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Suis-je vraiment ce que j'ai conscience d'être ?

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« Quels sont les rapports avec la vérité ou avec une authenticité dans les rapports avec la conscience de soi ? Mon idée de ce que je suis est-elle une vérité par la médiation de la conscience ? La conscience peut-elle être garante de cette vérité de ce que je suis ? Par l'hypothèse de l'inconscient, j'ai conscience que je ne suis pas seulement ce que je suis conscient d'être.

En d'autres termes, je sais que je suis au-delà du contenu de ma conscience, mais sans pouvoir être conscient de ce que je suis précisément.

L'inconscient, ce manque de la conscience, ne démontre-t-il pas qu'il ne peut y avoir aucune certitude sur ce que je suis dans ce que j'ai conscience d'être ? Que se passe-t-il quand je n'ai pas conscience d'être ? C'est le cas le plus fréquent, même si nous avons tendance à l'oublier quand nous réfléchissons sur la conscience, car précisément à ce moment nous avons conscience de nous- mêmes.

Mais que suis-je quand je n'ai pas conscience de moi-même, quand toute ma conscience est liée à un objet extérieur ? Ne suis-je rien ? Ce problème mène à un autre : il nous révèle la discontinuité de la conscience.

Ma conscience, y compris ma conscience réflexive, ne forme pas une chose fixe, pas même un développement continu et sans rupture.

Dès lors, en quel sens prendre le présent dans " je suis ce que j'ai conscience d'être " ? S'agit- il de présent immuable ? De présent immédiat ? Mais en ce dernier cas (c'est-à-dire : si " je suis " ne vaut qu'au moment où on le prononce), que signifie encore le " je " ? Celui-ci n'est- il pas, précisément, ce qui est censé unifier les différents états de la personne répartis dans le temps ? Rédaction (plan détaillé) La conscience vise un objet, mais si j'ai conscience que le ciel est bleu, l'est-il vraiment ? Cependant, quand ma conscience se porte sur moi-même, l'identité de la visée et de ce qui est visé semble apporter une certitude : si j'ai conscience d'être triste, je le suis car cette tristesse coïncide avec la conscience que j'en ai.

Je serais donc toujours ce que j'ai conscience d'être.

Cependant, mon expérience m'apprend que je peux me tromper sur moimême.

Quel est donc cet être dont je prends conscience et qui n'est pas réductible à ma conscience ? Je reste une conscience avant d'être un objet, mais cette conscience n'est pas une immédiateté ou une saisie directe d'ellemême. Quand je m'interroge sur moi-même, quelque chose de moi peut-il échapper à ma conscience ? Pour les choses du monde, elles n'ont d'être qu'en tant qu'elles ne sont pas réductibles à ma conscience : elles offrent une résistance qui est ce qui est à penser, à découvrir d'elles.

Mais moi, je ne devrais offrir cette résistance qu'aux autres, qui ne prennent sur moi qu'un regard extérieur, me pensent en tant qu'objet, non en tant que subjectivité.

Mon corps, mon comportement, ce qui est observable de moi, ce n'est pas encore ce moi que je suis.

S'il y a en moi quelque chose qui résiste à ma conscience, il y a une obscurité à moi-même, qui ne se confond pas avec le mystère que j'offre aux autres.

C'est cette obscurité qui a été pensée sous le nom d'inconscient : c'est en tant que désirant qu'une partie de ma subjectivité échappe à une saisie consciente. Tout dépend alors du niveau auquel je prends conscience.

Simple rapport immédiat à ce que je sens ou pense au moment même, la conscience ressemble à un contact intérieur.

Si je suis triste, je le sais, mais ce n'est pas encore une connaissance : je ne sais pas ce qu'est la tristesse.

Je sais que je suis sans savoir ce que je suis.

La conscience que j'ai de moi se confond avec le sentiment de ma propre existence, plutôt qu'avec une connaissance de mon être.

Cette dernière suppose un approfondissement, une échelle de comparaison, qui paraissent impossibles ici : il faudrait que je confronte différents points de vue sur moi-même alors que je suis le seul à pouvoir les occuper ! Changer de point de vue sur soi serait se changer, n'être plus le même.

Il semble bien que la conscience réfléchie de soi se confonde avec le travail sur soi, et se connaître soi-même, c'est ne plus être le même.

Précisément, la conscience que j'ai de moi-même paraît toujours en devenir.

Soit l'exemple de Sartre : j'ai conscience d'être laid ; cette conscience se développe en diverses attitudes que je prends, et ce ne sera plus de la même laideur qu'il s'agira.

Cet être dont j'ai conscience est l'histoire même de la conscience que j'ai de moi. On peut se demander si je peux passer de : « j'ai conscience d'être laid » à « je suis laid » ? Je ne suis pas laid comme s'il s'agissait d'attribuer une qualité distinctive à une chose.

Cette laideur est inséparable de la conscience que j'en prends, et cependant cette conscience n'est pas enfermée en elle-même, elle vise à se dépasser vers autre chose l'être que je suis est l'être vers lequel ma conscience se tend comme vers l'unité ou l'horizon de toutes ses démarches.

Seule la mort me transforme en être définitif, mais alors il n'y a plus de conscience qui le saisit sous son regard intérieur.. »

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