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Vérité et humanité ?

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« Définition des termes du sujet: VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. La vérité est pour les hommes une visée nécessaire qui donne sens à leur existence, tant sur le plan théorique que pratique.

Ses enjeux, en effet, sont doubles.

Sur le plan théorique, la vérité est essentielle.

Une connaissance n'est véritable qu'en tant qu'elle se propose la vérité pour fin, c'est-à-dire la conformité de nos jugements à l'être des choses.

Sur le plan pratique, nos rapports avec autrui engagent aussi la question de la vérité.

Parce que les hommes ont le pouvoir de mentir, par exemple, la vérité est un souci éthique.

En ce sens, nous pouvons dire qu'ils ont un besoin de la vérité, pour commencer d'entrevoir la possibilité d'une relation sincère et authentique avec autrui. Mais si la vérité peut ainsi se décliner sous plusieurs formes, sommes-nous autorisés à penser qu'il y a plusieurs vérités : vérité scientifique, vérité morale, vérité politique, vérité esthétique, etc.

? L'idée d'humanité nous permet-elle de penser leur unité ? Vérité et expérience La capacité d'un être vivant à reconnaître les dangers, les ennemis, les aliments, et donc à les éviter ou à les rechercher, manifeste qu'il possède une connaissance vitale indispensable à sa survie.

Il possède une connaissance innée de l'avantageux et du nuisible.

Le besoin (cf.

fiche 6), par exemple, le rend manifeste.

L'animal qui vient de naître semble savoir immédiatement prélever ce qui lui convient dans son milieu organique.

Savoir qu'une plante peut m'aider à guérir, est déjà d'un autre ordre.

C'est en connaître les effets possibles sur notre constitution.

Il y a à la fois expérience et connaissance empirique de la plante. La vérité, qui exprime la conformité de notre jugement à la réalité d'un fait, peut ainsi se concevoir sous un mode sensible, c'est-à-dire attaché à reconnaître au sein du sensible des rapports nous permettant de conclure qu'il s'agit là d'un rapport vrai à l'expérience. Forme de vérité, par conséquent, qui engage notre rapport au réel et qui s'exprime par les conclusions que nous pouvons en tirer. Cette connaissance par expérience ne nous épargne pas l'erreur, mais ne nous laisse pas dans une ignorance complète.

Mais est-ce posséder alors une connaissance vraie ? La connaissance pratique de la plante se limite à connaître ses effets sans remonter jusqu'aux causes de ceux-ci.

De telles vérités sont seulement utiles à la conduite de la vie.

Mais il ne s'agit là que de vérités contingentes qui ne peuvent conduire qu'à des opinions vraisemblables sur les choses et les êtres.

Si donc la vérité peut être utile, elle ne se réduit pas à l'utilité. Vérité et spéculation La vérité n'intéresse pas seulement l'homme en tant qu'être vivant, mais essentiellement en tant qu'être pensant.

Cet intérêt spéculatif est proprement humain et, seul, il correspond vraiment à ce que nous appelons vérité.

L'homme se préoccupe de la valeur en soi de la vérité.

La science comme la philosophie ne veulent pas seulement une connaissance partielle : rechercher la vérité est la visée d'une connaissance totale de ce qui est.

Il s'agit là d'un « intérêt spéculatif » ou théorique (du grec theôria, action d'observer, theôrein, contemplation de l'esprit). Une vérité arithmétique peut toujours m'être utile, pour compter par exemple.

Mais elle n'a pas été recherchée pour cette seule raison. La recherche du vrai pour lui-même présuppose l'existence d'un intérêt pur pour le connaître, sans mélange.

d'intérêts d'ordre pratique, dont la philosophie et la science constituent les modèles.

Gratuité, désintéressement, la vérité vaut par elle seule, comme valeur idéale visée par les hommes.

L'ordre de l'action lui-même n'y échappe pas : en voulant accorder nos actions à des principes, ne souhaitons-nous pas ainsi en faire reconnaître la vérité, c'est-à-dire la valeur essentielle ? Notre action ne vaut que dans la mesure où elle est susceptible de recevoir une telle valeur. La vérité a une valeur universelle : en cela elle n'est ni « mienne », ni à qui que ce soit d'autre.

La vérité n'est à personne en particulier.

L'expression « ma vérité » est l'indice d'une confusion courante entre vérité et opinion.

Comme valeur, la vérité ne peut qu'être partagée par tous les hommes et universellement communicable.

Un amour sincère de la vérité ne vise pas sa possession égoïste. Vérité et recherche de la vérité Une aspiration à la vérité absolue, exigence métaphysique, est ainsi au coeur de l'expérience humaine.

Elle ne concerne pas seulement notre pensée, mais la totalité de ce que nous sommes.

Philosophie et religion prétendent ainsi qu'il est possible de saisir l'absolu (du latin absolvere, achever, détacher), c'est-à-dire de parvenir à une forme totale de la connaissance.

Ce désir d'absolu peut lui-même se manifester sur le plan théorique et sur le plan pratique.

Mais c'est ici qu'il y a danger : le fanatisme, par exemple, manifeste un amour totalitaire de la vérité qui finit par être une véritable méprise sur sa nature et un aveuglement sur la réalité.

L'ambiguïté d'une exigence de vérité absolue serait donc qu'elle est à la fois une aspiration légitime et dangereuse. La vérité demande aussi notre patience.

Elle possède une histoire, parsemée des erreurs tenues pour vraies qui devraient nous signaler qu'il est toujours dangereux de croire être en sa possession ; c'est pourquoi le sage antique accorde tout autant d'importance au cheminement vers la vérité qu'à sa possession même.

Il s'agit de ne pas croire en une vérité immédiate, que l'on posséderait sans efforts.

L'immédiat est le règne de l'opinion.

Et, si une vérité de l'opinion est toujours possible, elle n'est que le résultat d'un travail de la pensée qui tend à la dépasser.

« L'opinion vraie » n'est jamais qu'une vérité de fait, non de droit.

L'exigence de vérité est donc constitutive de l'humanité.

Elle assigne aux hommes un devoir autant qu'une conduite.

En tant que la vérité est l'idéal que nous visons, dans le domaine théorique comme pratique, elle constitue l'horizon d'une recherche, repoussé indéfiniment.. »

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