Aide en Philo

Solitude et communication

Extrait du document

« VOCABULAIRE: COMMUNIQUER / COMMUNICATION: Transmission d'informations ou de signaux à l'aide d'un code.

Echange d'un message entre un récepteur et un émetteur (aussi bien animaux qu'humains). Seul sur son île, Speranza, Robinson Crusoë éprouve un tel besoin de communiquer qu'il en vient à parler aux animaux.

Certes, sa situation est exceptionnelle, elle met toutefois en évidence un aspect capital de la relation à autrui.

Tout comme le naufragé, nous nous sentons incapables de nous passer du commerce d'autrui.

Sommes-nous pour autant assurés qu'ils nous comprennent réellement ? Autrui est parfois si différent que communiquer avec lui semble bien difficile. 1.

LES DIFFICULTES DE LA COMMUNICATION. A.

Le barbare est celui qui ne parle pas ma langue. Les Grecs appelaient «barbares» ceux qui ne parlaient pas la langue hellène.

Ce simple fait, même s'il peut sembler anecdotique, n'en signale pas moins la difficulté qu'il y a à entrer en communication et en confiance avec celui qui ne parle pas la même langue que soi.

Au fondement de la xénophobie est la différence qui s'exprime d'abord dans la différence de langue.

Ne pas comprendre la langue de l'autre, c'est ne pas pouvoir savoir ce qu'il veut et ce qu'il veut dire, ce qu'il pense et ses dispositions à notre égard.

De cette différence naît souvent la méfiance. B.

La diversité des langues sous le signe de la malédiction. On peut ici se référer à la Bible et plus particulièrement au passage de l'histoire de Babel.

La diversité des langues est une punition infligée par Dieu aux hommes trop vaniteux de Babel.

La diversité des langues annonce donc le chaos, la fin d'un ordre et l'impossibilité de l'harmonie.

Avec la diversité des langues naît le brouhaha dépourvu de sens. C.

La diversité des langues est une insulte à la fonction langagière. Après avoir insisté ici sur la distinction entre langue et langage, on peut souligner le fait que l'existence de plusieurs langues différentes (qui sont pourtant les réalisations et les matérialisations du langage) empêche, pour une part au moins, la fonction langagière de se concrétiser.

C'est donc le moyen du langage - la langue - qui entrave le langage et sa fonction de communication. D - Les insuffisances du langage Mais notre incapacité à communiquer est aussi individuelle.

Lorsque je tente d'exprimer mes impressions les plus profondes, les mots chargés de les transmettre à autrui paraissent inadéquats.

(Cf.

Texte de Bergson) 2.

LE DIALOGUE Platon écrit toute son oeuvre sous forme de dialogues.

Cette tradition littéraire propre à la philosophie, née avec la démocratie grecque, s'est prolongée au moins jusqu'au XVIIe siècle (Leibniz, Berkeley, Hume ont écrit des dialogues philosophiques), et il n'est guère de philosophe pour ne pas reconnaître la vertu éminemment philosophique de tout dialogue véritable. Pourquoi accorde-t-on cette vertu au dialogue ? 1 – Il suppose l'égalité des interlocuteurs.

La relation qui passe par le dialogue est par nature contraire à la relation d'autorité, car c'est une relation fondée, comme à l'Assemblée démocratique d'Athènes, sur l'échange d'arguments : si je me plie aux arguments de l'autre, je ne lui obéis pas. 2 – Le dialogue exclut la violence pour lui préférer la raison.

La décision même de dialoguer indique que l'on a refusé le recours à la force ou à l'intimidation pour s'imposer et qu'on fait confiance à la seule « force » des idées et à l'examen de la validité des raisons avancées . 3 – Le dialogue interdit de décider du vrai pour les autres.

Il manifeste que penser est penser avec autrui, en se confrontant à autrui : penser par soi-même ne doit pas se confondre avec le refus du commerce de la pensée des autres. 4 – Enfin, le dialogue récuse la figure archaïque du maître de vérité.

La vérité recherchée en commun dans un dialogue dépend des raisons qu'on avance ; elle n'est ni une vérité révélée, ni un dogme. C'est à la lumière de ces vertus philosophiques du dialogue qu'il faut comprendre le prestige de Socrate, père de tous les philosophes, bien qu'il n'ait rien écrit, et peut-être justement parce qu'il n'a rien écrit et a passé sa vie à dialoguer avec ses concitoyens sur la place publique.

En se prétendant lui-même ignorant, Socrate ne délivre pas de vérité : il interroge et, grâce à son « ironie », démonte les opinions toutes faites de ses interlocuteurs.

Il incite ainsi chacun à une recherche authentique de la vérité. Mais tous les dialogues se valent-ils ? Platon oppose la dialectique philosophique, dialogue véritable, à l'éristique des sophistes qui n'en est que le faux-semblant. La première se fonde sur la possibilité d'un accord entre les interlocuteurs et, surtout, elle organise la confrontation. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles