Aide en Philo

Théorie et expérience (Cours de philosophie) ?

Extrait du document

■ Il faut distinguer ici deux significations du mot expérience :
1. Un savoir ou un savoir-faire acquis par la confrontation avec la réalité (expérience vécue) ou par l'exercice (l'expérience de l'artisan). 2. Une observation réfléchie de phénomènes déterminés : c'est l'expérience scientifique, que l'on nomme encore expérimentation. C'est à ce sens que l'on se réfère en mettant en relation l'expérience et la théorie, car l'expérience scientifique est indissociable d'une théorie.
■ Une théorie désigne un ensemble plus ou moins organisé d'idées, concernant un domaine particulier.
La question se pose de savoir ce qu'est une théorie scientifique : si on l'a longtemps considérée avec Claude Bernard comme une « hypothèse vérifiée après qu'elle a été soumise au contrôle du raisonnement et de la critique expérimentale », cette notion de vérification a été remise en question par K. Popper qui lui a préféré celle de falsification ou réfutabilité. Quoiqu'il en soit, la théorie renvoie à la question de la vérité.
 
La théorie et l'expérience ne sont pas séparables dans les sciences du concret. Mais ce serait une erreur que d'assimiler connaissance et science de la nature. Les conditions de possibilité de l'expérience ne sont pas données par l'expérience. Il faut donc laisser une place à des connaissances a priori qui ne risquent pas d'être démenties par l'expérience.
Pour les empiristes, toute notre connaissance vient des sens. A l'origine, notre esprit est une tabula rasa (une table rase) qui, peu à peu, est imprégnée par les expériences que nous faisons dans notre vie. Notre esprit ne contient rien au départ, et nos sens nous transmettent tout ce qui sera l'objet immédiat de notre entendement. Ce sont toutes nos idées qui viennent des sens, mêmes les idées métaphysiques, même celle de Dieu.
 


« La théorie et l'expérience ne sont pas séparables dans les sciences du concret.

Mais ce serait une erreur que d'assimiler connaissance et science de la nature.

Les conditions de possibilité de l'expérience ne sont pas données par l'expérience.

Il faut donc laisser une place à des connaissances a priori qui ne risquent pas d'être démenties par l'expérience. Pour les empiristes, toute notre connaissance vient des sens.

A l'origine, notre esprit est une tabula rasa (une table rase) qui, peu à peu, est imprégnée par les expériences que nous faisons dans notre vie.

Notre esprit ne contient rien au départ, et nos sens nous transmettent tout ce qui sera l'objet immédiat de notre entendement.

Ce sont toutes nos idées qui viennent des sens, mêmes les idées métaphysiques, même celle de Dieu. "Toutes ces pensées sublimes qui s'élèvent au-dessus des nues et pénètrent jusque dans les cieux tirent de là (de l'expérience) leur origine et, dans toute cette grande étendue que l'âme parcourt par ses vastes spéculations qui semblent l'élever si haut, elle ne passe point au-delà des idées que la sensation ou la réflexion lui présentent pour être l'objet de ses contemplations." (Locke, Essai sur l'entendement humain) Pour les empiristes, notre esprit enregistre, qu'il le veuille ou non, les idées qui lui viennent de l'extérieur.

Dans une première phase, il est totalement passif, un peu comme un coquillage sur une plage qui retient une partie de l'eau de mer quand la vague le submerge.

Ce n'est qu'ensuite que l'esprit peut se livrer à un travail de réflexion sur les idées. Locke distingue ainsi les idées simples, celles que l'esprit reçoit passivement par l'intermédiaire des sens, et les idées complexes, celles qui sont fabriquées à partir des idées simples.

La position de Locke, à la fin du XVIIe siècle, constitue une véritable offensive contre la philosophie régnante.

L'innéisme, avec Descartes, était devenu une espèce de vérité incontestable.

L'idée de Dieu, comme celle du principe de non contradiction, étaient considérées comme innées.

En entamant une polémique avec les cartésiens, Locke a fait rebondir la théorie de la connaissance de son temps. Les rationalistes feront valoir que les conditions de l'expérience ne peuvent pas venir de l'expérience.

