Aide en Philo

Toute connaissance autre que scientifique doit-elle être considérée comme une illusion ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet Une connaissance, c'est un savoir sur un sujet, qui permet de parler et d'user de ce sujet d'une manière fondée et non hasardeuse.

La connaissance scientifique se définit comme une connaissance purement rationnelle, utilisant des méthodes précises, et prétendant à un grand degré d'exactitude justement grâce à la rigueur de ces méthodes.

Une illusion, enfin, est toute chose que l'on tient pour vraie ou réelle alors qu'elle ne l'est pas en réalité ; c'est donc une erreur, qui ne mérite donc pas le nom de connaissance.

La question revient donc, en un sens, à la question de savoir si une connaissance non scientifique reste une connaissance. Finalement l'enjeu est celui de la définition du critère de l'illusion en relation avec la notion de connaissance, et en particulier de connaissance scientifique, dans le but de définir en dernier lieu les critères de la connaissance. Une question préliminaire se pose : quelles sont les connaissances non scientifiques, et quels sont leurs critères ? On peut considérer la connaissance en un sens très large, comme tout ce sur quoi nous possédons un savoir fixe – et alors il y a de nombreuses connaissances non scientifiques (qui concernent par exemple les manières de vivre, les usages sociaux, qui échappent à toute règle scientifique mais constituent cependant des codes fixes que l'on peut connaître).

La connaissance par la foi est une connaissance scientifique – le croyant cherche à connaître Dieu, on lui dispense un savoir relatif à cette aspiration, qui ne passe par rien de scientifiquement fondé mais a pourtant force de connaissance pour le croyant.

Mais peut-on appeler connaissance tout ce que l'on croit savoir ? Se pose la question du critère de la connaissance.

Or la particularité de la connaissance scientifique est justement de rechercher et d'énoncer des règles et des méthodes fixes permettant de garantir la fiabilité de ce qu'elle pose, autrement, de donner des moyens de vérifier que ce qu'elle avance n'est pas illusoire mais fondé. Il faudra questionner ce présupposé de la fiabilité de la connaissance scientifique, et envisager peut-être d'autres manières de fonder la validité de la connaissance, afin de répondre à la question posée par le sujet. Il s'agit d'abord de définir (au moins brièvement) la spécificité de la connaissance scientifique : ses fondements, sa méthode rigoureuse (ensemble de procédures strictement codifiées), son objectivité fondée sur la seule raison et sur une mathématisation croissante du réel.

On pourra alors chercher à savoir si le type de connaissance objective que la science se propose d'atteindre est le seul mode de connaissance légitime.

En face de la raison objective, le sentiment, l'affectivité n'ont-ils aucune valeur gnoséologique ? On pourra ici se référer à Pascal qui voyait dans ce qu'il nommait le « coeur » une puissance intellective supérieure à la raison , ou à Bergson qui faisait de l'« intuition » le mode supérieur de connaissance, celui de la connaissance vraie.

Et si l'on admet la validité de ces modes de connaissance — qui jouent un rôle essentiel dans la religion et dans l'art, ou tout simplement dans notre commune et quotidienne relation avec autrui et le monde — on peut alors procéder à un renversement de perspective, poser la question des limites de la raison et se demander si ce n'est pas la science elle-même qui doit être considérée comme une illusion.

On peut d'ailleurs se poser la question de savoir si, comme le voulait Nietzsche, ce n'est pas toute connaissance, si ce n'est pas la vérité elle-même qui seraient illusoires. Textes à utiliser Gaston Bachelard Si le concept de limite de la connaissance scientifique semble clair à première vue, c'est qu'on l'appuie de prime abord sur des affirmations réalistes élémentaires.

Ainsi, pour limiter la portée des sciences naturelles, on objectera des impossibilités toutes matérielles, voire des impossibilités spatiales.

On dira au savant : vous ne pourrez jamais atteindre les astres ! Vous ne pourrez jamais être sûr qu'un corpuscule indivisé soit indivisible ! (...) En fait, pour prouver que la connaissance scientifique est limitée, il ne suffit pas de montrer son incapacité à résoudre certains problèmes, à faire certaines expériences, à réaliser certains rêves humains.

Il faudrait pouvoir circonscrire entièrement le champ de la connaissance, dessiner une limite continue infranchissable, marquer une frontière qui touche vraiment le domaine limité.

Sans cette dernière précaution, on peut déjà dire que la question de frontière de la connaissance scientifique n'a aucun intérêt pour la science. Auguste Comte En étudiant ainsi le développement total de l'intelligence humaine dans ses diverses sphères d'activité, depuis son premier essor le plus simple jusqu'à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à l laquelle il est assujetti par une nécessité invariable.

[...] Cette loi consiste en ce que chacune de nos conceptions principales, chaque branche de nos connaissances, passe successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique, ou fictif, l'état métaphysique, ou abstrait, l'état scientifique ou positif.

En d'autres termes, l'esprit humain, par sa nature, emploie successivement dans chacune de ses recherches trois méthodes de philosopher, dont le caractère est essentiellement différent et même radicalement opposé : d'abord la méthode théologique, ensuite la méthode métaphysique et enfin la méthode positive.

De là, trois sortes de philosophie, ou de systèmes généraux de conceptions sur l'ensemble des phénomènes, qui s'excluent mutuellement ; la première est le point de départ nécessaire de l'intelligence humaine ; la troisième, son état fixe et définitif ; la seconde est uniquement. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles