Y a-t-il une pensée sans corps ?
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«
Bien sûr, il ne peut y avoir de pensée humaine s'il n'y a pas un être vivant capable de manifester qu'il est un être de
conscience (un mort ne pense pas), mais cela ne signifie absolument pas que la pensée, c'est du corps.
Bien au
contraire, la pensée peut se déployer indépendamment du corps au sens où elle peut s'assurer d'elle-même par
l'intermédiaire de la réflexivité (le fait pour la conscience de prendre conscience d'elle- même).
C'est la position qui
est celle de Descartes : comme les sens sont trompeurs, la connaissance certaine ne peut avoir le corps pour
origine.
Pour autant, je ne me contente pas d'avoir un corps mais je puis, au contraire, dire " je suis un corps " car
cela signifie que mon corps me définit.
La question posée conduit donc à une interrogation sur les rapports entre le
corps et l'esprit et consiste à se demander si on peut réduire le corps à un objet.
Car si le corps n'existait pas, si la
conscience n'était pas incarnée, on voit difficilement comment l'homme pourrait s'ouvrir, de manière sensible, à ce
qui l'entoure.
I) Le corps s'oppose à la pensée
Pour la tradition cartésienne, seule l'âme est capable de penser.
Le corps n'étant que matière et
mécanisme.
1.
L'âme est plus aisée à connaître que le corps
C'est chez Descartes que le dualisme de l'âme et du corps trouve son expression la plus radicale.
L'âme ou esprit
(mens) est simple, indivisible, par opposition au corps, qui est divisible et étendu.
Ces propriétés font que la
connaissance de l'esprit est plus aisée que celle du corps.
Cependant, une étude des lois du corps et de la matière
est possible.
2.
Physique et anatomie
En effet, le principe de la distinction réelle des substances rend possible de nouvelles recherches et
expérimentations.
La matière, étendue en longueur, largeur et profondeur, possède ses lois propres, que la physique
peut étudier de manière rigoureuse.
De même, parce qu'en touchant au corps, on ne touche pas à l'âme, on peut
étudier le corps comme on étudierait une machine (cf.
le tableau de Rembrandt, La leçon d'anatomie).
Puis aussi je considère que nous ne remarquons point qu'il y ait aucun sujet qui agisse plus immédiatement
contre notre âme que le corps auquel elle est jointe, et que par conséquent nous devons penser que ce qui
est en elle une passion est communément en lui une action ; en sorte qu'il n'y a point de meilleur chemin pour
venir à la connaissance de nos passions que d'examiner la différence qui est entre l'âme et le corps, afin de
connaître auquel des deux on doit attribuer chacune des fonctions qui sont en nous.
[...] Tout ce qui est
nous, et que nous ne concevons en aucune façon pouvoir appartenir à un corps, doit être attribué à notre
âme.
Pour les philosophes du XVII siècle, les passions (amour, admiration, joie, tristesse, haine) sont constituées de
tous les phénomènes passifs de l'esprit, c'est-à-dire les modifications causées en lui par les mouvements du
corps et les transformations de l'âme.
Toutefois, pour Descartes, les passions ont un râle éminemment positif,
car elles disposent l'âme à vouloir les choses que a nature dicte nous être utiles et à persister dans cette
volonté.
Mais il faut se méfier des passions lorsqu'elles sont mal utilisées.
Problématique
Notre âme est liée au corps et est donc directement influencée par ses états et ses mouvements.
Ce qui pour
l'âme est une passion résulte ainsi d'une action qui se produit dans le corps.
De la compréhension de ces
mécanismes dépend donc l'analyse et la maîtrise des passions.
Enjeux
La psychologie moderne a confirmé ce jugement de Descartes, en recherchant les causes neuro-biologiques
des passions.
Cela dit, la psychanalyse a montré que ce qu'on appelle traditionnellement passion est aussi
causé par des phénomènes psychologiques inconscients.
Descartes dans ses Méditations (2e) livre la première démonstration rigoureuse de l'indépendance de l'âme et du
corps, dégagée de la référence mythologique platonicienne..
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