C'est ainsi que Leibniz montrera que, même si on accepte l'idée que toute connaissance a d'abord été dans les sens avant d'être dans l'esprit, l'esprit lui-même n'est pas donné par l'expérience.

Dès lors, il doit bien exister une forme de connaissance qui ne dérive pas de l'expérience.

En outre, selon Leibniz, les vérités tirées de l'expérience ne sont pas nécessaires.

Elles sont liées au particulier.

Au contraire, pour être nécessaire, une vérité doit être affranchie de la mouvance de l'expérience.

"Les sens ne donnent jamais que des exemples, c'est-à-dire des vérités particulières et individuelles.

Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu'ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité : car il ne suit pas que ce qui est arrivé arrivera toujours de même." (Leibniz, Réflexions sur l'Essai de Locke, avant-propos).

Pour le rationaliste, jamais la simple somme des expériences ne peut aboutir à une véritable connaissance.

L'induction, c'est-à-dire le fait de passer d'un ensemble de cas particuliers à une généralisation, ne permet pas d'aboutir à la certitude.

Seule une réflexion fondée en raison permet la certitude.

Four Leibniz, il existe deux principes a priori qui expliquent que les choses se produisent d'une certaine manière : le principe de raison suffisante et celui de non contradiction.

Le premier peut s'exprimer ainsi : tout ce qui est a sa raison d'être.

Le second signifie qu'une chose ne peut pas, en même temps et sous le même rapport, être et ne pas être.

Ces principes sont des propositions évidentes et indémontrables qui sont présupposées dans toute activité rationnelle de l'esprit, en particulier dans la recherche de la raison et de la cause des choses. David Hume, au XVIIIe siècle, a soulevé une question à propos de l'inférence par induction qui n'a cessé de retentir.

Ce problème est resté très actuel et l'on peut dire que toute philosophie de la connaissance se doit d'aborder l'interrogation laissée en suspens par Hume.

Comment, en effet, peut-on être certain qu'un phénomène qui s'est toujours produit de la même manière dans le passé se produira de la même manière dans le futur ? La célèbre boutade "de mémoire de rose, on n'a jamais vu mourir un jardinier" illustre le caractère douteux de l'induction : une rose pourrait conclure à l'immortalité du jardinier puisqu'elle n'en a jamais vu mourir.

De même, le principe de causalité pose des problèmes quasi insurmontables.

"Tous les raisonnements sur les faits paraissent se fonder sur la relation de cause à effet [...] L'esprit ne peut sans doute jamais trouver l'effet dans la cause supposée par la recherche et l'examen les plus précis.

Car l'effet est totalement différent de la cause et, par suite, ne peut jamais l'y découvrir.

[...] Une pierre ou un morceau de métal élevés en l'air et laissés sans support tombent immédiatement ; mais à considérer la question a priori, découvrons-nous rien dans cette situation qui puisse engendrer l'idée d'une chute plutôt que d'une élévation ou de tout autre mouvement, dans la pierre ou le morceau de métal ?" (Hume, Enquête sur l'entendement humain, section IV.) Avant la critique de Hume, on considérait que la causalité pouvait se ramener à un jugement analytique, c'est-à-dire qu'à partir d'une cause on pouvait déduire un effet.

Or, comme le montre Hume, la relation qui existe entre une cause et un effet ne peut pas être découverte par raison démonstrative.

L'expérience est indispensable pour savoir dans quelle direction va aller la pierre lancée en l'air.

Certes, certains raisonnements visent à justifier l'induction ou la causalité.

Mais ils sont la plupart du temps circulaires.

Par exemple : je crois que le principe d'induction est juste parce que toutes les fois que je l'ai utilisé il était juste.

Une justification de ce genre utilise précisément l'induction pour justifier l'induction.

Faute de pouvoir fonder la connaissance par la raison ou par l'expérience, Hume aboutit finalement à un certain scepticisme.

La critique de Hume s'exprime au moment où la science astronomique connaît. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles