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Y a-t-il encore de la place pour des héros à notre époque ?

Extrait du document

« [Ce qui fait le héros, c'est la qualité de son action.

Le héros lutte contre ce qui lui semble mauvais au nom d'un idéal de justice et de charité.

Il y a encore une place à notre époque pour un tel idéal.] Le héros comme modèle Le héros, c'est l'homme qui abandonne son intérêt propre pour mettre sa vie au service de ce qu'il considère comme un idéal.

Le héros force l'admiration par le spectaculaire de son action ou la pureté de son comportement.

Il manifeste une supériorité morale qui est un exemple. Il y a toujours une place pour les exemples Toute époque (et donc la nôtre aussi) laisse vacante une place que peut occuper le héros.

Un héros, c'est quelqu'un dont l'exemplarité du comportement est reconnue par l'ensemble d'une communauté.

Ainsi Mère Teresa est-elle une authentique héroïne depuis son prix Nobel.

Avant cette consécration, son action obscure et discrète n'avait pas valeur de modèle parce qu'elle était trop ignorée. Ce qui fait le héros, ce sont les circonstances Sans l'occupation allemande il n'y aurait pas eu de héros de la résistance.

Sans la misère et l'exclusion, il n'y aurait pas eu l'abbé Pierre.

C'est pourquoi, on peut presque regretter qu'il y ait encore une place pour les héros.

Dans un monde harmonieux où tous les hommes seraient vertueux, les héros n'auraient plus rien à faire. [Notre époque a tué les héros.

Elle a transformé l'héroïsme en spectacle.

Elle a pris les vedettes du spectacle pour des héros.

Elle a banalisé tout idéal.] Le spectacle détourne des héros Il y avait Roméo et Juliette, héros de l'amour, Simone de Beauvoir, héroïne de la libération de la femme, le docteur Schweitzer, héros de la médecine, etc.

Il y a aujourd'hui la Saint-Valentin, la journée de la femme, la journée du SIDA, et chaque fois un spectacle télévisuel.

Notre époque méconnaît les héros dont l'action est parfois obscure.

Elle préfère les vedettes médiatisées, les actions spectaculaires.

Dans une société qui ne vit que par l'image, les yeux se détournent des actions vraiment exemplaires. La société de consommation refuse les idéaux Comme l'écrit Alain Finkielkraut en le déplorant: «Nulle valeur transcendante ne doit pouvoir freiner (...) l'exploitation des loisirs et le développement de la consommation.» (La Défaite de la pensée) Le véritable héros est un empêcheur de tourner en rond dont notre époque ne veut plus entendre parler. Les idoles ont remplacé les héros Mais les idoles ne sont pas des héros.

Certes, l'alliance de la charité et du rock'n'roll rapporte des sommes colossales.

Les grands concerts pour l'Ethiopie ont déplacé des foules immenses.

Mais c'étaient des hommes de spectacle que l'on allait voir, non des héros.

L'héroïsme implique le sacrifice, une notion qui n'est pas à la mode. Il y a pour les héros une place à chaque époque.

En effet, à chaque époque, il y a un progrès à réaliser dans un domaine quelconque, un progrès qui demande l'oubli de soi et le service d'un idéal, les deux qualités qui font le héros.

La révolte contre une situation de fait est caractéristique du comportement héroïque, mais tous les révoltés ne sont pas des héros.

Un hors-la-loi qui fait la une des journaux n'est pas nécessairement Robin des Bois.

L'audace d'être violent ou de braver les conventions n'est nullement un certificat d'héroïsme.

Il ne faut pas croire non plus que le héros n'est que celui que la publicité révèle: «O combien d'actions, combien d'exploits célèbres sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres!» (Pierre Corneille, Le dd).

Le héros contemporain est le plus souvent obscur.

C'est celui qui ne pense qu'au bon, au beau, au bien et ne pense pas un instant qu'il pourrait avoir les honneurs de la presse.

Ainsi sont tous ceux qui journellement risquent leur vie parce que c'est leur métier et qu'ils l'ont librement choisi.

Ils courent au sauvetage sans jamais hésiter.

Un homme est en péril: cela leur suffit.. »

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