doit être recherché tandis que ce qui ne l'est pas doit être évité.

La recherche des plaisirs contre nature dénature l'homme et engendre s on malheur par opposition aux plaisirs naturels.

L ' intempérance qui consisterait à rechercher tous les plaisirs engendrerait alors à son tour le malheur.

C ' est ce que l' on peut soutenir avec Épicure dans sa Lettre à Ménécée : « ce n' est pas une suite ininterrompue de jours passés à boire et à manger, ce n' est pas la jouis sance des garçons et des femmes, ce n' est pas la saveur des poissons et des autres mets que porte une table somptueuse qui engendrent la vie heureuse ».

En effet le plaisir qui ac hève le processus naturel du désir est d' essence négative : la douleur est un manque dont la réplétion cons titue le plaisir.

A us si le plaisir se définit comme une absence de souffrance.

O r il y a des objets qui procurent des plaisirs immédiats, mais qui sont s uivis de peines qui les surpassent en intensité.

Par exemple la consommation d' alcool peut procurer un plaisir immédiat, puis rendre malade au point de regretter d' avoir bu.

P uisque l' intempérance ne nous amène pas au bonheur, c' est que tous les plaisirs ne doivent pas être satisfaits, mais seulement ceux que dont le jugement reconnaît la naturalité.

A insi la naturalité définit un champ prescriptif hors duquel l'homme ne trouverait que son malheur. Nous pouvons soutenir l'existence de plaisirs contre nature qu'il faudrait éviter .T outefois si l'on ne peut parler de plaisirs contre nature que chez l'homme, c'est peut-être qu'il faut remettre en question le postulat naturaliste sous-jacent : l'homme serait une partie de la nature dont il ne devrait pas excéder les limites.

Dans le cas contraire, l'homme et ses plaisirs ne s e laisseraient pas comprendre depuis un horizon biologique. II Il n'y a pas de plaisirs humain qui ne soit contre nature _ La majorité des plaisirs humains sont des plaisirs contre nature, mais ils ne mènent pas nécessairement au malheur.

En effet, nous prenons plaisir à la contemplation des œuvres d'art, mais auss i à leur production si nous sommes artistes.

En ce sens le plaisir esthétique es t nécess aire à l'homme.

O r le plaisir pris à cette activité artistique ne peut en aucun cas être référé à une destination naturelle.

A insi s i les hommes éprouvent de nombreux plaisirs qui lui ont nécessaires , sans pourtant pouvoir être corrélés à la nature, c'est peut-être que l'homme ne doit pas être compris c omme une partie de la nature, mais au c ontraire c omme un être essentiellement spirituel.

C 'est ce que l'on peut s outenir avec Hegel dans son introduction à l'Esthétique.

Si l' art est néces saire, c ' est qu ' il permet à l ' homme de s' affirmer comme être spirituel.

En effet « par l' œuvre d ' art, l ' homme qui en est l ' auteur cherche à exprimer la représentation qu' il a de lui-même ».

L ' art est un fait universel qui s ' il ne s ' inscrit pas dans un horion biologique peut être appelé un besoin du point de vue de l ' esprit : l ' universalité du besoin d ' art résulte du fait que l' homme es t un être pens ant et doué de cons cience.

En tant que doué de cons cience, l ' homme doit s e placer devant c e qui est de manière à s' en différencier en en faisant un objet pour son activité.

A insi l ' enfant qui lance des galets dans l ' eau extériorise son être spirituel et le tatouage arrache l' homme à sa naturalité : « l ' homme ne veut pas res ter tel que la nature l ' a fait ».

P ar conséquent l'homme est moins un être naturel qu'un être spirituel. _ Il n'y a de plaisirs contre nature que tant que la nature est érigée en norme presc riptive absolue.

O r si l'homme es t moins nature qu'esprit, il semble que la nature ne puisse plus être érigée en norme.

Si l'homme éprouve des plaisirs qui sont contre nature, personne ne peut le lui reprocher puisque il n'est pas une créature de la nature soumise à s es lois.

A insi les préjugés s ur l'homosexualité comme contre nature ou, du moins, moins naturelle que l'hétérosexualité dans la mesure où elle ne s'inscrit pas dans l'horizon de la reproduction biologique sont invalidés par cette définition.

L'homme, s elon Hegel n' a rien à voir avec la nature, mais seulement avec l'esprit.

En ce sens l'hétérosexualité n'est pas plus « naturelle » que l'homosexualité.

O r si l'homme est avant tout un être d'esprit et donc de culture, cela ne signifie pas pour autant qu'il n'a pas de corps, tiraillé de besoins naturels et cherchant leur assouvissement.

Mais si l'homme est avant tout un être culturel, cela signifie que toutes les activités qui se rapportent à la nature che les autres animaux se sont transformées en culture.

C omme les animaux, l'homme meurt, mais il « culturalise » sa mort en enterrant ses semblables, et comme eux il se nourrit, mais il spiritualise s on alimentation en inventant la gastronomie projetant des significations imaginaires.

C 'es t ce que l'on peut soutenir avec Bachelard dans la Psychanalyse du feu : manger une gaufre, c'es t un peu comme manger du feu. _ Néanmoins, si même la nature en l'homme est culturelle, comment penser le renvoi constant présent dans notre culture vers les « plaisirs naturels » ? En effet la publicité se fait le porte-parole d'as pirations naturalistes vantant cette nature dont nous resterions les c réatures malgré tout et ce qui n'est pas « naturel « a de grandes chance d'être mauvais dans la doxa c ontemporaine.

Mais c'est que l'idée de nature est devenue elle-même un mythe au sein de la culture.

C 'est ce que l'on peut soutenir avec Barthes dans son artic le « Le M ythe, aujourd'hui » dans ses Mythologiques : le mythe moderne est un dis cours qui présente c ertaines valeurs artificielles comme objec tives et pour ainsi dire naturelles.

A insi l'idée d'une nature généreuse coïncidant avec la santé oppos ée avec les plaisirs de la civilisation corrompue est prés entée notamment dans la dis cours publicitaire comme une évidenc e qui prétend faire pass er un artifice commerc ial en vérité objective sur notre être.

Or il est évident que c'est encore une preuve a contrario de notre thès e : s i au sein même de la culture, les hommes se vendent les uns aux autres le mythe « de plais irs naturels », c'est que l'homme et ses plaisirs ne peuvent être pensés que par référence à la culture et à l'es prit, et non à la nature. C onc lusion : Si l'on ne peut parler de plaisirs contre nature que dans la culture humaine, et que l'homme est un être de culture de non de nature, il n'y a pas de plaisir humain qui ne soit contre nature.

A ins i nous pouvons affirmer non seulement qu'il y a des plaisirs contre nature, mais encore que tous les plais irs humains, jusqu'à ceux qui revendiquent une naturalité mythique sont contre nature.. »

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