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Y a-t-il une science de l'individuel ?

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« THÈMES DE RÉFLEXION • Observer qu'il s'agit ici de « l'individuel » et non de l'individu ou même de individualité, même si ce problème de l'existence et de la possibilité d'une science de l'individuel apparaît comme concernant au premier chef les « sciences humaines ». • Partir de l'affirmation bien connue d'Aristote selon laquelle « il n'y a de science que du général » (conçu comme contraire de l'individuel, du singulier). — Voir le dernier chapitre du livre Pensée formelle et sciences de l'homme (Aubier) que son auteur, G.-G.

Granger, commence ainsi : « A première vue nous nous trouvons enfermés dans un dilemme : ou il y a connaissance de l'individuel, mais elle n'est pas scientifique ou bien il y a une science du fait humain, mais qui n'atteint pas l'individu...

Une science spéculative de l'individuel est impossible, c'est vrai : tel est le sens de l'aphorisme aristotélicien, qu'il n'y a de science que du général.

» • Peut-il y avoir une connaissance de l'individuel « non spéculative » et si oui, peut-elle être dite « scientifique » (selon la problématique et les normes mêmes de Granger)? Selon cet auteur « Description clinique et théorie structurale...

(peuvent converger sous certaines conditions)... vers une science appliquée, une pratique scientifique.

» Mais il ne s'agit en fait, en dernière analyse, que d'une connaissance pratique. « Il faut donc renoncer au rêve inconsistant d'une science qui nous ferait atteindre l'individuel, et singulièrement l'individuel humain... C'est la pratique comme art qui achève de résoudre, dans chaque domaine, le problème spéculativement insoluble de l'aliénation individuelle...

Une philosophie de la connaissance qui érige en essences ce qui n'est qu'expériences vécues sur le mode de l'individuel, traite spéculativement ce qui relève de la praxis, et laisse définitivement irrésolu le problème de l'individu.

» Extrait de Pensée formelle et sciences de l'homme de Granger (Aubier), p.

204-205. • Ne pourrait-on se demander si la position décrite ci-dessus ne tient qu'à condition de concevoir d'une certaine manière le concept (et son « contenu » « l'essence ») — l'usage des concepts étant par ailleurs et toujours tenu pour absolument nécessaire à l'élaboration d'une science ? Si, en effet, l'essence est conçue comme un objet général, c'est-à-dire si elle est tirée de la connaissance des objets concrets singuliers et de leur comparaison par simple et directe abstraction, si l'essence est alors l'être général des choses existantes, leur point commun, et qu'elle est par conséquent conçue elle-même comme une chose, cette essence — que note le concept — est détachée des objets concrets singuliers et leur est opposée (opposée en tant que généralité abstraite à la vie de leurs rapports et de leurs mouvements singuliers). • En ce cas, on comprend fort bien qu'avec ces concepts et ces essences-là il soit impossible d'élaborer une science de l'individuel (ce qui est précisément singulier étant opposé à l'essentiel abstrait et convaincu précisément d'inessentiel). • Pour rompre avec C£ cercle quelque peu vicieux ne pourrait-on songer à rompre avec l'identification de l'essence à un objet général et tenter d'installer la science au niveau des rapports internes ? Chez Marx, par exemple, tous les concepts fondamentaux sont des concepts de rapport au sens interne du terme.

« J'ai sué sang et eau pour trouver les choses elles-mêmes, c'est-à-dire leur enchaînement.

» Extrait de : Lettres sur « Le Capital » (Éditions sociales), p.

174. L'essence n'est plus conçue comme un objet général mais comme la logique du développement de l'objet réel. Dans les formes « dialectiques » de l'abstraction, de la conceptualisation, l'essence n'est plus conçue comme ce qui apparaît commun à l'objet et à d'autres qu'on lui compare, mais comme le mouvement interne nécessaire de l'objet pris en lui-même. La généralité du concept n'est plus conçue comme devant être constituée de l'élimination du singulier, mais de la promotion du singulier au niveau de sa logique interne, c'est-à-dire — comme le dit Marx — « la logique spéciale de l'objet spécial ». Il faut bien saisir alors que les concepts ne sont pas destinés ici à nous dire comment le concret singulier est en général, mais à nous dire comment en général se produit le concret singulier. • Reste à se demander : — Si cette « rupture » du « cercle vicieux » engage réellement la possibilité d'une « science de l'individuel » et si — ce faisant — le sens de général et individuel ne s'est pas quelque peu modifié. — S'il existe d'ores et déjà des sciences constituées sous ces déterminations (explicitement ou implicitement). • Consulter le livre de Lucien Sève, Marxisme et théorie de la personnalité (Éditions Sociales), notamment le chapitre II dont nous nous sommes ici largement inspiré. >>> Pour aller plus loin: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup-corriges-7779.html. »

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