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Un langage rigoureux est-il possible ?

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« Discussion : Le langage tel que nous avons l'habitude de l'utiliser, nous échappe tellement, qu'on a l'impression de lutter en permanence avec les mots afin de pouvoir traduire correctement sa pensée face aux autres dans l'acte de communication. Ainsi, il paraîtrait évident de dire que tout langage est aléatoire, tout langage est hasardeux et ne peut en aucun cas répondre à la satisfaction complète de l'homme en situation intersubjective.

Ainsi parler d'un langage rigoureux, c'est-àdire un langage sans excès, un langage sans manque, sans trou, qui serait donc au plus près de la pensée et de ses moyens expressifs , paraît sinon impossible, du moins difficilement concevable.

Il semblerait que l'écart entre les mots les gestes et nous soit trop grand pour pouvoir être comblé sans trop de peine. Suggestion de plan : Première partie : Nature du langage. Selon la linguistique contemporaine établie par Saussure, on appellera langage tout moyen d'expression par lequel se fait la communication, dès lors le langage est aussi bien gestuel que verbal.

Il faudrait aussi distinguer dans le langage, la langue et la parole.

On appelle langue l'institution générale d'un code, d'un ensemble de règles qui préexistent à l'activité langagière de l'individu.

En revanche, on appelle parole l'acte strictement individuel par lequel le sujet parlant fait un usage personnel de la langue.

Bref la langue est universelle et générale la parole est individuelle et personnelle. Le langage ainsi défini peut-il être, comme le définissait Saussure, un « outil » pour la communication ? Par le mot outil, il entendait le fait que la langue serait à notre disposition, serait quelque chose de passif.

Cette métaphore lui a été contestée parce que selon la psychanalyse le langage n'est justement pas un outil, du fait précisément du décentrement opéré par l'inconscient.

L'existence de ce dernier empêche justement de considérer la langue comme un attribut purement passif dont l'usage est à la portée de quiconque. Deuxième partie : Le langage construit. Nous devons introduire une distinction entre le langage naturel et artificiel.

Par ce dernier, on entend celui qu'on trouve dans les sciences et dans les techniques, parce que nous savons que toute science, toute technique est construction d'un langage, de symboles.

C'est pour cela que l'on parle du langage mathématique, de la physique, etc.

Dès lors qu'en est-il de la rigueur ? C'est-à-dire qu'en est-il des règles formelles existant à l'intérieur de ces langages ? Nous devons constater ici que si l'on a construit des langages artificiels si ces derniers sont extrêmement formalisés, c'est justement pour éviter toute dérive, toute mécompréhension, tout hasard.

Le passage de la langue naturelle au langage artificiel est un passage de l'aléatoire, du hasard, à la nécessité formelle.

Cette opposition ne doit pas être pensée comme une perte, mais comme un enrichissement, car le langage naturel agit sur le langage artificiel et réciproquement. Troisième partie : Limite du langage. « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.

» Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus. Ce n'est pas simplement l'inconscient qui limite la précision absolue du langage car nous retrouvons dans les systèmes formels eux-mêmes, une certaine forme d'imprécision, une certaine forme de flottement, qui est liée non seulement au caractère particulier de l'usage qui en est fait mais plus profondément au fait qu'aucun langage ne peut se refermer sur luimême.

Ceci a été démontré par le fameux théorème d'incomplétude de Gödel qui montre qu'il y a toujours de l'indécidable, qu'il y a toujours des fuites, qu'il y a toujours une issue par laquelle le système le plus rigoureux n'arrive pas à former un tout.

Le poète Mallarmé le disait bien dans un poème dont le titre lui-même fait symptôme : « Un coup de dés jamais n'abolira le hasard ». « Nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage.

» Bergson, Sur les données immédiates de la conscience. Conclusion : Il y a de la rigueur, y compris dans le langage, y compris dans la pensée de ce langage, cette rigueur doit être conçue de manière relative et non pas absolue.

Dès lors, c'est assez dire que le langage étant humain et que l'homme étant faillible, toute règle est forcément soumise à certaines interprétations, à certains usages qui ne peuvent pas manquer de produire du manque et du ratage.

Bref, il y a du vide dans toute pensée, dans tout existant et donc dans tout langage, et donc paradoxalement c'est du vide que tout se tient.. »

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