Aide en Philo

Une existence sans croyance, religieuseou d'une autre nature, vous semble-t-elle possible ?

Extrait du document

« VOCABULAIRE: CROIRE / CROYANCE: 1) Attitude de l'esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner une preuve (Synonyme d'opinion). 2) Adhésion de l'esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme de foi). Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. Croyance: Du latin credere, « avoir confiance en », «tenir pour vrai ». Attitude de l'esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner de preuve (synonyme : opinion).

Adhésion de l'esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme : foi). • Paradoxalement, La croyance n'est pas l'apanage des « croyants ».

Dans la mesure où l'on ne peut produire la preuve de la non-existence de Dieu, l'athéisme est aussi une forme de croyance.

• La doctrine kantienne de la moralité admet l'existence de Dieu, la liberté de la volonté et l'immortalité de l'âme à titre de simples « postulats » de la raison pratique : l'existence de Dieu relevant de la croyance et non de la connaissance. On commencera par définir la croyance en général, par exemple à l'aide de Kant (C ritique de la raison pure, « Théorie transcendantale de la Méthode ») : la croyance - ou valeur subjective du jugement - présente trois degrés: a> l'opinion (la doxa de Platon et d'Aristote), insuffisante même pour le sujet qui en a conscience ; b› la foi, insuffisante objectivement (le sujet sait que la foi n'est pas un savoir, mais elle lui suffit subjectivement, au contraire de l'opinion précédemment décrite) ; c› enfin la science, qui ajoute à la conviction subjective la certitude objective (valable pour tous, alors que ma conviction ne vaut que pour moi) et est ainsi objectivement et subjectivement suffisante . a› Le philosophe estimera que la science, au sens de Kant, est en même temps nécessaire : peut-être ira-t-il jusqu'à soutenir que l'homme est naturellement philosophe (comme on pourrait être tenté de le croire à partir d'une lecture hâtive de Platon), et que de ce fait il préfère la science à toute autre croyance au sens de Kant - notamment à la foi. b> Mais, de toute manière, dans la définition de Kant (comme aussi dans les idées de Hume, pour qui tout jugement est fondamentalement croyance, ainsi que dans celles de Nietzsche, selon qui « l'homme est l'animal évaluateur par excellence »), la science elle-même - plus encore, la certitude - n'est qu'un « degré » de la croyance en général : en sorte que la réponse au sujet est « non ». On pourra préférer, par contre, au point de vue de Kant - qui peut paraître « limité » à des yeux rationalistes (la foi religieuse et la science se voient situés, finalement, sur une même « échelle » de « valeur de vérité ») - celle de Hegel qui, dans sa Phénoménologie de l'esprit, place, au contraire de son prédécesseur, la certitude au commencement - plutôt qu'à la fin - d'une progression. a> Par opposition à l'esprit « classique » - dont Kant est ici encore l'héritier - qui refuse d'appeler certitude la simple absence de doute, et associe « certitude » et vérité (Spinoza), Hegel part de l'attitude la plus « simple » de la conscience : la certitude sensible celle qui veut que l'objet des sens, ceci, me soit présent, ici et maintenant (soit ce que l'école de Russell a appelé les « sense-data »). b› L'intention de Hegel est d'« obliger » la conscience à dissocier sa certitude de l'objet qui est le sien.

Tâche délicate, puisque la certitude (certitudo) consiste justement en ce qu'elle croit (mais sans preuve, puisqu'il ne s'agit pas ici de la certitude du savoir) en cette « adéquation » de la conscience et de l'objet. c> L'intervention de la conscience de soi, et, indépendamment, l'expérience de la conscience sur son objet viennent, chez Hegel, ébranler la certitude première, enclencher le chemin du doute et provoquer le « refuge » dans la foi (chap.

4 de la Phénoménologie) position où, au moins, la conscience, devenue conscience de soi (« Selbstbewusstsein ») n'a à faire qu'à elle-même. 1 - Un rapide parallèle avec Kant montre que Hegel distingue, lui aussi, la foi, ou croyance religieuse, de l'opinion (« doxa ») : mais c'est à l'opinion (au « monde sensible ») qu'il rapporte la certitude, en sorte qu'il fait de cette dernière, lui aussi, une forme de la croyance, assortie simplement d'un très fort « degré » d'illusion - tandis que Kant, traditionnel en cela, associe certitude et vérité. 2 - La foi elle-même n'est pas, chez Hegel, l'opposé de la vérité ou du savoir.

Comprise subjectivement au chapitre 4 du livre, son contenu - la religion - est repris au chapitre 7 d'un point de vue « objectivement suffisant » au sens de Kant : c'est-à-dire qu'il ne manque à la conscience religieuse, selon Hegel, « que la conscience de sa conscience de soi » pour se transformer en science ou en savoir. 3 - Philosophie (dont l'aboutissement est Science pour Hegel) et Religion ont donc, pour Hegel, le même contenu de pensée.

L'opposition de la science et de la foi, telle que la formule le rationalisme classique - mais aussi Kant, à sa façon, ou encore le positivisme d'Auguste Comte - est donc stérile. Pour la même raison, il n'y a pas à privilégier, comme le fait Kant, la « croyance rationnelle » par rapport aux autres formes de croyance, au motif qu'elle serait la plus certaine (cf.

Kant : « La religion dans les limites de la simple raison », livre où il est question de « faire de la croyance rationnelle le principe de toute croyance et même de toute révélation » - ce qui revient à faire de la philosophie le « tribunal » de la religion, et entraînera pour son disciple Fichte, auteur d'une Critique de toute révélation la célèbre « querelle de l'athéisme »). Par contre, il convient, selon Hegel d'opposer science philosophique et foi religieuse du point de vue de la « forme » de leurs consciences respectives. Tandis, en effet, que la foi demeure une croyance parce que l'homme n'y est pas (encore) conscience de sa propre conscience, le savoir absolu (« Absolutes Wissen ») est parfaite conscience de soi. • La conscience de soi philosophique - ou plutôt celle de la sagesse (E.

Weil) ne laisse donc plus de place, selon Hegel, à la croyance, contrairement à ce que soutenait Kant pour qui la science est encore un degré de la croyance en général. • La contradiction apparente entre Kant et Hegel s'explique par le fait que Kant n'a jamais cru - bien qu'il ait employé le mot (cf.

ses Prolégomènes à toute métaphysique future qui prétendra au nom de science) - que la philosophie puisse devenir une science ou un savoir absolu, et par là exclusif de toute croyance, alors que... • Hegel pense avoir réalisé ce savoir, en donnant à la pensée humaine la forme d'un système où il n'y a plus place pour aucune vérité particulière : une telle « vérité » y constituerait en effet - quelle qu'elle soit, « croyance » ou « science » (au sens ordinaire) - une simple opinion, une fois rapportée à la totalité du pensable.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles