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Texte de Freud: personne ne croit à sa propre mort

Publié le 17/11/2022

Extrait du document

« A nous entendre, on pourrait croire que nous sommes naturellement convaincus que la mort est le couronnement nécessaire de toute vie, que chacun de nous a à l'égard de la nature une dette dont il ne peut s'acquitter que par la mort, que nous devons être prêts à payer cette dette, que la mort est un phénomène naturel, irrésistible et inévitable.

Mais en réalité, nous avons l'habitude de nous comporter comme s'il en était autrement.

Nous tendons de toutes nos forces à écarter la mort, à l'éliminer de nos vies.

(…) Le fait est qu'il nous est absolument impossible de nous représenter notre propre mort, et toutes les fois que nous essayons, nous nous apercevons que nous y assistons en spectateurs.

C'est pourquoi l'école psychanalytique a pu déclarer qu'au fond personne ne croit à sa propre mort ou, ce qui revient au même, dans son inconscient chacun est persuadé de sa propre immortalité.

(…) Nous insistons toujours sur le caractère accidentel de la mort : accident, maladie, infection, profonde vieillesse, révélant ainsi nettement notre tendance à dépouiller la mort de tout caractère de nécessité, à en faire un événement purement accidentel.

(…) Cette attitude à l'égard de la mort réagit cependant fortement sur notre vie. La vie s'appauvrit, elle perd en intérêt, dès l'instant où nous ne pouvons pas risquer ce qui en forme le suprême enjeu, c'est à dire la vie elle-même. Sigmund Freud, Essais de psychanalyse Explication de texte : Sigmund Freud, Essais de psychanalyse La limite imposée par la mort à notre existence est ce qui lui donne de la valeur : si elle était infinie, nous pourrions vivre de façon insouciante, mais aussi sans vraiment apprécier les choses que nous ferions.

D’un autre côté, la conscience de la mort a un aspect angoissant qui pousse souvent les Hommes à tout faire pour ne pas y penser, et à vivre comme si elle ne devait jamais arriver.

Ce rapport, équivoque à notre condition de mortelle, engendre un comportement incohérent qui fait que nous dépensons à tort et à travers le temps qui nous est donné.

C’est ce que Freud, médecin neurologue, veut mettre en évidence dans cet extrait de Essais de psychanalyse.

Selon lui, si le temps semble si court et passer si vite, c’est parce que les Hommes ne cessent de le laisser perdre par leur propre faute.

Il indique aussi, en creux, comment nous pourrions faire un usage plus sage et plus libre de notre temps.

Pour que ses lecteurs saisissent l’enjeu de ce passage, Freud commence par introduire le rapport paradoxale et étrange qu’entretient l’Homme avec la mort.

Il va se livrer ainsi sur l’analyse qu’il fait de la distance entre l’Homme et sa propre fin.

Il en viendra, dans une dernière partie, à dégager la cause plus profonde de ce mauvais usage du temps. Le début du texte présente la différence que réside entre les paroles et les actes de l’Homme.

Ce dernier n’applique pas ces propres dires.

En effet, l’Homme, dans un certain sens, est persuadée que la mort est « le couronnement nécessaire de toute vie ».

Mais qu’est-ce qu’est la vie ? La vie humaine s’agit de l’existence, qui se définit par le fait, pour l’Homme, de savoir qu’il est en vie.

Cette dimension de conscience lui permet de se représenter son existence mais aussi son « terme » Léa Nagy T°6 PHILOSOPHIE inévitable, la mort.

Donc, il a conscience de ses buts et se sait mortel.

Notre conscience nous permet ainsi de nous représenter nos fins dont la mort qui semble être la fin naturelle de l’humain.

C’est ce qui angoisse chaque Homme qui essaie conséquemment de supporter cette angoisse par la religion ou une quelconque croyance.

Chacun devrait ainsi se demander comment employer le temps qui lui est accordé de la meilleure façon.

Or, c’est souvent de façon tardive et rétrospective que cette question vient aux Hommes.

De plus, l’auteur emploie le terme de « dette ».

En faisant cela, il donne un prix, une valeur à notre vie.

Cependant, aucun de nous n’a choisi de naître, d’exister et on ne paye en général que ce qu’on a choisi d’obtenir. Ici, le prix à donner serait donc la mort.

La vie prend alors le sens de privilège car oui, le nombre de chance qui nous a permis de vivre, était infime.

Exister est un sacre, une grâce.

Comme dit précédemment, l’Homme n’applique pas ses paroles, c’est-à-dire qu’il se comporte comme si la mort n’existait pas, comme si il n’allais jamais mourir.

En parallèle, on peut prendre l’exemple de Pensées rédigé par Pascal, où il explique que « Les Hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de ne point y penser ».

Ici, il veut dire que l’Homme fuit l’idée de la mort et s’en détourne car il sait qu’il ne pourra y échapper ce qui rejoins les pensées de Sigmund Freud.

L’Homme fuit sa fin dans le divertissement, qui en latin signifie « détourner », pour y songer le moins possible. Notre finitude nous fait tellement peur que nous l’évitons.

D’une certaine manière, la mort apparait comme la fin de l’existence de l’Homme.

Il semble que nous ne pouvons pas évacuer l’idée de la mort car elle est ce qui définit l’Homme.

Cette pensée prend un sens angoissant pour un athée et moins angoissante pour un croyant.

Mais la religion n’empêche pas la peur de la mort qui accompagne l’Homme tout au long de sa vie.

Dans ce passage, l’auteur rend compte de l’attitude de l’Homme allant à l’encontre de la raison.

Il cherche à se débarrasser de la mort bien que celle-ci soit inéluctable et physiologique. D’entrer de jeu, Freud affirme que la mort est une notion totalement abstraite dont l’Homme ne peut percevoir ne serait-ce que l’ombre.

Il utilise même le terme « impossible » qui implique que jamais, au cours de notre existence, nous ne pourrons savoir ce qu’elle est réellement.

Dans Lettre à Ménécée, Epicure, ancêtres du matérialisme, soutient le fait que la mort n’est rien pour l’Homme comme si elle ne nous concernait pas.

Tout ce qui existe passe par la sensation qui nous fait vivre l’expérience du réel.

Or, la mort est l’absence de sensation ce qui nous empêche de l’expérimenter.

Alors à quoi ça sert de craindre quelque chose qui n’existe pas pour moi ? La peur de la mort est par conséquent nulle.... »

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