Sommes-nous pleinement déterminés par notre culture ?
Extrait du document
«
Introduction
On définit la culture comme étant une transformation de la nature, voire comme une « seconde nature ».
Aussi,
il apparaît qu'on détermine la nature par l'intermédiaire de la culture.
La culture, comme acte de transformation, est
un travail.
La culture désigne les œuvres de l'esprit, un certain savoir permettant de s'orienter dans l'action, et, par
extension, la civilisation dans son ensemble.
La culture correspondrait aujourd'hui à l'ensemble de traits communs à
toutes les composantes d'une société.
L'homme culturel est par ailleurs considéré comme un homme perfectionné
ou, au contraire, déformé, dénaturé.
Ainsi arraché de sa nature par la réflexion et les civilisations, l'homme est-il
entièrement un être culturel ?
I.
les origines de l'homme culturel
a.
L'homme est perfectible, d'où son retrait d'un état purement naturel, ce que ne peut faire un animal.
C'est
cette perfectibilité propre à l'homme qui le fait sortir de son état proprement naturel.
Cette nature d'être perfectible
ouvre à l'homme une infinité de possibles, et donc a en elle la liberté.
Ainsi il paraît difficile de vouloir retrouver en
l'homme un fondement naturel sous ses attributs culturels.
Seule l'idée de progrès émerge de ce constat.
Dans le Discours sur l'inégalité, Rousseau fait l'hypothèse d'un état de nature dans lequel l'homme aurait vécu avant
l'institution de la société.
Cette hypothèse doit lui permettre de mieux comprendre l'état présent, celui de l'homme
civilisé et malheureux.
L'homme naturel selon Rousseau est presque un animal : « un animal moins fort que les uns, moins agile que les
autres, mais à tout prendre organisé le plus avantageusement de tous ».
Il n'est pourtant pas totalement un animal
: s'il l'était, on ne comprendrait pas qu'il ait pu devenir ce que nous voyons.
Quelle différence y a-t-il donc entre les
bêtes et nous ?
Traditionnellement, les philosophes répondent que l'homme est intelligent, qu'il a une raison, bref qu'il a une nature
plus « riche » que celle de l'animal.
Rousseau ne se contente pas de cette perspective qui sous-estime l'influence
des causes externes.
Il soutient même que « tout animal a des idées puisqu'il a des sens », et qu' « il combine ses
idées jusqu'à un certain point ».
Il est par ailleurs possible que l'homme n'ait « aucun instinct qui lui appartienne », ce qui lui permettrait de
s'approprier tous ceux des animaux.
Mais cette question est discutée.
Elle prépare, cependant, l'introduction de la
notion île perfectibilité, finalement caractéristique incontestable- île l'homme.
En mettant en avant ce concept de
perfectibilité, Rousseau définit en effet la nature de l'homme connue une pure virtualité, qui ne suppose, chez
l'homme purement naturel, aucune qualité déterminée, bien qu'elle les contienne toutes en puissance.
La vie
solitaire, oisive et libre, de cet homme, laisse toutes les possibilités qu'il enferme en sommeil.
Dans ce texte,
Rousseau indique que la faculté de se perfectionner ne développe toutes les autres facultés qu' « à l'aide des
circonstances ».
Si celles-ci n'avaient pas changé, l'homme serait resté dans son état originaire.
La perfectibilité, en
elle-même, ne produit rien.
En outre, ce mot ne doit pas faire penser que l'homme dont les facultés se développent se dirige nécessairement
vers une « perfection », un état idéal ou simplement meilleur; pour Rousseau, au contraire, cette faculté a d'abord
été « la source de tous nos malheurs », puisque sans elle nous coulerions « des jours tranquilles et innocents ».
Comme le montre avec éclat l'état présent, la nature de l'homme contenait autant de possibilités de lumières que
d'erreurs, de vertus que de vices, de valeurs positives que de valeurs négatives.
On peut dire que, jusqu'à présent,
les défauts l'ont emporté.
Mais quelles furent ces « circonstances » qui sollicitèrent des possibilités qui auraient pu ne jamais se manifester ?
Rousseau parle du « concours fortuit de plusieurs causes étrangères, qui pouvaient ne jamais naître ».
Il s'agit bien
d'un malheur, d'une malchance, en ce sens.
Des catastrophes naturelles ont « forcé » les hommes à vivre les uns à
côté des autres, puis à s'unir en sociétés.
La nature de l'homme ne contenait aucun principe de sociabilité.
Et la vie
collective explique l'apparition du langage, de l'intelligence, des passions, de la conscience morale, etc.
Pourtant, il ne faudrait pas croire que Rousseau n'est que nostalgique d'un état de nature « passé » (hypothétique).
C'est lui aussi qui écrit que l'homme devrait « bénir sans cesse l'instant heureux qui l'en arracha et qui, d'un animal
stupide et borné, fit un être intelligent et un homme » (Contrat social, I, 8).
La perfectibilité contient peut-être la
promesse d'une certaine réalisation de soi positive, si les circonstances sont propices.
En tout cas, il est impossible
de retourner à la pure nature, l'irréversibilité de l'histoire fait de nous des êtres définitivement « dénaturés ».
La
réflexion pédagogique (cf.
Émile) et politique (cf.
le Contrat social) de Rousseau est donc la recherche de « bonnes
institutions », de celles « qui savent le mieux dénaturer l'homme » (Émile, II), réaliser sa nature essentielle.
b.
Lévi-Strauss affirme que « tout ce qui est universel, chez l'homme, relève de l'ordre de la nature et se
caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les
attributs du relatif et du particulier » (Les structures élémentaires de la parenté).
La seule norme en même temps
naturelle et culturelle à caractère universelle est selon l'auteur la prohibition de l'inceste (interdiction des relations
sexuelles à l'intérieur d'un certain champ de parenté).
Cette règle se retrouve dans n'importe quel groupe social.
C'est l'échange (parenté, langage et économie) selon L-Strauss qui constitue l'émergence de l'humanité.
Ainsi ce
sont des invariants qui établissent dans chaque culture une configuration particulière..
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