Une action volontaire est-elle une action libre ?
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action
Chez Aristote, l'action (praxis, en grec), s'oppose à la production (poïésis) : alors que la production a sa fin en
dehors d'elle-même dans une oeuvre achevée, l'action a son sens en elle-même et a donc une plus haute dignité.
Les activités techniques, subalternes, doivent être subordonnées à une praxis, par exemple une action morale, un
savoir désintéressé.
I.
Qu'est-ce précisément qu'une action volontaire?
– L'action volontaire n'est pas l'action velléitaire.
On ne doit pas confondre la volonté avec le désir.
Ce dernier est
une inclination vers un objet que l'on juge ou que l'on imagine source de satisfaction.
Mais le désir est changeant et
pas toujours en relation avec sa réalisation (on peut désirer une chose irréalisable ou impossible, on peut aussi
désirer quelque chose sans véritablement se donner les moyens de l'obtenir).
L'acte volontaire est au contraire
caractérisé par sa fermeté et sa résolution: on voit bien la différence entre désirer réussir son examen et le vouloir.
Dans le second cas, le vouloir est inséparable de la résolution de l'intention et de la mise en oeuvre d'un certain
nombre de moyens.
– La volonté peut être définie comme la puissance de se déterminer, c'est-à-dire de se fixer des fins et de se
donner les moyens de les atteindre.
La volonté suppose donc la conscience d'une fin, le jugement délibéré de
l'acceptation de cette fin et enfin les moyens mis en oeuvre pour sa réalisation.
De ce point de vue, on voit que la
volonté est une des facultés les plus essentielles de la condition humaine.
II.
La volonté comme condition de la liberté
– On entend couramment dire qu'être libre, c'est pouvoir faire ce que l'on veut.
Cette définition superficielle laisse
entendre que la liberté dépendrait principalement des possibilités dont l'homme dispose pour réaliser ses souhaits.
Mais, comme les possibilités de l'homme sont par nature limitées et infiniment moins amples que le domaine des
choses qu'il peut vouloir atteindre, cette approche trop sommaire revient à nier purement et simplement l'existence
de la liberté humaine: puisque le monde ne me laisse jamais faire ce que je veux, je ne saurais jamais être libre.
– Aussi certains auteurs ont-ils renversé les termes entre pouvoir et vouloir.
Tel est le cas des stoïciens dont Sartre
disait: « lls ont compris que la liberté ne consiste pas à faire ce que l'on veut mais à vouloir ce que l'on peut.
» La
liberté ne dépendrait donc pas de ce que l'on peut faire mais de la puissance de la volonté.
Ainsi les stoïciens
distinguent-ils les choses qui ne dépendent pas de nous (le corps, les événements du monde, autrui...
autant de
choses sur lesquelles je n'ai pas tout pouvoir) et les choses qui dépendent de nous (nos jugements, nos désirs, nos
pensées...
autant de choses sur lesquelles je peux espérer pleinement agir).
Il est vain selon eux d'espérer que le
monde soit comme on le souhaite, aussi la liberté consiste-t-elle à borner notre volonté dans les limites de ce qu'il
est possible d'obtenir.
« Ne demande pas que les choses arrivent comme tu le veux, mais contente-toi de les vouloir
comme elles arrivent », conseillait Épictète..
»
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