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L'action humaine est-elle le produit d'une causalité libre ?

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« Lorsqu'on parle du sujet humain, il peut toujours semblait étonnant d'aborder son action en terme de causalité.

En effet, la notion de causalité semble plus se rattacher au réseau causal en cours dans la nature, c'est à dire au règne de la nécessité, du déterminisme.

Cette pierre que je lâche en ouvrant ma main tombera irrémédiablement au sol en vertu (ou à cause) de la loi universelle de la gravitation.

Cela est nécessaire, c'est à dire qu'il ne peut en être autrement.

Mais alors comment concilier cela avec l'idée de liberté où précisément rien ne semble me déterminer, où proprement dit « c'est moi qui décide »? Dans le cadre de la causalité, si je suis cause de quelque chose, cela signifie que je m'insère (que je le désire ou non) dans un réseau avec en aval l'effet de mon action, de ce que je cause, et en amont, la cause qui me détermine.

Eh oui, la série des causes que les philosophes nomment efficientes, i-e les causes de la nature, les causes qui ne font appellent qu'à la matière, sans puissance mystique agissant en arrière plan, est infinie.

Aussi loin que je remonte, je trouverai toujours une autre cause.

Si je suis cause de quelque chose, alors, une cause avant moi s'est exercée sur moi et ainsi de suite. Comment puis-je alors être libre tout en étant déterminé? Comment puis-je agir librement tout en étant nécessairement conditionné? Mais d'ailleurs, qu'appelons-nous agir? Agir, c'est au préalable délibérer, choisir en somme parmi des possibilités.

Puis, par la suite décider, c'est à dire faire un choix en connaissance de cause pour l'accomplir enfin dans mon action.

Mais, si je suis déterminé, je ne choisis pas puisqu'un possible m'est imposé.

En somme, on ne parlera même plus d'action mais plutôt de mouvement: quelque chose entraîne un mouvement en moi, une influence, celle d'une cause antécédente qui s'exerce à travers moi.

Je ne suis alors qu'un pantin mis en branle de l'extérieur.

Comment dès lors parler de décision, de choix dans l'action? I.

La pluralité des facteurs qui me conditionnent. Je ne suis pas seul, où plus exactement, je ne suis pas une res cogitan, une chose pensante seule au monde. Autour de moi, il y a les autres, donc une organisation sociétale avec ces lois, des traditions, ses hiérarchies.

Tant et si bien que, étant inséré à l'intérieur, cette structure me conditionne forcément.

La société agit sur moi, sur mes pensées, mes décisions, et cela bien souvent sans même que je m'en aperçoive.

Durkheim, que l'on peut considérer comme l'inventeur de la sociologie, nous donne un exemple flagrant dans son oeuvre Les règles de la méthode sociologique (1895): Si je suis dans un stade, et que soudainement tout le monde se lève pour applaudir l'exploit de l'un des joueurs, moi même, je me lève, et j'applaudis.

Si jamais quelqu'un venait à me demander si je suis libre en faisant ça, en me levant et applaudissant, je lui répondrait que de tout évidence j'ai choisi de me lever, et d'applaudir.

Mais alors, nous dit Durkheim, qu'adviendrait-il si je restais assis en cet instant de victoire? On me regarderait, me pointerait peut-être du doigt, ou je serai mal à l'aise de me retrouver dans cette posture d'exception.

Preuve en est qu'un fait social traverse cette foule qui se lève et applaudit, un fait social qui la conditionne sans même que les individus pris un à un s'en rendent compte; pis, chaque individu se croit libre dans son action, là où il ne fait que se plier à une exigence qui lui vient de l'extérieur. L'anthropologue et philosophe roumain Mircile Eliade, dans son ouvrage Le Sacré et le Profane prend quant à lui l'exemple d'un homme moderne qui se déclarerait être athée, soit ne croire en aucun dieu, ne se référer à aucune transcendance.

Malgré cette volonté, nous explique Eliade, il restera le descendant de ce qu'il nomme l'homo religiosus, i-e qu'il restera le descendant d'ancêtres qui eux y croyaient.

Et cela va l'influencer bien plus qu'il n'ose le croire.

Ainsi, sans même parler des superstitions et des tabous qui sont autant de résurgences d'un passé religieux, la vie de l'homme contemporain est rythmée par un temps calendaire d'origine religieuse (Noël, Pacques...).

Les rites festifs qui accompagnent et célèbrent mariage, naissance, ou encore nouvelle année sont autant de marques d'un homo religiosus qui continue à nous influencer aujourd'hui.

Le cinéma lui-même reprend des thèmes mythiques chers à la religion: « la lutte entre le Héros et le Monstre, les combats et les épreuves initiatiques (...)le paysage paradisiaque, l'Enfer...

».

Tant et si bien que, même dans mes actions quotidiennes les plus futiles et innocentes je continue à subir l'influence d'un passé religieux et ce, quelque soient mes convictions personnelles. Et cette liste des conditionnements que je subie n'est bien sûr par exhaustive (psychanalytiques, psychologiques, sociaux, ethniques...), ce qui semble confirmer que mon existence s'insère dans un champ causal où une multitudes de causes me précèdent et me conditionnent.

Ne suis-je alors pas tout sauf libre? Plus produit que cause de quoique ce soit? II.

Kant et la volonté libre.. »

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